La nuit a été dure.
Je me réveil, la tête encore embué d’un sommeil difficile, d’une nuit trop courte à regarder ce plafond en dérivant au gré des pensées, ressassant toujours les mêmes images. Les larmes, les combats, la mort. Je délaisse ma compagne dormant du sommeil du juste et m’extrait de ma léthargie. Je m’étire. Mon corps me fait atrocement souffrir, il est tendu, crispé et des crampes me hérissent la poitrine ou est-ce non pas la chaire mais mon âme qui se contorsionne de douleur ? Ce matin est difficile, plus difficile encore que les autres. Chaque jour la douleur se fait plus présente, intense et me ramène à la dure réalité de ma condition, de mon emprise sur la réalité et des limites du pouvoir que j’exerce sur la réalité. Le miroir. Ce fichu miroir. Je n’arrive pas à regarder mon reflet, mon cœur s’emballe face à la glace et la peur m’envahi comme si je l’éprouvais pour la première fois. Comme un enfant dans le noir, comprimant ses paupières de toutes ses forces pour ne pas ressentir la vacuité du néant, de l’inconnu.
Aujourd’hui est plus dur qu’hier mais demain me fait craindre encore plus.
Je n’en peux plus. C’est un sentiment, une torture qui me fait atteindre les limites de l’insupportable et aujourd’hui j’ai atteint ma limite. Mon corps convulse. Mon regard tremble et se détourne. Mais je me force, je lutte contre cette peur. Quand la douleur arrive à son paroxysme il n’est plus possible de l’occulter, de continuer à avancer. Elle me cloue sur place et je dois y faire face. Mon regard se lève face à cette peur enfantine, cet effroi inscrit au plus profond de moi, faisant vaciller la flamme de mon âme au gré de son souffle. Et ce que j’y vois restera gravé à jamais comme se souvenir que l’on ne peut occulter et qui se rappel à nous à chaque instant en un rictus grimassent.
Un négatif.
Dans le reflet le paysage n’a pas bougé, il est égale à la pièce qui m’entoure mais mon enveloppe est altérée. Les couleurs on changées et m’offrent la vision du parfait négatif de mon corps. Le blanc de ma peau est d’un noir profond, intense. Le bleu de mes yeux a viré au carmin. Mes cheveux brun sont cendrés et l’étincelle de lumière enchâssé en mon front ne brille plus de l’éclat des étoile mais parait absorber la lumière comme les profondeurs d’un insondable trou noir.
Cette image. Cette vision. Ce Funeste tableau.
Quel en est issue ? Quel en est la fin ?
Tant de questions face à une réalité si probante. Une vérité tangible comme une vague submergeant l’être. Je le savait. J’étais conscient de ce que je faisais et j’en paye le prix. En me voyant ainsi j’ai compris ce qu’impliquais mon sacrifice. À force de refuser la réalité et de repousser les limites mon âme c’est altérée, elle a changé pour revêtir l’apparence la plus adapté. Un être submergé par la puissance.
Comment puis-je m’y résoudre ? Alors qu’au fond de moi j’éprouve le sentiment le plus pur au monde. J’accepte que mes choix aient des conséquences, j’accepte les remords, j’accepte les cauchemars car c’est le prix de mon ambition à vouloir sauver ceux que j’aime. Je le fais pour quelque chose de plus grand que moi, pour ce sentiment intense et incroyable.
C’est l’amour que je ressens et ce sentiment rempli ma vie. Pas ce funeste personnage qui se dresse face à moi.
Pas cette gangue noire qui ne semble pas m’appartenir.
Pas cette icône macabre qui ne reflète pas mon œuvre.