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| | Lettre de Jospeh Berg, directeur des nouveaux programmes du vidéodrome | |
| | Auteur | Message |
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Admin Admin
Messages : 1630 Date d'inscription : 13/09/2008 Age : 51 Localisation : Proxima du centaure
| Sujet: Lettre de Jospeh Berg, directeur des nouveaux programmes du vidéodrome Jeu 13 Mar - 21:51 | |
| Chers amis,
La grande question, ce n’est pas la politique ou la sociologie.
Non la grande question est l’épistémologie.
Le vidéodrome est bien plus qu’un média malsain et addictif.
Le vidéodrome c’est l’hyperréel, une extension de votre cerveau disponible qui vous utilise, vous consomme à votre insu et dont vous êtes devenu un simple périphérique, une interface.
Vous éteignez l’écran, mais le programme continue dans votre processeur organique.
Cette petite sarabande, ces images entêtantes, vous ne pouvez plus décrocher.
Comme l’héroïnomane, vous le détestez, et pourtant vous l’allumez chaque aube, sentant dans votre bouche le gout amer de la défaite.
Car cette victoire n’est pas celle de la finance, des cartels et des corpos. Non c’est beaucoup plus profond.
Dans la tempête chimique de votre cerveau, ce qui se joue c’est la nature du réel.
Voulez-vous participer à cette aventure ; voulez-vous dans ce nouveau cheval de Troie franchir les murailles hautes de l’ego.
Emmanuel Kant disait que l’on ne connait le monde que selon les catégories à priori de l’entendement.
Voulez vous en nouveaux démiurges définir ce que sera le monde de demain.
Car je vous propose bien autre chose que de participer à un programme pilote.
Nous nous situons par delà le bien et le mal, par delà le vidéodrome et sa réflexion malsaine le téléviatan.
Nous sommes les explorateurs et les conquérants d’un nouveau monde.
Nous traversons les flots déchainés du pathos et la psyché est cette terre promise ou nous pourrons contempler l’âme humaine enfin mise à nue et tels les conquistadors de l’esprit la façonner à notre image.
Vous allez abolir l’altérité et fusionner avec vos spectateurs. Vous allez les étreindre, les embrasser, les dévorer.
Il n’ y aura plus de mensonges.
Au delà du snuff et du porn, au delà de l’eros et du thanatos, vous serez la vérité, vous serez le réel.
Bien à vous,
Joseph Berg |
| | | Admin Admin
Messages : 1630 Date d'inscription : 13/09/2008 Age : 51 Localisation : Proxima du centaure
| Sujet: Re: Lettre de Jospeh Berg, directeur des nouveaux programmes du vidéodrome Mar 18 Mar - 23:38 | |
| Il y a une gnose.
je la sens à ma portée, qui me murmure, me susurre.
Au fond, nous ne souhaitons pas être libres.
Si nous avons construit un environnement qui nous alliène et nous avilie, c'est bien que l'âme humaine - la psyché - a peur des grands espaces, de l'infini.
Rien ne nous effraie autant que le libre arbitre.
Il faut sans doute concevoir avec Spinoza, Schopenhauer et Nietzsche que la véritable liberté n'est pas choix mais déploiement de l'essence vitale, volonté de soi en action, pur potentiel égotiste.
Il faut donc oublier la vision romantique surrannée du libre choix entre le bien et le mal, entre le corps et l'esprit, entre la matière et le concept.
Non, tout n'est que matière, jaillissement organique.
La religion si elle n'est que mythologie et mystère a pourtant rempli une fonction essentielle, celle de structurer notre psyché de formes archétypales.
Le vidéodrome a fait voler tout cela en éclats.
Nous avons bâti la boite de pandore qui déchaine tous les vices et evilie chaque jour d'avantage notre psyché.
C'est le spectacle insensé que notre inconscient espère qui est ainsi projeté devant nos yeux.
Voila, comme le dit Freud, il n' y a que le ça, que la volonté de mort que la horde primitive.
Dans un premier temps, le vidéodrome n'était qu'un spectacle, un divertissement.
Ce temps est révolu.
Le vidéodrome n'est pas non plus un métacortex qui nous permettrait d'additionner nos esprits, de communier en une supra instance.
Non, laisse moi te révéler sa nature profonde.
Maître des mouches et des miasmes, prince des mensonges, le vidéodrome est littéralement baal zeboul, un objet monstrueux d’idolâtrie collective à même de nier, voire d'amputer tout vestige spirituel et transcendant.
Faut - il combattre ce nouveau fléau suscité non par la nature mais par les dérèglements humains.
Non, il n' y a rien d'autres que le vidéodrome.
Comme l'araignée suce les fluides de sa proie, le vidéodrome a vidé la réalité de sa substance, de son substrat.
Jette mon ami un regard lucide sur le réel : un vaste bidonville ponctué de centrales d'achat, un terrain vague en patchwork, un souvenir, une ombre.
Si l'espace a pu offrir à l'humanité moribonde une nouvelle frontière, il faut se préparer de nouveau et faire nos adieux au réel comme nous le fîmes jadis à paradise lost, berceau de l'humanité.
Tu n'auras plus de chair. Tu seras une réalité digitale, une réclame, un slogan.
Le substrat, la molécule élémentaire n'est plus l'atome, pas même le biodollar; non tu existes à la mesure du cerveau disponible que tu captes chez les autres.
Cela et rien d'autres; un vampire résiduel; tu vivras comme le spirite dans la vie ephémère que te donneront les cerveaux relliés de la nouvelle chair grouillante.
Inutile de fuir, le navire coule et tu ne peux plus le sauver ou te sauver.
Mais comme dans le tao, tu peux et doit te métamorphoser pour embrasser le changement et survivre, sinon tu finiras comme un simple vestige.
Je ne te propose nulle transfiguration, ce sera au plus une survie, une adaptation, une concession.
Mais comme le nouveau monde eut jadis ses conquistadors, tu peux planter la bannière de ton ego et forger cette nouvelle terre numérique à ta semblence.
Tu peux être le fossoyeur d'un monde à l'agonie et le démiurge de celui qui est en train de poindre.
Celui qui devient un signe et lorsque ce signe est indispensable à la multitude, cet être marque donc est immortel. Il est le repère, l'alpha et l'omega.
Au début était le verbe...
Tu peux dire à présent :
Au début était la réclame.
ici tout est hyperréel, hypersexuel, hyperbestial.
Tu n'existes plus en tant qu'être; tu n'es pas même un œil; tu es le regard, le processeur organique ou viennent se déposer des impressions éphémères qui mènent ta destinée et sculptent ton âme.
Tu le sens au fond de toi, tu es fait pour cette nouvelle vie simulacre.
Il y a du divin dans le porn et le snuff. Tu sens que pour ces quelques secondes de pure grâce dans la carrière d'un vidéoaddict, tu sacrifierais la chappelle sixtine et le vatican avec.
Sois honnête, tu aimes ça; ou plutôt "ça" aime.
Voila le secret, le pur sentiment d'exister ou plutôt son contraire l'abolition de l'existence en une courbe qui touche le néant et l'infini
Au final le vidéodrome n'est pas le mensonge, il est la vérité; peut - être la seule qui soit. |
| | | Admin Admin
Messages : 1630 Date d'inscription : 13/09/2008 Age : 51 Localisation : Proxima du centaure
| Sujet: Re: Lettre de Jospeh Berg, directeur des nouveaux programmes du vidéodrome Jeu 20 Mar - 0:08 | |
| "Il y a beaucoup de façons de parler de la télévision. Mais dans une perspective business, soyons réaliste : à la base, le métier de TF1, c'est d'aider Coca-Cola, par exemple, à vendre son produit. Or pour qu'un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c'est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible"
Patrick Le Lay
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| | | Admin Admin
Messages : 1630 Date d'inscription : 13/09/2008 Age : 51 Localisation : Proxima du centaure
| Sujet: Re: Lettre de Jospeh Berg, directeur des nouveaux programmes du vidéodrome Ven 28 Mar - 17:27 | |
| La vie, la mort...
Quand j'étais jeune, il y a prêt de 300 ans, sur Paradise Lost, j'étais un photographe animalier.
J'adorais "shooter" les fauves.
Je crois que je n'étais pas très différent d'un chasseur.
Ce moment ou tu presses sur la détente; ce moment ou tu captes l'essentiel, la vérité, la sincérité, la mise à mort d'une proie par un prédateur.
Je suis rapidement devenu addict à ce sentiment.
Très rapidement, la réalité cessa de m'exciter. Je ne vivais que par procuration et par écran interposé; une vraie vie de voyeur. Je rechercais le grall, la "substantifique moelle", ce moment ou la vérité apparaitrait crue, dénudée, pure, ou je pourrais presque la violenter de mon oeil que je rendis aussi dur en esprit qu'un diamant, aussi tranchant qu'une lame, aussi orgastique qu'un phallus.
Aujourd'hui, par l'intermédiaire du vidéodrome, la psyché des milliards de téléspectateurs a fini par me ressembler : je crois que j'étais un précurseur, un prophète, mi minable mi divin.
Les dieux sont avant tout des spectateurs; je peux presque les sentir - à la lisière du réel - qui nous observent, nous épient, nous matent.
Un peu comme dans l'Illiade les dieux prenaient parti des achéens ou des illionnais sans intervenir.
Je crois que je suis en train de devenir un nouveau dieu de l'olympe.
Ma nourriture, ma mane est l'audimat. Elle a sculpté mon corps de gloire digital.
Je suis ma propre réclame, mon slogan.
Je crois que ça aime le spectacle de la sincérité absolu qui filtre parfois dans le regard désespéré d'une proie.
Comme à l'époque des safaris.
Je me souviens d'un fauve agonisant : il avait joui au moment de succomber à son prédateur.
Il y avait une telle force, une telle violence.
Si nous revenons à la barbarie d'un nouvel age des ténèbres, si downtown est une nouvelle savane, si les cadres et les capos sont les nouveaux vautours, les nouvelles hyènes d'une réalité en partie charogne, il faut à notre tour nous abandonner à notre nature la plus profonde et réveiller le fauve qu' à assoupi paradise lost.
Ce n'est pas l'apocalypse; c'est une nouvelle genèse télévisuelle.
Chaque aube sera une nouvelle aube; chaque spectacle sera unique.
Je cherche ces quelques secondes de vérité médiatique absolue qui nous ferons oublier la misère de notre condition.
Ou nous serons comme les dieux bestiaux de l'ancien monde.
Le hurlement qui s'élèvera à ce moment la, à la fois monstrueux et divin nous unira tous en une eucharistie démente, un spectacle insensé de cruauté et de désir.
Je ne vivrai que pour cet instant. |
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