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 Identité et relation

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MessageSujet: Identité et relation    Identité et relation              Icon_minitimeJeu 8 Oct - 19:42

Identité et relation.



De nos jours, une terrible querelle oppose les polémistes. D’un côté, nous avons les identitaires, les enracinés qui promeuvent l’affirmation de soi. De l’autre côté, les partisans de l’ouverture, de la libre circulation de tout, de tous et de toutes.

Cette polémique est folle. Des deux bords, on s’invective, on s’insulte, on se conspue. L’intelligence est désactivée, les passions réactives prennent le relai. Chacun défend avec véhémence son idéologie, sa croyance.

A un certain niveau, ce débat ne m’intéresse pas. Je comprends bien qu’on me sommera de me positionner entre « le bien et le mal », qu’on ne supportera pas une hésitation, un moyen terme, une position médiane.

Comment, me dira-t-on, vous êtes du côté de la bien pensance, du politiquement correct. Vous mêlez votre voix au cœur des pleureuses ?

Ou au contraire : vous êtes un suppôt du diable, un partisan du retour sur soi frileux. Vous voulez vous isoler du reste de l’humanité. Votre point de vue rappelle les pires heures de l’histoire, les années 30.

Ce débat est stérile. Nous en avons un écho sur toutes les chaînes, sur tous les écrans, sur tous les canaux.



Mon propos n’est pas celui-la. J’entends montrer que sous l’écume des flots se dessine une question philosophique passionnante, l’une des plus stimulantes qui soit. Il ne s’agira pas de choisir entre le bien et le mal, entre la lumière et les ténèbres, mais de repérer une des plus puissantes dialectiques de toute l’histoire de la philosophie fondamentale, l’ontologie.

La distinction que je propose ici se situe entre philosophie de l’identité et philosophie de la relation.



Philosophie de l’identité :

Historiquement, les partisans de l’identité semblent dominants. Je me situe à un niveau ontologique, à celui de l’essence des étants.

Chez Aristote, la substance des étants, ce qui leur permet de se tenir sous les accidents est une persévérance.

Un étant subsiste, se perpétue, se maintient par delà les accidents qui n’affectent pas son être le plus profond.

Cette idée fondamentale va avoir une postérité incroyable.

Spinoza distingue au cœur de l’existence le conatus, désir et force de persévérer dans son être.

L’accroissement de ce conatus provoque la joie qui est la matrice des affects positifs.

Schopenhauer dans le monde comme volonté et comme représentation va encore plus loin.

Sous la patine de nos représentations, des phénomènes spatiaux et temporels, la pulpe de la réalité, sa chair, son insondable profondeur est la volition. Chaque étant tend à se préserver et se multiplier. La vie et sa complexité grandissante sont les effets de cette volition.

On retrouve cette idée chez Nietzsche qui en fait l’apologie. Le réel est un tissu de forces qui ne tendent qu’à s’affirmer. La volonté de puissance est le tout du monde. Les forces s’affrontent en permanence, créant des hiérarchies naturelles (entre détenteurs de la force) ou artificielles (la morale des esclaves). Les valeurs Nietzschéennes nous proposent d’épouser l’essence du monde et de rechercher l’amplification de nos propres forces ainsi que leur harmonisation.



Philosophie de la relation :

La foudre va tomber avec Heidegger en 1927 avec Etre et Temps.

En étudiant l’être de L’homme, le Dasein, Heidegger va le distinguer des autres étants.

Le dasein (l’existence humaine) n’est pas uniquement un objet, un subsistant. Son essence repose dans son existence qui est la possibilité de s’ouvrir sur des possibles. Le dasein est un soucis, une ouverture aux autres et au monde, toujours en avance de lui-même.

Cette idée aura une incroyable postérité.

Par exemple Levinas, va abandonner l’ontologie pour l’éthique de l’ouverture à autrui, de l’altruisme. Dans le visage de l’autre se tient un appel muet qui nous oblige. Nous abandonnons la totalité du même qui ‘exprime dans la connaissance ou le pouvoir pour l’infini révélé par autrui et ce commandement « tu ne tueras point ».

Le retournement de l’ontologie de l’identité sera total avec Deleuze qui inverse l’ontologie qui de substance devient relation.



Le dépassement de l’opposition entre identité et relation

Nous avons repéré, sur le modèle Hégélien une dialectique de l’être :

Thèse : l’être comme affirmation, comme substance, comme persistance, comme déploiement et amplification.

Antithèse : l’être comme relation ; négation de l’identité

Est-il possible de dépasser cette opposition fondamentale ?

Je vais proposer une ébauche de synthèse, qui ne s’appuie pas sur les grands penseurs et systèmes, mais sur mes modestes réflexions.



Je voudrais montrer que l’ontologie de la substance et celle de la relation ne sont pas incompatibles.

Dans un premier temps, je distinguerai entre 3 types de relations inspirées par Heidegger : relations au monde, aux autres et à soi-même.



Substance personnelle et cosmique

Je pense que chaque être à une âme personnelle et une âme cosmique.

Nous ne sommes pas uniquement nous-même ; il est possible en s’inspirant comme Schopenhauer des philosophies d’Inde de fissurer les murailles de l’ego.

Nous sommes aussi une partie de notre famille. Celle-ci demeure même quand nous disparaissons.

Si on considère la famille comme un arbre, si une branche est brisée, l’arbre même amoindri de cette branche demeure. Chaque personne est ainsi une branche singulière de l’arbre généalogique.

De la même façon, nous sommes aussi une partie de l’humanité. Si nous ne sommes pas le dernier des hommes, notre disparition ne coïncide pas avec celle de l’humanité. Cette idée peut nous emplir de courage, par exemple quand nous devons risquer notre vie pour sauver une multitude. Elle doit nous emplir de compassion, d’empathie et d’entraide pour nos frères et sœurs humains. Lorsqu’un humain souffre, c’est un peu nous-même qui souffrons, ou plutôt notre partie humaine souffre.

Nous pouvons accepter avec stoïcisme notre disparition si nous comprenons que nous survivons dans notre descendance, notre famille, nos amis, mais aussi plus largement les autres humains.

Brisons à présent la troisième muraille de l’ego : nous ne sommes pas uniquement une partie de notre famille et une partie de l’humanité, nous sommes aussi une partie du vivant.

En effet, nous ingérons des molécules animales et végétales quand nous nous sustentons. Nous voyons bien que nous sommes constitués de la même matrice que tout ce qui vit. Il y a une sympathie, une affinité qui réunit le règne du vivant. Nous sommes liés depuis l’aube des temps par des cycles écologiques subtils, des entrelacs complexes, des intrications parfois invisibles avec tout ce qui vit. Nous pouvons éprouver de la compassion pour les souffrances animales injustes et comme les jains ressentir l’ahimsa, cette répugnance extrême à causer souffrance au vivant.

Enfin, brisons la quatrième muraille de l’ego : nous sommes une partie du cosmos. Les mêmes particules élémentaires qui composent les étoiles et les nébuleuses nous constituent. Nous pouvons ressentir par exemple dans la contemplation d’un ciel étoilé cette dissolution presque océanique de l’ego, cette expérience mystique qui nous indique que nous ne sommes pas maîtres et possesseurs du tout. Non, au contraire, nous sommes une partie du cosmos. Cela inclue les pierres, les montagnes et les éléments. Lorsque ces derniers se déchainent, nous sommes ramenés à l’humilité de la condition humaine. La Terre elle-même est comme un gigantesque organisme infiniment subtil qui ploie et souffre sous les agressions des humains. Nous ne sommes pas le cancer de Gaia, nous avons vocation à redevenir les « bergers de l’être » comme nous le propose Heidegger et restaurer la subtilité et la complexité des mécanismes géologiques qui nous permettent de vivre sur Terre.

La destruction des quatre murailles de l’ego nous permet de restaurer le lien avec le monde et les autres. Nous sommes reliés au monde et aux autres par ce que nous sommes une partie du monde et des autres. Si nous étions étranger essentiellement au monde et aux autres, toute possibilité de relation entre substances hétérogènes serait impossible.



La relation à soi :

Les partisans de la relation au détriment de la substance oublient la relation à soi.

Accueillir les autres et accueillir le monde ne veut pas dire renoncer à soi. Il y a comme quelque masochisme ontologique dans le dénigrement absolu de la substance au bénéfice de la relation.

Car nous sommes aussi en relation avec nous-même. Nous sommes aussi un plaisir de vivre, un désir d’accroitre notre potentiel, non pas au détriment des autres, ce qui est la matrice de l’ontologie libérale, mais avec les autres. J’ai besoin des autres, certes, mais les autres ont aussi besoin de moi.

Il y a quelque part, une forme d’égoïsme positif et inversé, un désir de contemplation de ce qui nous est propre, singulier et que nous ne partageons avec personne. Cette possibilité de se reclure du monde et des autres n’est pas forcément un enfermement. Ce peut être la citadelle intérieure des stoïciens. Que découvrirons-nous lorsque nous plongeons dans notre intériorité ? une partie du cosmos certes, mais aussi ce qui sans nous ferait défaut aux autres et au monde. Nous sommes nécessaires. Chaque personne apporte une partie du monde qui sans lui manquerait et qui n’est pas une relation au sens ouverture mais un lovement, un cercle, une sphère. C’est la satiété existentielle. Il faut nous autoriser à exister ou dit autrement, il est bon que nous existions. Contrairement à ce que pense Rémi Brague, nous n’avons pas à espérer de l’ontothéologie qu’elle nous donne le droit d’exister. Cette satiété existentielle est justement la façon dont nous nous rapportons ontologiquement à nous-même. Nous devons nous aimer nous-même, nous respecter et concourir à notre bonheur. C’est justement parce que nous sommes interdépendants, que chaque personne est importante. Chaque individu est également un pilier de l’univers. Il n’y a pas besoin comme chez Leibnitz d’un grand horloger, sorte de monade des monades qui harmonise toute les petites monades. Cette belle individualité, cette âme personnelle est la construction d’un corps spirituel et affectif vigoureux capable aussi d’exister par et pour lui-même. Il y a une partie de nous qui ne sera jamais atteinte par le monde et les autres. Il y a ce lieu sauf ou nous pouvons nous replier, nous sauver, ou nous ne sommes ni un « nous » ni un « ça » mais uniquement « je ».



L’origine du mal :

Il me semble repérer le début de la fissure entre la subsistance et la relation dans l’ontologie libérale. Celle-ci tend à la constitution d’un chaos de particules, monades, toutes opposées et luttant en permanence les unes contre les autres, chacune désireuse d’imposer sa propre loi au tout, la loi de l’exception qui est celle de la nouvelle règle. Principe du darwinisme ontologique et de la disruption qui sous tend les sociétés libérales.

Les libéraux ont confondu substance et monade. Toute idée d’une solidarité existentielle avec le monde et les autres était évacuée. L’être réduit au gouffre du désir est incapable de la plénitude existentielle que j’ai nommé rapport harmonieux à soi : la soif conduit à la pléonexie (le désir de tout posséder), à la jouissance effrénée (servitude à soi-même) et à la violence du faux pouvoir.

Il n’y a pas d’opposition entre l’individu et le groupe, entre le soi et l’autre, entre notre conscience et le monde.

Fracturer les murailles de l’ego, c’est plus qu’une idée, c’est un chemin d’ascèse spirituelle. La bienveillance, la sobriété et la plénitude existentielle peuvent restaurer le rapport harmonieux aux autres, au monde et à soi-même. Ces 3 actes sont la praxis de l’émancipation véritable aux forces qui mutilent le potentiel du réel.

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MessageSujet: Re: Identité et relation    Identité et relation              Icon_minitimeJeu 27 Jan - 18:41

Comment atteindre l’immortalité ?

La question de la mort est sans doute la plus importante dans la psyché humaine, individuelle et collective.
Lucrèce dans son ouvrage De Natura Rerum nous révèle cette indicible vérité : les religions en promettant une vie après la vie ont conjuré la peur de la mort. Les arrières mondes, ces fables plaisantes qui promettent le paradis aux méritants et aux obéissants ont consolé les croyants : « il n’y a pas vraiment de mort pour qui respecte les commandements divins ».
Le mythe alchimique de la pierre philosophale promet l’immortalité, non pas dans un autre monde, mais la prolongation infinie de la vie.
Le succès du mythe du vampire me semble comparable à ce niveau : le vampire est éternel, et casiment invulnérable. Il en faut peu qu’il soit une casi figure divine. La fascination qu’exercent Lestat ou Dracula tient à leur extraordinaire longévité, quand les siècles se succèdent indifféremment sur le vampire.
Enfin dernière incarnation du mythe de l’apothéose (soit la déification d’un mortel tel Hercule devenu le Dieu de la force), la religion du transhumanisme nous offre une ultime victoire sur la mort en promettant un corps artificiel non soumis à la corruption de la chair et l’upload de la conscience, soit le téléchargement de la psyché dans un support artificiel.
Les victoires sur la mort sont donc de deux types : soit une vie après la mort dans un séjour métaphysique, soit la transformation d’un mortel en immortel : l’immanence ou la transcendance de l’éternité.
Je ne cacherai pas que de ma perspective, ces deux réponses ne sauraient me satisfaire.

Je le dis comme une boutade, pour autant l’immortalité ne me semble pas un objectif chimérique.
Comment donc atteindre l’immortalité sans que la réponse soit la métaphysique de la religion ou le solipsisme de la quête individuelle de puissance ?
A ce stade, le simple fait de proposer une réflexion sur le sujet peut sembler un orgueil démesuré.
Comment donc, l’auteur de ces lignes croit pouvoir apporter quelque réponse sur la grande quête ontologique ?
Heidegger lui-même, le maître secret de la pensée contemporaine nous avertit : le Dasein est un être-pour-la-mort. Échapper à la mortalité serait donc échapper aux conditions existentiales du Dasein : nous sommes nous Humains des mortels.
Je laisse pour l’instant de côté l’idée que nous survivons par nos œuvres, nos actes ou notre descendance, soit notre inscription dans le grand livre de la vie.
Je partirai d’une réflexion simple sur l’égoïsme.
Pour l’égoïste, la mort est vraiment quelque chose de terrible, car lorsqu’il meurt c’est tout l’univers de sa valeur, soit lui-même qui sombre dans le néant. Qu’importent les univers et les multitudes pourvu que lui l’égoïste survive, quel qu’en soit le prix, quelles qu’en soient les conséquences.
A l’opposé, une personne altruiste sera consolée de sa mort si l’univers de la valeur qui n’est pas intime lui survit. L’altruiste meurt, certes, mais il est heureux que l’univers et les autres et tout ce qu’il aime en général lui survivent.
Quand Madame de Pompadour annonce à la fin du règne de Louis XV au monarque français « après nous le déluge », c’est exactement cela : peu importent à l’égoïste ce qui pourrait advenir à sa mort : celle-ci est pour lui comme la fin de l’univers, ce qui viendra après n’a donc aucune importance.
Je vois dans cette simple idée la matrice de la dévastation écologique et des menaces existentielles (nucléaire, climat, virus créé artificiellement) qui pèsent sur l’Humanité.
La question sur l’égoïsme est principalement morale et comportementale.
Le vrai problème n’est pas l’égoïsme mais l’ego, tel qu’il est défini dans le bouddhisme par exemple.
J’entends par ego, une extension ontologique du principe d’individualisme, d’égoïsme et de solipsisme.
L’ego est la partie de l’existence qui est esseulée, qui n’existe que par elle-même et en elle-même comme les sages épicuriens ou les dieux antiques étaient parfois perçus : des monades parfaites qui s’achoppent à d’autre monades formant des collections de singletons ne participants les uns aux autres que par accident.
L’ego considère que l’existence repose en soi uniquement et doit être envisagée individuellement uniquement. L’ego est un subsistant, une substance, une persistance dans l’être, un conatus, une volonté de puissance, une volition individuelle.
Contre cette idée, je défends l’idée d’une co participation à l’être de tous les étants cosmiques.
L’être n’est pas une collection de singularités mais une co appartenance de tout à tout.
Contre l’ego, je voudrais montrer la pertinence de ce que je nommerai la participation qui est le dépôt de l’existence dans ailleurs que dans l’intime.
C’est la lecture attentive de Etre et Temps qui me fit sortir de la vision spinoziste et Nietzschéenne de l’existence.
Participation de la matière :
Les particules physiques qui nous constituent ne forment notre identité que par une association et des liaisons spécifiques. Mais les atomes de notre être étaient déjà dans le cosmos avant notre naissance et y retourneront lors de la décomposition post mortem de notre corps. Nous avons certes été générés dans la matrice maternelle, mais les éléments qui ont fourni notre corps existaient depuis l’aube de l’univers. Ils ne sont à nous que pour un temps, et les mécanismes d’alimentation, de respiration et d’excrétion indiquent notre liaison ontologique matérielle avec ce qui n’est pas nous dans le monde, dans le cosmos.
Sociogenèse :
Notre conception est liée à un acte social. Nous sommes issus de la rencontre vitale d’un père et d’une mère. Nous ne provenons pas de l’identique, mais de la rencontre, de la dualité irréductible. Ce n’est pas la subsistance individuelle qui préside à notre naissance mais bien la rencontre, le multiple et la coprésence de deux altérités. Le jour où les humains se perpétueront pas clonage du même, nous serons semblables aux étoiles de mer et aux organismes qui par parthénogénèse enfantent un bourgeon semblable à leur unique parent.
Participation à la pensée :
Nous recevons le langage comme une donation sociale. Dès lors ce langage qui constitue intimement notre pensée est plein d’emprunts collectifs et de la maturation des siècles. Les paradigmes culturels et mentaux dans lesquels nous nous ébattons sont collectifs.
La pensée n’est pas uniquement l’aveu d’une solitude qui résisterait au ‘ « on » ou à l’instinct du troupeau. Il y a aussi un imaginaire social, une création collective, une renaissance dans l’acte et la collectivité.
Participation aux affects :
Nos passions et nos sentiments sont en interaction constante avec notre environnement. Nous sommes ne permanence englués dans la trame et la toile de nos affects ; ceux-ci nous relient autant qu’ils nous séparent car par un effet de sympathie et de contagion empathique, l’émotion peut se propager, se répandre, se multiplier. Par un jeu de neurones miroirs, l’empathique ressent et partage la joie et la souffrance. L’empathie est la ruse du vivant, la volition lumineuse qui a échappé a Schopenhauer, cette force terrible et magnifique à la fois qui veut la perpétuation non pas uniquement du soi mais de ce qui existe
Participation à la participation :
Les bouddhistes font bien la distinction entre l’empathie et la compassion.
Si l’empathie est un affect, une ruse, la compassion est la conscientisation ontologique de l’empathie.
Il y a autant de différence entre l’égoïsme et l’ego qu’entre l’empathie et la compassion.
L’empathique va chercher à diminuer la souffrance du monde et à augmenter la joie de ce qui est en connexion affective avec lui.
Le compatissant ou l’amant (car je pense que l’amour chrétien peut être perçu comme authentique compassion) va rechercher la fêlure de l’ego pour parvenir au déversement de l’existence dans l’autre.
Le compatissant ne se considère pas uniquement ouvert ou attentif au monde et aux autres, il ressent qu’il participe activement et ontologiquement au cosmos.
Ici je reviens à cette idée que l’on peut survivre dans les œuvres, les actes ou l’enfantement.
Le compatissant participe de ce qui n’est pas lui. S’il est parent, il ne cherchera pas à totaliser sa progéniture, soit à faire de celle-ci une simple extension de lui-même et de ses affects.
Le compatissant sera à l’écoute de la singularité de son enfant, et laissera cette singularité s’exprimer pleinement. Il ne voit pas en son enfant une extension de lui-même, une sorte de clone ontologique mais accueillera la différence avec émerveillement.
De même les œuvres du compatissant n’ont pas pour but de piéger l’altérité dans une prison d’ego mais bien de permettre la libre expression de la différence.
Je suis une infinité d’étoiles toutes singulières, non pas un essaim de clones mais une pluralité de merveilles chacune porteuses d’une vision et d’un secret qui me fait défaut.
Quant aux actes, lorsqu’ils sont créés par un compatissant, ils nous plongent dans une solidarité spatiale (l’assemblée du multiple) mais aussi ce qui est oublié une solidarité temporelle (la responsabilité envers les générations futures et la dette et déférence envers les aïeux, ce qui est le sens de l’honneur véritable).
Si nous avons fait notre testament en dehors de la prison de l’ego, nous ne mourrons pas.
Tant qu’il y aura un monde
Tant qu’il y aura une fleur
Tant qu’il y aura un enfant
Tant qu’il y aura un ciel étoilé
Nous ne mourrons pas.
Nous survivrons dans l’océan de l’amour, dans ce que nous aurons créé et déposé de notre vivant.
Nous rejoindrons alors une conscience collective.
Le monde est beau.
Il nous survivra
La mort est acceptable.
Ces particules qui nous composent, ces idées qui nous parcourent, ces émotions qui nous submergent
L’amour, l’empathie, la compassion
Tout cela nous survivra
Car l’univers n’est pas uniquement impermanent
Il est tout ce qui existe
Du plus petit au plus immense
Du plus subtil au plus grossier
La trame de l’ontologie nous unie tous si nous le voulons
Nous avons une mission à accomplir.
Aime et sois aimable.
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