La fumée de la pipe voletait autour du nain. Malgré l’absence de vent, celle-ci s’élevait en vaguelettes gris-bleues devant le visage enjoué de Dvalin. Allongé dans l’herbe couverte de rosée du soir, le nain laissait ses pensées vagabonder, profitant du moment présent.
Alors qu’il fermait les yeux, il pu sentir la terre commencer à légèrement trembler, se redressant d’un seul coup alors que la rosée s’élevait autour de lui. Bientôt se furent les braises de sa pipe qui se dispersèrent autour de lui, accompagnées d’une brise agréable.
- S’il te plaît, donne moi un ami.
Il tourna brusquement la tête sur le côté en entendant cette voix, une voix douce, innocente, tendre. Une figure se trouvait à côté de lui, un enfant. Un enfant à la peau de bois et aux cheveux d’herbe fraîche. Dvalin lui sourit et, hochant la tête, sortit ses petites planchettes de bois et ses plaquettes d’acier, ses rouages et ses boulons. Il passa alors ses mains au-dessus, laissant se diffuser ce savoir faire, cette magie qui vint modeler les matériaux en un petit pantin animé qui se dirigea vers lui. L’artefacteur était plutôt fier de lui mais l’enfant lui répondit d’une mine déçue.
- Je voudrais que tu me donnes un vrai ami…
Dvalin fronça les sourcils, soupira, puis lui adressa un nouveau sourire en hochant la tête. Par la magie le pantin devint un chat, un chien, un dragon même. À chaque fois, l'enfant de bois semblait déçu, triste.
- Je suis désolé mon garçon, c’est là tout ce que je sais faire.
L’enfant se leva alors et s’éloigna un peu avant de revenir vers lui. Dans ses mains il tenait des branches, des feuilles, des petits cailloux ramassés sur le sol.
- Tiens ! Je sais que tu peux le faire !
Dvalin observa les éléments et sortit simplement quelques rouages supplémentaires et des chutes de métal. Il assembla les branches pour faire le squelette d’un oiseau, les rouages les reliant ensemble alors que les feuilles furent utilisées pour faire les ailes. Il vint placer les chutes de métal qui servirent à faire le bec et les serres et les cailloux à faire les yeux. Il souffla alors délicatement dessus, comme guidé par une intuition.
Les ailes de l’oiseau automate se mirent à frémir alors qu’il lâcha un petit chant, s’envolant et partant dans le ciel. Le nain et l’enfant se regardèrent tout les deux un instant avant d’éclater de rire.
Le garçon essuya les gouttes de rosée qui coulaient de ses grands yeux.
- Il n’a pas voulu être mon ami, mais au moins il est vrai.
Il s’approcha alors de Dvalin et vint saisir délicatement dans sa main droite l’artefact gyroscopique qu’il portait en pendentif. Sa main se referma autour de celui-ci avant que son bras ne se détache simplement de son corps, laissant le nain choqué et surpris. Le bras se raidit alors, se tendant en un bâton de marche.
- Si tu veux bien, toi tu es mon ami. Je resterai avec toi et t’aiderai à marcher en te soutenant et toi tu me feras de nouveaux amis… ou pas… mais des vrais.
Dvalin offra à l’enfant le plus grand sourire de sa vie et le prit dans ses bras alors qu’un feu nouveau brûlait dans sa poitrine.
Au matin, le nain se réveilla seul dans l’herbe avant de voir ce bâton de marche à côté de lui. Un bâton au pommeau semblable à une main sculptée autour d’un gyroscope magique en mouvement perpétuel. Des petites veines d’or venant renforcer la beauté du bois lui-même tel une pierre précieuse. Se redressant en prenant appui il put entendre le vent souffler à ses oreilles.
- Mon ami…