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 Individu et groupe

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MessageSujet: Individu et groupe   Individu et groupe Icon_minitimeLun 8 Juin - 21:48

Individu et groupe



Voici un petit texte qui évalue les 4 relations principales entre l’individu et le groupe, du point de vue de l’individu ; celui-ci peut-être dominant, suiveur, martyr ou dissident. Les 2 premières positions sont celles d’adhérence de l’individu au groupe. Les deux dernières impliquent une défiance de l’individu.

J’observe depuis longtemps les groupes sociaux dans lesquels je me situe. J’ai rapidement observé que les individus se situaient assez rapidement dans l’une des 4 positions que j’ai énumérées plus haut. Je limite mon étude aux groupes de pouvoir et de domination dans lesquels une hiérarchie, une verticale du pouvoir s’établit, que ce soit par des forces internes (auto organisation) ou externes au groupe.
En particulier, j’ai observé cette distribution dans les lieux d’enseignement (de la maternelle aux études supérieures) ou professionnels, mais également dans les structures familiales (sans qu’il y ait forcément une connotation morale dans ce cas).
Je me suis toujours défié de la force coercitive et conformiste des groupes. J’ai observé que les groupes tendaient naturellement à constituer un organisme doté de 4 fonctions : commandement, obéissance, exclusion et mensonge. Encore une fois, je ne me situe par forcément sur le plan moral, mais plus sur celui de la psychologie sociale.
J’ai vu aussi que les logiques de distribution, de répartition des individus dans le groupe généraient des violences inouïes : harcèlement, despotisme, exclusion ou racisme, conspiration ou sédition, etc.
De plus, il me semble que la taille du groupe et la diversité de ses membres semblent démultiplier ces violences. A l’échelle des pays, des civilisations et des grands récits religieux ou philosophiques, le cortège de mort, torture, déportation, stigmatisation, enfermement peut être associé au fonctionnement des groupes.
Il ne s’ajit nullement d’une maladie du groupe. Celui-ci a besoin tel Moloch de sacrifices monstrueux qui sont comme le mortier de sa stabilité.
Pourquoi je me situe par delà le bien et le mal :
Est-ce bien de commander, obéir, s’opposer ou trahir ?
Il ne saurait y avoir de réponse définitive à cette question : selon les circonstances et les organisations, selon ce que notre conscience nous dicte, chaque position peut-être envisagée favorablement ou avec horreur.

J’insiste sur le point suivant : de la perspective du groupe, celui-ci est animé comme par une force aveugle qui tend à sa perpétuation, à sa pérennité. Le groupe a besoin des 4 distributions : en particulier, le martyr est absolument nécessaire peut-être plus encore que le dirigeant et le suiveur
Abordons brièvement maintenant les 4 modalités de l’individu dans le groupe :

Le dominant :

Dans la Politique, Aristote évalue les 6 modalités de l’organisation politique, entendue comme distribution du pouvoir et classées par paires :
- Quand le pouvoir est exercé par un seul : monarque / tyran
- Quand le pouvoir est exercé par une minorité : aristocrate / oligarque
- Quand le pouvoir est exercé par la majorité : démocratie / démagogie
Les 3 premiers termes de chaque couple sont positifs, en ce sens qu’ils ont l’intérêt de la collectivité dans son entier : il s’ajit du monarque, de l’aristocrate et du démocrate
Les 3 derniers termes de chaque couple sont corrompus : il s’agit du tyran, de l’oligarque et du démagogue. Ces 3 « types politiques » ne pensent pas au bien du groupe qu’ils constituent, mais à leur seul bien personnel.

Je pense que le pouvoir est parfois indispensable : un parent a vis-à-vis de ses enfants une fonction d’autorité (on sait la catastrophe qu’ont été les éducations données sur le modèle de Dolto qui ne permettaient pas aux enfants d’intérioriser l’interdit en laissant tout possible, ce qui est psychiquement horriblement destructeur). S’il est bienveillant, le parent se comportera comme un monarque vis-à-vis de sa progéniture. S’il ne l’est pas, le parent sera déchu au rôle de despote.

Pour Michel Onfray, le pouvoir ne connait qu’une seule distribution : ceux qui l’exercent et ceux sur lesquels il s’exerce.
Il y a deux possibilités anarchistes :
Pour les anarchistes utopiques, il faut renoncer à toute forme de pouvoir et laisser l’auto organisation du monde faire (forcément bien) les choses, comme par une sorte de « main invisible » libertaire qui n’est que le prolongement de celle d’Adam Smith (la libérale).
Pour les anarchistes réalistes, le pouvoir est un mal nécessaire qui doit être surveillé et encadré au maximum, soit par ceux sur lesquels il s’exerce quand ils sont responsables (et un peuple souverain est une instance responsable) soit par une instance indépendante de tout conflit d’intérêt (par exemple un organisme social chargé de détecter les cas de maltraitance parentale). Il convient aussi de diluer le pouvoir en le distribuant au maximum quand c’est possible. Par exemple, un peuple souverain est capable d’exercer directement le pouvoir : c’est la fameuse souveraineté du peuple par le peuple et pour le peuple de la constitution Française qui est la plus belle maxime qui soit. On constate au contraire, que de nos jours, les dirigeants tentent à dépouiller au maximum les peuples de l’exercice du pouvoir, et donc à la transformer en masse passive, ignorante et indifférente

Mais le dirigeant n’est pas qu’une catégorie politique : c’est aussi un type psychique.
Dès la maternelle, on observe que certains enfants prennent des initiatives, que d’autres les suivent.
Ainsi s’établit le premier couple indispensable dominant / dominé, soit initiateur de jeu / suiveur.
Le dominant n’existe que par l’existence de dominés. C’est bien plus qu’une tautologie.
Psychiquement, il cherche la compagnie de dominés comme un sadique recherche celle des masochistes.

Suiveur :
Dès le plus jeune age, dans les bacs à sable, on observe que certains enfants initient les jeux que les autres suivent scrupuleusement.
Le suiveur qui est aussi un dominé conformistes subit 2 mécanismes inexorables : l’obéissance à l’autorité représentée par une personne ou un groupe social clairement identifiable et le conformisme (l’impossibilité de se singulariser du groupe). Ces deux mécanismes sont interdépendants. L’expérience de Milgram est très instructive. On peut aisément pousser la population jusqu’au meurtre en puisant sur la tendance psychique d’obéissance à l’autorité et de conformisme.
Mais le dominé constitue avec le dominant une sorte de Janus à deux têtes. C’est un type psychique qui appelle le dominant afin de fonctionner normalement.
Tout comme le dominant est un être pulsionnel qui est dominé par le ça, le suiveur est un névrosé écrasé par son surmoi.
Les suiveurs guettent les dominants et affectionnent leur compagnie. Ils sont comme les poissons pilotes dans le sillage d’un requin. Ils se sentent malheureux lorsqu’il n’y a plus personne pour diriger leurs existences. Si un tiers essaie de les libérer en leur montrant leurs chaînes et l’arbitraire du pouvoir ils vont le détester ; ainsi naissent les martyrs.
Le suiveur est incapable d’initiatives. L’existence autonome et émancipée lui est insupportable. Il lui faut en tout point déléguer à un dominant l’exercice de la liberté.
Le suiveur jouit de servir. Il veut tellement plaire et obéir que tout désobéissant au dominant sera martyrisé.
De la même façon, toute personne non conformiste court le risque d’être martyrisée. Cela concerne les marginaux bien sur, mais aussi et surtout ceux qui ostensiblement défient la doxa, l’opinion commune qui est pour reprendre Heidegger la « dictature du on ».
Impossible de penser par soi et pour soi pour un suiveur. Il a abdiqué volontairement toute fonction décisionnelle.
Les suiveurs sont une partie écrasante de la population. Ils sont –de loin – le type psychique le plus répandu.
La raison en est simple : la société qui est comme un méta groupe et qui est dirigée par les dominants a tout intérêt à fabriquer, parallèlement à la classe des dominants (ou les classes comme à la période féodale) une masse de suiveurs. Ainsi les prérogatives de son pouvoir individuel ou collectif ne seront pas remises en question. La fabrique psychique des suiveurs est aujourd’hui industrielle et systémique : fabrique de l’ignorance (éducation), de l’indifférence (médias), de la passivité (écrans), de l’obéissance (armée), du conformisme (opinion commune), de la certitude (religion spirituelle ou matérialiste), voire du fanatisme (embrigadement collectif, hystérie virale).
Je ne crois pas que les citoyens aient vocation à dégénérer en masse servile, mais c’est bien sur le cas.
J’avance l’hypothèse suivante : les techniques d’oppression progressant dans l’histoire, le contrôle des masses est complet et les possibilités d’échapper au « suivisme » deviennent héroïques. Nous sommes sans nous en rendre compte dans la situation de 1984 ou de « Nous Autres ». Le monde est devenu une dystopie ou la possibilité de la liberté concrète est un lointain souvenir.

Encore une fois, je ne souhaite pas « moraliser » cette description.
Comme le dit Aristote dans la Politique, le citoyen est celui qui sait donner et recevoir la loi.
Il ne s’agit pas de réhabiliter toute forme d’obéissance et de conformisme, mais il me semble que dans certaines situations (prescription d’un médecin ou ordre parental juste), consentir n’est pas un mal.
Quand l’autorité est objectivement bienveillante, par exemple quand le dominant a une expertise qui fait défaut aux dominés et quand le bien commun est clairement et indiscutablement visé, obéir devient intérioriser l’ordre : ainsi naît la morale et l’autonomie lorsque l’ordre donné est jugé juste par la conscience du suiveur.
Le problème est que la plupart des tyrans aiment à se présenter sous les traits de princes bienveillants, dans leurs discours ainsi que dans ceux qui ont fonction de les flatter auprès du peuple.
De la même façon, lorsque le jugement n’est pas avisé, il est facile de prendre un dominant machiavélien (régner par la force du loin et la ruse du renard) pour un souverain bienveillant.
Plutôt que de gouverner avec bienveillance, l’option de partager le pouvoir et d’émanciper les suiveurs est vue comme une forme de renoncement masochiste au pouvoir. La est sans doute le tragique du pouvoir : celui qui a la capacité d’abolir l’injustice n’en a pas toujours un bénéfice. La bonne société est celle qui encourage les dirigeants à être vertueux car les suiveurs disposent de la capacité de juger et de destituer. Cela a malheureusement complètement disparu.
Jadis, se soumettre et suivre faisait partie de l’ordre social ; mais ce n’est plus le cas, du moins formellement et dans les discours.
Nous sommes dans le paradoxe de société qui se présentent comme totalement transgressives et qui sont complètement suivistes.
Comment arrive-t-on à une telle situation ?
Il me semble que l’enfant qui défie ses parents pour aborder les codes et les contraintes d’un milieu faussement subversif et de fait intégralement normatif (comme le punk ou le hard rock par exemple) est une régression et non une avancée dans l’émancipation. Je ne critique pas ces genres musicaux bien sur (je suis un grand amateur des Béruriens ou de Metallica) mais la caricature qu’ils suscitent parfois.
De la même façon, nous vivons dans une société faussement subversive : les progrès techniques sont souvent au service du contrôle et de la surveillance, l’innovation managériale renforce via la cybernétique les boucles de contrôle sur les employés, la culture dominante elle-même sous couvert de vanter la liberté et l’affirmation de soi distille subtilement la propagande des dominants.
Le soumis parfait, c’est celui qui ne se sait pas soumis. C’est bien plus qu’un mécanisme inconscient. C’est au nom de l’émancipation et de l’autonomie que la tyrannie des meutes de soumis va s’exercer.
Plus besoin de despotes, d’inquisiteurs. Little brother est devenu l’auxiliaire parfait de la police de la pensée. Nos parents, nos amis, nos collègues, nos voisins, nos contacts sur internet se changent de lapideurs hystériques au nom même de la liberté. Une personne convaincue d’agir au nom du Bien, du Beau et du Vrai sera prête à accomplir les pires exactions. Bernard de Clairvaux lorsqu’il appelait à la croisade en terre sainte avait renommé le meurtre des non croyants « malicide ». De la même façon, la démocratie et les droits de l’homme semblent justifier la guerre que l’occident fait à des pays pourvus de ressources naturelles abondantes.
Les vrais motifs ne sont jamais exposés. Comme le dit Mandeville, les soumis sont flattés par les dominants. La caresse sur l’échine est la nourriture symbolique du soumis. Il ne vie que pour cette monnaie de singe.
Le dominant a remplacé la « seigneurie sur moi-même » qui lui fait défaut par une aspiration à un empire sur le monde. Esclave de son monde intérieur, il doit devenir maître des autres.
Le suiveur imite, obéit et abolit son identité et sa singularité dans le foule. Il y a la comme un suicide existentiel. Tout faire pour éviter la page blanche, la nausée de Sartre, cet abîme devant les potentialités infinies de l’existence humaine. C’est l’instinct du troupeau (Nietzsche) qui commande. Cela consiste à abolir le choix et la possibilité dans le mimétisme et l’automatisme. Le suiveur est un automate existentiel qui revendique en permanence la liberté en un appel vide et creux, un slogan qui lui a été susurré par le dominant. Il est un stéréotype vivant, un être unidimensionnel

Le martyr :
Quand on a décrit l’intrication dominant / suiveur, on pense avoir décrit l’essence du pouvoir. On a oublié le tiers exclu, le martyr.
René Girard a parfaitement décrit les modalités du bouc émissaire. Celui-ci est indispensable à la structuration du groupe. C’est moins par adhésion à des valeurs communes que par rejet que le groupe se structure.
Avant de dire ce qu’il est, le groupe dit avant tout ce qu’il n’est pas. Il va fatalement expulser et désigner, ostraciser et chasser des membres qui ne remplissent pas les normes exigées par l’appartenance au groupe.
Mais cette explication reste superficielle. Le bouc émissaire n’est pas rejeté parce qu’il déçoit mais bien parce que c’est le processus d’exclusion et de stigmatisation qui crée le groupe.
Les soumis adorent détester celui qui est désigné martyr par la dominant. Le groupe se renforce dans la discrimination, le rejet, l’agression du martyr.
Bien sur, on voit les ravages de l’exclusion et du racisme dans les sociétés.
Mais là encore, la désignation du martyr correspond à un type psychique autant qu’ à une fonction politique.
L’ombre est chez Jung l’instance psychique qui va désigner les martyrs. Celui qui ne peut plus supporter certaines caractéristiques intimes va comme les arracher de sa poitrine, les exciser et en affubler ses ennemis.
Les personnes dévorées par leur ombre ont besoin d’ennemis à détester. Ils ne sauraient fonctionner sans et quand on leur retire un ennemi, ils vont affubler du noir manteau une nouvelle personne. Cette détestation est avant tout une détestation de soi-même. Par ce qu’il n’a pas la force de mener un combat contre certains côtés de sa personnalité, il va imaginer que ce combat a lieu en dehors de lui. La figure du martyr devient alors providentielle pour expulser cette noirceur intime.
Dès le plus jeune âge, les enfants désignent un martyr. Les suiveurs pour obtenir les caresses des dominants vont alors harceler le martyr.
A l’échelle politique, le nazisme peut être perçu comme la possibilité d’échapper à la honte de la défaite militaire et de la crise économique en désignant une communauté qui portera à elle-seule tous les travers de l’humanité.
L’antisémitisme est une pathologie grave qui pousse ceux qui l’éprouvent à imaginer que des banquiers juifs sont responsables de tous les malheurs de l’humanité.
Nos sociétés ouvertes semblent condamner à travers le racisme toute tentative de créer des martyrs. Pourtant, la désignation du martyr est une tendance de tous les groupes humains. Il est difficile sans naïveté d’imaginer qu’aucun groupe humain n’est entaché par la désignation d’un martyr. Il y a une ambivalence des groupes humains qui promeuvent la tolérance mais qui subtilement désignent de nouveaux martyrs.
Mandeville nous a appris que complémentairement à la flatterie des suiveurs, le dominant désigne à l’ire et à la vindicte générale un groupe ostracisé qui peut avoir toutes les caractéristiques économiques (riches ou pauvres), politiques (droite ou gauche), religieuse, sociale, sexuelles.
La détestation devient générale et la société multi conflictuelle quand le prince désigne le socialiste au libéral ou le croyant à l’athée. Tout le monde devient à la fois le martyr d’un autre et l'auteur d’une martyrisation.
Cette toile noire est comme un déploiement collectif de la pensée du ressentiment. Les groupes humains éclatés et fragmentés communiquent dans leur sentiment de détestation commune. Seul l’objet de la détestation peut varier.
Le martyr peut devenir par un retournement une figure admirable. Jésus comme Socrate ont été désignés à la vindicte de leurs communautés respectives et ils semblent de nos jours en tout point aimables.
Car de la perspective du martyr, et lorsque celui-ci est choisi, la souffrance peut être perçue comme le témoignage d’une fermeté de volonté tout autant que la dénonciation d’une injustice.
Quand il n’est pas souhaité le martyr est une victime innocente. Tous les prétextes sont bons au soumis pour le tourmenter, mais il reste possible d’échapper à la soumission et d’éprouver de la compassion pour le martyr. Celui qui se dresse ostensiblement entre les soumis et le martyr pour défendre ce dernier sera souvent martyrisé à son tour. Quand à celui qui aide discrètement le martyr sans risquer la désignation par le groupe, il s’agit souvent d’un dissident.

Le dissident


A priori, le dissident n’existe pas.
A la surface des eaux, rien ne vient troubler la danse de louanges et de blâmes du dominant, du suiveur et du martyr.
Mais dans les profondeurs de l'onde, il y a quelqu’un qui rit sous cape de la bêtise du soumis, qui pleure pour le martyr et qui serre la poing face au dominant.
Le dissident est une espèce amphibienne subtile qu’il faut éviter de trop louer ou blâmer.
En apparence, le dissident est un soumis. Il donne tous les gages de son suivisme aux dominants et exécute tous les rituels associés.
Secrètement et comme le martyr volontaire, le dissident a perçu l’absurde de la danse du pouvoir. Mais contrairement à ce dernier, le dissident ne se dévoile pas et n’affirme pas sa désobéissance du groupe.
Est-il trop lâche pour risquer sa vie ?
Est-il trop intelligent pour se mettre en danger devant des sots (les soumis) et des pervers (les dominants) ?
Sans doute un peu de tout cela.
Le dissident est une espèce ductile, alchimique, ondoyante.
C’est un maître en masques ou un solitaire. Il n’adhère pas.
Un Soljenitsine peut être un exemple magnifique, mais un criminel secret peut être son équivalent ténébreux.
Le martyr est comme un résistant qui est prêt à tomber sous les balles ennemis. Mais le dissident est trop doué et trop lâche pour se faire attraper.
Cette espèce semble rare et pourtant qui sait de combien de personnes se compose l’armée des ombres ?
Nulle trompette n’annonce leur avancée, nul chant leur victoire.
Car le dissident ne cherche pas à changer le groupe. Dans le pire des  cas par cynisme, dans le meilleur car il a déjà obtenu une victoire sur lui-même et qu’on ne change pas des moutons en lions.
Souvent le dissident prétend attendre l’heure ou le poisson des profondeurs jaillira à la surface et ou la Cause triomphera. Las ! il se sert lui-même de belles chimères. La danse du pouvoir ne s’arrètera jamais et comme goupil, le dissident rit trop sous cape pour espérer devenir un dominant (il ne le peut pas), un suiveur (il le méprise) ou un martyr (il ne le souhaite pas).
Si l’ombre génère la désignation du martyr, c’est le personna, le masque qui couvre la grimace du dissident.
Il est un remarquable acteur et comédien de sa bassesse et finit comme tout bon artiste par se convaincre lui-même de la justesse de son comportement.
Sous cette malice perpétuelle se cache une grande lucidité, une sincérité à soi-même. Il est insensible à la séduction du dominant (qui le transformerait en suiveur), n’est pas suffisamment violent ou pervers pour être un dominant, et pas assez brave pour aspirer au martyr.
C’est un grand voyeur, un onaniste qui n’adhère à rien, pas même à lui-même.
Ce décollement de la réalité peut finir par le plonger dans une schizophrénie existentielle. La vie devient un jeu, plus rien n’a de valeur que la courbure du roseau. Le venin du cynisme peut être au bout du chemin. Alors, le dissident devient sa propre caricature : un mondain ou un misanthrope.
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