Nous sommes tous à Wounded Knee
Voici une petite réflexion sur l’écologie.
Tout d’abord, je vous propose une expérience de pensée :
Imaginez que dans quelques années, des aliens hostiles découvrent la Terre.
Dans un premier temps sympathiques, ils deviennent vite arrogants et insupportables.
Ils charrient des maladies invisibles, peu dangereuses pour eux mais mortelles pour 80% de l’humanité.
En quelques années, celle-ci passe de 8 à 2 milliards d’habitants dans l’indifférence totale des aliens.
Ceux-ci sont avides des ressources naturelles terrestres. Ils exterminent une partie de la faune pour le commerce des peaux et asservissent, déportent, déplacent l’humanité.
Des généraux héroïques humains entreprennent alors une résistance contre les aliens. Mais à part quelques victoires de prestiges pour les humains, la supériorité technologique de l’armement alien décime les armées humaines.
Les humains sont parqués dans des réserves, humiliés et obligés de se comporter comme des aliens.
Ceux-ci ont envahi la Terre et traitent les survivants humains avec mépris, morgue et condescendance. Les spiritualités humaines sont jugées ridicules. Les humains doivent vivre, s’habiller et travailler comme des aliens. C’est-à-dire dans une société esclavagiste et avide de ressources.
Les humains survivants découvrent avec horreur que d’autres peuples sidéraux ont été violentés par les aliens. Les humains tombent dans l’alcoolisme, la toxicomanie et la délinquance mais la plupart d’entre eux restent dignes et fidèles à l’humanisme.
Les propagande médiatique alien décrit l’humanité comme des sauvages, des barbares, des assaillants, des brigands en niant la responsabilité terrible des aliens colons.
Ce que je viens de décrire, ce n’est pas de la science-fiction mais de l’histoire ; pour être plus précis cela a déjà eu lieu.
Pendant le 19ième siècle et ce qu’on appelle la conquête de l’ouest, les colons américains, récemment indépendants ont brutalement agressés et violentés 500 magnifiques nations de peuples amérindiens. Les colons ont sciemment offerts des vêtements contaminés par la variole aux indiens pour les affaiblir et les briser.
A cause des maladies et de la violence, la population indienne est passée de 10 millions à 200 000 en 1900. Un véritable ethnocide, quand pudiquement ont ne veut pas prononcer le mot de génocide.
Nous sommes tous à Wounded knee. Les mêmes causes qui ont brisé les magnifiques peuples natifs, les « racines » sont toujours à l’œuvre : soif d’or, voracité, avidité des ressources, accaparement du bien commun, la Terre au profit d’une minorité de nantis.
Les bisons ont été exterminés entre 1872 et 1874 passant de 40 millions d’animaux à quelques milliers, dans le but d’affaiblir des indiens des plaines et afin d’arracher la peau des bisons pour des motifs dérisoires et économiques.
En 1890, les héroïques lakotas de Sitting Bull et de Big Foot sont massacrés par le septième régiment de cavalerie. Femmes et enfants sont fauchés à l’arme lourde.
Nous aurions tord de croire que tout cela ne nous concerne plus et que les chants de Black Elk le grand homme médecine se sont tus à jamais.
La spiritualité des indiens, profondément écologique est un remède extraordinaire à la dévastation du monde conduite par le néo libéralisme et le nihilisme.
Ces messages, ces chemins spirituels sont d’une formidable actualité.
L’anthropologue Alain Caillé avait utilisé les théories sur le don de Marcel Mauss non plus pour décrire les peuples racines mais pour régénérer le monde moderne et le management d’entreprise en nous réapprenant le don et la décence commune.
Ne soyons pas méprisants envers les amérindiens et envers les peuples racines (Inuits, aborigènes, sans, etc.). Ils vivent en osmose avec la nature depuis des dizaines de milliers d’années. L’animisme qui est un panthéisme spiritualiste intègre nativement la soutenabilité de la planète et des formes vivantes. A l’opposé de Buffalo Bill qui considérait les bisons stupides de se faire exterminer placidement, les sioux et les cheyennes qui devaient tant aux bisons (nourriture, tipis, mocassins, ustensiles, armes) aimaient profondément le peuple frère des bisons.
Je pense que l’anthropologie comparée pourrait puiser dans l’exemple écologique des peuples premiers et organiser un prélèvement de coutumes, rituels et pratiques spirituelles (car tout n’était pas idyllique dans la société des amérindiens, comme leur amour de la guerre tribale) afin de régénérer notre civilisation décadente, agonisante et meurtrière post moderne. Ce serait une nouvelle renaissance.
La civilisation moderne est triplement malade du rapport à soi (elle génère de graves psycho pathologies), du rapport aux autres (la servitude corporatiste a transformé l’humanité en société esclavagiste) et du rapport au monde (la destruction de l’environnement, de la faune et de la flore, le réchauffement climatique).
Il ne faut sans doute pas attendre de ceux qui ont provoqué le massacre des indiens, de ceux qui continuent de se reconnaitre dans ce paradigme mortifère « la destinée manifeste » qu’ils réparent le monde mutilé et la société humaine dévastée.
Le vivant existe grâce à la diversité : c’est vrai de la faune et de la flore, c’est aussi vrai pour les cultures. L’uniformisation technique, le conformisme social nous transforment en armée de clones et de simulacres. Nous rions pour ne pas pleurer, nous assistons à la venue du grand crépuscule, réfugiés dans le festif, le dérisoire ou la distraction numérique opérée par les réseaux sociaux.
Nous sommes addictifs à notre technologie digitale, à la consommation des écrans. Nos artéfacts, incroyablement gourmands énergétiquement se nourrissent tels d’horribles vampires du sang du monde.
Oui, l’animisme est une option valable et respectable dès qu’on décille ces yeux de la propagande des écrans et du culte de la machine.
En matière d’écologie politique, un certain nombre de mesures pourraient être réclamées par les populations :
La pénalisation du crime d’écocide
Sous la pression du Carbon Club et de tous ceux qui ont intérêts économiquement à ce que les émissions de carbone ne diminuent pas, une armée de propagandés se revendique du climatosceptisme. Je pense que les crimes contre le climat doivent être punis. Lorsqu’une entreprise ou un particulier est responsable de la destruction d’une forêt, un lac ou une montagne, un vaste dispositif juridique devrait la sanctionner.
De la même façon, les propos tenus qui minimisent le désastre ne devraient pas être relayés avec complaisance dans les médias. Comme pour la lutte contre le racisme, des associations de défense de l’environnement devraient être financées par l’état avec la possibilité de traduire en justice ceux qui nient l’écocide. Il en va de la survie de nos descendants. Le lobbying des pollueurs devrait être interdit et les propos outrageusement climatosceptiques limités, de la même façon qu’une incitation à la haine raciale est punie par la loi. Non, on ne peut pas tout dire en démocratie, surtout lorsque les propos engagent la survie d’une multitude d’humains.
Les grands domaines naturels, les espèces vivantes, la faune, la flore, les forêts, les montagnes et les océans devraient être considérés comme des personnes morales, un peu comme les entreprises et seraient défendables en justice contre ceux qui impunément en se cachant derrière les lois du commerce dévastent le monde et ses habitants.
La colonisation de mars que les milliardaires transhumanistes sont prêts à financer à hauteur de sommes pharaoniques ne devrait plus être une priorité. Il y a une certaine obscénité à vouloir coloniser notre système quand on ne met aucune énergie à défendre notre monde natal, notre mère la Terre. En quoi allons-nous nous transformer ? en destructeurs de mondes ?
Plutôt que de revêtir des corps cybernétiques voraces en énergie et en terres rares, réapprenons la sobriété et l’humilité. Nous nous ne serons pas des dieux conquérant les mondes lointains dans des corps de gloire.
Ce réapprentissage des limites peut être enseigné par la spiritualité (que je ne confonds pas avec la religion). Retrouvons un surmoi collectif, des tabous, des récits fondateurs, le sentiment de l’interdit, le gout pour l’harmonie, la perception de notre juste place dans un cosmos illuminé par notre émerveillement et la sensation de notre petitesse, une humilité métaphysique, une modestie morale.
Les idoles des GAFAM que l’on met devant nos yeux ne me font pas rêver. Ils sont bouffis d’orgueil, de démesure, d’hubrys. Les faiseurs de paix, les humbles, les modestes, les authentiques spirituels sont un vrai exemple. Malheureusement, les pires d’entre nous aspirent au pouvoir. Et l’obtiennent.
L’humanité s’est abandonnée au conformisme, à l’obéissance à l’autorité et à l’indifférence et la lâcheté devant les souffrances ressenties par d’autres vivants.
Souvent , le point de vue des écologistes est caricaturé et diffamé. Ceux-ci en véritables « écotalibans » voudraient une dictature mondiale.
Je crois au contraire que la sauvegarde de l’environnement passera par l’avènement de vrais mécanismes politiques et constitutionnels démocratiques. Par exemple, le RIC (référendum d’initiative citoyenne) devrait pourvoir être déclenché sur tout sujet environnemental.
Ce n’est pas un procédé autoritaire mais bien de démocratie directe. Les populations veulent un monde viable pour leurs descendants. Mais les élites folles conspirent à la destruction de la planète afin de maximiser leurs bénéfices et indifférents aux futures générations à venir.
Il y a une vraie trahison des élites mondialisées. Elles ont tous les pouvoirs (économique, médiatique, politique, technique) et font preuve par exemple d’un incroyable volontarisme quand il s’agit de déclencher une guerre et de propagander une population afin qu’elle approuve sa propre destruction sur les champs de bataille et autres théâtres des opérations.
Mais quand on parle d’environnement, ces mêmes élites omnipotentes et prométhéennes haussent les épaules et prétendent ne rien pouvoir faire. Les bombes atomiques modernes ont milles fois la capacité de destruction de celles de la deuxième guerre mondiale, mais pour défendre la terre et la maintenir habitable, rien ne semble plus possible.
La vérité est plus simple mais terrible à contempler. Les élites ont intérêt à la destruction du monde et de ses habitants humains ou non. Car le capitalisme est devenu un capitalisme mortifère de la catastrophe, de la destruction et de la mort. Observez comment, lorsqu’une terrible calamité éclate, les principales places boursières et spéculatives font des profits inégalés.
Il faut que les populations reprennent la mesure et le contrôle de leur destinée. Il n’y aura pas de leader providentiel. La population mondiale qui est iniquement séparée et divisée par les médias doit penser à son propre intérêt, à la préservation de la terre et de ses habitants. Cette population humaine elle n’a besoin de rien ni de personne : elle est elle-même son propre remède, son panacée. Elle doit reprendre confiance en elle-même et en ses capacités
Ven 22 Juil 2022 - 17:11
