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 Mère Myrina Jool Ginaz

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stan

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MessageSujet: Mère Myrina Jool Ginaz   Mère Myrina Jool Ginaz Icon_minitimeMar 6 Juin - 20:13

D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours tenu une arme.

Je suis née sur Ginaz en 8968 AG
Le même jour, s’éteignait mon grand-père, Jool Ginaz. Il portait le prénom de Jool Noret, fondateur de notre maison avant que nous arrivions sur cette planète. Tout ça a de l’importance pour nous… Ici,on dit que chaque Maître d’armes se réincarne dans un enfant ginazi.
Les traditions, le passé, la communauté, le bien commun, sont des choses qui comptent sur cette planète, ce sont elles qui nous ont permis de survivre au Jihad Butlerien, qui nous ont permis de reconstruire Ginaz en 70 ans à peine, après qu’elle fut frappée par l'astéroïde Hecade en 164 BG. Ces règles sont notre bouclier, ce sont elles qui nous différencient des autres Maisons, qui font de nous des maîtres d’arme d’exceptions. Lorsqu’un ginazi agit, c’est pour amener la gloire et préserver l’honneur et la parole de toute la Maison.

Mais, revenons à la tradition.
Ici, chaque membre du conseil des Maîtres d’armes a trois enfants : un pour sa lignée, un pour la lignée de son partenaire de vie et un pour ceux qui ne peuvent avoir d’enfants.

Comme tous les petits ginazi, j’ai grandi à la crèche. C’est ainsi qu’on obtient des liens forts entre toute une génération. C’est aussi comme ça qu’on en vient à honorer une seule Maison comme sa famille. Il n’y a que les heritiers de Jool Noret qui peuvent porter le nom Ginaz mais chaque ginazi le pourrait au fond.
J’ai profondément aimé cette époque.

La crèche se trouvait sur une longue plage au pied d’un pic calcaire couvert de jungle. Depuis la crèche, construite dans un style Vieille Terre fait de pagode, on pouvait entendre les singes hurleurs en fin de journée. On disait que c’était les esprits des ménestrels, ces chevaliers errants ginazi, qui n’avaient pas réussi leur grand pèlerinage. A leur retour, n’ayant pas fait assez d’exploits ils devenaient des singes, bannis des crèches. Et si pour nos esprits d’enfants incapables de dépasser physiquement les bordures de cette crèche entourée d’eau, l’Empire était un cadre de jeu ou l’on pouvait incarner les plus grands héros (Mais tout le monde voulait incarner Jool Noret), la conscience d’appartenir à la Maison Ginaz était déjà bien présente. Nos parents, nos maisons, ne nous manquaient pas. Nous les avions à peine connus et puis la communauté c’était la grande famille. les 3 premières années, les journées étaient surtout constituées de jeux d’extérieur, prémices aux entraînements qui viendraient plus tard. A 6 ans commençait le véritable enseignement : histoire, stratégie, ingénierie basique mais surtout les premières acrobaties, les premières courses, les premières passes d’armes. C’était la fin de l’innocence, le début du chemin jusqu’au 10e grade de Maître d’armes.

C’est aussi ce jour-là qu'un insectoptere frappé des deux épées de Ginaz se posa dans la cour. L’acolyte ménestrel qui s’occupait de nous vint me chercher.

Pourquoi viens-tu me chercher Yue Fei ?
Essayes de trouver la réponse à la question toi-même Myrina.
D’accord.

Je me rappelle froncer les sourcils et essayer de mettre en place les automatismes de réflexion qu’on m’avait enseigné.

Je suis la seule que tu es venu chercher…
Oui…
Un insectoptère s’est posé à côté de la crèche.
Oui…
Il porte le symbole de la Maison Ginaz… mais aucun autre dessin…
C’est donc…
Que c’est un insectoptère officiel.
Bien. Alors qu’est ce que tu en conclus.
Que la Sifu Siridar veut me voir… Mais je suis trop petite pour être ménestrel non ?
Vraiment ?
Oui. Mais si elle me donne une mission j’accepterais quand même tu sais.

Je me rappelle être arrivé dans le bureau de la très vieille maître d’armes qui dirigeait la crèche. Était-elle si vieille finalement … Bref, les portes coulisserent et je vis un homme en uniforme de Maître d’armes. Il portait dix liserets d’argent, 5 par manche, des épées d’or croisées ornaient sa ceinture en une boucle baroque et sur son torse comme jeté sur l’étoffe écarlate l’emblème azur des ménestrels ainsi qu’une multitude de médailles que je ne connaissais pas. Mais ce qui me captivait le plus, c’était cette petite couronne rouge qu’il portait autour de la tête et qui le désignait comme un Sifu.

c’est Elle Maître, dit la Maitre d’armes chargée de la crèche.

L’homme était grand, les cheveux bruns, de grands yeux gris, le teint halé. Il s’approcha de moi, posa un genou à terre pour me regarder dans les yeux. Il m’impressionnait et je dus retenir un sanglot. C’est comme s’il m’analysait. Après quelques instants suspendus, il me sourit et me tendit la main comme on le faisait aux adultes.

Myrina, je suis le Maitre d’armes Philippo Vadi. Pour Ginaz, acceptes-tu de me suivre ?
Bien sûr cette question n’était que pure rhétorique, mais sur cette planète où chacun était suffisamment entraîné pour représenter une menace, il était de bon ton de s’assurer de l’accord de la personne avec qui vous traitiez. On inculquait cette valeur dès la plus jeune enfance. L’enfant qui refusait d’obéir se mettait de fait hors de la communauté et on en comprenait les conséquences assez vite généralement.

oui Maître d’armes. dis-je en tentant de cacher mon angoisse.

C’est ainsi que j'ai quitté ma première maison, la crèche. Sans saluer personne. Le départ fait partie de la vie, il ne faut pas le sacraliser sinon le voyage devient impossible. Je suivais Philippo dans les couloirs de la crèche jusqu’à l’insectoptère. Il était mordoré, allongé comme une libellule avec deux paires d’ailes légères. Je montais la petite volée de marche qui permettait de rentrer dans le monstre. Un dernier coup d’oeil à la crèche et déjà la porte se refermait.
L’insectoptère décolla rapidement dans un sifflement.

puis-je connaître la raison de ce voyage Maître Philippo ? Est ce la Sifu Siridar qui veut me confier une mission ?

Philippo éclata de rire.

Tu as raison, c’est bien la Sifu Siridar qui veut te voir.  Mais sais-tu qui elle est pour toi ?
pour moi ?
réfléchis. Nous serons au palais Daming d’ici quelques minutes.

L’insectoptère survolait l’eau à toute allure, slalomant entre les pics calcaires et les criques, laissant derrière lui un sillage d’eau bouillonnant. Je ne m’étais jamais douté que le monde fut si vaste. Des jonques suspendues survolaient paresseusement les flots, de grands filets semi immergés captant des exocets bleus et rouges, les gojju, qui donnaient leurs couleurs à la bannière de Ginaz. Un peu partout des crèches à la semblance de celle ou j’avais passé les premières années de ma vie. Et puis soudain, à l’horizon, Ginaz City ou comme on l’appelait ici Veniss, la cité des maîtres d’armes. La ville était construite sur pilotis et s’étendait loin sur la lagune. Au plus loin sur la lagune, on trouvait le grand port ainsi que les pêcheries de gojju. Derrière, on trouvait les quartiers artisans. Il y avait 3 types d’artisans : les plus misérables étaient les aphones, des gizanis qui, par manque d’envie, manque de courage, avaient refusé leur devoir d'être ménestrels. La plupart de ces aphones ne travaillait que pour se nourrir eux-mêmes et il leur était difficile de pouvoir faire commerce. Les accordeurs eux, s’étaient lancés dans leur pelerinage mais n’avait pas affronté leur maitre en rentrant parce qu’ils s’étaient découvert une autre vocation, le plus souvent en lien avec l’artisanat guerrier. On leur reconnaissait le droit de faire partie de la communauté puisqu’ils avaient eu le courage d’aller contre leur nature. Ils pouvaient à présent se reconvertir dans un métier qui leur ressemblait plus. La dernière catégorie, la plus nombreuse, était les mak, des gens venant de l'extérieur de Ginaz et qui œuvraient le plus souvent pour la CHOM. L’origine du mot mak s’était perdue mais dans le langage ginazi cela désignait quelqu’un qui se fait de l’argent sur un ménestrel.
Généralement, on n'appréciait pas les aphones, on achetait le tout venant aux mak et lorsqu’on voulait s’offrir une arme ou un bouclier de qualité, on ne faisait confiance qu’aux accordeurs. Plus haut on trouvait le quartier des écoles. En réalité, peu d’écoles avaient leurs élèves en ville, préférant s’installer à l’abri des regards concurrents sur des atolls non loin de la capitale. l'à pic rocheux abritait les demeures des maîtres d’armes, plus on était fort plus on habitait haut, enfin dans un nid de verdure préservée dominait le palais Daming aux toits de pourpre et d’azur.
Philippo survolait la ville, me présentait les quartiers, me partageait des anecdotes, comme s’il voulait me rendre familière cette ville que je ne connaissais pas.
Finalement il redressa l’insectoptère afin de nous élever au niveau du palais ou il posa l’engin.

Le palais était immense. Il était fait dans le même style que la crèche. Mais en place de la laque noire, les charpentes étaient couvertes d’or. Les toits acérés comme des lames de poignards étaient couverts de tuiles rouges et bleues. Au sol, un marbre immaculé serpentait au milieu des jardins aquatiques émeraudes. Sur le grand mur d’enceinte, 5 portes cyclopéennes s’ouvraient sur une autre place.
Le palais bruissait des pas discrets des serviteurs. Pour la plupart, ils ne venaient pas de Ginaz, du reste ils étaient libres. Lorsqu’ils souhaitaient quitter le service du palais, ils recevaient une prime pour leur permettre d’aller où ils voulaient.  Tels des fantômes, ces serviteurs passaient d’une aile à l’autre par des escaliers aériens. Cette première enceinte était l’enceinte de réception, qui ne servait que deux fois par an, pour le départ et l’arrivée des pèlerinages. A Ginaz, faire entrer un invité par cette porte était un geste de mépris évident, du reste on s’amusait beaucoup de voir les dignitaires arriver volontairement par cette porte. Comprendre les us des gens chez qui on va est la plus exquise des politesses pour un ginazi.
Une fois passé cette cour, on entrait dans la seconde cour carrée, la plus grande. Elle était bordée de chaque côté par d’imposantes sculptures et les toits s'ornaient des drapeaux des grandes écoles de combat. Au faîte de la porte du palais flottait la bannière de l’école Ginaz. Contrairement à la cour qui devait rester silencieuse tant que les jeunes ginazi n’étaient pas rentrés, cette grande cour était le lieu de duels amicaux, de pièces, de concerts et de pantomimes. Ici, la fine fleur de Ginaz montraient ses talents, gagnaient des faveurs et nouaient des alliances. Il n’existait pas de palais ou comploter, les cabales se formaient sur cette place, au grand jour. Et quand il arrivait qu’un duel ne soit pas amical, il avait aussi lieu là, aux yeux de tous.
D’un pas vif, Philippo me fit traverser cette place de carnaval. Ils le saluaient tous avec respect et tous arboraient la couronne rouge des maîtres d’armes.
Après une volée de marches, une nouvelle partie du palais s’offrait à nous.
Une unique porte ornée de deux bas-reliefs : Sebastian Ginaztera le premier des ménestrels et Jool Noret le premier des Maîtres d’armes.
Derrière, le calme, la fraîcheur. D’immenses colonnes bleues tenaient le plafond sculpté de scènes de batailles et décoré d’or. De longues tentures rouges formaient des recoins discrets dans cet immense espace. Dans l’air un parfum boisé emplissait tout. Soudain un cri, déchira le silence.
Alors que nous nous approchions du puit de lumière situé au centre de la pièce, je découvris une femme brune et athletique. Elle était entourée d'une dizaine de combattants portant la couronne rouge. Philippo mis sa main sur mon épaule pour m'empêcher d’approcher plus. En l’espace de quelques secondes, les dix hommes étaient au sol. La femme avait frappé fort et à des points tres précis.
La femme restait tendue et concentrée, ses yeux semblaient fixés le futur, ses poings crispés. On voyait ses muscles bandés et les veines de son crâne pulsaient.
Maitre Philippo frappa un petit gong.
Le bruit du disque de métal sorti la femme de sa transe.
En l’espace de quelques secondes son visage venait de se transformer, la femme face à nous était souriante, apaisée, presque mystérieuse.

Maitre Philippo, vous n’avez pas voulu m’affronter ?
Pas même armé, Madame !

La femme s’approcha de nouveau et lui offrit un grand sourire sans équivoque. Maitre Philippo le lui rendit.

Voici l’enfant, Madame.

La femme s’approcha de moi, toujours souriante, presque maternelle. Elle mis un genou à terre pour me parler.
sais tu qui je suis ? demanda-t-elle ?
vous êtes la Sifu Siridar Zei Tan Ginaz
bien. et toi qui est tu ?
Je m'appelle Myrina.
Je suis enchanté Myrina. Est ce que tu connais ton nom de famille ?
euh …

Je ne m’étais jamais posé la question, pour moi la crèche c'était la famille. A Ginaz, on ne retrouvait sa famille que bien plus tard.

ton nom complet est Myrina Sayer Ginaz, tu es ma nièce.

je restais silencieuse.

acceptes-tu de me suivre Myrina ? me demanda ma tante.

je hochais la tête sans trop comprendre ce que tout ceci impliquait.

tu aimes les poissons ? me dit elle.
oh oui je les adore !
j’en ai toute une collection tu veux les voir ?
oh ouais ! Je veux dire bien sûr Madame.

Ma tante éclata d’un rire cristallin. Elle fit signe à Philippo de ne pas nous suivre et elle m'emmena dans un petit jardin aquatique caché. Un peu partout des bocaux et des bassins levitants offraient au regard des poissons bariolés venant de tous les mondes. Elle prit le temps de me les présenter tous, un à un. De me parler de leurs planètes. Des gens qui y vivaient.
Et puis on alla s’asseoir autour d’une petite table ou un thé pundi à base d’algues nous attendait.

Tu connais la tradition des 3 enfants Myrina ?
Oui ! Chaque Maitre d’armes doit avoir 3 enfants. 1 pour lui, 1 pour son ou sa partenaire et 1 pour ceux qui ne peuvent avoir d’enfants.

Elle me sourit en voyant que j’avais bien appris ma leçon.

Qui sont tes parents Myrina ?
euh… ma famille c’est Ginaz.
Bien sûr mais tes parents ? Qui sont-ils ?
Je ne sais pas…
Ton papa s’appelle Arnold Sayer et ta maman Yi Ginaz.

Elle me regardait avec intensité, attendant que ces idées nouvelles fassent leur chemin dans mon petit esprit. Mais, pour être franche, j’étais tétanisé depuis le début. Je ne ressentais pas d’abandon, au contraire. Cet afflux de relations m’étouffait.
Tous les enfants de Ginaz vont à la crèche mais on regroupe les 3e enfants de chaque famille pour ne pas qu’ils se sentent seuls. On prend bien soin d’eux. Si personne n’a réclamé leur droit sur eux, à 12 ans ils peuvent retrouver leur famille biologique. Est ce que tu comprends ?
je crois…
Tes parents rendent de grands services à Ginaz en faisant valoir notre voix au Lansraad. Tu sais ce que c’est ?.
oui…
Je n’ai pas pu avoir d’enfants Myrina alors j’ai fait valoir mon droit, et aujourd’hui te voici. Tu es ma nièce mais tu seras comme mon enfant pour tout Ginaz. Acceptes-tu cela Myrina ?

Comme à chaque fois, la réponse était oui. Mais je ne sentais pas de ressentiment à l’égard de cette nouvelle tante si gentille. Ni à contre mes parents qui ne faisaient qu'obéir aux traditions. Dans mon esprit d’enfant, qui n’avait connu que cette grande colonie de vacances qu’était la crèche, l’abandon n’existait pas. Je n’avais pas vécu dans un orphelinat sombre, d’ailleurs nous n’étions pas traité comme tel. Nous étions aimés, respectés, incités à nous développer…

ça veut dire que je vais quand même retourner à la crèche ?
hélas non. Mais tu verras ce sera aussi bien. Maître Philippo, le meilleur des maîtres d’armes, sera chargé de te former. Est ce que tu aimes chanter ?
oh oui !

elle regarda l’horloge atomique.

alors depechons nous, Appolo Guilbert chante dans quelques minutes ! Je suis sur que tu aimeras son épopée de Jool Noret.
J’adore Jool Noret !
tu sais que c’est notre ancetre ?
quoi ? c’est vrai ?
oui, tu es son arrière arrière arrière arrière arrière arrière arrière petite fille !
je le savais ! je l’avais bien dit a Wei !

Je devais voir Appolo Guilbert de nombreuses fois par la suite. Le meilleur menestrel de Ginaz venait souvent chanter au palais.
Phillipo était devenu mon père de substitution, mon percepteur, mon maître d’armes. Il nourrissait même une relation secrete avec ma tante mais ces ragot là n’interessaient pas beaucoup les ginazi.
Le matin était consacré aux exercices physiques et à l'entraînement guerrier. Le style de Phillipo était élégant et fluide. Extrêmement rapide, remplaçant la force par la vitesse ce qui, lorsqu’on connait un peu sa physique, est la même chose. Ma tante m’entrainait aussi parfois lorsqu’elle trouvait le temps.
Se concentrer, ralentir le temps… “le combat a déjà eu lieu” me disait elle, “si tu l’as déjà gagné alors rien ne peut t'empêcher de le gagner”.
Souvent, elle m’invitait en cachette aux réunions ministérielles. J’aimais me déguiser et observer le ballet des ministres et des murmures.
Je l’aimais beaucoup.
L’après-midi, Philippo m’enseignait l’histoire, les sciences, l’art. L’étendue de son savoir était immense et je comprenais pourquoi ma tante en pincait pour lui.

Nous étions dans le petit gymnase privé de ma tante.

Ce matin, je te propose de te mesurer à 5 adversaires, qu’en dis tu Mynira ?
Quelle arme ?
Choisi…
à mains nues.

Un immense sourire fendit en deux le visage bienveillant de Maître Philippo. Il se recula et fit teinter le gong. Je cogitais.

concentre toi Myrina. Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je détruis mon adversaire. Je ne peux pas perdre car le combat a déjà eu lieu et j’ai triomphé. Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je deviens une arme pour triompher de mon adversaire. La vitesse c’est la force. La force est l’expression de ma volonté.

Le temps est vraiment relatif. La pluie passait par le puits de lumière du dojo. J’entendais chaque goutte tomber et heurter le sol. La litanie guidait mon esprit. Le premier maître d’armes s'avança comme au ralenti face à moi. Un de ses côtes étaient un peu fendues, il avait l’épaule fragile et son pied ne se posait pas parfaitement à l’horizontale ce qui donnait à son genou une légère inflexion… Mais tout ça, c'était inutile. Un frappe sur Yin Zang. Il fut pris de vomissement. Je frappais le second sur yang fu et ses oreilles se mirent à sonner et il perdit l’équilibre.

Alors que je me battais Philippo et ma tante discutait.

alors ?
je pense qu’elle vaut un Maître d’armes de niveau 2 peut être 3
c’est bien.
c’est très bien pour quelqu’un qui n’a pas encore fait son pèlerinage.
Elle doit être la ménestrel la plus puissante. J’en ai besoin pour asseoir ma lignée. Je peux compter sur toi Philippo ?
Il va falloir travailler dur pour devenir Maître d’armes de 5e niveau en 1 an.
Cette enfant est née pour ça.

Philippo regarda ma tante. Il n’était pas sûr d’avoir bien compris ce qu’elle voulait dire. Ma tante était ainsi. Finalement il tapa sur le gong. Les 5 hommes étaient au sol.


Dernière édition par stan le Ven 23 Juin - 20:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Mère Myrina Jool Ginaz   Mère Myrina Jool Ginaz Icon_minitimeMer 7 Juin - 19:37

C’était un matin comme tant d’autres sur Ginaz et je profitais de cette fraîcheur pour m'entraîner sous la direction de Maitre Phillipo.
Je me répetais le credo pour m’aider a me concentré.
Je ne fis pas attention à ma tante qui venait de rentrer dans le petit gymnase.
Elle s’arreta à coté de Phillipo.

elle est prête ? demanda ma tante nerveusement
bientot dit Philippo
il FAUT qu’elle soit prête. On ne peut plus attendre.
Mais Madame…

Ma tante se tourna brusquement vers lui, le visage tendu, les yeux plein de colere et de desespoir.

Le prochain départ aura lieu la semaine prochaine, il faut qu’elle parte Philipo.
Mon maître hocha la tête.
Ma tante le regarda pour s’assurer qu’il avait compris puis quitta le gymnase.

Qu’est ce qu’elle voulait ? dis je en voyant ma tante sortir du gymnase
Elle voulait s’assurer que tu serais prête pour le pèlerinage la semaine prochaine.

Le jour du départ du pélerinage donnait lieu à une grande fête à Ginaz. Dans la cour du palais, la noblesse ginazi s’assemblait pour voir ses enfants partir afin de devenir des maîtres d’armes à part entière. Des projections d’animaux mythologiques dansaient dans le ciel alors que les ménestrels s'avançaient dans la cour carrée au rythme des tambours géants. Nous portions tous la livré grenat et azur des ménestrels. Chaque ville fêtait le départ de ses jeunes, mais ici à Veniss, c'était différent. Le conseil des Maîtres d’armes était ici, ces enfants étaient ceux des meilleurs combattants de Ginaz. Nous partions tous avec la lourde charge d’au moins faire aussi bien que nos parents.
J’etais près de ma Tante et de Maitre Philipo en train d’échanger avec les nobles d’autres planètes. Je profitais de ce moment car bientôt il n’y aurait plus de palais, plus d’eau de rose…
et ou comptez-vous partir Dame Myrina ? me dit un gros noble Harkonnen
Je pense me rendre sur IX.
La famille Vernius vous intéresse ? dit une Richèse
Il me semble logique de rejoindre une maison qui permet d’arpenter l’Empire…
Quel choix judicieux en effet ! glousse le représentant d’une maison mineure
Que voila une ménestrel redoutable en effet ! dit un mentat, serviteur de la famille Vernius.

Ils étaient là, à me tourner autour. Souvent je m’imaginais écraser ces nobles geignards sous mes poings…

On la dit redoutable au combat.

Cette phrase trancha la foule, les nobles s’écartèrent et alors que je me retournais je vis ma Tante avec une Rectrice Bene Gesserit.

Je m’y applique Rectrice, dis-je en baissant la tête en guise de respect.

La rectrice me regarda de la tête aux pieds puis elle se tourna vers ma Tante.
Sifu Siridar Ginaz, serait-il contraire au protocole de demander à cette future ménestrel de nous faire une démonstration de ses talents ?
Évidemment en demandant cela, la Rectrice savait qu’il était impossible de dire non sans se déshonorer. Je vis ma tante ravaler sa fureur avant d’afficher un sourire plus adapté. Quelque chose lui faisait peur, oui mais quoi ? La Bene Gesserit, c’etait d’elle qu’elle avait peur. Elle était sur ses gardes…

Au contraire Rectrice Durga Sakra. L'acceptes-tu Myrina ?
J’en serais honoré.

Alor que je m’avancais au coeur de la salle de reception, les invités de ma tante montèrent la petite volée de marche pour s’installer dans des fauteuils confortables. Autour, les nobles de Ginaz se poussèrent entre les colonnes de lapis du palais Daming. Des servants déplacèrent les petites tables. Un espace de 6 mètres sur 3 s’offrait à moi. Dans un élan de fierté ma Tante fit signe à quelques maitres d’armes de rang 2 de rejoindre le centre de ce ring provisoire.

Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je détruis mon adversaire. Je ne peux pas perdre car le combat a déjà eu lieu et j’ai triomphé. Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je deviens une arme pour triompher de mon adversaire. La vitesse c’est la force. La force est l’expression de ma volonté.

Le plus rapide se jete sur moi. Je profite de son élan, je le laisse avancer jusqu’à ce que je sois en contact avec son bouclier. Je coince sa lance dans le creux de mon cou, je lui entaille le jarret, la douleur rend sa prise sur sa lance moins sûre. Je frappe son Yin Zang avec le manche de ma dague, il se crispe et lâche sa lance. Je la récupère et la lance sur celui qui est derrière. La vitesse c’est la force. Le troisième est un bretteur. J’avance sur lui. De son allonge il va pour me frapper la cuisse, pas sur le coté, avec l’elan je tourne sur moi et je frappe son Yin Zang au niveau de l’épaule son coude se durcit. Je l’entaille sous l’autre bras. Soudain un coup venu de nul part m’arrive en plein visage. Je suis projetée au sol. A la bordure de ma conscience je devine Maitre Philipo soucieux de faire arreter le combat et ma Tante qui doit le regarder sévèrement pour qu’il n’intervienne pas. Mon adversaire tient une lame longue et fine et je devine qu’elle est enduite d’un poison. Ca n’est pas quelqu’un de Ginaz, il sert un autre maître. Il mime le style Ginaz mais il n’est pas d’ici. Reste concentrée Myrina… Tendue comme une corde de violon j’attends sa prochaine attaque puis je décide de finalement prendre l’initiative. Je ramasse un bouclier au sol et je le lance sur lui comme un disque. Ce stratagème me donne le temps de m’approcher de lui, mais il est rapide et porte déjà une nouvelle attaque. je frappe dans son bras pour devier l’attaque et je tente de compresser son Yang Fu. Sa main se crispe et il lache sa lame, il fait un bon en arrière et débloque son point vital. Mon mantra tourne dans ma tête et le temps se dilate encore. Je connais son prochain coup et tous les suivants. Il s’avance je jette ma dague dans son genou, il chute, je frappe la rapière au sol pour la faire voler dans les airs, je fais une course rapide, je rattrape la rapière je vais frapper l'œil de mon adversaire…

Le gong retentit juste à temps me sortant de ma méditation de combat. Je regarde mon adversaire. Une adversaire. Je lache la rapière. Les nobles applaudissent. Maitre Philipo descend les quelques marches pour me féliciter.
sa lame était empoisonnée… dis je entre mes dents
j’ai vu mais chut.

Je cherchais ma Tante du regard mais elle et la Réctrice n’était plus là.

La Rectrice et ma Tante s’étaient isolées dans son cabinet de travail. La politique sur Ginaz se faisait au grand jour mais pas cette fois.
je veux cette petite, lacha la Rectrice.
C’est impossible ! C’est odieux ! De quel droit osez-vous la réclamer ! Votre statut de Rectrice ne vous donne pas tous les droits, encore moins le droit de venir exiger quoique ce soit sous le toit d’une des plus grandes maisons de l’Empire.

Alors la rectrice se pencha à son oreille. Ma Tante se tendit.

Vous ne pouvez pas réclamer ma nièce en paiement ! s’exclama t-elle
Je le peux et vous le savez. Je ne vous vole pas votre nièce, je lui offre l’occasion de développer votre plein potentiel comme vous l’avez fait autrefois. Les ginazi savent obéir, tant que quelqu’un leur donne des ordres, ils ne sentent jamais seuls. Elle servira Ginaz aussi bien avec nous qu’en restant avec vous. Elle la servira même mieux.
Je ne peux pas accepter ça…
Vous le ferez, Baronne.

La Bene Gesserit utilisait ce terme à dessein, affirmant l’autorité de son ordre sur les traditions de Ginaz.

La siridar de Ginaz ne saurait perdre son honneur. Ne vous inquiétez pas je veillerais personnellement à la formation de votre nièce. Voyez cela comme la continuité du travail déjà accompli.

Avachie de façon inhabituelle dans son fauteuil, ma jeune tante semblait épuisée. La rectrice quand elle demeurait immobile, dans une rectitude qui aurait fait passer la discipline sardaukar pour permissive.

Myrina, je tenais à te féliciter pour ce combat, dit la Rectrice.
Merci Rectrice, dis-je en baissant la tête.
Sais-tu que le Bene Gesserit aurait besoin de sœurs telles que toi…

Elle me tournait autour comme un vautour, le bruit de son long aba noir trainant sur le sol.

Que sais-tu du Bene Gesserit Myrina ?
On dit qu’elles sont très sages, qu’elles peuvent voir l’avenir et déceler le mensonge. Qu’elles conseillent les puissants.
C’est vrai… Mais pas seulement. Quel est ton rêve le plus cher ?
Devenir Maitre d’armes Rectrice.
Et si je te disais qu’il est possible d’être plus qu’un Maître d’armes ? Qu’il est possible d’affiner son art au-delà ?
Je me tournais vers ma tante ?

La Rectrice a une proposition à te faire…

Je regardais la Rectrice.

Que dirais-tu de rejoindre le Bene Gesserit Myrina ? Tu deviendrais plus forte qu’aucun Maître d’armes.
Et Ginaz ?
Chaque grande maison possède un pied dans le Bene Gesserit… tu pourrais aider Ginaz en nous rejoignant…
Ma Tante ?
Le Rectrice a raison. Tu serais pour Ginaz un atout précieux.
Alors… Myrina… Acceptes-tu de nous rejoindre ?

Ces mots avaient été prononcé avec une infinie douceur. La Rectrice me tendait la main comme pour accueillir ma réponse. Est ce que ces mots agissaient comme un endoctrinement ? Peut être… Pourtant à cet instant, jamais mon destin ne fut plus éloigné de celui de Ginaz. La tête me tournait… Pourtant ma main se posa dans celle de la Rectrice.


Nous étions silencieux dans la cour.

Les grandes trompes d’émeraude du palais Daming résonnèrent et ma Tante dans sa tenue de Sifu Siridar apparue par la grande porte. Elle portait à son avant–bras droit un petit bouclier archaïque d'électrum. Une cape grenat pendait sur son bras gauche, masquant ainsi les mouvements de son bras directeur. Sa tenue azur était simple et raffinée et rappelait les écailles des gojju. Elle portait une large ceinture ornée des épées croisées de Ginaz. Sa couronne rouge de Maître d’armes était décorée de onze barrettes d’argent, le grade le plus élevé pour un Maître d’armes.

Sebastian Ginaztera, Jool Noret… des noms que vous connaissez tous. Ici, à Ginaz nous grandissons avec les récits de leurs exploits. Vous avez grandit ensemble, vous vous êtes entraînés ensemble, il est maintenant temps pour vous, ménestrels, de montrer que vous êtes dignes de ce noble héritage. Un héritage que tous les enfants de Ginaz partagent. Il vous sera demandé de vous illustrer dans les batailles, de vous former, d’apprendre et lorsque vous vous en sentirez capables, de rentrer pour affronter votre Maitre. Acceptez- vous cette Quête ?

D’une gorge, les ménestrels poussèrent un oui puissant et décidé. Puis ma Tante passa devant chaque ménestrel pour lui remettre son écusson de ménestrel, deux épées croisées une est d’or l’autre d’argent.

Voici l’insigne des ménestrels. Tu t’engages à honorer le nom de Ginaz ainsi que celui des maîtres d’armes. Tu ne reculeras pas, tu ne te déshonoreras pas, tu n’utiliseras pas d’armes interdites. Acceptes-tu cette quête ?
oui Sifu Siridar
alors va ménestrel.

Il ne restait qu’un insigne. Depuis les loges, j’avais regardé les ménestrels recevoir leurs insignes. Et je pleurais. Ma Tante serra l’insigne dans sa main.

Le soir, je partais avec la Rectrice.

Après un court passage à l’école Bene Gesserit la Rectrice Bellone Durga m’envoya à la Maison pour y recevoir l’enseignement de base des Bene Gesserit. Je n’avais jamais été attiré par la religion mais les croyances du Bene Gesserit avaient été une véritable révélation.

J’acquière le pouvoir sur autrui à travers le contrôle sur moi.

Il n’était pas question de croire à des dieux, il était question de pouvoir, de politique, d’action… Ce qui n'était finalement pas si différent de mon mantra ginazi.
Le Bene Gesserit menait des plans sur des siècles et influencait l’Empire depuis des millénaires et tout ceci faisait écho en moi. Ce que les maîtres d’armes faisaient pour Ginaz, le Bene Gesserit le faisait pour l’humanité.
Dans cette maison je retrouvais cette appartenance à un groupe comme au temps de la crèche et dont la vie au palais m'avait privé.

Demain, tu passeras l’ordalie du gom jabbar Myrina.
Oui Rectrice.
Tu n’as pas à avoir peur. Tu es parfaitement prête pour cette ordalie.

Le lendemain matin, une sœur vint me chercher. La révérende mère de la maison m’attendait, assise sur un imposant fauteuil. Les fumées d’encens envahissaient la piece plongée dans la pénombre. Quelques brilleurs vacillants, perdus dans les hauteurs, projettaient une lumière froide et diffuse qui étirait les ombres.

Myrina Sayer Guinaz, approche.

Je m’approchais d’elle, sur mes gardes.

à genoux.

Je m'agenouillais. Une forme d’autorité menaçante habitait les mots de la Révérende Mère et electrisait mon échine. Elle n’utilisait pas la voix .

Rentre ta main.

Elle me désigna une sorte de boîte dans laquelle je rentrais la main. Elle était froide et lisse. D’une rapidité incroyable, la révérende mère applique le gom jabbar contre ma carotide.

Voici le gom jabbar, l’aiguille rituelle qui sépare les humains des animaux. Es-tu un animal ?

Sa voix envahissait mon esprit et embrumait mes pensées.

Dis moi… as tu peur de la douleur ?
Non
Vraiment ? As- tu déjà connu la douleur… celle qui dessèche la peau, la brûlure qui déchire la chair et qui broie les os. Il est des souffrances que tu ne peux imaginer…

La douleur qui traversait ma main était horrible, c'était comme si tout mon bras se faisait broyer méticuleusement.

Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je détruis mon adversaire. Je ne peux pas perdre car le combat a déjà eu lieu et j’ai triomphé. Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je deviens une arme pour triompher de mon adversaire. La vitesse c’est la force. La force est l’expression de ma volonté.J’acquière le pouvoir sur autrui à travers le contrôle sur moi

tu n’es qu’un animal… retire ta main de cette boite. Vas y.. Tu souffres. Comporte toi en animal et retire ta main.

Je me plongeais totalement dans ma trance, abandonnant la souffrance. Des images me parvinrent … Jool Noret, le palais aux 1000 victoires, une prophétie et le combat toujours. Je regardais droit dans les yeux de la révérende mère et ses yeux étaient comme deux abîmes ouverts sur le temps.

retire ta main.
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MessageSujet: Re: Mère Myrina Jool Ginaz   Mère Myrina Jool Ginaz Icon_minitimeJeu 8 Juin - 19:27

Après l’ordalie du gom jabbar, la rectrice était venu me voir.

ton potentiel impressionne ici.
Merci Rectrice.
Tu perdrais ton temps en restant plus longtemps. Tu vas partir sur Geidi Prime pour y affirmer tes talents de combattantes mais aussi d’espionne.
D’espionne, Rectrice ?
Les espionnes du Bene Gesserit ne sont pas comme les tueurs du clan ordos ou les empoisonneurs Harkonnen. Les espionnes du Bene Gesserit savent donner le change des années avant de frapper la bonne personne. Elles maîtrisent les poisons et savent qu’avant de se lancer dans une guerre des assassins, un malencontreux accident peut régler bien des choses. Et je te sais lassé des exercices de pellex.
En effet Rectrice.
Soit prudente, tu ne dois négliger aucun moyen pour parvenir à tes fins et si il te faut servir de pellex pour l’ordre…
Je comprends Rectrice.

La Rectrice était tout le temps en mouvement, comme si le fait de s'arrêter de marcher, de bouger, devait la condamner à mort. Pourtant, elle s’approcha de moi et marqua une pause.

Je…

Elle n’alla pas plus loin. Son regard semblait exprimer de la crainte mêlée de fierté. Elle semblait me demander si j’étais heureuse parmi les sœurs. Je dois être honnête, les premiers temps ma tante et le maitre Philippo m’avait manqué mais ici, je me sentais chez moi. Ginaz et ses traditions nous préparaient mentalement à servir, à obéir, à vivre en communauté mais sans attaches. Cette préparation mentale était pratique, elle permettait de donner à la planète les meilleurs combattants de l’empire, pour certains devant les sardaukars. Obéissants et fidèles à Ginaz nous l'étions mais les sillons dans mon esprits étaient profonds et le Bene Gesserit n’avait eu qu’a les emprunter à son tour. Ginaz était passé second.

Tu seras seule sur Geidi Prime, mes fonctions m’appellent sur Wallack IX.

Elle se tourna et prit une petite boîte de bois léger qu’elle me tendit.

Rends moi fière Myrina.

Je retournais à mes quartiers.
Je repensais aux mots de la Rectrice, “Rends moi fière”. Elle n’utilisait aucun stratagème, je m’en serais rendu compte et malgré mon sens du devoir je n’étais pas quelqu’un qui cherchait à satisfaire les autres. Pourtant, à ce moment précis, j’en avais envie. La Rectrice Durga veillait sur moi et je voyais dans le Bene Gesserit la possibilité de devenir qui je voulais être et non pas qui on avait voulu que je sois. 3e enfant qui aurait pu etre reconnu par ses parents, fille adoptive de ma tante qui comptait faire de moi… quoi ? Sa suivante, sa conseillère ? Son héritière ? Ici au Bene Gesserit, on choisissait pour vous la place ou vous seriez le mieux. On pouvait lutter contre cette décision mais cette lutte aurait été stérile. Pourquoi nier sa nature ? Pourquoi nier l’endroit où nous devons être ?
J’ouvrais la boite que m’avait donné la Rectrice, à l'intérieur un nouvel aba magnifique d’initiae.

Geidi Prime était une planète morte. Son faible soleil n’avait pas permis une dense végétalisation de la planète mais son artificialisation totale par les grotesques Harkonnen l’avait rendue encore moins habitable. Une épaisse pollution stagnante rendait les sorties en plein air impossible mais quand bien même nous aurions eu envie de voir du pays, Baronnie, la ville où se trouvait le chapitre, n’avait rien à offrir si ce n’est des arènes ou des gladiateurs drogués s’affrontaient dans d’abjectes effusions de sang. Les Harkonni n'étaient pas très intéressants, la faute sans doute à des lois qui pouvaient vous broyer à la moindre occasion. Généralement, les gens étaient soit mineurs, soit soldats et les deux étaient destinés à mourir pour leurs maîtres.
Après quelques jours sur Geidi Prime, le temps de nous habituer à la nouvelle pression, la reverende mère nous regroupa dans une salle ou de larges fauteuils au dossier très haut avaient été disposés en rond. La révérende mère, une femme à l’age canonique, siegait derrière un immense bas-relief representant l’histoire secrete du Bene Gesserit.

Initiées, je suis heureuse de vous accueillir parmi nous. Votre formation est l’une des plus brutales de l’Empire mais son sens transcende ces souffrances. Vous allez devenir celles qui veillent depuis les ombres sur l’accomplissement du Bene Gesserit et donc de l’humanité… car d’un geste…

Elle lâcha un morceau d’étoffe au sol. La pièce devait étre équipée d'un dispositif sonore car le simple frottement de ce velour au sol se repercuta pour se transformer en murmure, puis en vibration.

le Bene Gesserit a un impact sur la destiné du monde.

Après avoir pris le temps de nous accueillir, la révérende mère vint me voir.
La rectrice Bellone Durga Saka ne manque pas d’éloges sur vous…
Elle est trop bonne avec moi Reverende mere.
Je suis sûr que non. Elle m’a dit aussi que votre premier vœu avait été prononcé tardivement et que contrairement aux autres sœurs vous n’aviez reçu que 3 des 5 ans d’enseignements habituels.
En effet Révérende Mère, auparavant je suivais la formation des maîtres d’armes de Ginaz.
Oh, leur réputation les précède. Accepteriez-vous d’affronter quelques-unes de vos sœurs ?

Je ne savais pas quoi répondre, je devinais le piège devant moi mais le fuir aurait été indigne.

Rien qu’un petit combat d'entraînement.
Bien sûr Révérende Mère.

Le combat fut bref.
Ma rapidité ne pouvait pas tout régler et j’en faisais l’amer expérience ici. Pour ce petit affrontement cordial, les sœurs avaient lâché sur moi tout leur arsenal. J’avais compris le message, j’avais encore beaucoup à apprendre.

Les trois années de formation passèrent très vite.
Suivant les préceptes de Raquella Berto-Anirul j’apprenais la maitrise absolue de mon corps. En transformant sa chimie, je pouvais me protéger des poisons et j’appris à en produire de toutes sortes. J’appris, grâce au Prana Bindu, à mouvoir mes muscles avec une efficacité redoutable. J’apprenais aussi à me mouvoir dans l’ombre, à espionner, à tuer de façon discrète… Tout comme je m’étais abandonné à l'entraînement de Maître Philippo, je me noyais dans ces techniques qui me donneraient l’ascendance et le pouvoir d’agir sur les autres pour le bien commun.
Plus je plongeais dans les arts Bene Gesserit et plus les arts de Ginaz leur répondait en écho. Il était possible d’en faire la synthèse… L’élégance et la délicatesse des ménestrels, la redoutable efficacité des espionnes du Bene Gesserit. Il n'était pas honteux de puiser dans ce que j’étais, la descendante de Jool Noret. Se cachait en moi un potentiel guerrier puissant et s’eut été absurde de ne pas l’utiliser.

Le jour de l’intronisation, la Rectrice Durga fut reçue en grande pompe. Avec mes soeurs, nous avons prononcés nos voeux definitifs .
La cérémonie était sobre, sans ostentation. Ils étaient à l’image de ce que nous étions devenues des femmes capable de tuer sans laisser de traces au nom du Bene Gesserit.

Après la cérémonie, la Rectrice vint me voir.
La révérende mère ne tarit pas d’éloges.
Elle n’en dit rien…
Ses silences sont plus éloquents.

Je rougissais un peu.
j’ai besoin que tu m’accompagnes sur Wallack IX. Tu as reçu de bonnes bases mais je pense que tu peux développer encore ton potentiel. l’acceptes tu ?
je sursautais elle venait d’utiliser cette curieuse tournure de politesse gizani.
Je répondis par une réponse de Bene Gesserit en inclinant imperceptiblement la tête pour lui signifier mon accord.
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MessageSujet: Re: Mère Myrina Jool Ginaz   Mère Myrina Jool Ginaz Icon_minitimeJeu 8 Juin - 19:39

Mère MYRINA JOOL GINAZ

Adepte Bene Gesserit – 30 ans

Officiellement préceptrice particulière de la Princesse
Nièce de la Sifu Sinidar Zei Tian

Physique 4 Souplesse irréelle
Social 2 Voix cristalline
Mental 3 Acuité auditive

Métiers

Assassin 5 Prana Bindu, Lancette
Espion 4 Poison, Discrétion
Préceptrice 2 Histoire
Artiste 1 Danse, Chant

Historique

Arme exceptionnelle : Lancette ginaz
Influence : Ginaz
Dette : Siridar Magellan Vernius
Protectrice : Rectrice Bellone Durga Sakra de la Emissaria
Alliance avec la mère Hippolyté.

Conditionnement

Insensibilité aux toxines – génération de toxines II
Célérité IV
Mémoire seconde I

Volonté : 9 PV : 7

XP :

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Dernière édition par stan le Dim 25 Juin - 0:12, édité 6 fois
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MessageSujet: Re: Mère Myrina Jool Ginaz   Mère Myrina Jool Ginaz Icon_minitimeVen 23 Juin - 20:07


- La Rectrice Durga a eu bien de la chance de vous avoir comme élève…

De lourdes vapeurs d’encens de méditation s’élevaient dans la salle d'entraînement de la Mère Hippolyte.

- “Prenons le temps de parler cette fois” avait-elle lancé en guise d’invitation et cela faisait maintenant plus de deux heures que nous échangions.

- “vous auriez fait une Cid de la Parma formidable” lâcha t-elle en me servant une tasse de thé d’akarso.

Elle était meilleure combattante que diplomate… Ou alors elle jouait franc jeu avec moi ce qui n’était pas moins dangereux.

“Merci Mère Hippolyte mais je pense que vous surestimez mon talent martial. J’ai eu la chance de vivre sur Ginaz, c’est sans doute ce qui fait de moi une combattante un peu supérieure à la moyenne mais…”
“Allons Soeur Myrina. Nous savons toutes les deux que votre vitesse est remarquable. Vous serez bientôt une mère… Il n’est plus question de jouer à l’humble sœur.”

Elle disait vrai.
Accéder au statut de mère; de jeune mère pour être précise, c’était rajouter un niveau de complexité au difficile jeu d’équilibre auquel se livrait les Bene Gesserit.
Dans l’ordre, être une Mère vous ouvrait toutes les portes, vous ne dépendiez officiellement de personne.
Dans les faits, c'était rentrer de plain pied dans la cage aux fauves. Les conflits d'intérêts et les cabales étaient nombreux, les sœurs ayant des plans dans les plans. Il fallait donc avancer sur sa propre voie et pour cela il fallait briser les bonnes alliances, couper les bonnes routes pour pouvoir gravir les échelons de l’ordre.
L’autre possibilité était de réussir des exploits, ce que nous avions fait avec mes chères sœurs. Mais c’était beaucoup miser sur la chance…
L’erreur ultime étant de créer un déséquilibre en espérant y gagner quelque chose. Beaucoup avait tenté cette approche mais lorsqu’on instille un peu de chaos dans l’ordre, il ne faut pas s’étonner de perdre le contrôle. Généralement, celles qui s'avançaient sur cette finissaient dépassées et n'avaient plus qu'à regarder leur beau château s’écrouler à la vue de toutes.
Bref, Pour le moment, nous étions sur une pente ascendante, il fallait gravir les échelons le plus rapidement possible.
La vitesse, c’est la force.
Le statut de Mère impliquait aussi de grands changements dans le monde extérieur. On vous regardait avec plus de méfiance, plus de retenue.
Quels sortilèges peut bien connaître cette sorcière ?
Le vrai pouvoir du Bene Gesserit n’était pas dans la voix, ni dans les plans, pas même dans la religion ou les amplificateurs de douleurs. L’ordre puisait son pouvoir dans l’anticipation de la souffrance, dans la crainte de l’inconnu.
La peur d’avoir mal est infiniment plus terrifiante que la douleur elle-même. Ce sentiment de mystère doit être cultivé en permanence. Si on pense que vous êtes un adversaire redoutable, vous devenez de facto un adversaire redoutable, le commun perd ses moyens, baisse sa garde, part vaincu. Même dans les temps épiques que nous vivons, des êtres capables de maîtriser leur volonté pour ne pas succomber à de tels stratagèmes sont rares.
L’effort en vaut la chandelle.

La mère Hippolyte me sortit de mes cogitations.

- “je vois que vous réfléchissez à ce que je vous dis. Vous avez l’esprit froid d’une stratège.”
- “Merci Mère” dis-je en appréciant ce compliment qui n’avait pas n’importe quel sens pour elle.
- “qu’allez vous faire en tant que Mère ? Pensez-vous rejoindre un chapitre ? Allez-vous continuer à donner des leçons à la Princesse ?”

J’avoue que je n’y avais pas pensé.
Depuis mon arrivée dans l’ordre, j’avais été comme sur des rails. Après Geidi Prime, je m’étais rendu sur plusieurs planètes pour accompagner la Rectrice Durga. Une sorte d’apprentissage. Puis j’avais accompagné quelques sœurs jusqu’à moi-même être nommée préceptrice.
Je n’étais pas douée pour l'imprégnation. Je trouvais la tâche fastidieuse et peu intéressante. Le palais impérial était une basse cour, on y voyait une multitude de petits coqs persuadés d’être des fines lames. Héros imaginaires dont la main, toujours trop molle, peinait à tenir leur épée. Toutefois, les pires étaient ceux qui savaient se battre et qui, bien qu’il n’y eut pas besoin d'être grand clerc pour deviner qu’une Bene Gesserit pratique le prana bindu, faisaient étalage de leur capacité de lecture du corps. Ils pensaient que parce que nous partagions ce talent, nous avions quelques atomes crochus. Un vulgaire étalage d’hormones, rien de plus.
Les hommes d'intérêt, comme le docteur Aimsa, étaient trop vieux ou ne faisaient que passer.
Non pas que l’idée d’aimer, même dans son acceptation large, ne m’ait rebuté mais ce sentiment fort devait être gardé et distillé comme l’épice, offert de bon cœur.
L’empathie, la pitié, aussi.
Cette image de rectitude était un camouflage parfait. L’idée était de faire oublier jusqu’à l’idée que j’ai pu être une enfant. La froide Mère Myrina qui avance comme une lame et transperce tout ce qui la gène.
La peur de souffrir est plus douloureuse que la douleur.

Baignant dans la politique de l’empire à chaque instant, j’avais fini par y prendre goût.
Il faut regarder l’ordre avec du recul. Les plans sont dirigés sur des millénaires et nous ne sommes que des poussières.
Pour autant, est ce qu’on peut s’élever dans cet ordre en n’étant porté uniquement par la soif du pouvoir, l’envie de commander. A quelle fin ? dans quel but ?
Aujourd’hui, en dépit des apparences, mon objectif était de sauver Ginaz et quoi de mieux pour mettre ce monde à l’abri que d’y installer un chapitre Bene Gesserit.
Les maîtres d’armes pourraient être la force d'opposition aux sardaukars…

- “ eh bien Mère Hippolyte, je ne sais pas encore. Si j’ai la force de survivre à l’épreuve de l’eau de la vie, je ne serais qu’une jeune mère. C’est un privilège qu’on nous octroie et qu’il faut savoir apprécier. Je continuerais donc à servir l’ordre comme je l’ai fait jusque là. “
- “que diriez-vous d’un petit combat ?”
- “ce serait un honneur”

La Mère Hippolyte se rendit au bout du dojo. Là, elle retira les longs voiles qui ornaient son aba de combat et tranquillement elle se rendit sur le tatami. Elle était aussi grande que moi mais plus large et plus forte. Je décelais dans sa musculature, sa stature, quelque chose de Moritany… Mais cet héritage était bien enfoui. Je la rejoignit sur le tapis de combat.

pas d’armes, pas de bouclier, cela vous convient ? me dit-elle.

Je hochais la tête.
J’aimais bien cette Révérende mère. Je sentais en elle de la franchise et j’avais envie de lui montrer que j’étais au moins digne des compliments qu’elle m’avait fait.
Et puis, je ne pouvais ignorer que notre petit match serait observé, il fallait marquer.

la vitesse c’est la force

Avant qu’elle ait pu amorcer un geste, j’étais sur elle. Je frappais son Yang Fu pour l'empêcher de bouger mais mes doigts s’écrasèrent sur son corps de pierre. Aussitôt, elle répliqua, envoyant un puissant coup de poing. La façon de frapper, comme si elle tenait un marteau ou une lance. Pas de doute, c'était une Moritany et elle le montrait à dessein. Je l’évitais dans une torsion impossible de mon corps.

La vitesse c’est la force. Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je détruis mon adversaire. Je ne peux pas perdre car le combat a déjà eu lieu et j’ai triomphé. Par l’esprit je domine le corps, par l’esprit je deviens une arme pour triompher de mon adversaire. La vitesse c’est la force. La force est l’expression de ma volonté.

L’espace se retrouva couvert de ridules. L’air autour de mes bras formait des bourrelets, comme des stries dans l’eau. Mon corps se déployait comme un ressort, imprimant un mouvement inverse à mon esquive. l’espace entre les molécules semblait s'étirer, révélant le vide, l’énergie, le vide, qui liait tout. Mes phalanges partirent en direction du point San Jiao de la Mère Hippolyte et percutèrent sa clavicule. Le temps, comme un ballon qui se dégonfle, retrouva son écoulement normal. La Mère Hippolyte fut projetée sur le côté par la puissance de ma frappe mais se tordant à son tour, elle utilisa mon énergie pour me frapper d’un coup de pied tournoyant qui m’envoya voler loin. Très loin.

Je ne suis pas certaine de ce qu’il s’est passé… Mais l’espace d’un instant… nous avez été *un peu trop* rapide ma chère Soeur.
Mais cela n’a pas suffit… dis je en me frottant la ou la révérende mère avait frappé.
Vous êtes très rapide mais la rapidité ne fait pas tout…

Elle me sourit. Cette défaite n’en était pas une, c’était une leçon utile.

=========================================

Je regardais mon aba de Mère. Ce serait ma prochaine tenue. A moins qu’il soit la dernière…

- Soeur Myrina ?

C’etait la Rectrice Durga.

- Je suis heureuse que tu deviennes une jeune mère tu l’as bien mérité. Je t’ai vu manoeuvrer pour installer le nouveau chapitre sur Ginaz.
- je …

elle fit un geste pour m’interrompre.

- tu as raison. Je t’ai formé pour ça. Les Sardaukars sont une force sur laquelle nous n’avons que peu d’emprise…
- Pour garantir une forme d’équilibre, il faudrait une force équivalente sur laquelle nous aurions du poids.

Elle me sourit.

- il va falloir te tracer une voie dans cet ordre. Ce n’est que le début.
- justement quelle voie suivre ?
- Pour trouver, il ne faut pas chercher. Bientôt, tu ne seras plus seule, tu pourras demander des conseils… toutefois si je puis te donner un conseil.
- toujours Rectrice
- choisis bien tes alliances et conservent les. Les titres finissent toujours seuls. Et si tu doute, rappelles toi qu’il n’y a qu’un court chemin, le plan des plans.

Le regard de la rectrice était plein d’angoisse à mon égard. Elle connaissait la solitude de cette épreuve, la souffrance, la peur… Oui, ce regard était celui d’une grande sœur; elle ne s'autorisait pas à me regarder comme une mère. Finalement elle se leva et rejoignit la porte. Je m’étais battu honorablement avec une Moritany, ma meilleure amie etait une Harkonnen, l’ordre faisait voler en eclats les règles imposées par l’empire… parfois.

“oh encore une chose”, me dit-elle depuis le cadre de la porte. “Je sais que tu vas vouloir tout contrôler mais ,ne le fais pas, laisse toi aller. Laisse-toi guider. Cette expérience est au moins aussi mentale que physique et l’adaptation au poison n’est qu’une toute petite partie de l’épreuve…”

Elle me regarda une dernière fois et me sourit tristement comme si, au fond d’elle, elle savait ce qui se passerait.


=================================

Le jour de l’Agonie arriva vite.
Le monastère de l’Ordre était très calme ce jour-là. Le vent s’était enfin calmé et on sentait la fin du long hiver.
Nous avions traversé les couloirs silencieux jallonés de brasero jusqu’au temple souterrain. Notre procession était funeste. Une cérémonie d’adieu avant l’heure.
Cette marche silencieuse jusqu’au temple était une descente en soi. Le temps de la peur et de l’appréhension était passé, il n’y avait plus de place pour le doute. Au lieu de nous étreindre le cœur, chaque marche me libérait un peu plus. C’était comme marcher vers l'abîme, au bout il n’y avait plus de souffrance.
La nouvelle Mère supérieure nous attendait entourée des révérendes mères qui avaient souhaité être présentes. Elles étaient toutes là.
Des lits antiques, couverts de sangles, avaient été disposés en triangle au milieu de la pièce. Au centre, un petit brilleur émettait une lumière chaude et ambrée.
Uniquement vêtue de mon aba de sœur, je m'avançais vers mon lit. La Mère supérieure s’approcha.

- Sœur Myrina, es tu déterminée à procéder au rite d’Agonie.
- Je le suis Mère
- Alors prononce tes voeux

Pour m’avoir élevé à la stature d’humaine, je jure fidélité à l’ordre. Par l’eau, le flot de la vie, je jure fidélité à l’ordre. Par le rite d’agonie je rejoins le flot éternel qui lie les sœurs aux mères et l’espace au temps. Dans l’immense réservoir de l’humanité je puise infiniment car ma vie se déverse dans l’immense réservoir. Soupçonner sa mort constitue le commencement de la peur, accepter sa mortalité constitue la fin de la terreur. Dans l’eau infinie je purifie mon âme, dans la sagesse de l’ordre je purifie mon âme, dans les ondulations de la voix je purifie mon âme, dans le sang des lignées je purifie mon âme. La peur est la petite mort, j’accepte la mort. Dans la mort je purifie mon âme.

alors, je m’allongeais sur le lit. Des sœurs me sanglèrent alors que j'énonçais mes vœux dans une litanie. Finalement, on sortit la larve d’un ver de sable qu’on plongea dans une cuve juste au-dessus de ma tête. Son agonie provoquerait la mienne. Une soeur attendit que le ver se noie. L’eau était bleue, presque luminescente. Elle posa une aiguière de cristal et fit couler l’eau à l’intérieur puis à pas feutrés elle se dirigea près de moi.
Je me sentais légère, libérée. Dans quelques instants je serais libre ou je serais morte. C’était au final le résumé de ma vie… Libre… ou morte.
La sœur versa le contenu de l'aiguière dans ma bouche puis elle la referma.
Aussitôt le liquide me brula la gorge.

Il avait le goût de la douleur, de la souffrance, du cauchemar, de l’abandon. Depuis mon palais brûlé, je sentais le liquide exhaler des arômes de peur, d’angoisse, de cendres froides.
Garder le controle, la mort est la fin de la terreur.


Ginaz. Les sardaukars tombent du ciel comme une neige mortelle et silencieuse. Ils tombent dans les maisons communes et égorgent les enfants. Ils brûlent les maisons. Brûlent les dojos sous les rires gras des Moritany qui foulent aux pieds les couronnes rouges des maîtres d’armes. J’entoure de mes doigts une longue épée de maître d’armes. Elle me brule la main comme un fer chauffé a blanc. Je m’élance sur les sardaukar, mon épée se brise. Ils me transpercent de leurs armes, sans émotion, sans honneur, sans courage. Comme ça. Je tombe, mon sang s’écoule. Il reflète le ciel et au dessus de lui les barges de l’empereur et au dessus encore les vaisseaux de la guilde. Ma tête bascule, un jet de sang jaillit de ma gorge tranchée et m’inonde les yeux.

Garder le controle, la mort est la fin de la terreur.

La douleur est intense. Le sang coule dans mes yeux.
Une femme est face à moi. Elle me donne l’ordre de me relever. Je le fais péniblement. Je titube. Mon coeur bat trop vite et je n’arrive pas à le réguler. Je le sens se tordre comme s’il allait exploser. La femme me donne l’ordre de l’attaquer. Je le fais mais sans peine elle esquive et me brise les os de l’avant bras avant de frapper ma jambe et d’en briser les deux os. Je hurle de douleur. Mais ce n’est pas la douleur qui fait mal, c’est la peur de ne pas être assez forte, assez rapide, assez doué. Assez.

Garder le controle, la mort est la fin de la terreur.

Geidi Prime. Les jeunes sœurs entraînent leurs pouvoirs de séduction sur de jeunes hommes. Aucun ne me regarde. Je lis dans leur regard… “trop grande”, “trop fine”, “trop froide”, “trop silencieuse”. De la musique se met à jouer, les jeunes soeurs et les jeunes hommes se mettent à danser autour de moi. A mesure que la musique avance nous vieillissons et je reste seule au milieu des danseurs, finalement très vieux, ils s’éclipsent et je reste seule au milieu de cette piece dans un chapitre inconnu.

Garder le controle, la mort est la fin de la terreur.

Geidi Prime. La rectrice ne me regarde pas. Elle parle mais ne me regarde pas. Pire, elle se moque de moi. Je ne suis qu’un outil. Elle rit. Elle n’est pas seule. Un homme est là. Seth je crois. Il fait des commentaires vulgaires sur ma souplesse. Ils rient ensemble. Ils ne sont pas que deux… Firouzé, Lana, Hippolyte, docteur Ahimsa, l’Empereur… Ce n’est qu’un chien bien dressé.

Garder le controle, la mort est la fin de la terreur.

Ginaz. Ma tante parle avec une réverende mère. Elle me promet en échange d’un accord avec le bene gesserit. Elle est froide. Ce n’est qu’un échange de service. Ma valeur n’approche pas celle du service, alors qu’a cela ne tienne, on lui enseignera de quoi augmenter un peu ma valeur. Après tout, je ne suis qu’un 3e enfant.

Garder le controle, la mort est la fin de la terreur.

Mes parents. Leurs traits, je ne les connais pas. Je ne les ai jamais vus. Je n’ai jamais osé le faire. Ils sont dans leur villa sur Ginaz. Il n’y sont pas souvent. Ils doivent partir pour Alighieri bientôt, le mieux serait d’en terminer avec ce troisième enfant… Quelle tradition barbante dit ma mère. Un enfant du tleilax ferait aussi bien l’affaire. On ne peut pas faire le tri dans les traditions, dit mon père. Ils passeront un peu de bon temps, en plus c’est la belle saison, il va louer un bateau pour faire le tour des iles. Il demandera à un des docteurs suk du palais de les accompagner et une fois l’enfant arrivé, ils partiront immédiatement. Le bateau, qui nous berce ma mère et moi. Elle me donne naissance sur le bateau. C’est une petite fille dit le docteur Suk. Décidément… répond ma mère. Vous voulez la voir ? Non, laissez là à la prochaine maison commune, notre devoir est accompli et il me tarde de retourner sur alighieri.

Garder le controle, la mort est la fin de la terreur.

La brûlure est intense, comme un tison qui s’enfonce loin dans mes chairs. Chacun de mes muscles est tendus au point de se déchirer.

Abandonne. Accepte la mort. Ta vie n’est rien qu’une goutte dans le réservoir de l’humanité, que valent ces peurs ? Des peurs d’enfant ? Relache cette vie, accepte de perdre le controle, accepte la mort. Rien dans cet univers n’est immortel. Embrasse la mort. Tu la connais, tu l’as souvent donné. Acceptes là comme une soeur, dépasse cette limite, à cette instant tu meurs, à cet instant tu vies à jamais.
J’accepte la mort, la mort est la fin de la terreur.


Je sentais le fluide s'immiscer dans chacune de mes cellules. Mais je ne luttais plus. S’il fallait mourir, alors au moins fallait-il le faire libérer de ces peurs. L’eau, à l’infini. Une simple goutte tombant sur une onde tranquille et des centaines d’ondulations résonnent.

La réponse n’est pas dans le corps, il ouvre l’esprit. Si je suis le tout alors je suis le positif et le négatif, le poison et le remède, le bon et le mauvais, le fort et le faible, le masculin et le féminin. Je suis ce qui est au dedans et ce qui est au dela. Le poison me fait vivre et la vie me tue. Guérir sans guérir. Il n’y a qu’un noble chemin qui mène à la cessation de la souffrance et à la délivrance totale. Je renonce à la dépendance des sens, je renonce à la mortification. Le poison me fait vivre et la vie me tue. Le noble sentier est un cours d’eau qui coule de haut en bas. Je suis une cataracte sur le fleuve du temps. Par la vue juste, je comprends le monde. Par la pensée juste, j’organise le monde. Par la parole juste, je dirige le monde. Par l’action juste, je montre l’exemple. Par l’effort juste j’accepte la mort. Par l’attention juste je renonce à la peur. Par la concentration juste, je me libère du poison.

Il y eut une goutte d’eau. Je marchais sur une infinité d’eau bleu azur. Comme l’eau de Ginaz. Des figures se formaient à chacun de mes pas et au loin un immense dragon me regardait de ses yeux d’ambre. Les figures d’eau murmuraient à mon passage. Des guerrières, des diplomates, des artistes, des Soeurs, des mères, des tantes…

Reviens ici quand tu le souhaiteras. Tu n’es plus jamais seule Mère Myrina.

Je sus que c’était le dragon qui venait de murmurer cela.

qui es tu ?

celle qui était au début, celle qui sera à la fin. Ce n’est qu’une apparence. Mais il est temps que tu remontes. Soigne toi puis reviens

Je saisis ce conseil. Comme remontant à travers les canaux d’une source, mon esprit jaillissait dans ce corps neuf. Je le sentais neuf. Différent. Transformé. Je n’avais pas encore respiré. Je ne bougeais pas. Absolument pas. Aucun réflexe. Aucun mouvement incontrôlé. J'aurais pu rester ainsi sans respirer. Finalement, j’emplis mes poumons d’une grande respiration et j'ouvris les yeux.
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MessageSujet: Re: Mère Myrina Jool Ginaz   Mère Myrina Jool Ginaz Icon_minitimeJeu 6 Juil - 13:22

Mes chères soeurs,
Je sais que nos ambitions, nos convictions, notre amitié, ont souffert de cet événement sur Gorgo. Je crois que nous sommes entrées de plain pied dans ce qui est le moteur mais aussi le poison de notre ordre.
Nous avons toutes de l’ambition et je ne me mettrais pas au-dessus de vous aujourd’hui en invoquant le bien de l’ordre aussi je vous renouvelle mon amitié.
Notre ascension rapide ne pouvait se faire sans heurts, le coût de cette ascension est élevé mais rappelez vous les leçons d’Histoire que je vous ai donné; tous ceux qui s’élèvent et veulent agir sur l’empire doivent sacrifier ce qui leur ait le plus cher, y compris leurs amitiés pour…


quelqu’un venait de rentrer dans mon cabinet de travail…
Je relevais la tête. C’était Maître Philippo.
Je haussais ostensiblement un sourcil de mécontentement puis poussais un soupir.

- Maître Phillip, que me vaut cette visite ?

Il n’avait pas tellement changé. Toujours athlétique, ses yeux ambrés pétillaient toujours d’intelligence. L’age n’avait laissé sur lui que deux grands meches grises sur ses tempes autrefois noir de jais. En place de sa fine moustache, un lourd paillasson poivre et sel de Maître d’armes ornait désormais son visage. Il avait ouvert la porte de mon cabinet comme on ouvrait une porte de chambre d’enfant et son front plissé et ses sourcils froncés trahissaient moins la colère que de l’incompréhension.

- Myrina ! Est-il vrai que le Bene Gesserit n’installe plus son chapitre sur Ginaz ?
- Oui, nous avons finalement choisi Gorgo. Cela n’a pas grande importance pour Ginaz qui règne déjà ici et c’est mieux pour le Bene Gesserit qui vous apporte un soutien de fait…
- Il faut le mettre sur Ginaz !
- Il ne FAUT rien du tout Maitre Philippo. Ce qui concerne le Bene Gesserit se decide ailleurs et n’a pas pour vocation à vous satisfaire. Il nous est aussi possible de retirer notre soutien s’il vous est trop insupportable car croyez bien que cette situation n’enchante pas grand monde.

Pour lui j’étais encore cette petite fille qu’il avait entrainé autrefois, peut etre la seule enfant qu’il avait eu puisque son union avec ma tante n’avait jamais été rendu public.

- Myrina, pour moi tu es une Ginaz.

En un bond il était près de moi, ses mains puissantes sur mes épaules comme pour tenter d’invoquer le bon vieux temps.
Je le foudroyais du regard.

- A qui pensez-vous parler Maitre Philippo ?

Sonné par ma froideur, il hésita un moment. Son regard perdu dans le vide, il semblait analyser chacun de mes mots. Finalement après quelques secondes qui semblèrent une éternité, il relâcha son étreinte.

- Pardon Révérende Mère.

Je restais silencieuse.

- La Sifu Siridar voudra sans doute vous féliciter, elle m’a demandé de vous prévenir qu’elle arriverait sous peu.
Merci Maître d’armes. Je me ferais une joie de me rendre à son invitation.

Encore sonné, Philippo hocha la tête. Ce chaud-froid émotionnel le perturbait et d’une démarche rigide il quitta la pièce.

Il est certain qu’un chapitre Bene Gesserit aurait pu mettre à l’abri Ginaz mais ce sacrifice était nécessaire.
Pour moi qui n’avait jamais cru, le rituel de l’Agonie avait été une révélation, une sorte d’illumination. Il y avait le chemin direct et simple qui menait de la vie à la mort et il y avait ce chemin d’or tortueux qui menait à autre chose. Le Djihad n’était pas une simple guerre, ce n’était pas simplement la mobilisation du corps et de l’esprit, l'âme aussi avait été sollicitée. C’est cette âme qui avait permis de détruire les machines. Ce lien qui nous lie avec nos ancêtres et nos descendants. Je dois le dire, depuis le rituel de l’Agonie, plus que le Bene Gesserit, plus que mon ambition, c'était ma foi dans le Kwisatz Haderach que je servais et cette perspective m’effrayait.

Nous avions choisi un îlot isolé au milieu de la mer Adrianis pour y installer le chapitre. Ce large disque ocre de terre aride semblait comme posé sur les flots turquoises. La végétation faite de cactus et de plantes à longues feuilles se répandait en petites touffes au niveau des côtes tandis que de denses forêts d'oliviers et de figuiers ornaient les contreforts. Des chèvres, des lézards et des oiseaux marins constituaient le gros de la faune locale. Valettas était une petite ville construite dans une des criques principales de l'île. La longue digue de pierre la fermait comme un panier, réservant l’accès du port aux navires les plus petits. Le bouclier s’étendait jusqu’aux lourds piliers qui marquaient l’entrée du port. Le bassin du port avait une forme de demi-lune parfaite dont la base, faite à la semblance d’un temple grec terrien, était décoré de mosaïques marines de toutes les nuances de bleu. Les arcades des quais se prolongeaient dans les fondations de la ville, sous le mur de soutènement qui séparait le port des habitations. A l'extrémité droite du bassin, un large quai servait d’estuaire artificiel au canal qui desservait toute la ville dans une multitude de ramifications. Ce canal déservait la multitude des alvéoles percées au niveau de l’eau; si depuis la ville les maisons semblaient s’élever sur deux à trois étages, elles comportaient toutes un sous-sol qui donnait directement sur le canal. C’est depuis ce niveau que les affaires ordinaires se faisaient. Un large escalier décoré de lampions permettait d’accéder au niveau de la ville même si des multitudes de petits escaliers de pierre et de bois s’élevaient le long du mur de soutènement. La ville n’était qu’une collection de petits parcs, de piazza, de petits escaliers et d’arches discrètes. Les façades étaient peintes de couleurs chatoyantes. Des rouges, des bleus, des jaunes, des verts qui transformaient la petite cité en un veritable joyau. A l’étage de la ville, on trouvait tout un tas d’auberges et de maisons de boisson ou l’on pouvait tranquillement boire une limonade à l’orange amer qui était la spécialité de la ville. Un peu plus loin, des tailleurs et des marchands de bouclier proposaient leurs articles dans des ateliers percés de larges vitrines. La plupart des habitants de Valettas étaient soit des pêcheurs soit des marchands faisant le commerce avec la capitale. Une compagnie dont l'hôtel commercial triomphait fièrement sur la place Santella, la plus grande place de la ville, faisait la liaison quotidienne entre Valettas et les autres atols. Sur la même place, en parfait vis à vis, se dressait vers le ciel la cathédrale Jésus-Suleyman, une des plus anciennes églises de l’empire. Pourtant ce chef d'œuvre architectural n’était rien comparé à l’immense dôme qui dominait toute la ville. Construit à la semblance de l’Italie terrestre, ce dôme de 42 mètres de haut en marbre rouge était le vestige d’un ordre de maîtres d’armes originaire de Valettas qui avait disparu depuis longtemps. Depuis, il servait de palais au duc de la ville. Le palais ducal était équipé du seul astroport de l’ile, large surface plane en dalles de plastobeton.
Valettas était une ville tranquille, loin des problèmes sismiques. On ne se préoccupait pas de ce que faisait le voisin sauf en matière d’affaires, de gastronomie ou d’habillement.
Mais ce n’était ni pour sa qualité de vie, ni pour sa sûreté que j’avais choisi Valettas.

Valettas était construit sur les contreforts de la partie la plus haute de l'île et ces criques déchirées se prolongeaient au-delà de la ville. Depuis ces falaises, subtilement retaillées, il était possible de cacher le chapitre aux yeux de tous tout en ayant un œil sur les personnes qui arrivaient ou partaient. De l'extérieur, le chapitre était invisible et pas même le petit astroport, caché au coeur de la falaise via une grotte marine au pont extensible, ne pouvait indiquer la location de notre bâtiment. Notre chapitre s’étendait sur l’ensemble de la falaise et se prolongeait loin au cœur du massif de l'île. Construit comme le temple d’Avalon des légendes, ses murs étaient ouvragés et peints. Des colonnes, des statues des héros de l’empire et des mères de l’ordre, des vitraux et des miroirs pour amener lumière et couleur partout dans ce temple. Je voulais faire le parfait opposé du chapitre de Geidi Prime qui était sombre et froid, je voulais qu’enfin les sœurs puissent voir dans le Bene Gesserit un formidable outil d’émancipation y compris dans le Bene Gesserit. Pas hors du Bene Gesserit. Ce qui avait conduit plusieurs de mes soeurs à jouer avec la limite c’est que le Bene Gesserit semblait trop étriqué et par là même l’ordre se privait d’esprits brillants. Des esprits brillants qui parfois finissaient par jouer contre l’ordre lui-même. Cette situation était trop dangereuse.

Bref, dans un souci de marquer les esprits, je copiais le monastère de Wallack IX et j’y ajoutais de la couleur, le symbole était fort, compréhensible par toutes.
Des laboratoires, une immense bibliothèque, une salle d'entraînement.
Mon ambition, que mes soeurs soient polyvalentes et pas des spécialistes comme je l’étais. La spécialité c’est ce qui nous avait permis de triompher des machines la première fois mais la vraie force de l’humanité c’était l'adaptativité. Notre empire était sclérosé par les habitudes, celui qui devenait comme l’eau ou le sable, devenait un ennemi redoutable.
La vitesse, le lien entre les êtres, les savoirs, la croyance, autant de leviers pour se libérer des emprises que l’adversité sème sur votre chemin.


Ma tante devait se rendre sur Gorgo pour officialiser la mise sous tutelle de la planete par les Ginaz. C’est aussi cette date qui avait été choisi pour officiellement ouvrir le nouveau chapitre du Bene Gesserit. “Le jour de la renaissance” était un pur objet de propagande destiné à faire avalé la pilule aux Aligieri. Je m’étais rapproché de la femme du Duc qui etait une femme pleine de bon sens même s’il était evident qu’elle avait été placé dans la famille Alighieri pour informer Ginaz. Mais quelle importance ?

Nous étions sur l’esplanade qui faisait face à l’astroport. Du ventre du lourd insectoptère rouge et bleu sortait une suite bigarrée de Maitres d’armes aux couronnes rouges et de danseurs portant des bannières représentant des dragons. Derrière, un orchestre de tambours rythmait la progression. Enfin, émergeant de l’immense panse metallique, un groupe compact de Maitres d’armes et a leur tête ma Tante. Là, sous les pétards et les coups de cymbales, ils semblaient en tout point opposé aux tueurs silencieux et vidé d’âme que sont les sardaukars. Sur leurs visages rayonnants on lisait l’envie de vivre pleinement, de mourir de façon glorieuse et dans l’honneur.
Mon coeur se sera en voyant de quoi j’avais été privé en rejoignant le Bene Gesserit mais je ravalais cette pensée.

Maitre Philippo, droit comme un i, attendait que ma tante arrive à sa hauteur, la famille Alighieri à ses cotés. Le duc peinait à faire bonne figure, on le disait amoindri depuis la bataille… Je devinais en lui les tics de l’intoxiqué à l’épice. Finalement, la longue suite de ma Tante s’arreta devant nous et d’un geste tous les Maitres d’armes présents frappèrent leur torse ornée des épées de Ginaz. D’un geste précis, les Maitres d’armes firent un quart de tour, Maitre Philippo s’avanca et salua ma tante puis ce fut au tour de la famille Alighieri.
A mesure que mon tour approchait, mon coeur se serrait.
J’allais la regarder dans les yeux, lui dire ce qu’elle voulait entendre… mais je ne les soutiendrais pas au dela.
- Rectrice Mère Jool Myrina Ginaz. dis je mecaniquement en faisant une révérence.

Alors ses yeux se posèrent sur moi.
Je pensais devoir faire de lourds efforts pour cacher mes emotions mais la réalité c’est que le rite de l’agonie avait soufflé en moi ce désir d’être aimé. L’enfant que j’étais aurait tout fait pour être regardé de la sorte mais je n’étais plus un enfant.
J’avais de l’affection pour elle mais son regard me laissait de marbre et aucun de mes muscles ne fut sollicité.
Ma tante ferma les yeux quelques instants puis me salua.

- Nous fetons deux evenements aujourd’hui Rectrice.
- En effet Siridar. La renaissance est entière sur Gorgo.

Elle hocha la tête, m’offrit un sourire diplomate et avanca, suivi de près par Philippo.

Alors que de lourds nuages noirs d’orage, venus des iles volcanique du nord, s’amoncelait au-dessus du Palazzio Mazarini, la fete battait son plein. Le Duc s’était poliment retiré et ma tante faisait la conversation avec les autres familles importantes de la planète, pour l’essentiel des familles de marchands qui avaient beaucoup perdus pendant la tentative d’invasion Moritany.

- Je vous remercie d’avoir pris soin de Giulia, me dit dame Chan Ti.
- C’est normal, le Bene Gesserit sait prendre soin de ses élèves.
- Pourtant, vous savez que le destin de Giulia n’est pas de servir l’ordre…
- Qui sait Dame Chan Ti. Je ne vois pas si loin…
- Pourtant, on vous dit perspicace Rectrice…

Cette voix douce et pourtant autoritaire… J’aurai prefere mourir que d’avouer en public que mon personnage de Bene Gesserit était bati à la semblance de ma Tante. Une voix douce et cristalline qui tranche comme un poignard, un détachement qui tantot ressemble à de la naiveté tantot à du désinteret.

Dame Chan Ti nous salua avant de partir retrouver les convives qui, imperceptiblement, avaient quitté les alentours.
Ma tante était épargné par l’age, le seul indice du temps passé était la légère teinte argenté qui agrémentait sa longue chevelure. Son corps semblait durcit, massif, noueux, une impression encore renforcée par ses atours de Sifu. Sa maitrise de son corps était parfaite. Pourtant je percevais en elle une forme de déséquilibre…
Generale et Siridar, le destin lui avait refusé l’occasion d’être mère. A mon départ, elle s’était plongée dans l’étude martiale et n’en était jamais ressortie.

- Dame Chan Ti ne tarie pas d’éloges à votre égard Rectrice et je dois dire qu’elle ne mentait pas. Le sénéchal Philippo dit aussi que vous avez été centrale dans la défense d’Ortigie.
- Les honneurs doivent aller aux maitres d’armes qui se sont battus avec adresse et courage. Le Bene Gesserit n’a fait qu’accompagner le destin…
- l’accompagner ou le diriger ?

Je souriais d’un air entendu.

- J’ai besoin de vous parler Rectrice.
- Bien sûr Sifu Siridar.

Un petit cône d’ombre et de silence avait été déployé non loin.
Cela faisait plus de 20 ans que je n’avais pas parlé à ma Tante et en passant le voile protecteur je ne pouvais empecher un bref pic d’angoisse. De l’autre coté, ma tante nouait ses mains nerveusement et son masque de neutralité était tombé.

- laissons tomber le protocole ma chère Tante. dis-je pour l’apaiser.

Elle se jeta aussitôt dans mes bras. Son étreinte… je percevais tout le désarroi qui l’habitait, les années de solitude, le regret… Les années à refouler la douleur de cette séparation. Je me perdais dans cet instant d’amour maternel, laissant nos larmes se mêler.

- Ton départ… souffla-t-elle.
- Je sais.
- Le pouvoir m’a coûté le plus beau cadeau que m’avait fait la vie.
- Nos vies ne nous appartiennent pas ma Tante. On rêve d’y croire mais nous sommes tous esclaves.
- Pardonne moi.
- Pour quoi ? Je ne t’en veux pas. J’étais prête, grâce à toi et ce que je suis aujourd’hui je te le dois.
- La Bene Gesserit la plus rapide de l’empire… dit-elle dans un rire cristallin tout en essuyant ses larmes.
- Oui dis-je en lui rendant son rire.

Soudain, elle détacha une de ses lourdes boucles d’oreilles et la laissa tomber. L’espace fut parcouru de petits bourrelets, sa boucle était rattachée à son oreille.
Elle me regardait les yeux embués de larmes mais cette fois, c’était de la fierté.

- Quand je t’ai quitté… Et te voila rectrice…
- Oui, le temps est passé sur chacun de nous.

Je percevais dans ce déferlement d’émotions une pointe de gêne, comme quelque chose dont elle devait me parler mais qu’elle retardait pour profiter de cet instant de retrouvailles.

- Dis moi ce qui te pèse sur le coeur.
- Je n’ai pas envie de ternir cet instant souffla t-elle en passant sa main sur ma joue.
- Ce n’est qu’un instant fugace mais il a existé.
- faut-il vraiment se contenter de ces instants fugaces…

Je sentais derrière cette phrase tous ses regrets. Philippo, moi…
Prendre le pouvoir coute cher, il suffisait de voir ce que j’avais déjà sacrifié.

- Ginaz est en danger, lâcha- t-elle soudain.
- C’est évident. En vous dressant contre les sardaukars c’est l’empereur lui-même que vous avez menacé. Si je n’avais pas été là, les pertes sur Gorgo aurait été bien pire. La fille de l’empereur ne tenait pas à ce que vous vous en sortiez.
- Les Maitres d’armes veulent plus de pouvoir. Jusqu’à présent je pouvais les canaliser mais de nombreuses voix dissonantes ont commencé réclamer, au lansraad et ailleurs, la vraie place de Ginaz. Philippo pense qu’il est possible de s’en sortir... Il pense que tu peux agir... faire jouer tes relations...
- Il se trompe. Le destin de Ginaz est déjà scellé.
- Tu dois nous aider Myrina, tu es rectrice…
- Je ne peux rien faire ma Tante. Rien.

Je souffrais de lui mentir ainsi. J’aurai pu faire quelque chose. Trouver des appuis. Mais dans le plan du Bene Gesserit, la famille Ginaz devait tomber. Mon coeur se déchirait, ma Tante me suppliait de l’aider et je le lui refusais.

- Je ne suis plus une Ginaz, ma bien aimé tante. Je suis une Bene Gesserit. J’aimerais, du plus profond de mon coeur, vous aider. J’aimerais retirer cette robe et enfiler la couronne rouge. J’aimerais invoquer le nom de Jool Noret avec vous. J’aimerais porter la bannière sang et azur… J’aimerais répandre la mort dans les rangs sardaukars avec vous car je suis de Ginaz, je suis une maitre d’armes… mais je ne le peux pas. Si je le faisais, tout ce que nous avons sacrifié pour nous hisser ou nous sommes n’aurait plus de sens…
les plans dans les plans…

De toutes les épreuves, de toutes les souffrances, celle-ci était la pire et je gravais au fond de mon esprit ce rire que nous avions partagé car il serait probablement le dernier.
- J’aimerais, mais je ne le peux pas.
- Je comprends Myrina.
- Je crains qu’il ne soit trop tard. La machine infernale est déjà lancée. La mort viendra sans honneur, silencieusement, de l’ombre.
- Ils n’oseront pas nous attaquer de la sorte…
- Ils oseront ma chère Tante.
- comment peux tu en etre aussi sûre ?
- Je suis une tueuse et c’est ce que je ferais. Votre honneur, votre créativité, votre vaillance c’est tout ce que ne possède pas le sardaukar. Ils les utiliseront contre vous. Il faudrait renoncer au moins pendant un temps à ce code…
- Jamais les Maitre d’armes ne l’accepteront.
- Alors j’ai peur que vous soyez perdus. Des espions et des traites doivent déjà préparer l’attaque.

Ma Tante ferma les yeux et soupira. Je posais mon front contre son front.

- Je suis désolé.
- Ce n’est pas grave. Tu as raison, nous nous pensons libres mais nous sommes les esclaves de nos destinés. J’ai fait l’erreur de croire que nous pourrions nous en sortir mais les dents du lion se sont dejà refermées.
- L’héritage de Ginaz peut encore être sauvé…
- Sans doute.
- Ma tante… j’ai eu une vision.
- une vision ?
- Oui. Et je crois qu’elle peut se produire. Dans cette vision, la maison Corino tombait et celui qui la faisait tomber usait de l’héritage de Ginaz et son sénéchal était un Maître d’armes.
- Promets moi que cette vision ne sera pas qu’un mirage
- Je te le promets.

Qu'elle était dure, cette épreuve. Plus dure que le rite de l’Agonie. Pourtant là encore, c’était une renaissance, un retour aux racines immédiates après avoir trouvé les racines profondes. C’était un moment de pure lumière, loin des visions, des presciences, de la maitrise, un moment de femme comme j’en avais peu vécue dans cette vie jusqu’alors. Il n’y avait pas de piège, pas de manipulation, pas de faux-semblants. Rien. Rien d’autre que les liens du sang et de l’âme. De l’amour ? J’osais ce sentiment. J'aurais voulu hurler à la face du monde que je n’étais pas qu’un bloc de pierre froide mais je me contentais de baisser la garde, de laisser mon cœur battre sans contrôle.
Nous avons continué de parler, longtemps et lorsque les sujets et les histoires se sont taries nous sommes simplement resté là, toutes les deux, profitant l’une de l’autre.

- Est ce que nous nous reverrons ? tentais-je
- Je ne crois pas, dit tristement ma Tante. Si l’attaque se passe comme tu l’imagines et je penses que tu as raison, je devrais assumer les choix des Maitres d’armes.

Il était inutile de débattre, elle faisait ce que son honneur lui dictait.

- Quoiqu’il arrive Myrina, tu es l’héritière de Ginaz. Pas tes frères, pas tes parents, toi. Tu es l’héritière de Jool Noret.

Je lui souris. J’étais beaucoup de choses à cet instant et je n’aurai rien voulu être d’autre que l’héritière de cette femme à la force de caractère en acier.

- Me feriez-vous visiter votre chapitre Rectrice ?
- Bien sûr ce serait un honneur.


Quelques semaines passèrent. Un message distrant de Seth me parvient. L’attaque sur Ginaz etait pour le lendemain. Faisant jouer mes relations avec les Vernius je faisais affréter un long courrier pour récupérer ce que je pouvais de ginazi.
Plongé dans une profonde transe, je vivais la destruction de mon peuple sans rien faire. Telle une aigle surplombant le champ de bataille, je voyais le beau, le magnifique palais des dragons être dévasté par des Moritany trop agiles et trop adroits.
Tout avait été orchestré à la perfection. Le traitre abaissant le bouclier, les sardaukars en uniformes Moritany. Gorgo n’avait été qu’une repetition.
Ma tante tomba les armes à la main après avoir réussi de nombreux exploits, morte de fatigue.
Avec elle, j’avais poussé mon dernier rire, aujourd’hui je versais ma dernière larme.
Je jurai de tout faire pour que les sardaukars et la maison Corino tombe.
Non, cette vision ne serait pas qu’un mirage.

Le long courrier arriva sur Gorgo accompagné d’une frégate de l’arbitre du changement.
Ginaz tombé, j’avais, accompagné des soeurs, investi le Palazzio Mazarini et décrété qu’en cette période trouble, le Bene Gesserit réclamait la neutralité pour cette planète.

- Rectrice, la neutralité a été acceptée. Cette planète est désormais sous la protection du Bene Gesserit et son altesse Padisha Shaddam Suleymane vous octroie le titre de Siridar de Gorgo.
- Remerciez son altesse. Le Bene Gesserit remercie la justesse de son discernement, le sang n’a que trop coulé
- Votre message sera transmis.

Un Maitre d’armes blessé s’approcha alors de moi et mettant genoux à terre :

- Rectrice Siridar, donnez nous la permission de retourner nous battre.
- Je vous la refuse Maitre Lee. L’heure de la vengeance n’a pas sonné. Soignez-vous puis partez à la recherche des ginazi perdus.
- Mais…
- Maitre d’armes, apprenez de cette leçon difficile. C’est l’empressement qui a détruit Ginaz pas les sardaukars.

Il me sourit, comprenant que le temps de la revolte viendrait puis il baissa la tête et mis genoux à terre à nouveau.

Rectrice, je suis Lee Jun-Fan, le Maitre d’armes le plus élevé de cet esquif.
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MessageSujet: Re: Mère Myrina Jool Ginaz   Mère Myrina Jool Ginaz Icon_minitimeDim 9 Juil - 10:18

Je suis désormais le court chemin entre la vie et la mort. Le temps s'est fondu dans le tissus des légendes et de Qin à l'Ulster, de Troie aux plages de France j'ai parcouru dans un pelerinage carmin l'héritage de la famille Ginaz mais aussi et je le comprends maintenant l'héritage des fremens.
J'ai adopté des causes, suivi les Héros de la légende... Je me suis nourri des savoirs martiaux de Lancelot et des autres. Je me croyais seule puis je vous ai trouvé. J'ai ouvert ma mémoire seconde pleinement. J'ai retrouvé les racines du dragon de lumière, marché dans les pas des grands maitres d'armes. J'ai endurci mon corps, nourri mon esprit et me voila pleinement épanouie, à mon plein potentiel.
Il est maintenant temps de retrouver le Fenec et ma Tante.
Nos retrouvailles ne sont pas pour tout de suite, je dois rester dans l'ombre, mais sachez mes soeurs que vous pourrez toujours faire appel au Phénix Rouge si vous êtes en danger.
Appelez et je viendrai.
Avec toute mon affection,

Myrina.
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