Florence - Novembre (?) 2008
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La lourde Mercedes noire ralentit puis s'arrête. Derrière les vitres teintées et l'épais blindage, Léonard de Montmorency ajuste le col de son trench.
"Etes-vous certain qu'il sera là Janus ?"
"Aucun doute, mes informateurs l'ont vu rentrer par la porte de derrière. Ne vous inquiétez pas. Il sera au rendez-vous. Mais n'oubliez pas! Cet endroit est un espace neutre. Il en va de la parole d'honneur que j'ai donné à votre frère"
"Ne vous inquiétez pas mon ami. Dans ce lieu tout du moins, mon "frère" ne craint rien"
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Léonard franchit le seuil du restaurant "Vendetta". La salle est déserte à l'exception d'un homme qui, assis à l'une des tables, fait face à l'entrée tout en jouant aux dés.
Ils sont si semblables ces hommes qui se font face : la même beauté quasi-surnaturelle, les mêmes traits aquilins, la peau à la fois translucide et cuivrée, les mêmes cheveux blonds presque blancs, les mêmes yeux améthystes...
Mais pourtant si différents. L'un est habillé d'un élégant costume prince de galles, ses cheveux brossés semblent fait de lumière et il tient dans sa main un fin fume-cigarette en ivoire. L'autre est fatigué, sans doute légèrement plus vieux, vêtu d'un veille imperméable crasseux et ses cheveux mal peignés retombent filasses sur ses épaules.
"Tu m'as l'air en bien mauvais point mon frère"
Un sourire carnassier se fige sur le visage de Léonard.
"On peut dire que tu m'auras fait courir. Sois flatté ! Je n'ai pas ménagé mes efforts pour te retrouver. Tu portes bien ton nom "Kether"! "la plus cachée des choses cachée" disaient les anciens.
Bien! Inutile d'éterniser ces retrouvailles si émouvantes et je ne suis pas là pour philosopher. Rends-moi le coffre !"
Un ombre de chagrin voile le regard de Kether.
"C'est donc tout ce qui t'intéresse. Ce coffre?"
"Épargne-moi tes leçons d'amour fraternel!"
La voix se veut calme mais sous l'apparente sérénité pointe déjà la colère.
"Tu m'as trompé dans le cabinet de Varlack. Puis tu as aidé cet imbécile à voler ce qui est à moi. Avant de finalement le tromper à son tour. Assez joué maintenant. Rends-moi ce coffre !"
Un sourire désabusé éclaire le visage de Kether.
"Et pourquoi te le rendrais-je? Ne suis-je pas le véritable et légitime Dieu-Empereur d'Eubée ?"
"SILENCE!"
Les yeux de Léonard semble flamber de démence.
"Toi? Empereur? Ta naissance était une erreur! Tu es une erreur! Regardes-toi? Ce trône me revenait. C'était mon droit!"
"Tout doux mon frère. Un Dieu doit savoir garder son sang froid, n'est-ce pas? Ce qu'il te reste de sujets et de soldats connaissent-ils ta petite histoire? A ton avis, comment réagiraient-ils?"
"Tu parles bien comme ton nouveau maître. On m'a dit que tu avais prêté allégeance à Coatlicue...je peux juger par ta morgue et tes intrigues que cela est bien vrai"
"C'est toi qui me parle d'intrigue Léonard? Toi qui fomenta mon assassinat avec cette putain, toi qui prit ma place, toi qui usurpa mon trône et trompa ton peuple! Coatlicue pourrait même recevoir des leçons de ta part"
Léonard recule sous la charge.
" Comment?! Comment oses-tu ?! Je...je....Rends moi ce coffre! Il est mien et j'en ai besoin"
Kether fixe son frère et éclate de rire.....
(la suite à Olivier)
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Pendant ce temps, dans une rue adjacente.
La salle principale du bar Le Thulé est un bric-à-brac de croix celtiques, des photos du Duce, de souvenirs de la dernière guerre mondiale.
Une centaine de colosses incultes beuglent au rythme du
CHANT braillé par les enceintes. (lien donné uniquement à but RP. Je ne cautionne bien évidemment pas le contenu. Oreilles averties seulement)
La pièce empeste le tabac bon marché, la sueur et la bière.
La porte s'ouvre soudain. La femme qui en franchit le seuil offre un contraste saisissant avec le lieu. Elle est d'une beauté envoutante, enivrante....Ses cheveux blonds vénitiens sont coupés en un carré court; son visage est avenant malgré la dureté cruelle de son regard émeraude. Elle est vêtue d'un tailleur de cachemire gris et un manteau de fourrure noire est jeté sur ses épaules.
Les hurlements de bêtes et le vagissement des enceintes s'arrêtent brutalement.
Celui qui semble être le chef de la bande s'approche...presque terrifié.
"Fräulein..c'est...c'est...quel honneur de vous recevoir ici. Votre père est un tel exemple pour nous tous, et vous également Fräulein..."
La fine main gantée de cuire nuire fait un geste d'impatience.
"Ja, Ja, Ja. Je le sais"
Le ton de la voix est ensorceleur...mais vénéneux...
"Notre homme est au restaurant la Vendetta. Imperméable usé, air de chien battu, cheveux blonds et crasseux. Dés qu'il sera sorti du restaurant, assurez-vous qu'il n'aille pas plus loin. MAIS ATTENTION! Nous le voulons...vivant!"
"Quoique vous ordonniez Fräulein, nous obéirons".
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