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 Capitaine Ansgar Wyllt

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stan

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MessageSujet: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeMar 19 Sep - 18:37

Commodore Ansgar Wyllt

Capitaine Ansgar Wyllt Image_13

CORPS 6
ESPRIT 6
COMBAT 10
MAGIE 6


Pex :

points de vie : 11
points de volonté : 11
points de magie : 11 max 6
ombre : 5

grâce : respiration sous-marine / aura d'inspiration libertaire / insensibilité à la magie de l'ombre /


MÉTIERS

Kleptomancien Artefacteur - véhicules merveilleux - armes étranges - transmutation / magie invisible
Franc-tireur - Lancefeu / combat rapproché / combat invisible
Capitaine - Manœuvres de combat / artillerie
Poète

Affects

Ideal Kleptomancien
Haine des tyrans
Culpabilité de la mort de Lakshmi
Serment d’aider les plus faibles
Amitié pour les hors-la-loi
vœu de faire tomber l'ordre noir


Joker

Nautile
Bras
Lance Terne de précision (normal)
Poing Terne (raffiné)
Epée de terne (normal)
Souvenir holographique de Lakshmi
harpon sacré
Lance adamante d'exception
carte stellaire


Dernière édition par stan le Dim 26 Nov - 1:22, édité 46 fois
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stan

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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeMer 4 Oct - 23:26

- Capitaine !
- oui ?
- un message de Paz pour vous…

Mon cher ami,
Les troupes noires seront demain sur nous. Ceux qui voulaient se battre sont restés, quelques-uns sont partis.
Comment les blâmer ?
J’ai donné l’ordre à Maria de te rejoindre si jamais nous n’étions plus capables de tenir nos positions.
Nous ferons notre devoir jusqu’au bout.
Avant de te quitter je te livre ces quelques vers qui je l’espère sauront toucher ton coeur de capitaine si longtemps demeuré loin de ses flots chéris :

Chaque soir, espérant des lendemains épiques,
L’azur phosphorescent de la mer des Tropiques
Enchantait leur sommeil d’un mirage doré ;

Ou, penchés à l’avant des blanches caravelles,
Ils regardaient monter en un ciel ignoré
Du fond de l’Océan des étoiles nouvelles.

C’est un adieu, peut être.
No Pasaran


Paz…
Jamais on avait porté aussi mal un nom. Poète aux yeux bleus clairs et au visage enfantin, Paz s’était jeté dans la guerre à corps perdu.
Il ne savait pas tenir un lancefeu pourtant il avait demandé à tenir la première ligne.
“Ce n’est pas une guerre, c’est un choc de volonté. Idéal contre cauchemar… on ne peut pas perdre” disait il souvent.
Nous tous, disciples de Lupin, nous partagions son point de vue et c’est peut être ce qui expliquait l’ardeur avec laquelle nous nous battions. Nous pouvions dire aujourd’hui que nos idées marchaient. Que la dictature du prolétariat d’Eisen n’était pas une obligation. Que la liberté était possible. Une liberté heureuse, égalitaire, avec une place pour chacun.
Oui, la terrible et noire volonté de Sangre a détruire ce qui n’était plus une utopie nous avait galvanisé.
Et pourtant nous étions fatigués.
Cela faisait déjà 4 ans… 4 ans qu’on luttait pour que le tyran aille au pourrissoire.

Je m’asseyais sous la tente qui me servait de bureau.
Qu’il me semblait loin le temps ou, tout heureux et fier de notre fuite de Bjorngrad, nous avions accosté, Milicent, Dvalin et moi.
Qu’ils avaient été heureux ces jours a Lorca. Nous avions vécu comme des pirates, de fêtes et d’alcool, occupés à rire, à discuter… nous avions imaginé un monde et nous lui avions donné vie, ensemble, chacun à sa façon, avec ses talents.
Que j’avais aimé ces semaines sans combat, sans cauchemar… J’ose le dire, ces quelques semaines de bonheur m'avaient fait du bien. Dans ces moments-là, l’absence de Lakshmi était aussi plus dure. Mon rire sonnait faux sans le sien. Parfois je la cherchais du regard et ne trouvait que le vide, parfois je contemplais le vide pendant des heures et je la voyais danser dans la lumière.
Nous avions même pris le temps d’améliorer le Aasha.

Et puis, l’ombre de Sangre était apparue à l’horizon.
Et puis des nefs de Dasein avaient écrasé la ville de Lumo sous les bombes.
Et la guerre était repartie.
Encore.
Et cette fois encore j’avais senti l’appel de la bataille. Comme tant de fois auparavant j’avais senti que mon devoir passait par la lutte mais cette fois, elle avait un sens. Elle n’était pas que survie et fureur. Enfin, pas seulement car au fond, toutes les guerres ne sont que survie et fureur, même lorsqu’elles sont justes.
Je regardais le portrait que nous avions fait, ce bel été de 435.
Une lumière magnifique émanait de nous.

Rojo avait été le premier à tomber. Presque par hasard.
Lumo venait d’être attaqué. Il avait donné rendez-vous à des partisans dans une sorte d'hôtel désaffecté afin de planifier une vengeance contre l’ambassade de Dasein.
Manque de pot, deux partisans étaient arrivés un peu tôt dans l'hôtel et un voisin consciencieux avait appelé le prévôt. Cuisiné par les hommes de Sangre, un des deux types s’était fracassé le crane contre le mur. L’autre avait accepté de participer à un guet-apens.
Une histoire quasi phéniciée, en somme.
Arrivé devant l'hôtel, Rojo frappe. Le type vient ouvrir et là, le remord peut être, il regarde Rojo avec intensité. Rojo comprend que quelque chose ne va pas. Il part en courant. D’un coup on siffle. De partout des phalangistes qui arrivent, gourdins à la main.
Rojo allait passer 8 mois dans leur griffe avant d'être tué au boutefeu avec d’autres partisans.

Puis il y avait eu la bataille de Marisol.
La petite Gerda, Lister, Modesto, tous ce jour là ils tombèrent broyé par la machine de Sangre soutenu par les troupes de Vitelius.
Nous avions bien défendu la ville mais les nefs de Vitelius firent pleuvoir une pluie de feu et de foudre sur la cité.
Nous n’étions pas près pour ça. Il aurait fallu des officiers, quelqu’un pour commander, organiser. Seulement voila, nous refusions tout cela à ce moment.
La ville en flamme, les forces de Sangre n’avaient eu qu'à passer les murailles éventrées. Maison par maison, les phalangistes brûlaient tout, même les chiens.
Horrifié, Villalba, l’homme désigné comme commandant avait sonné la retraite mais trop tard. Les phalangistes traquerent nos frères longtemps, sur l’unique route côtière qui permettait de quitter la ville.
Et l’Aasha, me direz vous ?
Nous avions été déployés pour défendre de petites îles au large de Lorca.
Lorsque nous apprîmes la débacle de Marisol, il était déjà trop tard.
Cette bataille fut marquante pour la cause, mais pour l’Aasha aussi.
Jusqu’à présent nous avions été des pirates, faisant un coup de temps en temps mais cette fois, c’était la guerre, la vraie.
Une partie de l’équipage ne l’avait pas supporté. Au sein même des kleptomanciens, l’idée d’appartenir à une armée était quelque chose de difficile à accepter.
Et comme on ne forçait personne à se battre, l’équipage s’était vu réduit temporairement.

Et puis on avait reculé encore et encore. Pour chaque bataille gagnée nous en perdions deux et pour cause… Derrière Sangre il y avait Dasein et Dandolo. Nous avions attendu le soutien de Nibel d’abord mais rien d’officiel n’était arrivé. Villon n’avait pas répondu à l’appel, pas plus que Camlann. Nous étions seuls.
Le courage nous faisait soulever des montagnes… Sangre se contentait de les faire exploser.
Caballero avait été nommé responsable de la guerre mais il n’arrivait pas à suivre et puis il devait faire avec les humeurs et les décisions de chaque colonne.
Il avait délégué Asensio, un général rallié à notre cause. Depuis sa prise de fonction il n’avait qu’une obsession prendre d’assaut l’ile de Cristo juste en face de Lorca.
Stratégiquement, l’idée était bonne mais nous n’avions pas de vaisseaux et l’Aasha n’était pas adapté.
Alors on avait couru sur la plage, évitant les crachats des bouttefeux et les mines enterrés sur la plage. Toute la journée, les hommes de Sangre nous avaient cloués sur cette bande de terre et de rochers jusqu’à ce qu’enfin Asensio me laisse agir. Avec quelques hommes nous avions escaladé la falaise puis, courant dans les coursives des fortifications, nous avions laché notre stock de grenades au milieu des bouttefeux crépitants.
Ce n’était pas une victoire, ce n’était qu’un délai, le temps de fuir.
Dans l’eau teintée de rouge du sang de nos frères, nous avions escaladé la carcasse du Aasha. Nous étions si nombreux que le nautile n’avait pas pu plonger.
Nous étions arrivés blessés et transis à Lorca.
Quel spectacle.
Remercié le soir même, Asensio avait préféré la mort au déshonneur.

Caballero, qui refusait encore et toujours d’assumer ce pour quoi il avait été choisi, nommait aussi Durruti.
Buenaventura… y a t’il un nom plus sympathique ?
Il était grand et large avec une mâchoire carrée et affirmée et des yeux noirs comme la nuit remplis d’intelligence. Il était né à Escorial mais avait parcouru le monde avec sa femme, Emillienne, qu’il avait rencontré pendant les belles années à Villon.

- Ansgar, mon ami. J’espère pouvoir compter sur toi. m'avait-il dit.
- Toujours mon frère, tant que la bête immonde n’aura pas poussé son dernier souffle.
- Tu sais… je vais me faire des ennemis, y compris chez nos compagnons.
- Comment ca ?
- On ne peut plus continuer comme ça. Il faut que tout le monde, y comprit dans les villes, s’engage.
- Je te soutiendrais.


A tous nos frères, kleptomancien et mages gris,
à tous ceux qui considère que le progrès est la seule réponse valable aux ténébreux ordres qui voient le jour partout sur Oecumène,

ici à Escorial, on meurt.
De faim. De soif.
On meurt de ne plus avoir assez de charge dans notre lancefeu.
On meurt pour défendre notre republique kleptomancienne.
Chaque jour nous sommes un peu plus bousculés par les hordes sombres de l’usurpateur Sangre.
Dandollo d’abord, Dasein ensuite, Escorial maintenant. Combien d’archipels devront tomber avant que le progrès sonne la mobilisation générale contre la peste brune ?
Il ne faut plus attendre, il est temps que chacun se mobilise.
Faisons taire les anciennes querelles, les rancœurs recuites. Les peuples ont le devoir de répondre à cet appel au nom de ceux qui sont déjà morts pour la liberté.
Nous, qui mourrons le sourire aux lèvres, avons besoin de savoir quels hommes sont derrière nous ?
Serais-je seul ou y aura t-il un ami prêt à sortir de l’ombre si je tombe ?
Le combat ne saurait s'arrêter avant la victoire finale.
No pasaran

Capitaine Ansgar Deyyam.


Quelques jours plus tard avait lieu la bataille de Teruel.
Quelle magnifique victoire ce jour là !
Durruti avait voulu marqué un grand coup en allant attaquer une ville appartenant historiquement aux phalangistes. Posée sur un plateau minuscule, Teruel était froide et battu par les vents mais elle etait comme le nid du condor, elle était le symbole qu’il nous fallait pour reprendre le dessus.
Cette bataille alignait pas moins de 4 “généraux” de notre côté. En réalité seuls deux étaient généraux, les autres étaient des représentants politiques.
Cette victoire avait coûté cher en matériel mais pour le moment, il nous fallait du bonheur.
Pourtant à mesure que le temps passait, je comprenais qu’il ne nous serait pas garder tous nos fronts ouverts. Nous étions trop peu.
Teruel devait être le symbole de notre victoire mais elle devint le sceau de notre défaite.
Quelques mois plus tard, la ville était reprise et pire Durruti, qui y avait installé son état-major, y trouvait la mort, touché en pleine tête par un tir. Un tir pas forcément ennemi…

Sur ce portrait, il ne restait que moi et El Campesino mais lui, il faisait de la politique, il ne se salissait plus.

- Capitaine, vous êtes attendu à la muraille nord.

Je me levais, accrochais mon poing-feu à ma ceinture et partait décidé vers la muraille.
Quelque chose en moi, semblable au feu du nautile, brulait.
Planait dans l’air, l’odeur d’ozone des crachefoudres.

- tant qu’il restera un opprimé… murmurai-je comme un chevalier rappelant un voeu fait à sa dame.
- Pardon Capitaine ?
- Rien, allons-y.

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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeMar 10 Oct - 21:53

Ma cabine était plongée dans la pénombre des luminescences sous-marines.
Nous faisions escale quelques temps sur un fond particulièrement riche en anémones, en concombres de mer et en algues. L'équipage raffolait aussi des tourteaux bleus que l'on trouvait dans cette région.
Et puis, rien ne valait une petite partie de chasse aquatique après de longues semaines passées, recroquevillés, dans le nautile à se changer en bernard-l'hermite.

Depuis Lorca, le rêve kleptomancien n'en était plus un. La ville avait survécu, triomphé et s'était même payé le luxe de s'évanouir dans la nature. C'était la volonté des kleptomanciens, leur magie, leur art. Peut être que c'était ça, la magie kleptomancienne ? Le mensonge fait art. Pourtant, peu importe l'angle par lequel on prenait la question, Lorca avait survécu et avec elle, les idéaux kleptomanciens.
Ce fait m'emplissait de bonheur, quelque soit l'avenir.
Lorca, la cité des pirates, des rebelles, des tricheurs, des jouisseurs, vivrait.

Pourtant...
Pourtant mon esprit était préoccupé.
Il y avait eu bien sûr ce duel avec Manfred. Il m'avait manqué quelque chose, mais quoi ? J'était peut être trop prévisible trop académique. Il m'avait manqué peut être de l'inspiration... Comme lorsque dans la tranchée j'avais vu le temps ralentir, les balles et leurs trajectoires, les coups... le flot de la réalité, sa trame en train d'être dessinée.
J'aurai pu tirer une torpille... comme ca sans honneur. Je l'aurai fait mais a ce moment là, j'ai senti qu'il me testait.
Si j'y pense maintenant, je ne peux m'empêcher de penser que c'était de la mollesse, comme avec Alcazar. Il ne faut pas épargner celui qui reviendra à coup sûr pour vous tuer.
Et pourtant deux fois, j'ai eu l'intuition que le sang coulerait assez dans le futur.
Pourtant l'horreur n'est pas pédagogique.
Celui qui fait du mal n'apprend pas, jamais. Le mal, même horrible ne vaccine pas l'homme de ses démons. Il contemple l'horreur. Elle le révulse, le dégoute peut être, mais le plus jamais ça... la douceur des bons sentiments et des bouquets de fleurs...

Tiraillé, je pensais aussi à ce voyage vers les étoiles... Ce que nous y avions vécu, la plénitude, plus de cauchemars.
Assis à mon bureau, hésitant, j'écrivais.


Lakshmi,
meree raat ka ekal sitaara,
j'ai du mal à croire que je suis en train de t'écrire.
L'autre jour, pendant un fugace instant, j'ai eu l'impression que tu étais là.
Vraiment là.
Je t'ai vu danser Jaanu.
Tu marchais dans les couloirs du Aasha.
J'ai senti ton parfum.
Oui je t'ai vu, je ne voudrais pas que tu sois un fantome ou ce genre d'apparition perdue, coincé entre deux stades de consciences.
Pas plus que tu ne sois une sorte de servante de je ne sais quel dieu... Nous avions renoncé à toutes ces choses.
Mais j'ai l'intuition que ce n'est pas le cas...
Alors, là, maintenant, je t'écris, un peu tremblant en espérant qu'un petit quelque chose de tout ça te parvienne.
Je crois que "l'invisible" peut nous relier, nous en avons arpenté les voies récemment. C'est là que je t'ai aperçu, est ce là que tu es ? Est ce là qu'il faut que j'aille pour te retrouver ?
S'il faut renoncer à tout, je le ferais. Je renoncerais à tout sauf à toi.
On dit que l'adoration est un chemin plus rapide vers l'invisible... Mais je crois qu'il existe un chemin pour ceux qui n'ont ni dieu ni maitre.
Notre idéal peut nous reconnecter à nouveau, il porte ces valeurs invisibles en lui. Croire en un principe plutôt que dans une force, mais l'important c'est croire et renoncer.
Mais renoncer à quoi ?
Que n'ai je déjà perdu ? A quoi n'ai je pas encore renoncé ?
Toutes mes vies se sont écroulées une à une, j'ai renoncé à mes noms, mes titres, ma richesse... Je suis le capitaine de l'Aasha parce que nous sommes liés lui et moi mais sans ça...
Et si le renoncement était plus profond...
Mais est ce le bon moment ?
La guerre est là, Jaanu. Terrible, odieuse... je ne peux pas rester à regarder.
Je sais que tu me comprendrais, tu n'étais pas une pacifiste toi non plus.
Mais si je me perds dans les combats comme la dernière fois ?
Comment retrouver le chemin de la maison sans toi ?
aurais je assez de ressources en moi pour faire taire la voix du conflit ?
Je ne serais pas pétrifié par la peur, tu le sais, seulement cette fois, l'ennemi est si sombre.
J'ai peur Jaanu, à lutter contre des monstres on risque toujours d'en devenir un.
Si, de l'invisible, tu vois tout ca, guide moi comme tu l'as toujours fait.
Je n'ai pas peur de mourir mais, désormais, j'ai peur de ne pas te retrouver le moment venu.
J'attends le miracle de ta présence.
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeJeu 19 Oct - 22:25

- Capitaine, je peux vous parler un instant ?

Nous avions pris quelques jours pour nous reposer de notre aventure à Torun. La séparation avait été brutale pour nos amis magiciens mais, plus encore que leurs découvertes, c’etait des informations sur l’armée de fer qu’on venait chercher.
Nombre, tactique, armes inconnues, tout y passait et chaque information, même parcellaire, semblait enfoncer un clou de plus dans le cercueil de Villon.
Je m’étais tenu un peu à l’écart. Il faut dire que je ne me sentais pas chez moi dans ce palais feutré.
Un autre Ansgar y aurait été comme un poisson dans l’eau…
Plus pénible que les tapis moelleux, c'était le spectre du compromis sinon de la compromission que l’on ressentait partout.
Je voyais bien que certains faisaient tout pour sauver la couronne de Leodagan et avec elle les espoirs de progrès mais, les mages gris, signataires de l’alliance, étaient de plus en plus ambigu et le parti conservateur gagnait du terrain.
Pour les autres, il faut bien reconnaître au camp du progrès une tendance au romantisme qui l'éloigne du pragmatisme, souvent nécessaire, pour affronter ceux pour qui la loi du plus fort est toujours la meilleure.
Bref, Leodagan était sur le point d'être trahi par les gris, lâché par les ploutomanciens et dépassé par les amateurs d’ordre.
Pourtant, on allait aller à la guerre. Et avec le sourire encore.
Je regardais ce chaos s’organiser gentiment, sans trop savoir quel serait mon prochain mouvement.
Me rapprocher des mages gris était impensable, pas après Lorca. Pas après ce pacte. Si idéologiquement, on pouvait difficilement soupçonner une accointance quelconque entre disons, le commun des gris et les ordres noirs, dans les faits il en était autrement.
La dictature des ouvriers était en soi un projet totalitaire.
Déjà, à Villon, on avait vu quelques mages gris assez importants s’accomoder tout à fait de l’autoritarisme noir.
Encore une fois, je n’avais rien contre ces braves types seulement, on ne savait jamais vraiment jusqu'où Eisen, ou l’un de ses sbires, étendait ses griffes dans leur esprit.
L'égalité avant la liberté.
Mais comment être égaux sans être libre ?
Quant aux marionnettistes libéraux, ils étaient somme toute sympathiques. Kay, Roland, aidait comme ils pouvaient ce bon Leodagan avec le soutien de quelques mages libertins. Mais ils étaient dépassés par ce qui se préparait. Il fallait entendre ce brave Aldebaran qui était allé signer des accords avec Volund : “jamais je n’aurai cru ça de lui” répétait-il sans cesse.
Je voyais en revanche que le côté conservateur lui était prêt, pas nécessairement à trahir Villon d’ailleurs. Tout en espérant que Lumignon et sa suite feraient le poids face à l’armée de fer, on se préparait au pire. Fallait-il appeler ça de l’intuition ? Ce que j’avais retenu de ma vie parmi ces gens, c’est que quand les riches s'inquiètent ce n’est jamais sans raison. Bon nombre des commandants de Villon étaient conservateurs et il fallait bien avouer que, légitimement puisque c’etait eux qui allaient s’exposer, ils se préparaient déjà au pire. Faudrait-il s’allier à eux ?
Un kleptomancien, s’allier avec les conservateurs, on aurait tout vu. Et pourtant, c’était une option à envisager sérieusement car, les gris n’étaient pas fiables, les progressistes pas prêts.
Peut-être me faudrait-il me rapprocher de Camlann ? Après tout là-bas j’étais encore capitaine alors qu’ici…

Le Colonel Magnus venait de me tirer de mes réflexions.
De sa stature immense, il vous donnait l’impression de voir la vie en contre-plongée. Ses yeux tristes semblaient vous percer, vous mettre à nu mais sa voix, un peu traînante, avait un je-ne-sais-quoi de rassurant.

- Bien sûr Colonel. Qu’est ce que je peux faire pour vous…
- Vous avez vu l’armée de fer dit-on
- Oui, d’assez près honnêtement.
- Quel est votre avis ?
- Eh bien ils sont bien organisés et pour tout dire je pense que Torun n’était qu’une répétition. Ils ont été un peu surpris par la ferveur des Torunnois mais cette tactique par vague est redoutable. Si l’on survit à la vague de cavales aériennes, les chars magiques vous clouent sur place et dans la démoralisation générale, il ne reste plus aux fantassins qu'à finir le travail.
- Ca je le sais. J’ai longuement étudié cette tactique que le général Wüstefuchs présente comme révolutionnaire.
- Alors je…
- Comprenez bien, votre avis de “capitaine” ne m'intéresse pas. Sans vouloir vous froisser, vous êtes un pirate pas un soldat. J’ai aussi étudié vos méthodes… elles relèvent plus du coup de chance permanent. Que vous ayez été capitaine pendant la première guerre, c’est une chose mais ça ne fait pas de vous un expert militaire.

Je me levais, ne sachant pas trop si j’allais le frapper ou m’en aller.

- C’est l’avis d’Ansgar Wyllt dont j’ai besoin. Malgré ce que vous m’avez dit la dernière fois, malgré les rumeurs, je suis sûr que c’est vous.
- Qu’est ce que ça changerait si c’était moi ?
- Tout. Les armées de Volund ont une avance sur nous mais une avance pas aussi considérable qu’on pourrait le croire. Il est encore possible de les rattraper, voire de les distancer. Pour ça, il nous faut des artefacteurs de talent. C’est ce qu’était Ansgar Wyllt.
- Alors je vous répondrais que leurs chars magiques ont des défauts de cuirasses mais que leurs lancefeux, sont à la fois plus puissants et plus rapides que ceux de Villon. Que leurs nautiles bénéficient d’une technologie issue de l’ombre et qu’il sera presque impossible de lutter contre eux tant que nos propres nautiles ne seront pas équipés en conséquence. Maintenant, je vous demanderais, Colonel, d’effacer ce nom de votre mémoire. Celui qui le portait n’existe plus.
- C’est bien dommage, dit-il après un long silence. Le courage, le moment venu, on en trouvera plein. Des idées, du génie, beaucoup moins. Vous avez sans doute vos raisons, je ne doute pas qu’elles soient bonnes mais dans l’immédiat demandez vous ce qui est le plus utile, vos muscles ou votre nautile…

Décidément ce Colonel n’était pas un diplomate… Et puis qu’il aille au diable. Il avait raison sur un point, je n’étais pas un soldat, je n’avais à obéir à personne. Je menais les combats que je voulais.

De retour dans l’Aasha, j’avais du mal à trouver la tranquillité. Les mots de Magnus tournaient dans ma tête. Il avait peut-être raison au fond… Si par quelques créations on limitait l’ampleur de cette guerre… Je regardais le portrait de mon père posé sur mon bureau. Père, devais-je faire ? Magnus avait raison, malgré le chagrin, malgré de nouveaux idéaux, je restais Ansgar Wyllt, constructeur du Titan et fils de Sean Wyllt, baronnet de Hull et Maître artefacteur, inventeur du lancefeu moderne. Tu avais fait le chemin de la paix, renoncé aux armes pour construire des navires. Je m'apprêtais à faire le contraire.
Mais pas n’importe comment.
Il fallait imaginer des objets nobles, merveilleux, exigeants avec leur utilisateur. Des armes diamétralement opposées à celle de l’armée noire. Elles seraient précises, puissantes mais pas destructrices, elles seraient les outils de la liberté, la réponse à l’oppression et aux ténèbres.
Je me rendais près du coeur du vaisseau.

- Aasha… j’ai besoin de ton aide.

La sphère brillait de façon intense, projetant des ombres colorées dans la pièce. Je sentais au fond de moi qu’une nouvelle transformation allait s’effectuer. Il fallait retourner chercher le Ansgar d’autrefois, celui d’avant la tristesse, d’avant l’ombre, d’avant la mort. La sphère se mit à briller plus fort.
Je remontais le flot du temps jusqu’à une île minuscule, sombre, battue par les vents. Là, se trouve une forge minuscule dont le feu brûle difficilement. Un homme et une elfe se font face. Ils s’aiment c'est évident. Ils font couler sur le feu de la forge une humeur invisible. La femme forge une épée qu’elle donne à l’homme qui vient de fabriquer un fourreau. Une femme rousse vient alors chercher ce présent. L’homme et la femme la regarde partir. Silencieusement.
Puis ils retournent vers la forge et y déposent une graine qui germe aussitôt formant un bâton, le bâton de roi des mages que m’a donné mon père.
La forge s’endort.
Avant que la vision ne s’éteigne, la femme me parle : “La forge est l’écho du forgeron. Elle se nourrit de tes passions, s’enflamme pour les coeurs embrasés, se moire pour les coeurs sombres et brille pour ceux qui arment les paladins de leur temps.”

Nouveau bond dans le temps.
Je suis à Purusha. Lakshmi est avec moi. Elle revient de chez son frère. Ils ont discuté longtemps, un defenseur de la liberté de Purusha vient d’etre tué et personne ne sait comment réagir. Son frère est plutot pour la mesure, Lakshmi pour la révolte.

- Je crois que ton frère a raison…
- Pourquoi ?
- Parce que si tu te lances dans la lutte, on ne sait pas où les choses s'arrêteront.
- Tu te trompes.
- comment ?
- Tu crois que parce que tu as fait une guerre, tu les as toutes faites. Tu penses que tu sais ce que c’est, mais tu te trompes. Tu te trompes parce que tu as eu peur. Je le comprends mais pour autant tu rates l’essentiel.
- Qui est ?
- La lutte est avant tout une question de résolution. Elle ne se trouve ni dans la fuite, ni dans la haine. Ce n’est pas une question de bien ou de mal. Un poignard n’est ni bon ni mauvais, il peut permettre de donner ou de prendre. Il peut couper du pain et créer du lien avec l’autre. Il peut servir à égorger. Le combat c’est pareil. Tu peux lutter pour une cause, te lier avec ceux qui y croient ou simplement tout détruire. Il y a une voie facile et une voie exigeante. C’est tout.
- C’est tout ?
- Il y a ce que tu offres, ce que tu tisses, ce que tu portes. Il y a ce que tu prends, ce que tu brises. La lutte doit se faire invisible, mouvante comme de l’eau.
- oui Soeur Lakshmi
- ce que tu es bête ! éclata- t-elle dans un rire.

Les jours qui suivirent je travaillais ardemment. Je me sentais poussé par une énergie intarissable. Etait-ce ce besoin de créer que j’avais enfoui si longtemps et qui jaillissait maintenant comme un geyser ?
En l’espace de quelques jours je dessinais les plans de dizaines d’inventions. Une idée m'obsédait : donner, protéger, écourter la guerre. Il n’y avait pas de vengeance, pas de colère, juste la volonté de lutter comme me l’avait décrit Lakshmi dans ce rêve, en offrant, en tissant des liens de fraternité, en portant une bannière. La liberté, je l’avais défendu comme kleptomancien mais cette fois la cause était plus grande, l’enjeu plus immense et le combat bien réel. Et c’est parce qu’il ne fallait pas sombrer qu’il nous fallait ces armes merveilleuses, pour que, perdu dans l’ombre, chaque combattant se rappelle qu’une cause commune nous unissait.
Il fallait que tous ceux qui voulaient se battre puissent le faire.

Parmi les projets que je dessinais, des lancefeux tout simple à fabriquer avec quelques éléments ménagers.
Une torpille anti-nautile d’ombre. Ramassés par nos amis sous-marins, les fluides des sous-marins profonds sont ensuite enfermés dans une capsule de force. La vrille est ensuite reliée à la capsule. Une fois lancé, le fluide est attiré irrésistiblement par l’objet profond le plus important.
Un vivelame pour les chanteurs de Villon. Une membrane ultrafine de draconium portée dans le creux de la main qui vibre grâce à un dispositif posé sur la gorge du porteur et qui peut, selon les talents du chanteur, prendre la forme d’une lame tranchante invisible ou d’une onde sonique.
Un bouclier à déploiement automatique que l’on porte sur l’avant-bras et qui s’ouvre lorsque le porteur est pris pour cible.
Des capes clair de lune, tissées de fil d’ombre et de magie, qui permettent aux porteurs de se déplacer sans être vu sous la lumière de la lune.
Des crache-dards d’adamante projetant des dards silencieux enchantés par la magie de l’air.
Des arcs à poulies traqueurs tirant des flèches carnivores.
J’utilisais mon savoir sur les prothèses pour fabriquer des poingfeux assistés. Venant se poser sur le bras, l’automate est constitué d’un oeil et de 6 bras destinés à contrôler les nerfs du bras du porteur. Le porteur décide quand il fait feu et l’automate corrige la trajectoire.

Mais je passais plus de temps sur mon dernier projet. Je voulais faire une arme digne de moi, digne de mes ancêtres. Ils m’avaient guidé tout le long de la conception de ces inventions, comme dans la forge, comme pendant la création de l’Aasha.
Autrefois, ils avaient forgé une épée pour un grand roi, aujourd’hui je fabriquais une arme pour une grande cause.
C’etait une longue lance d’adamante, finement ouvragée. Impressionnant lanceur, sa puissance se cachait dans les dards qu’il lançait : des dards d’adamante harmonisés avec mon esprit afin que je puisse les guider.

Après des nuits sans sommeil, des dizaines de plans s’étalaient partout. Sans faire de tri, je les regroupais afin de les envoyer au Colonel.
Et puis je l’ai vu, là, sur mon bureau, cette photo que nous avions fait dans le jardin de Camlann pour nos 18 ans.

A Lord Neville de Gullis,
Commandant de la 1e compagnie de franctireurs de Pardhes.

Mon cher Neville,
c’est de par delà les ombres et la mort que je t’écris.
Je sais que la dernière fois que nous nous sommes vu, les choses ne se sont pas passées comme tu le pensais.
Comment te raconter la souffrance, la peur, la haine qui m’ont habité durant ces années qui ont suivi la mort de Lakshmi.
Je le sais mes sympathies politiques nous auraient conduit sur des chemins séparés. Pourtant aujourd’hui que Thétis menace de s’écrouler, que l’enfer noir s’étend partout, je t’écris. J’ai combattu à Escorial, à Torun. J’ai aidé un colonel de Villon.
Je pense que mon devoir est aussi de réfléchir à des solutions, je te les transmets.
Je n’ai ni dieu, ni maître mais je reste fidèle à mon idéal et à ce beau pays qu’est Camlann.
Si le besoin se fait sentir, je répondrais à l’appel.
Amitiés éternelles,
Ansgar
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeSam 28 Oct - 12:40

Journal d'Ansgar

automne 440 pas de date
Ce temps passé loin du Aasha m'oblige à penser les choses sous un angle différent, imprévu, moins évident. La connexion, malgré la distance, est toujours présente. Je sens le Aasha vivant mais je le perçois à travers des clés et des symboles que je n'avais pas perçu jusque là. Des clés invisibles.
Dans les cathédrales, je sais qu'il existe une symbolique cachée propre aux constructeurs. Cette symbolique, mêlée aux édifices du Phénix, pourrait laisser penser que cette mystique appartient au champ de la foi phénicienne et pourtant il n'en est rien. C'est bien à travers l'œuvre et son édification que la mystique des bâtisseurs se construit, une mystique de l'élévation de soi indépendante de la foi.
J'ai l'intuition de voir dans l'Aasha des balises comme dans les cathédrales et je me pose cette question : n'y aurait il pas dans les œuvres artefactrices magistrale un chemin secret vers l'invisible, un moyen de s'élever en combinant art magique et art mathématique ?  
J'ai toujours pensée l'artefaction comme une autre science de l'univers faisant la synthèse entre les forces étranges du cosmos, la force, l'ether, et les éléments plus naturels comme le feu ou les métaux. Je ne voulais pas la comparé à un art de l'imitation du  vivant car le vivant est le vivant et pourtant, il y a peut être un chemin, un parallèle à faire. Un jeu d'éléments à équilibrer à l'intérieur de soi, quelques transformations à effectuer... Et si l'artefaction n'était pas l'art de l'adaptation, qui nie votre identité, mais l'art de l'amélioration ? itération après itération. Au delà, de la prothèse, de la béquille, il y a l'invitation à vivre. Et ce chemin secret se retrouve dans les grandes machines émancipatrice comme dans les grandes machines d'oppression. Les machines sont des canevas que les fabricants tissent de leurs intentions. Celui qui regarde assez longtemps les engrenages d'une horloge peut deviner si l'horloger était consciencieux, appliqué, s'il voulait simplement donner l'heure ou un peu plus.
Il y a un chemin secret de l'Aasha, des balises spirituelles non religieuses pour permettre aux inventeurs de ne pas se perdre dans le dédale des rouages.

automne 440 pas de date
Je repense à Madame Simone et je ne peux m'empêcher de penser que les secrets portent en eux une part d'ombre trop importante pour être vraiment fiable. Il m'est venu une idée, il faudrait former un corps franc aussi agile que ceux que nous formions autrefois, reprenant la liberté d'action des unités de combat kleptomanciennes, avec beaucoup d'indépendance, capable de se fondre dans la masse et équipée de façon non conventionnelle. Le groupe de combat serait entrainé et envoyé très en avant des lignes de front avec l'objectif d'harceler les troupes de l'ennemi. la taille définitive du corps serait inconnue, divisé en groupe de combat de 20, lui même divisé en  3 main de 5 combattants et 1 main indépendante de 5 agents de renseignement. Il faudrait un equipement hétéroclite et non conventionnel : mécamobile, lance feu a répétition et peut être... je dois d'abord me renseigner mais...
Nous verrons. En tout cas si ce groupe franc pouvait se porter en parallèle des secrets, avec des objectifs précis, sans complot, pour fournir un renseignement chimiquement pur, nous ferions un grand pas en avant.

y sont ajouté quelques croquis pour des lancefeux à répétition, des mécamobiles franchisseuses d'obstacles, une liste des nationalités dans lesquels puiser et un mystérieux amas de feuilles concernant des salamandres cracheuses du grand désert accompagné de la note "domesticable ?" et "lien suffisant?"
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeLun 30 Oct - 17:41

I

En ce pluvieux matin d’automne 440, je traversais Smaug à toute allure au volant de ma mécamobile. Partout, des fumerolles témoignaient de la dure nuit que la ville avait eu à endurer pourtant, avec une régularité d’horlogerie, les habitants sortaient de leurs terriers pour relever ce qui pouvait l’être encore. Y avait-il déjà eu plus beau bras d’honneur fait par un peuple entier à son bureau ? Je fonçais dans les rues de Smaug direction l’amirauté et le bureau de Lioness. Ma présence stressait les plantons, les sergents, les officiers qui aux étages inférieurs préparaient la suite de la guerre. Je représentais tout ce qu’ils détestaient : incontrôlable et avec des idées.

- Monsieur…
- Commodore.

Le sergent de faction me regardait sans trop savoir si j’étais sérieux, cherchant mes galons du regard.

- Commodore Wyllt.
- Oh !

Il plongea sur son registre. Miracle, le nom était inscrit dessus, pas besoin de prendre de décision, il suffit de suivre ce que dit le registre. Il releva la tête et m’offrit un large sourire.

- Le premier Lord vous attend.

Le bureau était empli d’une fumée dense et grise. Lioness ressemblait à un dragon endormi au fond de sa caverne.

- ah Wyllt ! Prenez donc la carafe derrière vous !

Les lunettes qu’il portait au bout de son nez lui donnaient un air de vieux mage malicieux. Il faisait tout pour se donner un air désinvolte mais il ne fallait pas s’y tromper, cet homme était un bourreau de travail.

- Alors que me vaut le plaisir de votre visite ? Vous avez pris goût au whisky au de gamme ? l’avez vous seulement perdu ? Je ne vous ai pas reconnu la dernière fois… votre père et moi nous… nous nous connaissions bien. D'ailleurs, Dansani est revenu avec quelques-uns de ses plans. C’est vous qu’il faut remercier j’imagine…
- Chacun fait sa part. dis-je pour le stopper net. Je ne cherche ni les honneurs, ni les décorations.
- Un saint Homme. dit il narquois
- Pardon ?
- Je dis que vous avez tout du saint homme, à qui ne serait pas attentif, vous auriez l’air d’agir de façon désintéressé. ajouta t’il avec malice
- Ce n’est pas le cas.
- Évidemment, dit-il sèchement. Alors ?
- Alors je porte un combat et j’entends continuer à le mener.
- Le mener… pour Camlann.

Cette phrase était une demande de confirmation de l’alliance que je lui avais proposé.

- S’il le faut. dis je
- S’il le faut ? s’exclama t’il en sursautant
- Oui. Magnus m’a déjà proposé de rejoindre son secret.
- et vous avez dit non ?
- en effet. Il est trop conservateur pour moi. Villon est avec lui, c’est vrai. Mais l’armistice n’était pas signé que déjà il réclamait la couronne. Je me méfie de ce genre de tempérament. J’ai de la sympathie pour lui mais…
- Je vois. Moi, je ne vous fait pas cet effet alors ? dit-il amusé

Il guettait ma réponse comme un lion son steak d’antilope.

- Non. D’abord le roi peut vous congédier n’importe quand. Vous avez dejà prouvé que vous saviez vous racheter de vos fautes et puis…
- et puis ?
- Je ne veux pas vous offenser mais vous êtes là parce que personne ne voulait du bâton merdeux et que vu votre âge, vous n’avez rien à perdre.

Il s’esclaffa.
- la diplomatie ce n’est pas votre fort !
- Navré, j’ai peut être oublié mes bonnes manières.
- A qui veut y croire…

Cette petite moue de malice ne le quittait jamais et ce n’était pas l’humour du désespoir. C’était autre chose, comme la certitude que nous allions survivre à tout ça.

- Bon… que vouliez-vous commodore ?
- J’ai besoin d’un ordre de réquisition.
- ah oui… ce secret chimiquement pur…
- Je sais que dame Absinthe vous a déjà trahi.
- Je le sais aussi.
- Je vous propose de les prendre tous de vitesse.
- comment ?
- en jouant un jeu qu’ils ne connaissent pas.

Je lui exposais mon projet. Dans un premier temps nous allions former 60 hommes. J’allais récupérer tous les voyous, les fortes têtes, les bagarreurs de tout genre, tous ceux que les ordres dégoutaient et j’allais les employer à des tâches qui leur conviendraient mieux. J’allais aussi récupérer toutes ces personnes qui voulaient continuer le combat sans pouvoir le faire parce que refusé par leurs gouvernements d’exils. Sur ces 60 soldats, 40 serviront derrière les lignes ennemis, 10 pour la formation.

- et les 10 autres ?
- déployés en zone occupée.
- Vous allez marcher sur les plates bandes de mes généraux… Et sur celle de votre ami Magnus sans doute…
- sans doute
- ils vont vous détester pour ça…
- peut être.
- ça ne vous émeut pas.
- J’ai l’habitude de nager contre le courant.
- bon. Un nom d’unité ?
- Le Lion’s Rogue... mais laissez un blanc.

il me regarda l'œil pétillant, il tira sur son cigare, chaussa ses lunettes et m’indiqua qu’il était temps de partir d’un geste de la main.

Capitaine Ansgar Wyllt Polotn10
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeLun 30 Oct - 19:10

II

Pour garder son indépendance, il ne fallait apparaître nulle part sur les registres officiels, ne pas attirer l’attention, être une unité fantôme. Forcément, une telle approche avait un impact et depuis plusieurs jours j’occupais mes journées à un rébarbatif travail de bureau quand, un matin, quelqu’un frappa à la porte. Derrière se tenait, droit comme un i, le colonel Neville Wavell, tout en uniforme et en médaille.

- Neville ?
- salut Ansg…
- Qu’est ce que tu…
- Je peux ?

J’étais tellement surpris qu’il me fallut plusieurs secondes avant de comprendre qu’il voulait rentrer.

- bien sûr…

J’ouvrais la porte en grand.
Je m’étais installé au château, il était grand, vide, loin de tout, c’était ce qu’il me fallait. Mais il fallait dire la vérité, l’endroit avait perdu de sa superbe après ces années sans occupation. Je m’étais installé un petit coin confortable dans la grande salle et j’y amenais Neville.

- thé ou brandy ?
- et pourquoi pas les deux ? me dit-il avec un petit sourire triste.

Quelques feuilles jetées à la va vite dans une théière et je sortais une des bouteilles de cherry tant appréciées de mon père.

- A quoi trinque t-on ? dis-je une fois les verres versés.
- A Smaug ?
- A Smaug !

J’ingurgitais le verre de brandy. Le vieux s’y connaissait en alcool…

- J’avais oublié comme la cave de ton père était bonne, lâcha Neville, nostalgique.

la théière se mit à siffler, je me levais pour la retirer du feu et nous servir.

- Tu n’es pas avec ton unité Nev ? Les derniers temps ont dû être durs…
- Je n’ai plus d’unité Ansg. Plus depuis Salpêtre…
- Oh merde ! Je l’ignorais…

Je déposais devant lui une tasse de thé bouillant que j’allongeais d’une immense rasade de brandy.
Son unité avait été parmi les dernières à évacuer. Ils s’étaient battu vaillamment au coté des villonnais mais au moment de partir, ils n’étaient plus qu’une poignée.

- C’est dégueulasse ce qu’il s’est passé là-bas, dit-il plein de colère. Ils m’ont filé une médaille, quelques rubans de plus pour l’élever au rang de colonel mais je veux me battre. Alors quand j’ai su que tu étais dans les parages, je me suis dis que tu aurais peut être quelque chose pour moi.
- Pourquoi ?

Je voyais dans ses grands yeux bleus l’incompréhension et une rage mal dissimulée.

- Pourquoi t’as pensé que j’aurai quelque chose pour toi ? Je crois que ce que je fais d’habitude est connu maintenant… Tu n’es pas un pirate que je sache.
- J’ai besoin d’une raison de vivre Ansg.
- Ta femme ? Ta fille ?
- Ansg, tu sais comme moi que ma vie n’est pas là-bas. Je sais que c’est laid de dire ça mais, ma place, c’est au feu et pas ailleurs.

Mon vieux copain semblait au bout du rouleau. Il regardait le feu brûler dans l'âtre avec une telle intensité… Et soudain un souvenir me revint. Villon. Il était venu me voir sur mon lit d'hôpital, sans trop savoir ce qu’il y trouverait. Je l’avais chassé férocement mais, cette main qu’il m’avait tendu à l’époque trouvait un écho aujourd’hui. Cette unité pourrait devenir la première unité de l’invisible, des hommes et des femmes guidés par une soif de liberté, un besoin d’agir pour les autres, de faire autrement, sans excès, sans confort, presque comme des moines soldats, comme des kleptomanciens.

- si je comprends bien, tu es libre de tout seigneur ?
- ouais…
- Alors bienvenue chez les Lion’s Rogues.

Je lui exposais mon projet en détail.

- Une main combattante sera composée de 5 personnes : un mage, un médecin, un saboteur, un dresseur et un guide. Pas besoin d’être un maître en artefaction pour utiliser ou recharger les appareils et cela rendra chaque groupe différent. Ce qui tue les armées c’est la prédictibilité, là, impossible de prédire l’usage magique de chaque groupe. Le médecin et le saboteur sont indispensables. Même si cette guerre est une guerre de magicien, il ne faut pas tout miser sur la magie, il faut l’utiliser avec parcimonie. Un bon saboteur avec quelques grenades alchimiques fait parfois plus de ravage qu’un sorcier. Le dresseur, c’est indispensable vu la place que prennent les chars magiques et les cavales. Enfin un guide connaissant les langues et les usages des lieux ou nos gars seront déployés est indispensable.
- Et tu crois pouvoir former ces types à la guerre ?
- Qu’est ce qu’est plus dur, apprendre à flinguer un type ou fabriquer une grenade.
- D’accord… et qui va diriger tout ça ? Il te faut des types solides.
- je sais… mais je veux pas ponctionner mon équipage…

Nev posa sa main sur son menton.

- j’ai bien quelques noms... mais est ce qu'ils feront l’affaire…
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeJeu 2 Nov - 18:24

III


Nous étions partis tôt le matin suivant, direction une sorte de prison pour officiers récalcitrants.
Tout comme à l’époque de la guerre marionnettiste, les chevaliers du royaume n’étaient pas assez nombreux pour couvrir l’ensemble des besoins de l’armée du roi. Aujourd’hui, certains des seigneurs les plus prestigieux du royaume combattaient loin à Pardhes ou à Nuwa, il était donc demandé aux membres brillants de notre royaume de prendre le relais en comblant les trous entre les lords commandants et la troupe.
Etait-ce du flegme mal placé ? Toujours est-il que le royaume se permettait de faire la fine bouche.

- qu’est ce qu’on trouve là-bas ?
- un peu de tout… me dit Nev. Des gars aux sympathies mal placées, des fils de bonne famille qui ne veulent pas se battre, des officiers décorés qu’on ne peut pas complètement mettre en taule…

Un large portail, ouvert, perçait la muraille végétale constituée de sapins qui entourait le petit manoir. Une allée en graviers, bien entretenue, serpentait à travers le jardin jusqu’au parvis d’un joli petit manoir traditionnel de Camlann, tout en brique et en pierres claires. Ca et là, des types fumaient tranquillement, comme si la guerre n’avait pas lieu.
A peine la mecamobile coupée, un sergent bien gras dévala la volée de marche pour venir à notre rencontre.

- Sergent Wilburg, Sir !
- repos Sergent, pas de protocole. Je viens voir le Colonel Springfield.
- Suivez moi.

A peine quelques marches montées, des regards hostiles se tournèrent vers nous. Avec Nev, nous avions décidé de donner le change au moins le temps de lancer notre projet fou mais ici, comme à beaucoup d’endroits, les galons sont signes d’emmerdes.
Wilburg nous mena à un bureau au rez - de -chaussée.
Le Colonel Springfield était un vétéran de la guerre marionnettiste, ou il avait, comme beaucoup, héroïquement perdu ses deux jambes. Pour le remercier, l’armée du roi lui avait proposé un poste de directeur de prison militaire, ce qu’il avait accepté. Un élan masochiste peut-être ?
Bien assis derrière son bureau, le Colonel Springfield tirait sur une grosse pipe. Couperosé, le Colonel semblait profiter de la vie malgré ses deux jambes.

- ah entrez, entrez. On m’a prevenu de votre venue. Colonel de Gullis, Commodore Wyllt… asseyez vous. Gilbert, apportez nous 3 brandy, dit-il presque affectueusement au sergent. Un café peut-être ?

Nous lui fîmes signe que non. Gilbert disparu aussitot.

- Colonel de Gullis, le général m’a prévenu de votre passage. Il m’a dit que vous m'expliqueriez…
- Nous cherchons des officiers.
- Je ne sais pas si vous êtes au bon endroit messieurs… Ici, on a pas du premier choix… des laches, des bagarreurs, des menteurs… voire pire parfois.

Gilbert arriva sur la pointe des pieds un lourd plateau dans les bras. Un beau plateau d’argent et à en juger par la couleur du brandy, la boisson n’était pas mauvaise dans la maison.

- Je crains messieurs qu’on vous ait mal aiguillé… dit le Colonel en faisant claquer sa langue avant de boire d’une traite son brandy.
- En fait, nous venons voir deux hommes.
- Qui ça ?
- Lancelot Mayne et Perceval Lewes

Le colonel siffla.

- alors là messieurs… Si vous pouvez me débarrasser de ces deux là…
- ah oui ?
- Mayne est un emmerdeur de première, toujours à se battre.
- on sait pourquoi ?
- Il vient d’Eberron alors…
- et Lewes ?
- c’est autre chose… c’est un grison… alors forcément ici… ça passe mal.

Nev et moi nous étions installés dans une salle du deuxième étage. Il était temps de voir ce que ces types avaient dans le ventre.
Le premier à passer fut Mayne.

Façon à nous se trouvait un homme grand et massif d’ à peu près notre âge. Blond, la barbe longue, un nez cassé, en quart de brie et deux yeux noirs plein d’intelligence.
Son visage, couvert d'ecchymoses, semblait tailler à la hache.
Il portait un lourd pull de laine comme on en fait à Oberron et une casquette molle.

- votre identité s’il vous plaît.
- vous me voulez quoi ? dit-il en allumant une cigarette.

Il semblait inutile de tourner autour du pot avec lui.

- J’aimerais comprendre…
- quoi ?
- Vous êtes un lieutenant prometteur. Vous avez participé à la défense de salpêtre, mission à Pardhès avec la 11e phalange d’Alba. Vous êtes avocat, vous venez d’une bonne famille…
- c’est quoi votre nom déjà ?
- de Gullis
- non le sien
- Wyllt…
- ce nom… je le connais. Vous êtes le gars qui avait le chantier naval. On vous disait mort…
- faut croire que non…
- Bon. Dites moi ce que vous me voulez, qu’on en finisse.
- Nous cherchons des officiers pour des missions particulièrement périlleuses.
- là vous m'intéressez.
- Vous ne dependrez que de moi et moi uniquement du Lord Lyoness.
- durée des déploiements ?
- jusqu’à la victoire Lieutenant. Le premier lord se fiche pas mal de comment on s’y prendra, il veut juste du résultat.
- ok, comptez sur moi. lacha Lancelot.

Il était sur le point de sortir.

- c’est parce que je supporte de rester à rien faire pendant que des innocents crèvent la gueule ouverte.
- Pardon ?
- vous vous demandiez ce que je foutais là. Insubordination. Je supporte pas qu’on s’en prenne aux civils.
- C’est bien noté Lieutenant.

Il sortit sans même nous lancer un regard. Il y avait une grande force en lui, une sorte d’énergie primale qui ne demandait qu'à être libérée pour une juste cause.
Quelques minutes plus tard, on frappa à la porte.
Un homme se glissa entre les deux battants.
Perceval Lewes etait brun, de taille moyenne, de stature moyenne. Sa fine moustache lui donnait un air distingué mais passe partout de banquier. Pourtant, lorsqu’il entrait dans la pièce et qu’il posait son regard vert intense sur vous, vous étiez comme captivé.

- Lieutenant Lewes.
- C’est moi.

Autant Mayne en faisait beaucoup pour parler comme un voyou, autant Lewes était chirurgical dans ses propos.

- Vous étiez professeur d’alchimie à Oxenford ?
- c'est ça.
- Mais je vois ici aussi que vous êtes un mage gris…
- Je l’ai été.
- Plus maintenant ?
- Je n’approuve pas la politique de Nibel. J’étais à Bjorngrad lorsque Volond a accédé au pouvoir. S’allier à lui c’est renier tout ce qui faisait la force des écrits d’Eisen. Mais vous même, on vous dit proche de mages gris…
- Je suis kleptomancien, si c’est votre question.

Perceval souria d’un air entendu.

- alors pourquoi une telle visite ?
- Nous formons un groupe spécial chargé de lutter loin en arrière des lignes daseiniennes et en territoire occupé.
- vous pouvez compter sur moi…
- vous n’avez pas de question ?
- Si vous êtes la moitié de qui je pense que vous êtes, vous avez négocier avec Lyoness pour avoir les coudées franches. Et vous comptez sur nous pour vous seconder.
- Nous ?
- Vous avez dû voir Mayne aussi… C’est le seul qui mérite un peu d’attention ici.

Je regardais Neville avec un grand sourire. Il éclata de rire.

- quand est ce qu’on s’y met ? Dit Perceval en sortant une petite pipe fine de sa poche.
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeJeu 2 Nov - 20:43

IV

Les semaines qui suivirent se limiterent à trouver une centaine de personnes qui accepteraient d’endurer un entraînement terrible afin de partir se battre en infériorité numérique et sans soutien. Bref, aller à la mort avec le sourire.
Par chance, Camlann regorgeait de ce genre de personnes.
Après sa victoire contre Dasein, Camlann bouillonnait. C’était comme si l’esprit de Camlann avait pris conscience de sa puissance et qu’il inspirait chaque habitant.
Le flegme cédait comme une digue libérant des énergies qu’on ne soupçonnait pas. D’autres venaient d’Escorial, de Villon, de Torun, de Norge, ils avaient vu leurs rois déposer les armes quand eux ne rêvaient que de continuer la lutte.
Nous avions refusé les habitants de Dasein et de Dandolo.
Nous n’avions pas peur d’être infiltré, c’était hautement improbable compte tenu des personnes que nous choisissons, mais parce que le poids qui peserait sur l’agent, une fois déployé, serait parfaitement insoutenable. Aucun agent ne résiste longtemps quand on menace ses parents ou ses enfants.
De l'extérieur, notre équipe ne ressemblait pas à grand-chose.
Des réfractaires aux ordres, des gens à peine sortis de l’enfance cohabitaient avec des aventuriers au cuir tanné, en somme rien que des idéalistes et c’est bien de cela dont on avait besoin.
La guerre se fait entre soldats mais elle se gagne avec le concours de ceux qui vivent pour une cause, qui lutte pour une victoire qui a du sens et pas pour la victoire elle-même. Bientôt, ils seraient des frères unis dans l’invisible.
Bien sûr dans le lot certains partiraient. Ceux dont la nature est trop brutale, ceux que l’ombre a déjà un peu dévoré, ceux qui cherchent le crime et la violence seraient tranquillement écartés. Avec eux suivraient les tricheurs.
Comment ? Parce que nous allions déménager pendant 16 semaines à Cymru, au pied d’un massif montagneux battu par les vents, contraint chaque jour à des exercices qui mettraient le corps et l'âme à rude épreuve. Il fallait vraiment croire en cette cause pour s’infliger une telle torture volontairement.
Mais nous n’y étions pas.
Devant moi, dans la cour de Goibniu Hall, il y avait 100 personnes. Nous les avions recrutés en fonction de ce qu’ils faisaient avant la guerre, de leurs idées et de leurs idéaux. Le plus dur avait été de trouver une vingtaine de mages… disons que d'étudier la magie suffisait à ce stade de la formation. Devant nous il y avait 20 groupes de 5, 20 mains, plus ou moins comme je les avais imaginé.
Neville me regarda en levant les yeux au ciel. Le soldat en lui avait du mal à considérer ces gens sans uniformes comme des combattants.
Lancelot fumait une cigarette en ricanant.
Perceval regardait ce groupe avec l’amour paternel du vieil instituteur qui découvre sa nouvelle classe.

- Vous êtes là parce que vous voulez vous battre. Et ça tombe bien ! Vous voulez du sang, vous allez en avoir. Pour ceux que je n’ai pas eu la chance de rencontrer, je suis le capitaine Wyllt. Et voici le colonel de Gullis et les lieutenants Mayne et Lewes. Notre mission, faire de vous des guerriers en 4 mois. J’ai bien dit des guerriers. Pas des soldats. Les soldats ça marche au pas et ça pense pas. Les guerriers se battent corps et âme. Ici, pas de traitement de faveur, les relations de votre père n’ont plus de valeur. Ce qu’on va vous demander, on va aussi le faire. Avec vous. C’est clair ?

Silence dans la cour.

- Demain nous partons pour 16 semaines à Cymru. J’ai une mécamobile avec 4 places. Et nous sommes déjà 4, dis-je en nous montrant. Votre première mission, trouver de quoi faire le trajet, vous vêtir, manger, vous armer. Tous les moyens sont bons. Vous pouvez mentir, tricher, voler. Si vous vous faites prendre, vous serez éliminés. Si vous arrivez en retard, vous serez éliminés. Soyez inventifs et faites groupe.

Nos recrues tombaient des nues. D’emblée j’avais voulu insuffler l’esprit de la kleptomancie dans ce groupe. Nous allions former des types malins, qui pensent, pas des assassins. S’adapter aux contraintes pour en faire des forces, laisser parler son esprit, sa malice, son bagout, son audace… C’est comme ça qu'on triompherait des bouchers de Volond.

Le lendemain matin, la cour était pleine de caisses et de tonneaux. Sur des chariots s’entassaient couvertures, foin pour les paillasses et vêtements pour l’hiver. Un grand rouquin demi-géant transportait une charrette pleine de chaussures. Il y avait des caisses d’armes encore scellées. Quelques mecamobiles de l’armée du roi et des chariots de transports et enfin deux Hiboux grand duc, sellés et prêts à être montés. Chaque groupe avait ramené un petit quelque chose qu’il allait falloir mettre en commun dès à présent.

- Nous partons pour Cymru. Si certains hesitent encore à venir, ils peuvent encore rester. Ce ne sera pas honteux. Ce serait même faire preuve d’intelligence. Le programme que vous a préparé le Lieutenant Maynes va vous broyer. Personne ne reste ? Alors, en route.

C’est dans une joyeuse cohue que notre colonne s'élança dans la direction de Cymru.
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeLun 6 Nov - 21:08

V

La lourde porte de la nef s’ouvrait lentement en sifflant, laissant le vent rentrer dans le ventre creux de l’appareil.

- préparez-vous à sauter !

Le carillon du pilote de la nef tinta et prudemment mes gars s’avancèrent.

- Prêt ?

L’homme me regarda une lueur de panique dans les yeux mais il était trop tard pour reculer maintenant.
J’en étais à mon dixième saut et j’y avais pris goût! Vraiment!

- Au fait, un des sauteurs à son mantel déchargé… Je vous conseille d’être solidaire…

Je m'avançais sur le bord, un large sourire aux lèvres et me laissait tomber à la renverse en les regardant paniquer.
Ils savaient que ce saut était éliminatoire et que refuser de sauter, c'était retourner dans son unité.
Finalement, comme des pollens de pissenlits, ils s’élancèrent dans le vide formant rapidement une couronne. Chaque sauteur devait activer son mantel à tour de rôle. Aussitôt, un des sauteur prit peur et activa son mantel trop vite. Le reste du groupe activa son mantel à tour de rôles. Deux atterrirent bien loin de la cible.
Je me posais tranquillement.
Les trois derniers sauteurs arrivèrent en plein sur la cible.

- espèce de malade ! hurla Shylock.
Il arriva le doigt pointé vers moi, accusateur. Une clé, un croc-en-jambe et il était par terre.

- tu oublies à qui tu parles soldat… De quoi tu te plains ton mantel était chargé non ?
- J’aimerais pouvoir en dire autant, lacha Prévert agacée.

Je me retournais, agacé.
Un petit rien d’artefaction pour montrer que le mantel de Prévert était chargé.

- Vous pensez vraiment que je vous ferais sauter sans mantel chargé ? Mais vous devez apprendre à réagir. Mon but n’est pas de vous emmener à la mort, mon but c’est de vous ramener chez vous une fois la victoire obtenue. On vous épargne rien depuis deux mois mais c’est pour votre bien.

Les sauteurs arrivés trop loin avancaient la mine triste.

- Sautrel, tu as activé ton mantel trop vite, tu as été découpé par la DCA. La formation s'arrête là pour toi.Villa, Chopin, vous avez atterri sur l’ennemi et vous avez été torturé. Tout le réseau est tombé. La formation s’arrête là pour vous. Shylock, Prévert et Galoubier, vous êtes arrivé en plein sur la cible, bien joué. Allez tous vous changer, vous avez mérité votre permission de ce soir.

Je regardais ces braves soldats s’éloigner.
Des hommes, des femmes, de tout âge et de 8 nationalités nous avaient rejoints. Des artisans, des professeurs, des mages, des fermiers, des pêcheurs, des jeunes que l’aventure appelait, des vieux que l’aventure maintenait en vie.
Nous ne nous leur avions rien épargné. A nous non plus d’ailleurs et je dois bien l’avouer, même si je faisais en sorte de ne pas le montrer, le soir j’étais souvent courbaturé et épuisé. Course, passage d’obstacle, boue, corde, corde lisse, pont de cordes, corde à nœuds, bordel combien y avait-il de ces putains de cordes ! Nous passions nous journées à cavaler dans les rochers tranchants des montagnes de Cymru.
Parfois, un triste soleil froid perçait les lourds nuages gris qui nous versaient des litres de flotte sur la gueule chaque jour.
Nous avions mis en place un petit concours de tir. Chaque semaine, celui qui le gagnait avait le droit à une nuit au chaud. Le groupe s’était rudemment amélioré grâce à cette petite astuce. il y avait dans le groupe 4 ou 5 tireurs d’exception. La première place se partageait entre Crockett, un natif de Bourbon venu se battre pour Camlann et Roche, un aristocrate Villonais qui menait une vie d’aventurier à Pardhès.
L’effectif avait fondu à vue d'œil dans les premières semaines mais il avait fini par se fixer à une soixantaine de guerriers. Désormais leur volonté était trempée comme une lame et mieux encore, ils faisaient corps.
Nous avions commencé à sélectionner ceux qui partiraient en zone occupée. Ils seraient quinze, envoyés partout à Téthys pour organiser des réseaux de résistance. Bien sûr, l'accent était mis sur Villon pour le moment.
Le secret formait des hommes pour infiltrer Villon? Nous, nous avions fait le choix de prendre des villonnais ou des gens ayant vécu là-bas suffisamment pour passer inaperçus. Ici, la formation militaire comptait autant que les capacités de leader. Il fallait savoir gérer un réseau clandestin, déceler les menteurs et les tricheurs, faire de la logistique et parfois, quand c’était possible, faire le coup de feu.
Ces êtres étaient rares…
Les autres seraient déployés à Pardhès pour venir en soutien des combats qui avaient lieu à Aroun. Les armées de Camlann ne faisaient que reculer. Ils avaient cloué sur place les armées minables de Dandolo mais Dasein avait envoyé le général Percifal qui s’était avéré un ennemi redoutable.
Notre objectif serait de détruire les cavales aériennes de Dasein par des raids depuis le grand désert.
Lewes était parti depuis une semaine là-bas afin de préparer notre arrivée.

Je regardais ma montre, 19h.

La petite route serpentait jusqu’au village de Dowlais. La nuit, les fenetres étaient calfeutrées pour se premunir des bombardements. A vrai dire, depuis la bataille que nous avions mené, il était rare de voir une cavale ou une nef dans les parages mais les habitudes ont la vie dure à Camlann. Je roulais tranquillement jusqu’à l’auberge. Une fille attendait dehors. Je m’approchais d’elle. Elle était brune, avec de grands yeux expressifs. Légèrement dodue, elle s’habillait en selon les tendances de l’année passée. Pourtant, elle n’était pas vilaine, loin de là.

- Salut Capitaine.
- Salut Epona. Comment tu vas ?
- bien et vous ?
- Mal partout…
- Vous avez ma petite récompense?

Je lui tendis une bourse contenant une poignée de pièces qu’elle versa dans sa main avant de les compter.

- y a un petit plus …
- parce que c’est le dernier avant un moment.
- oh…
- le type s’appelle Shylock.

Elle hocha la tête. Seul l’argent comptait.

- et vous alors capitaine ?

Je lui souris, sans doute plus tristement que je ne le pensais car elle changea d’attitude. Je rentrais dans le pub où mes gars buvaient depuis déjà une heure.
En rentrant, je fus salué par une volée de cris.

- Capitaine, vous tombez bien ! Galoubier raconte un peu comment tu t’es enfuis de Villon.

Le silence tomba soudain sur l’assemblée.

- eh ben voilà, c’était l’hiver et j’avais prévu avec mon frère de nous enfuir. On savait que Magnus faisait poser des cavales dans un champ pas loin. Alors, avec mon frère on s’est dit qu’on irait voir quoi. Sauf que le soir prévu, mon frère était malade alors je suis parti tout seul. Dans le noir, j’avancais mais comme y avait des gros nuages je voyais pas grand chose. Et puis il faisait froid… la terre craquait sous mes pas. Je me dis “tant pis le général a besoin de toi !”.

hilarité dans la salle. Il faut dire qu’ici, tous les villonnais avaient été refusés par Magnus. Trop jeune, trop vieux, trop gris, trop civil… Ou pas assez pour Magnus.

- hey vos gueules ! Alors je me pointe dans le champ et là qu’est ce que je vois ? une dizaine de dasboches, le lance feu à la main. Je me dis, fais pas le con et là, faut que leur foutu clébard me renifle. Alors je me dis, pas de temps à perdre… je me mets à courir. Et là, crac ! je me fous la gueule dans un taillis. Je me relève mais un dasboche tire.

Galoubier lève sa chemise et montre un impact de lance feu dans l’abdomen.

- alors forcement sur le coup, je me fous la gueule par terre et puis je gueule quoi. Je roule jusqu’en bas du fossé. Et là je me dis, si je bouge, je suis mort. Je perds pas mal de sang et je sens que je suis en train de tourner de l’oeil. Je vois les torches qui eclairent le ciel. Et c’est le dernier truc que je vois. Je me reveille le matin dans le fossé. Je me traine en dehors et comme j’ai perdu du sang et que j’ai le poumon presque percé je respire pas bien. Du coup je rampe. Heureusement je connais le type qui a la ferme pas loin du champ.
- Bah… comment t’as survécu ? dit un type de l’assemblée.
- le froid ! A patauger dans le fossé toute la nuit, ça a gelé les blessures et ça m'a évité de me vider de mon sang ou que ça remplisse mes poumons.
- eh ben tu parles d’une chance de cocu… dit un autre
- parle pour toi ! dit Galoubier. Après, mon père a eu peur que je sois reconnu par les dasboches et je suis parti à Triskel en bateau et hop Camlann.

Le “Général” n’avait pas voulu de lui. Trop jeune. Il tentait de camoufler son âge avec ses moustaches. Les hommes âgés ont toujours peur des hommes jeunes, ils ont peur d’être dépassés, même lorsqu’ils ont beaucoup d’avance. Moi, j'espérais être dépassé, c’était le signe que j’avais aidé toutes ces personnes à exploiter leur plein potentiel, qu’ils avaient toutes les clés pour survivre à leur mission et qui sait conserver en eux cette graine de kleptomancie qui faisait l'âme de l’unité des Lion’s rogues.

Après l’histoire de Galoubier, le groupe se remit à faire la fête. L’air de rien je gardais un œil sur Shylock qui picolait sec depuis qu’une amie d’Epona avait mis la main dessus.
Notre mission était secrète, personne ne devait savoir ce que nous faisions ni ici, ni ailleurs.
Pour les gens de Dowlais, nous étions le 8e groupe naval d’Abertawe et nous attendions que notre prochain navire sorte du chantier.
Pour Epona nous étions de bons payeurs et cela suffisait pour qu’elle et ses filles se taisent.
Le but de toutes ces manigances était simple.
Certains des meilleurs soldats ne tiennent pas l’alcool ou ne savent pas dire non à une femme ou un homme qui leur plait.
Ce réseau souterrain ne pouvait pas être mis en danger pour des raisons si triviales.
On ne pouvait empêcher l’amour, y compris en tant de guerre. C’était même un élément à prendre en compte, surtout en s’entourant de jeunes personnes qui, ivres de ce roman d’aventure qu’ils vivaient, pourraient se retrouver à devoir choisir entre une amourette et leur devoir.
Inutile de vouloir tout contrôler, autant vouloir vider l'océan avec les mains… Mais avec un petit seau qui sait…

Je voyais Shylock petit à petit s’écrouler sur le bar. Il parlait encore et encore en essayant de peloter la jeune femme qui, de toute evidence, n’était pas tellement séduite.
Il était temps pour moi de sortir.
Mayne était dehors à fumer.

- ah ! Capitaine ! Tu viens prendre l’air…
- je crois que je vais rentrer… il fait un peu froid ici…
- Tu es plus habitué au soleil ?
- oui plutôt…
- c’est vrai ce qu’on dit ?
- qu’est ce qu’on dit ?
- la fortune, la vie à Purusha, la piraterie…
- Qu’est ce que ça changerait ?
- rien… je crois. Tu vois, moi aussi j’ai pas mal bougé… Bourbon, Imperium, les grandes îles après Beryl… et les types comme toi je les connais.
- Des types comme moi ?
- Des gars sans maison. Jamais chez eux nul part.
- Tu as un chez toi, Lance ?

il éclata de rire.

- pas plus que toi mon pote… pas plus que toi.
- quand tout ca, ca sera fini… tu feras quoi ?
- je sais pas. diplomate ?
- vraiment ? j’ai du mal à y croire !
- et toi ?

je lui sourit.

- n’importe… tant que je suis libre.

Il me regarda intensément. Nous étions dévorés par le même feu et j’avais l’impression que pour Lancelot, notre unité était devenue sa cause.
En si peu de temps nous nous étions beaucoup rapprochés, Nev, Lance, Percy et moi. Je n’étais que le commandant temporaire de cette unité qui ne serait sans doute que temporaire.
Nous devions faire nos preuves auprès du premier lord.

A ce moment là, la fille qui draguait Shylock sorti du pub. Elle me tendit une oreille magique.

- votre copain, il raconte n’importe quoi… si j’étais vous, j’irai le coucher il va pas tarder à dégobiller sur le bar, vla le genre…

Alors qu’elle s'éloignait nous fûmes pris d’un terrible fou rire. L’alcool n’y était pas pour rien.

Le temps de sortir Shylock du bar, de le coucher. Il était déjà tard dans la nuit quand je pus enfin écouter l’oreille magique. Le gars balançait tout. C’était fini pour lui.
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeMer 8 Nov - 23:33

VI

Nous y étions.
C'était la fin de cette longue et intense formation de quatre mois.
Les deux derniers mois avaient été consacrés à la formation aux spécialités et s'étaient conclus par l’ascension du Pen y Fan, le sommet le plus haut de la région.
Une marche de 64 km, chargé pour le combat, dans la pluie, le froid, la roche tranchante et par un dénivelé de 600 mètres. Cette ultime marche était le test définitif, celui qui ne craquait pas à ça ne craquerait jamais et c’est ce qu’il nous fallait.
Je dois dire que j’ai souffert pendant cette marche. Je commencais à accuser mon âge et les excès de tabac et de boisson de ces derniers mois n’arrangeaient rien pourtant, comme tous les autres, capitaine ou pas j’avais fait cette marche. L’objectif, mettre moins de 20 heures. Cette marche permettait de voir les chefs se distinguer, de faire naitre une amitié, une solidarité qui avait du sens. Ils n’avaient pas encore affronté le feu ensemble et pourtant ils étaient déjà des frères d’armes.
Il dégageait du groupe une humeur saine et agréable. La légèreté avait sa place pourtant ces hommes et ces femmes étaient conscients dans l’enjeux de leurs missions.
Nous étions là, sous un pale soleil, dans la cour de ce qui nous avait servi de cantonnement pendant ces mois.

- les efforts que vous avez fournis ces derniers mois me rendent fier. Je ne vous mentirais pas, on n'est jamais prêt pour le combat mais en tout cas vous y êtes préparés et bien préparés. A partir d’aujourd’hui le groupe va se scinder. Certains ne se reverront plus mais vous êtes liés à jamais parce que vous êtes les lion’s rogues. j'ose croire que nous formons aujourd'hui une compagnie, une fraternité. Une fraternité amené à s'agrandir mais vous êtes les premiers et ça, ça compte. Vous avez peut être senti ce souffle invisible qui a guidé nos pas ces derniers mois. En cas de doute, suivez le et ne succombez pas aux ténèbres. Nous ne sommes pas nos ennemis même si nous aussi nous nous battons. Il y a un temps pour l'honneur, il y a un temps pour les sales coups mais jamais, jamais, la fin ne justifie les moyens.

Des écharpes pourpres et des médailles arborant le symbole de la dague et du croissant furent distribuées aux 60 guerriers devant moi. La plupart portait le tabard de combat de Camlann mais une dizaine d’hommes et de femmes étaient habillés en civil. Ils seraient envoyés à Villon le soir même, deux par deux, avec l’objectif de créer des maquis et déstabiliser les armées de Dasein sur place. On leur garderait leur écharpe et leur médaille, le temps de leur mission… si jamais ils revenaient.
j’eu un pincement au coeur en les voyant ainsi, si décidés, si fiers. J’ai eu honte de moi à cet instant car, à cet instant, je devenais celui qui envoyait les autres mourir à sa place. Tout cet entraînement, intense, dur, ne rendait pas plus acceptable le destin funeste sur lequel ils s’engageaient. Mais c’était trop tard pour reculer.
Volond, ivre de rage de n’avoir pas pu envahir Camlann se retournait contre Eisen, c’etait le bon moment pour tenter de créer du trouble.
Le kleptomancien en moi vibrait comme à Escorial.

Le soir venu, toute la compagnie s’assembla pour saluer ces frères qui s'apprêtaient à se jeter au milieu des chiens. Tout le monde mesurait leur courage et le moment était solennel. Un peu trop même, c’était peut être un moyen de taire l'émotion qui nous saisissait tous.
On verifia les mots de passe, les bouches cryptées une dernière fois. Elles seraient le mince filin qui relierait nos amis à Dunsany qui, privé de bâtiment, s’était proposé pour faire le lien entre nos hommes et le premier Lord. Neville se chargerait de la formation des hommes ici. Lewes et Mayne irait se battre à Pardhes et moi, ma foi, j’essayerais d’être un peu partout à la fois.
Avant leur départ, je remis à ces jeunes gens des mini arbalètes d’adamante que j’avais soigneusement fabriqué depuis que j’avais eu l’idée de ce secret un peu différent. Pas de magie, juste des mécanismes sûrs pour leur permettre d’agir en toute discrétion. Il y en avait dix, toutes ouvragées et uniques.
Il était temps de se dire au revoir.

- j’ai confiance en vous. dis je un peu vainement

Puis ceux qui allaient à Triskel montèrent sur des hiboux et des chouettes sellés. Les autres rentrèrent dans des neufs nocturnes dont les coques étaient ornées de cristaux pour passer inaperçu dans le ciel étoilé, ils sauteraient avec leurs mantels de plumes direction Leda, Pantagruel et Benezet.
Dans un silence sépulcral, ils quittèrent le sol et disparurent.
Trois jours plus tard, nous  prenions l’Aasha, direction Noun ou nous attendait Percy Lewes, le général Percifal et le grand désert.
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeJeu 9 Nov - 13:45

VII

Dans le brouhaha de la mécamobile qui nous ramenait à notre camp, je repensais aux semaines qui venaient de s’écouler.

Nous étions arrivés à Aroun avec l’Aasha.
J’avais été heureux de retrouver l’équipage. Cela faisait déjà presque 7 ans que nous faisions la guerre, pourtant ils n’avaient pas perdu cette flamme kleptomancienne. D’ailleurs en les voyant manoeuvrer, je me rendais compte que les temps ou ils avaient besoin d’un capitaine étaient révolus. En autogestion complète, le navire fonctionnait parfaitement sans nous. Lorsque j’étais absent c’était Ram qui prenait le commandement et il s’en sortait vraiment très bien. Au fond, ce qui faisait la différence, toute la différence en fait, c’était que j’étais lié à ce vaisseau. Je l’avais conçu bien sûr mais la connexion était plus profonde. Ram qui était, malgré de farouches convictions kleptomanciennes, très pieux trouvait peut être une forme de connexion lui aussi avec ce vaisseau.
Le trajet avait été rapide et très discret. “nous avons cartographié de nouvelles routes sous-marines” m’avait dit Ram, un petit sourire, presque caché, sous son abondante moustache.
En arrivant à Aroun, je me sentais fier et libéré. Quel équipage ! “Quand vous souhaiterez reprendre la mer, nous serons là Capitaine”, furent les derniers mots de Ram avant de fermer l’écoutille.
Il avait prononcé ce terme “capitaine” avec affection. Je comprenais que sur l’Aasha comme avec les rogues, ce grade de capitaine était devenu un surnom.

Iskander était une ville étonnante.
Elle avait avalé puis digéré l’influence camlannaise comme elle l’avait fait de toutes les autres cultures par le passé. On pouvait repeindre les murs, raser un quartier et y bâtir un palais à la dernière mode, la ville semblait toujours comme sortie du passé, comme tiré d’un livre de contes. Véritable bazar à ciel ouvert, on pouvait y trouver à peu près tout : armes de contrebande, cartes aux trésors enfouis et même du vin de Bruegel. Tout n’était pas parfaitement authentique mais à la guerre comme à la guerre.
La guerre, justement, troublait à peine la vie des Iskenderotes.
C’était trop bruyant, trop brutal, ici tout était feutré et capiteux mais une guerre, secrète cette fois, avait bien lieu. Son champ de bataille, les auberges chics et les tavernes huppées de la ville. Ses armes, les informations et quelques fois le poison.
Avec nos mines patibulaires et nos tabards de combat, nous débarquions comme des chiens dans un jeu de quille.
Heureusement, il existait une autre Iskander faite de faux culs-de-jatte et de vrais devins, de cryptes et de canaux secrets, de dieux oubliés et de savoirs interdits.
Dans leur lutte contre l’imperialisme camlannais, des mages gris, qui avaient eu besoin de mes services, m’avaient initié aux secrets de la Iskander secrète et c’’était là-bas, au café Alsiri, que je devais retrouver Percy.

Je le retrouvais fumant sa pipe d’écume tout en contemplant le ciel. Il avait bonne mine et le chaud soleil de Noun ne semblait pas abimer son teint typiquement camlannais.

- alors, combien ? dit-il en me sentant arriver.
- 60 mais 10 sont déjà en fleurs.
- pas mal. ça fait 1 sur 3… j’ai perdu mon pari avec Mayne
- ton pari ?
- j’avais parié avec lui qu’on serait à moins d’un sur deux.
- et lui il avait parié quoi ?
- un sur trois… d’après lui tu sais choisir les gens.

Il eut un petit rire contenu, comme s’il avait eu peur de déranger. Un homme dodu déposa une grande théière fumante devant nous.

- honnêtement, j’ai l’impression d’avoir envoyé 10 personnes à la mort.
- C'est sans doute le cas. Mais si par leur action ils parviennent à rendre la vie dure à Volond, ça vaut le coup non ?
- Peut être…
- écoute, Villon va devenir un vrai gruyère avec ce qu’il se passe à l’est. Si on s’y prend bien, nos petits gars, on pourra les faire revenir à Smaug de temps en temps.
- Tu as raison. Je vais demander à Dunsany de s’en occuper.
- Dunsany ?
- Oui… moi tu sais, rester coller aux basques du vieux… très peu pour moi, je suis fait pour l’action; Et puis de toute façon avec mon passé…
- c’est un bon choix.
- et de ton côté ?
- ici, ils sont perdus. Ça discute de nommer le général Galahad field commander… Mais pour le moment c’est encore Wavell qui commande et autant te dire qu'il n'a pas très bien accueilli notre venue.
- même avec le papelard du premier lord ?
- ça a même plutôt envenimé les choses…
- alors ?
- Alors, je n’ai pas rien fait, rassure toi.

Pendant ses premières semaines, Percy avait observé les grands entrepôts militaires d’Iskander, leurs stocks, les tours de garde. Il avait notamment repéré dans un entrepôt des mecamobiles d’apparat destinés aux hauts gradés pendant leur tour d’inspection dans le désert. Ces véhicules très solides et bien adaptés au désert seraient bien utiles. Il avait aussi identifié des stocks d’armes, notamment des lancefoudres à répétition qui étaient arrivés par nef quelques temps auparavant. Il avait aussi pris contact avec d’autres gris d’Iskander et il s’était arrangé pour acheter aux populations de chasseurs du désert des grands fennecs, des addax, quelques guépards et même un grand varan. Il en avait profité pour répertorier des routes empruntées uniquement par les locaux ainsi qu’un certain nombres de forts et d’oasis pouvant nous servir de bases arrière. Mais ce dont il était le plus fier c’était “la machine infernale Lewes”.

- C’est un explosif au terne. Elle vient se coller sur les nefs et sur les harnachements des cavales aériennes.

Il souriait comme un enfant qui vient de mettre au point une nouvelle bêtise.

Il ne fallut que quelques jours pour dépouiller les hangars militaires de Wavell. Il avait entassé comme un écureuil les ressources dont on avait besoin pour se battre aujourd’hui. Merci à lui et tant mieux pour nous.

Bientôt, nous filions vers le désert.

Notre équipage était étonnant, bigarré mais redoutable. Nous avions l’air de pirates des sables ce qui n’était pas pour me déplaire.
Nous avions repeint les mecamobile en rose pour qu’elles se fondent mieux dans les couleurs du désert et nous avions monté sur chacune d’elles un crachefoudre à répétition à l’arrière et deux lancefeu jumelés à l'avant. Les monteurs de grands fennecs se postaient à l’avant, un dresseur et un tireur. Les Addax, qui pouvaient supporter facilement trois passagers, étaient équipés aussi de crachefoudres. L'énorme varan servait essentiellement de moyen de transport mais il avait pu accueillir aussi ce qui restait d’armes ce qui s'avérait plutôt pratique lorsque nous nous déplaçions en convoi. Nous avions troqué nos tabards de combat pour des tenues plus adaptées au désert et ne restait que les écharpes pourpres qui rapidement perdirent de leur couleur pour se teinter de la poussière du désert.
Le grand désert, qui commençait à Noun, était étonnant. D’un blanc pur et infini, il était parfaitement plat et pourtant un peu partout se dressaient de petit monticules. On avait l’impression qu’un fou méthodique s’était amusé à entasser de la poussière à intervalle régulier. Mais pas de folie là dedans, juste le vent qui soufflait en permanence.
Très vite, il apparut évident que nos séjours dans le désert ne pourraient pas s’éterniser, ce genre de climat, mêlé au vent et au manque d’eau… la peau finit par faire des ulcères assez désagréables.
Pour le moment nous fonçions vers notre premier camp, un ancien fort villonais oublié de tous.
Nous étions exaltés, excités par ce que nous entreprenions. L’aventure, la camaraderie, la liberté, tout ça valait toutes les armures.

- les daseiniens ne viennent pas ici. m’avait dit Percy
- Pourquoi ?
- Parce que les chars magiques et les juggernauts s’enlisent dans le sable. C’est pour ça qu'ils se limitent au nord du désert.
- et les cavales aériennes ?
- Elles ne viennent pas non plus… faudrait être fou pour venir se perdre dans ce désert.

Tout le monde éclata d’un grand rire dans la mécamobile.
Finalement, les murs délabrés du fort émergèrent d’un renfoncement, cet endroit serait notre maison pour les mois à venir.
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeVen 10 Nov - 15:43

VIII

Notre première mission était un échec.
Nous étions parti à la nuit tombée avec pour objectif trois volières de Dasein installées en bordure de désert. Ces volières pilonnaient nos troupes depuis des semaines. Il aurait fallu de l’artillerie ou des cavales aériennes mais tout avait été réquisitionné pour défendre Camlann. Nous avions vu, Percy, Lance et moi l’occasion de briller et de montrer notre efficacité au premier lord mais aussi à tout l’état-major qui nous refusait toujours vivres et matériel.
Le plan était simple : faire la route de nuit, s’infiltrer dans le camp et piéger les volières et les nefs avec les charges Lewes. Ce devait être un raid express mais tout a tourné au fiasco.
Nous avions partagé le groupe en 3, je prenais la tête du premier groupe, Lance et Percy, les 2e et 3e groupes. De mon côté, les mecamobiles crevaient si souvent que nous sommes arrivés à court de roues de rechange avant d’arriver sur l’objectif. Percy parvient jusqu’à son objectif mais les bombes n’explosèrent pas.Lance arriva sur son objectif aussi mais ils ne trouvèrent qu’une volière vide, les cavales et les nefs n’étaient pas là. Le groupe était sur le point de rebrousser chemin lorsqu’une sentinelle aperçut le convoi et tira dans sa direction blessant gravement un homme. De colère et de frustration, le reste du groupe surina la sentinelle et alla se venger sur les soldats au sol qui se saoulaient à la bière.
Bilan de la soirée : 3 mecamobiles inutilisables, des bombes qui ne marchaient pas et un massacre sinistre.
Je regardais les hommes du deuxième groupe avec déception.
Lance vint me voir sous la tente.

- qu’est ce qui t’arrives ? lacha Lance, vindicatif.
- quoi ? dis je en me retournant pour constater que Lance était vraiment très très proche.
- ce petit cinema là… On est venu faire la guerre !
- Faire la guerre ce n’est pas se comporter comme un assassin Lance. Fais un effort, même toi tu es capable de comprendre ou est le problème…
- je croyais qu’on utilisait tous les moyens.
- Tout les moyens ca ne veut pas dire devenir un assassin !

Nous étions très proches, vraiment très proches. La tension était palpable, l’air électrique.

- si tu as un probleme avec ma façon de faire… dis le.
- Eh ben je te le dis ! Tu t’es comporté comme une brute. Tu as été mauvais. Un mauvais guerrier et pire encore un mauvais officier.
- Pauvre con, ca te va bien de nous faire des leçons de morale.
- ça veut dire quoi ?
- ça veut dire que malgré tes belles paroles et tes grandes promesses, dès que t’es pas à l’aise tu redeviens le petit fils à papa qui veut tout contrôler.

C'était trop ! je lui foutais mon poing sur la gueule. Et lui sans hésité faisait de même. Devant des hommes effarés, la discussion virait à la distribution de bourre pifs. Percy arriva aussitôt et nous sépara.

- Tenez vous bordel. Vous trouvez que c’est une belle image que vous donnez ? dit-il avec une rage contenue.

C’est vrai que c’était grotesque mais Lance avait sans doute mis le doigt sur quelque chose de vrai. Ceci dit, ca n’excusait en rien ce qu’ils avaient fait.
Frustré et en colère, je retournais sous ma tente. La bouche magique s’activa soudain. C'était Neville qui donnait des nouvelles.

Salut Rogue, ici Tower.
comme promis je viens te donner des nouvelles. Ce canal est parfaitement crypté. On le doit à Trident qui est copain comme cochon avec les torunski que tu as ramené paraît-il. Ils ont bossé comme des acharnés sur les procédés de cryptages des bouches et on est les premiers à en profiter. Bref, Trident d’abord, il joue à plein le rôle du vieil amiral sans navire. Il rôde dans les couloirs, laisse traîner ses oreilles et utilise son absence d’affectation comme prétexte pour rencontrer Lion tous les jours. Je suis retourné piocher dans nos anciens candidats pour lui fournir des assistants. J’ai choisi Aramis, Banshee et Lech pour le moment. Aramis est presque aveugle sans ses lunettes mais c’est un bon politicien, il sera parfait pour gérer les relations entre les groupes. Banshee a un sens inné de l’organisation et de l’analyse. Enfin Lech fera l’intendance. J’ai pensé à Tinker et Tailor pour gérer les allées et venues et assister Trident quand nécessaire. Ils font un peu de contre-espionnage aussi. Pas besoin d’être des surhommes pour ça, faut juste avoir du flair. En tout cas, comme tu peux le voir, notre intelligence est complète et pleinement fonctionnelle.
Du reste, Portos, Lutin, Drac et Loup ont transmis leurs premiers renseignements et d’après Trident, Lion était ravi.
De mon côté, un nouveau groupe est arrivé mais ils ne sont déjà plus que 30. Notre première prise aurait-elle été miraculeuse ? Je ne l’espère pas mais mieux vaut favoriser la qualité que la quantité. Une vingtaine d’opérationnels, qu’ils soient terrain ou EM c’est déjà bien.
Comme tu me l’as demandé, j'ai missionné Tinker d’organiser des roulements. Ça se met en place tranquillement.
Au registre des mauvaises nouvelles, nous n’avons pas de nouvelles de Faramine ni de Cocatrix. La répression de Dasein est rude là-bas.
Tower, terminé.


Son message était encourageant et apaisa ma colère. Au fond, Lance avait raison. Mais ce qu’il avait n’était pas bien, il fallait en parler mais pas comme je l’avais fait.


- bon les gars… venez par là. Il faut qu’on discute. Qu’est ce que vous pensez de ce qu’il s’est passé hier ?
- bah… on en pense rien Captain… dit un des soldats.
- vous en pensez forcement quelque chose…
- vous aviez besoin de vous expliquer avec Lance quoi…
- c’est tout ?

Le silence. J’avais l’impression d’être en train de donner classe.

- ecoutez les gars, les grades, ca reste à Camlann. Vous êtes des guerriers, tout le monde à le droit de parler. Alors si vous avez quelque chose à dire, dites le.
- suis assez d’accord avec toi Captain… Massacré des types en train de boire leur bière.
- Ils ont blessé Tommy ! Ils l’ont pas volé.
- même. Ca se fait pas ce que vous avez fait. On est pas des putains de legionnaires noirs.
- et qu’est ce qu’on doit faire alors ? s’excuser ?
- ptet

Les hommes parlèrent pendant de longues heures pour convenir de ce qu’il fallait faire sans que ni Lance, ni Percy, ni moi n’interviennent.
A la fin de la discussion, il fut reconnu que le groupe 2 avait mal agit. Il serait de corvée de litière pour le mois. Pour mon manque de courtoisie envers Lance, je fus condamné à le dédommager.

- la tente ou le brandy ? lui dis-je.

Il me fit un grand sourire. Je lui remettais ma dernière bouteille de brandy. Et plus jamais on entendit parler de cet événement. Mieux encore, la discussion continua pour savoir comment on pouvait régler les problèmes de cette première mission. Percy et les alchimistes du groupe, changèrent la recette de la bombe, cette fois elle était fiable. De mon côté, avec les mages, je décidais de m’occuper des problèmes de roues des mecamobiles.

- des idées les gars ?
- on pourrait faire des roues pleines ? ca sera un peu tape cul mais ca sera solide et c’est économique niveau magie.
- ok, d’autres idées ?
- ca serait pas très dur de lui faire pousser des pattes en transmutant les roues…
- des pattes ?
- ouais comme un scorpion. C’est rapide et là, plus de risques de crever.
- Mais quel boucan
- pas forcément… si tu les termines par des griffes.

les idées fusèrent mais il était impossible de trancher.

- on a qu’a faire une compet…
- c’est a dire ?
- bah je sais pas… d’après toi Coop, il faut combien de personne pour faire tes roues ?
- moi tout seul.
- et pour les pattes de scorpion ?
- à deux ca passe…
- bah faisons une course, on demonte les roues et celui qui parvient à modifier les roues et qui arrivent le premier à l’oasis a gagné ?

C’était la meilleure idée possible.
On posa les mecamobiles sur des cales et le top fut donné.
Coop répara ses roues avec très peu de magie et il parti rapidement. De son coté, Mac eu plus de difficultés à concevoir ses pattes et c’est vidé de magie qu’il prit la route à la suite de Coop.
Il avançait très vite sur le sol pierreux du désert.
Les pattes, allongées à l’horizontale, évitait à la voiture d’être juchée trop haut.
Elles fonctionnaient comme des rames de kayak : quand les deux pattes d’un coté étaient vers l’avant, les pattes du côté opposé se tournaient vers l’arrière ce qui assurait à la mécamobile une stabilité impressionnante.
Ceci dit, elle faisait un sacré boucan dans ce désert et le mouvement des pattes fini par coller le mal de mer à un des équipiers de Mac.
Bientôt, il rattrapa Coop.
Les deux mecamobiles entraient dans une zone vraiment dangereuse ou les pierres étaient comme des lames. C'était le vrai baptême du feu pour les deux solutions.
Rapidement Coop s’engagea, la mecamobile prenait tous les chocs, les pierres tranchantes se plantaient dans les roues pleines.
De son coté, Mac, juché sur ses pattes de scorpion se fichait pas mal des pierres, les griffes les faisant éclater lorsqu’elles se posaient dessus.
Les deux véhicules étaient au coude à coude.
Soudain l’une des roues de Coop se déchira et il dû la consolider en même temps qu’il pilotait. Au même moment, un pierre de basalt recalcitrante roula sous les griffes de la meca de Mac qui, déséquilibrée, se mit à faire des embardés.
Une des pattes arrière reçut tout le poids de la meca. Il y eut un grincement terrible, la patte était tordue.
c’est finalement Coop qui arriva, de très peu, le premier.
Les mecamobiles reçurent donc des roues pleines.
‘“Pour le moment” précisa Mac qui estimait que ses pattes de scorpion pouvaient vraiment être silencieuses, plus solides et sans mal de mer.
Pour le moment, la sobriété restait le maître mot.

De son coté, Lance s’était lancé dans le dressage de faucons. Il n’avait pas digéré de se retrouver dans une volière vide. Ces faucons nous fourniraient des informations de première fraîcheur.
Après quelques jours à travailler dur, la bonne humeur était revenue.


Le journal était formel, l’aviation de Dasein avait pilonné nos troupes en bordure de Noun et la nomination du général qui inverserait la tendance traînait. Pour nous, c’était un signe évident : Notre moment était venu.

La colonne se mit en marche vers midi.
Nos visages arboraient d’immenses sourires.
Gonflés d’audace, d’envie de bien faire, investis d’une mission qui nous dépassait largement, nous traversions le désert comme l’avait fait autrefois le Capitaine Lawrence. A Camlann, on aimait ces figures de chevalier venu de nul part pour sauver la mise du roi in extremis. Sur nos cavales, on se sentait comme des chevaliers légendaires. Et puis, le désert est grisant, il est l’expression de la liberté, il est comme le canevas vierge qui attend qu’on y brode sa propre ligne, sa propre histoire. Le désert, c’est comme l'océan, on s’y sent libre. Nous étions une bande de voyous magnifiques portés par une mission, rendre la vie impossible aux cavales de Dasein. La peur, l’envie de sang, de vengeance, tout ça était resté à Camlann. Ici, il n’y avait qu’une envie, je dois l’avouer aujourd’hui, un peu enfantine, de créer du trouble.
Nous avions trois objectifs : Une grande volière, d’immenses granges de stockage et un dépôt d’armes.
Je m’occuperais de la volière, Percy des granges et Lance du dépôt d’armes.
Chaque homme avait reçu deux orbes Lewes, de quoi faire de beaux dégats.
Un peu avant la nuit, la colonne s’arreta.
On prit le temps de manger ensemble, de rire, on savait au fond de nous qu’on serait peut etre moins nombreux quand le soleil repointerait son nez.
Cette nuit qui tombait, ce repas, ce désert, l’espace d’un instant on aurait pu être nadiréens. Avec nos barbes, nos turbans, nos lunettes, on en avait l’air. A quoi ça tient parfois.
Ce moment fut un moment de partage intense, de camaraderie, à ce moment-là nous nous sentions plus que vivant.
Puis il a fallu reprendre la route.

Les meca avec leurs nouvelles roues traversaient ce désert sans mal et on progressait vite. Finalement, un peu avant minuit, la volière était face à nous.

- alors ?
- ils sont beaucoup plus nombreux que prévu, me dit Vasquez.
- combien ?
- le triple je pense. On dirait qu’ils préparent un truc…
- ok, alors voila ce qu’on va faire. On s’infiltre comme prévu, mais vous mettez la meche courte. On retourne aux mecas et on fait deux passages entre les volières et on détruit tout ce qu’on peut. ca vous va ?

ils hochèrent tous la tête.
Alors discrètement, comme des serpents, nous nous sommes approchés du campement. En quelques coups de couteaux silencieux, les sentinelles étaient éliminées. Les charges furent déposées sur les nefs et les grandes caches qui abritaient les cavales sans que personne dans le camp ne se doute de rien et tout aussi discrètement nous fûmes de retour aux mecas.
Les premières explosions illuminèrent le ciel.
Le temps sembla ralentir.
A ce moment précis, toutes les souffrances de l'entraînement se concentraient en un point… avant d’exploser. L’esprit affûté réagissait en un instant. Ce n'était plus des réflexes, c'était comme un tunnel d’évidence. Ellis, le pilote écrasa la pedale d'accélérateur de la meca et on s’engagea, comme des djinn sorti du désert, sur la piste des volières.
Les crachefoudres à répétition hurlaient tout en déversant leur contenu alchimique. L’esprit était serein, sans colère, dans l’instant, avec un objectif: sauver nos potes sur le front et contribuer à la chute de Volond.
Les trois mecas traversèrent la piste avant de braquer pour faire un deuxième tour.
Des hommes en petite tenue sortaient de leurs baraquements pour comprendre ce qu’il se passait.
Dans un vrombissement terrible, les mecas se lancèrent dans un nouveau tour de piste, redoublant les dégats déjà infligés aux nefs, aux volières et aux stocks d’electrum.
Le ciel s’emplissait d’une lueur jaune teinté du mauve de l’electrum.
Nous nous appretions à quitter la piste lorsqu’un tir bien ajusté fit éclater une des roues de la dernier méca qui parti en tête à queue.

- t’arrête pas ! dis je à Ellis avant de sauter du véhicule en marche.

Je fis signe a la deuxième meca de continuer avant de remonter vers la troisième. Deux gars avaient été touché.

- répare la roue, je m’occupe d’eux.

Je remontais la piste avec ma lance d’adamante. J’étais comme porté par une énergie que je ne me connaissais pas. J’étais dans l’abandon, dans l’instant présent. A ce moment très précis, j’étais assez fort pour faire ce que je voulais faire, pour le faire noblement, sans haine, sans colère, sans arrière pensée, sans souvenirs pesant. J’étais au bon endroit, au bon moment, a faire la bonne chose.
J’ajustais mes tirs à la perfection.
Un type lanca une grenade, je tirais dedans aussitôt la faisant exploser et répandant son essence alchimique sur la piste.
Les tirs fusaient dans ma direction mais le temps semblait ralentir. Un poing feu dans chaque main, mon assaut ne baissait pas d’intensité.
Soudain, une nouvelle orbe alchimique roula à mes pieds.
Je ne sais pas pourquoi mais je savais qu’elle n’allait pas me tuer.
L’explosion me projeta en arrière.
Le silence tomba un instant sur la volière.
Rogues et dasboches se demandant ce qu’il se passait.
Quelques instants plus tard, j’étais debout et je courais vers la dernière meca tout en tirant sur les soldats de la volière qui n’en croyaient pas leurs yeux.
La meca fit une embardée et rejoignit les deux autres qui attendaient, armes prêtes, au cas où les défenseurs de la volière tenteraient une poursuite.
Mais il n’y eut pas de poursuite. Nous avons disparu dans la nuit, comme des démons du désert.
Au même moment, à l’horizon, le ciel prit la même teinte jaune et mauve. l’objectif de Lewes.
Notre point de rendez-vous se situait à plusieurs centaines de kilomètres en arrière dans le désert.
Le retour fut doux. La nuit était fraîche mais il fallait bien ça pour se remettre de nos émotions. Les deux gars blessés furent soignés, ils seraient hors combat quelque temps.

Le soleil se levait sur le point de rendez-vous. Lance attendait, un immense sourire aux lèvres.

- alors ? dis je en descendant de la meca
- carton plein mon pote. 10 cavales, et beaucoup, beaucoup d’armes alchimiques hors d’état. et toi ?

je souriais aussi

- 40 cavales et des nefs…
- ahah ! salaud !

On éclata de rire. Les gars étaient heureux de se retrouver. Les festivités étaient sur le point de commencer lorsque la colonne de Percy arriva.
Leurs mines étaient graves.
A leur retour, une cavale avait attaqué la colonne et Percy avait été touché mortellement. Il était mort sur le chemin.
Cette victoire c’etait surtout celle de Percy et il n’en profiterait pas.
La fête fut abrégée et chacun pensa à lui sur le chemin du retour.
Lance fut profondément touché par cette mort mais pas comme je m’y attendais. De la douceur était tombée sur lui. Il semblait endosser l’héritage de Percy à lui seul.
En arrivant au fort, on fit une fête. Une belle fête à la mémoire de notre copain. Et puis la bouche se mit en marche pour nous prévenir que des villonnais arriverait sous peu pour être formé.
La mauvaise nouvelle c’est qu’on me demandait de rentrer.

- c’est toi qui commande les rogues maintenant, dis je à Lance.
- Ils se commandent tous seuls heureusement.

Ce n’était pas un adieu, je savais que je serais bientôt de retour dans le désert.
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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeLun 13 Nov - 18:03

journal d'Ansgar

Quelque chose me dépasse.
Cette incompréhension est d'autant plus vive depuis que nous sommes à Mourom, en plein cœur du cauchemar eisenien.

J'utilise le mot de cauchemar à raison.
Le projet kleptomancien, sa déclinaison grise, offraient un horizon, une direction, une utopie réaliste qui ne demandait qu'à vivre.
Eisen s'est accaparé cette utopie que nous partagions et il l'a dévoyé, transformé dans un cauchemar ou la réalité elle-même plie devant la volonté d'un Dieu, fut-il tueur de Dieux.
Le rêve émancipateur peut-il se faire sur un grand soir, une révolution, sur un cauchemar de sang, de façon soustractive et non additive ? Non.
Il ne saurait non plus être le fruit de la volonté de quelques-uns. Imposer, c'est déjà diviser. Emanciper, c'est deviser.

Certains diront que cette utopie "vit" quelque part.
Une illusion, un rêve, un reflet, n'est pas la réalité.
Elle peut être une réalité, propre au rêveur, au spectateur qui peut finir par y croire.
On me dira alors : " Quelle importance ? Le reflet devient la réalité".
Le personnel n'est pas le collectif, la radicalité qu'exige ce projet me pousse à ce constat : si ce n'est accessible qu'à certains alors ce n'est pas la bonne route.

Que vaut l'émancipation si elle n'est accessible qu'à ceux qui ont suivi les bons couloirs, regardent les bons reflets, marchent dans les bonnes voies, obéissent aux bons ordres ?
L'émancipation doit être sans condition et c'est à ce prix seulement, qu'elle permet de s'extraire de la domination.
Sinon, on glisse vers une domination différente, faite d'étude, de connaissance, de sagesse et de renoncement.
N'était ce pas là une des théories défendues par un des grands mages de Solon ? La caste d'or ? Savoir que je ne sais pas, la sobriété tout en étant un grand maitre qui n'a pas à se soucier de comment il mangera car un disciple y pourvoira ?
Et si tout est question de volonté, alors celui qui ne fait pas l'effort intellectuel de remettre en cause sa propre condition, ne la mérite t-il pas un peu ?
L'ombre du dominant n'est jamais loin, qu'il soit riche d'or ou de savoir.
La ou il y a un dominant, il y a un dominé qui se contente des miettes.
Les miettes de magie, par exemple.

Mais au delà de ces réflexions, vraiment, je me demande quelle est cette étrange alchimie qui part d'une aspiration d'émancipation magnifique et absolue mais qui exige, pour pouvoir l'atteindre, de se jeter dans une machine infernale qui détruit l'individu.
Les gens suivent l'église phéniciée pour le Phénix et son message d'amour inconditionnel mais, pour accéder à ses mots, ils doivent passer par son église qui va se charger de détruire méthodiquement ce grand message émancipateur, s'infiltrer dans leurs mœurs et leurs habitudes et, détournement absolu, commettre les pires horreurs en son nom.

Pourquoi les messages de liberté sont souvent aussi mal compris ?
Est-ce une peur des êtres vivants ? Est ce que l'émancipation, la liberté, fait peur ? Est ce trop violent ? Trop dur à vivre ?
A plusieurs moments, cette possibilité nous a été offerte mais à chaque fois, elle nous a été escamotée et on nous a donné à la place un simulacre.
Un simulacre dans lequel le jugement, la vie privée, la limite, nous est imposée.
Or, jamais aucune église, jamais aucun temple, n'a servi d'intermédiaire entre les hommes et les dieux.
D'ailleurs personne, ni les dieux, ni les prêtres, ne souhaitent que ca soit le cas.
S'il suffisait d'une église, le grand prêtre n'aurait qu' aller voir son dieu et de lui dire "Dieu, veux tu que nous fassions la guerre pour toi ?" et le Dieu répondrait "oui" devant la foule des fidèles.
C'est bien ce que fait Eisen qui, en tant que dieu gris, peut exhorter son peuple à se battre pour lui.
Mais une trop grande proximité n'arrange ni les prêtres ni les dieux, parce que le peuple se fatigue vite.

On nous dit "pas trop d'amour, pas trop de vice, pas trop de vie".
comment serait il possible de trop vivre ? de trop aimer ? Serait-il possible de trop adorer la vie ?
Ceux qui réclament le besoin de contrôle sont des hypocrites car ils cachent, leurs propres désirs, ils servent un autre objectif.
A chaque contrôle, a chaque règle mais aussi à chaque règle enfreinte, à chaque châtiment, chaque prière, chaque intériorisation de la règle, il y a un hommage à une puissance.
De l'avidité vers le partage, de l'échange au don, de l'obligation au volontariat, de l'obéissance à la conscience, lorsque l'on vit émancipé de la domination, simplement, librement, volontairement tout devient hommage invisible.
Si nous sommes tous capables de magie, d'ombre et d'invisible alors toute forme de limite de l'un par rapport aux autres par une hiérarchie prétendant détenir le monopole du vrai et le dispensant de haut en bas est une ennemie du vivant.
Le secret bien caché des prêtres, des tyrans et des puissances c'est qu'on n'a nul besoin de ce qu'ils sont ou de ce qu'ils savent, que les dévots, les initiés, les rituels et les sacrements sont de la comédie.
Que les clés, les schémas, les plans, les voies et les kabbales n'apportent aucune clé, si ce n'est des clés sombres qui permettent de refermer des chaines d'ombres sur les autres et sur soi.
La clé invisible, le rêve d'émancipation, il est là, devant nous, dans toute chose, sans limite. C'est le réel, le factuel, le geste, l'instant. Nous recevons sont enseignement jours et nuit, sans interruption.


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MessageSujet: Re: Capitaine Ansgar Wyllt   Capitaine Ansgar Wyllt Icon_minitimeMar 21 Nov - 20:40

La croix
d'Ansgar Wyllt


il est arrivé comme une sinistre aurore,
son ombre tombant sur la tranchée qui dort.
Il venait à la guerre comme on part en vacances
plein de courage, d’honneur mais surtout d’arrogance.
Persuadé que son nom, le mettrait à l’abri,
que nulle balle n’aurait l’audace de s’en prendre à lui.
Au royaume des rampants il est le dernier homme,
“messieurs j’attends de vous un peu de rectitude”
comme pour lui donner tort la voix du canon donne,
et voici que soudain chavirent ses certitudes.
Il était jusqu’alors l’honneur de l’empire,
et le voilà maintenant tout prêt de déguerpir.
“voyez-vous monsieur, ici on vit penché”
dis-je à notre héros tout de gadoue crotté.
Son regard s’attarde longuement sur ma poitrine,
toute décorée de métal, hideuse vitrine.
Comme un enfant avide, ombrageux et vorace,
il me demande sitôt que me vaut ces honneurs
qu’habituellement on réserve  à ceux de sa race.
“c’est pour me remercier d’hair mes supérieurs,
j’crache sur les uniformes, les ordres et les rubans.”
Il aimerait me répondre mais les obus saccagent,
et la terre,et le ciel, dans un  immense carnage.
il ne sait pas qu’il sera bientôt , bouc puant,
Une ombre qui galope au ras des charniers.
Qu’il choisira la hache et ses larges entailles.
Qu”il oubliera son nom, les médailles, les lauriers,
Qu’on ne sait qui on est que dessous la mitraille.
Il voulait en être, de la machine infernale,
coupe le bras, coupe la tête, dans le coeur plante et tue.
quoi qu’on en dise, la guerre est un confessionnal
qui jette parfois sur les héros une lumière crue.
Le bel aristocrate restera bien caché,
il jouira du courage de ceux qui ont lutté.
Mais je serais toujours là pour rappeler aux couards,
qu’ils couraient à l’abri à l’heure du devoir.
aujourd’hui officier, les morts m’en soient témoins
plus question de s’enfuir, tout se joue l’arme au poing
Montre moi que l’aristocratie est de taille
Et je te montrerais où poussent les médailles.

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