Epiphanie

forum de la communauté des joueurs du jdra epiphanie
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment : -39%
Pack Home Cinéma Magnat Monitor : Ampli DENON ...
Voir le deal
1190 €

 

 Argantaël d'Ogier

Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeSam 26 Déc - 19:20

Argantaël d'Ogier 2021-012" />

Caractéristiques

corps :  11
esprit : 11
combat : 20
âme : 6



Métiers


chevalier ( épée, équitation, armure ajustée, lance, poings, poing feu)
voyageur (us et coutumes, pirate)
alchimiste (transmutation, métamorphose) (cleptomancien)
diplomate
maréchal (stratégie)
politologue

Caractéristiques secondaires

Points de vie : 16
Points de volonté : 15
Points de magie : 10 (max sort : 5)
Ombre : 0

Affects
Voie du guerrier
Passion de la politique
Amour pour les autres cultures
Amitié pirates
Amitié chevaliers
Amour pour Ménara, Samson, Auréa, Apollios et Andromeda
Fondateur et Maitre de l'école d'Ogier

Joker

Vision des Ogier : Il y a dans la famille un talent inné bien qu'un peu étrange... Est-ce un reste d'héritage paien ? Peut-être, après tout la famille habite ces cotes depuis si longtemps... Toujours est il que les fils de la famille Ogier destinés à de grandes choses obtiennent la capacité de "sentir" ce que leur ennemi fera en combat. Cette capacité a permis aux Ogier de s'élever en tant que combattant à des rangs bien supérieur à leur statut social. La vision fonctionne aussi bien en duel que pour préparer un siège.

Argantaël d'Ogier 044f7d10


Dernière édition par stan le Dim 28 Nov - 2:11, édité 72 fois
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeSam 26 Déc - 23:32

Ahah tu te rappelles de la chevauchée d'Al-Azim ? Nous étions une centaine et en face ils devaient être cinq cents. C'était le matin, le soleil était contre nous et on ne pouvait plus retarder la charge car nos vivres étaient épuisées depuis 18 jours! on avait même commencé a manger les chevaux ! Et là j'ai eu une idée, il nous restait du suif de boeuf ! Alors nous avons frotté nos armures pour les lustrer et nous avons chargé au petit matin, gras et puant le boeuf !
Cette charge était desespérée ! Et pourtant nous nous sommes jetés dans la bataille à 5 contre 1 ! Le premier rang fut faucher d'un coup 12 bons chevaliers, morts comme ca ! Et d'un coup le soleil a montré son nez et il s'est mit a se reflechir sur nos armures ! Nos ennemis étaient aussi eblouis que nous et on a pus terminer notre charge ! A 10h on pataugeait dans le sang jusqu'au genou! Ahahah quelle aventure ! Je me suis même brisé la main en assommant un chev...


J'écoutais mon père discuter avec Cassiodore de Phobios le grand maitre de l'Ordre du soleil rouge. L'évocation de ses exploits passés me laissait toujours un peu mal à l'aise. Certes j'étais fier d'être le fils de Drogon d'Ogier mais en meme temps, le sourire qu'il avait au visage lorsqu'il parlait de tout cela... Beaucoup de vieux chevaliers avaient cette meme lueur un peu folle dans le regard, mélange d'exaltation et du souvenir de l'époque ou ils étaient vivants. Le spectacle était toujours le même, des litres de vin, des tonnes de viandes sanguinolentes accompagnaient leurs récits macabres. Et je savais, aux vues de mon gout pour le vin et la chaire, que je risquais de finir de la même façon. Quoique...

Au milieu de ce décor fait de carmin et de sang, je gardais au fond de moi cet éclat de lumière dorée... une histoire venue de par delà la mer de Simir et que j'avais découverte un peu par hasard.


La famille d'Ogier habitait le cap de la Veuve depuis toujours. Les paysans aimaient racontaient que nous étions les descendants d'un peuple très ancien qui avait habité là longtemps avant l'homme mais, disons le franchement, si mysticisme il y avait eu dans ma famille, il avait disparu depuis très, très, très... très longtemps. Non, dans la famille nous étions tous des guerriers et mon père n'avait pas fait exception à la règle. Un tempérament ombrageux et à un dégout profond pour la politique expliquaient que malgré tout le bon sang que les d'Ogier avaient versés pour Villon, nous ne nous soyons jamais élevés dans la noblesse.

Mon père s'était illustré dans plusieurs guerre contre Pardhès, il avait appuyé des warlocks bref à 24 ans c'était une légende. Il avait pris pour femme Rivanone d'Ar la fille d'un gros comte de la région en espérant voir un peu de la richesse du compte d'Ar retomber sur la famille. Mais une nouvelle guerre avait éclaté et mon père s'était dépêché d'engrosser la pauvre Rivanone avant de partir pour la guerre. De cet union devait naitre un premier garçon, Ponsard. L'enfant etait solide et en bonne santé alors mon père pensa qu'il serait bon d'avoir un second enfant. Après tout, la vitalité des d'Ogier protégeait peut être sa descendance de la malediction qui pesait sur les enfants de Villon. Malheureusement, ce n'était pas le cas et bientot mon père n'eut plus qu'une idée, avoir des enfants pour protéger le nom d'Ogier. Un autre fils vit le jour, Leidrade. Mais il etait petit, malingre et sa jambe était atteinte de difformité.

Mon père aurait pu s'arreter là mais aux alentours de ses 6 ans, Ponsard commenca à montrer des signes de desordre psychique. Il etait brutal et cruel. Alors mon père insista et la pauvre Rivanone en mourra.

Avait il seulement aimé son épouse ? Oui je le pense car mon père n'est pas un monstre. C'est un ogre peut être qui devore votre vitalité pour obtenir ce qu'il désire mais il ne le fait jamais avec l'intention de nuire. Il voulait des fils pour perpetrer le nom des Ogier et il n'avait que deux héritiers qui à ses yeux ne faisaient pas honneur à la famille. Il tenta bien d'envoyer Heraclius chez un chevalier pour qu'il en fasse son ecuyer mais il ne resta que quelques semaines avant d'etre renvoyé au cap de la Veuve. Mon père tenta aussi de le placer dans l'Ordre de Saint-Sigismund mais là encore il se montra brutal auprès des autres ecuyers. Et il fut renvoyé à la maison. Quant a Leidrade plus il grandissait et plus il etait laid et diminué.
Alors mon père parti pour une croisade sur Pardhès dans l'espoir d'y trouver une epouse qui ne souffrirait pas du Mal.

Et puis un jour il revint avec une epouse, Shajjar, ma mère. Ce n’était pas un mariage consenti. Je me suis souvent demandé contre quoi Drogon l’avait échangé ? Un titre, de l’or, des terres ? Car telle était la veritable nature de leur union, ma mère etait une recompense. D’ailleurs comment aurait il pu en être autrement ? Ma mère était une erudit et une sourcière. Elle était aussi reflechi que mon pere prompt à l’action, aussi douce qu’il etait brusque, aussi calme que lui bruyant. Même leurs allures semblaient exprimer a quel point la nature voulait les mettre a distance. Ils étaient comme deux feux, incapables de se comprendre.

C’est à peu près a l’époque ou ma mère arriva au cap de la Veuve que Ponsard dut être enfermé. Je n’ai jamais vraiment su ce qu’il avait fait mais on jeta un voile pudique sur cette affaire. On envoya l’infortuné Leidrade chez les magiciens et mon père fut repris par cette obsession qu’il avait d’avoir une descendance. Quelques mois plus tard, j'ai voyais le jour. Ma mère se chargea de mon éducation sans jamais evoquer les arts mystiques. Elle me chantait les chansons de par delà le désert. Mon père toujours au combat nous laissait de long mois seuls et je dois avouer que j’adorais cela. Et pourtant lorsqu’il revenait je ressentais toujours la même exaltation à découvrir les paquets qu’il ramenait avec lui, épices et richesses, cartes et appareils étranges qu’il offrait à ma mère pour rendre plus supportable sa captivité.

Et puis il y eu cet hiver, sinistre, froid. J’avais 10 ans. Mon père n'était pas encore rentré de sa campagne et au château, la vie était rude. La gloire ne remplit pas les écuelles et depuis la mort de Rivanone, le comte d’Ar faisait tout pour empêcher la famille d’emprunter de l’argent. Ma mère, qui ne s’était jamais accoutumée au climat, a fini par attraper froid.

Finalement, lorsque mon père arriva au château, c'était pour pleurer celle qui ne lui avait donné qu’un seul enfant. Il comprit qu’il n’aurait plus ni la force ni l’occasion de retrouver une épouse comme ma mère alors il prit mon éducation en charge.

Mon existence qui n’avait été faite que de découvertes, de légendes et d’histoires pris un nouveau tournant. Il m'apprit à me battre, à chasser, à ruser, il me laissait des jours entiers à battre la campagne. Il depensa ses derniers deniers pour m’acheter une rosse, “fais de ca un destrier. Ce n’est pas la monture qui fait le chevalier”. Du cabinet feutré de ma mère je decouvrais que le monde pouvait être un terrain de jeu. Rien ne rendait mon père plus fier que de me voir me battre, courir sur le toit de la grange ou faire la course.

La liberté me tendait les bras, mais pour mon 13e anniversaire, mon père m’accrocha un boulet au pied.

Un matin, un homme dans une armure sombre et portant un tabard décoré d’un soleil rouge arriva au cap de la Veuve.

“mon fils, voici Cassiodore de Phobios. C’est un ami de longue date et c’est lui qui va te former comme chevalier. Prépare tes affaires car bientôt tu honoreras le nom des Ogier.”

“mais Père… je… ne puis je pas rester avec vous”

Mon père s'était retourné mettant un terme à la discussion et c’est en pleurant que j’avais préparé mes affaires. Une vieille domestique m’avait aidé à les préparer et le lendemain j’étais parti avec Sir Cassiodore.

Les années qui suivirent passèrent à toute vitesse dans un fracas terrible. Il fallut peu de temps pour que je dépasse la plupart de mes compagnons tant aux épreuves de force qu’aux concours de boisson. Et enfin je devenais un chevalier… “Sir Argantaël d’Ogier, lève toi” m’avait dit Cassiodore. Il était devenu en quelques sortes un père de substitution pendant toutes ces années. Il avait senti en moi, une aisance et un appetit pour les cultures de Pardhès et d’ailleurs il m’avait donc laissé l’accompagner partout ou l’ordre du soleil rouge était appelé.

Un soir alors que nous étions rentré au Pic, la forteresse de l’ordre, et que je fouillais dans mes vieilles affaires, je trouvais un paquet parfumé… Le carnet de ma mère. Depuis quand était il dans ce coffre à m’attendre ? Sans doute depuis que la vieille servante l’y avait glissé dans l’espoir que le jeune garcon que j’étais à l’époque puisse y trouver un peu de reconfort. Je découvrais des notes, des formules et des textes étranges parlant par énigme. Cette nuit là je me rappelle d’avoir vu des ecritures que je ne savais pas lire mais que j’avais déjà vu…

Je décryptais patiemment les textes… de l’alchimie. Nous étions posté à Mansur et je savais qu’un vieux sourcier vivait là. Un soir, discrètement, j’entrepris d’aller le visiter. Ce qu’il me revela ce soir là raviva chez moi une flamme que je croyais éteinte. Il m’appris que ma mère était une sourcière et une savante et que si je le desirais, grâce à ces notes, je pouvais entamer mon voyage sur cette voie.

Il faut bien le dire, j’avais souvent eu à me battre parce que je n’étais pas franchement typé Villonais. Mais lorsque j’arpentais les terres plus au sud, j’étais vu comme un traitre par certain. Pourtant je n’avais jamais eu honte de cette double culture et aujourd’hui j’avais l’occasion d’en apprendre un peu plus.

Quelques jours plus tard, nous entamions le siège d’Issim, une cité située sur un promontoire rocheux. Le siège dura de longs mois, les habitants étaient affamés certes mais nous n’avions pas eu d’autre choix que d’établir nos campements dans les marais et la plupart des chevaliers étaient malades. La fievre et les moustiques avaient fini par rendre fou le chef de l’expedition qui avait fini par faire demembrer les prisonniers avant de les catapulter par dessus la muraille de la ville. Finalement une force de 12 000 cavaliers avait fini par nous chasser. Nous pataugions dans le sang jusqu’aux genoux. Je n’ai pas de souvenir de cette bataille et c’est aussi bien… car je sais que ce jour là, j’ai été plus proche que jamais de mon père.

Comme beaucoup de mes camarades, j’allais delirer de la fievre pendant de nombreux jours. Je sais simplement qu’une douce lumière dorée ne m’a pas quittée. Je dansais dans un parc accompagnée d’une femme au visage voilée mais que je connaissais. Le soleil tournait dans le ciel, bleu, puis vert, puis jaune, puis rouge… le rouge, le noir, le blanc et l’or…

Je profitais de ma convalescence pour parcourir les notes de ma mère le jour et la nuit mes rêves se faisaient ardents. “remonte à la source” disait toujours la voix…

Et puis un jour, Cassiodore vint me voir. “Je rentre à Villon, viens avec moi. Il y a si longtemps que tu n’as pas vu ton père et ta terre”
“10 ans Cassiodore”
“oui… Prépare tes affaires”

Je préparais mes affaires sans larmes mais avec un pincement au coeur car au fond, le front, la guerre, le soleil, c’etait chez moi. Pendant le voyage du retour, Cassiodore écouta patiemment mes récits. Depuis qu’il etait le grand maitre de l’ordre du soleil rouge, il n’avait plus tellement le temps de se battre. Cette nuit là, la femme voilée n’était pas là. Il n’y avait qu’un soleil rouge sur un ciel de sang et un homme qui s’avancait vers moi avec une couronne de clous. Il était immense et m’enfoncait la couronne sur la tête. La douleur me rendait fou et bientot je me transformais en une creature d’ombre ecumante alors l’homme sortait une épee de tenebres et dans un simulacre d’adoubement, me faisait chevalier “Lève toi Prince d’Ogier” et soudain une lumière dorée balaya tout et je me reveillais au matin, la bouche pateuse.

“Nous serons à la commanderie dans la matinée” m’avait dit un chevalier.

Et voila comment je m’étais retrouvé à table avec mon père et Cassiodore. Mon père n’avait pas tellement changé finalement. Il me semblait immense et indestructible étant enfant. Il avait juste l’air d’un vieux chevalier couperosé dorénavant et pourtant il ne semblait pas beaucoup avoir vieilli…
Nos regards s'étaient croisés en entrant dans la cour du château et j’avais senti chez lui le soulagement de me savoir vivant et quelque chose d’indescriptible qui était lié au fait que je ressemblait définitivement plus à ma mère.

ahahah quelle histoire ! vocifera mon père avant de plonger son nez dans une coupe
tu sais qu’Argantaël a vécu de grandes aventures ? dit Cassiodore
ah vraiment ? dit mon père Eh bien raconte nous ca !
Oh vous savez père, il n’y a rien dont on puisse être fier vraiment…
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeSam 2 Jan - 20:52

Mes yeux commençaient à se fermer.
Voila des heures que j'étais à ma table de travail et la lueur vacillante des bougies ne m'éclairait suffisamment.
S'échappait d'un petit sac de toile aux motifs fleuris un doux parfum d'encens et je fus pris d'une mélancolie soudaine. Je revoyais les grands déserts, l'odeur des épices et du thé, même le parfum de la poussière et des pierres me manquait tout à coup... Là bas il n'y avait pas de courriers, pas d'excuses, pas de monseigneur...
Je frappais du poing sur la table. Je ne devinais que trop bien ce que mon père essayait de faire... Et Cassiodore aussi. Les deux estimaient qu'il était de mon devoir de devenir une sorte d'ambassadeur de l'ordre. Comment decevoir ce père qui avait tout perdu ou presque ? Et Cassiodore qui avait tout risqué pour nous permettre de nous enfuir... J'aurai aimé pouvoir briser ces chaines d'or mais peut on trahir sa famille ? la renier ?

J'ouvrais le sac à motifs fleuris et en sorti une cristal d'encens dont je prelevais un morceau que je deposais dans une soucoupe.
Cet encens, c'etait le parfum des dattes, du vin et des femmes de Pardes...
Je m'approchais du lit, prenait un coussin et la couverture et m'allongeait sur le sol. J'avais l'impression d'étouffer dans ce lit de plumes d'oie. C'etait comme être happé par l'ocean... Promis, j'essayerais bientot. Promis. Mais pas là.
Je me sentais comme hors de l'eau...
Je contemplais le plafond mais mon regard portait plus loin, jusqu'aux étoiles de Pardes, jusqu'aux palmiers, jusqu'au glouglou des oasis et aux chants des flamants roses. Ici sur la dalle froide de Ker-Saint, pas de pierre qui vous labourait le dos, pas d'attaque en plein nuit et pourtant le sommeil etait si dur à trouver... si dur à conserver.
Quelques jours auparavant j'avais fait l'effort de laisser mon épée en bas... et puis elle était revenue dans ma chambre.
au fond elle était mieux là.

Je tournais les choses dans ma tête encore et encore quand soudain mon regard fut attirer par un coffre. Ce coffre j'étais passé peut etre mille fois à coté sans y preter attention. Il n'avait rien d'exceptionnel, il etait fait d'un bois rouge, couvert de ferrures dimasqiennes... Et là, simplement éclairé par un rayon de lune, le feu contenu dans le carré lui même contenu dans le cercle... le symbole des alchimistes de la Source.

Je me relevais et tentait d'ouvrir le coffre. Fermé.
Je sentis en moi un besoin imperieux d'ouvrir ce coffre mais ou était la clé. Je commencais à fouiller sur la table de travail, dans les pots, sur la cheminée... rien.
je prenais ma dague avec l'espoir d'en forcer la serrure mais aucune jointure ne permettait d'y glisser son couteau. Je posais la boite dans le raie de lumière... Peut etre la lune, la maitresse de la mutation m'aiderait elle...
Je patientais quelques instants avant de balancer le coffre à travers la piece de colère et de frustration. Le coffre heurta la sol lourdement conservant ses secrets.
Puis mon regard croisa une peinture de ma mère. La dernière que mon père ait commandé. J'avais tellement regardé cette peinture par le passé. Lorsque je pensais à ma mère, c'etait cette peinture que je voyais...

que penserais tu de ce que je suis devenu...

J'allais ramasser le coffre avant de le poser sur la table. Je m'asseyais en face. La dans le silence du chateau, nous étions comme deux joueurs d'echecs qui s'observaient... Et puis soudain, une chose me revint en memoire ! Les sourciers fermaient leurs coffres grâce à des cadenas magiques ! Il suffisait de trouver la bonne formule et le coffre s'ouvrirait...

Je feuilletais les notes que j'avais trainé avec moi durant toutes ces années, du Bosphore de Tarkan jusqu'aux déserts d'Al-mamet et même aux abords des forets de Zwaisi. Ce coffre appartenait à ma mère... Je la connaissais mieux que quiconque... Mère n'etait pas du genre à s'émouvoir... elle n'aurait pas mis mon nom ou celui de Drogon ni même celui de sa ville d'origine. Non. Elle prenait son travail au sérieux... Un nuage passa devant la lune masquant un instant la lumière qui innondait la chambre.

MAIS BIEN SUR !

פאַרטרייבן פינצטערניש, געבן ליכט.

j'entendis un petit clic. La serrure etait ouverte.
Avec beaucoup d'appréhension, la main tremblante je soulevais le couvercle du coffre me revelant un être au visage d'oiseau tenant dans sa main un baton couvert de bourgeons.
Au fond du coffre je decouvrais un tissu rouge... il portait encore le parfum de ma mère... je senti une vague d'emotion infinie m'envahir avant de la refouler. L'heure n'etait pas à ca... pas maintenant.
A l'interieur je decouvrais plusieurs manuscrits que je commencais à parcourir. C'etait là tout le travail de ma mère... Je parcourais chaque page de facon frénétique, certains chapitres parlaient de transmutation, d'autres de panacés, de creation d'objets magiques. Les pages étaient couvertes de notes, de schémas, de recommendations. Il y avait la suffisament pour que les d'Ogier vivent sans jamais se soucier de manquer d'argent. J'étais encore abasourdi par ma découverte lorsque la lune me designa de son rayon un carnet noir.
Ce livret contenait une richesse bien plus grande que tout ce que ces carnets pouvaient offrir.
D'une ecriture fine et deliée, ma mère avait consigné dans ce carnet, des conseils qui m'était destiné.

Omri,
je sais que ton destin n'est pas de rester avec moi pour toujours. Ton père voudra tôt ou tard que tu ailles faire la guerre. Et il aura raison car tout ceci fera de toi un homme meilleur. Cela te rendra fort et sage car celui qui contemple le pire ne peut que revenir avec des idées neuves sur le monde. tu gagneras la force pour triompher des cauchemars. Mais ce ne sera pourtant que le début de ton voyage Omri.
Il est un voyage plus long, plus dangereux, plus destructeur que tous les voyages. Un voyage qui te detruira avant que tu puisses te reconstruire pour devenir l’être que tu dois devenir. L’éducation de ton père je l’espère t’y aidera.
Il te faudra etre fort de corps, d’esprit et de coeur mais je suis sur que tu y parviendras.
Omri, la lune te guidera quoiqu’il arrive.


Se suivait derrière une suite de schéma complexe que je ne parvenais pas à comprendre et pourtant je sentais au fond de moi que je venais de faire un pas vers ce chemin périlleux, ce chemin qui risquait de me détruire. Et j’en étais ravi. Je reposais ma tête sur l’oreiller, serrant contre moi le tissu rouge et le carnet, la tête nimbée des rayons de la lune. Et le sommeil vint profond et sans rêves pour la premiere fois depuis des semaines.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMar 5 Jan - 22:48


Il faisait froid. Terriblement froid. L’humidité s’engouffrait sous les lourds rideaux du château mais le vent ne parvenait pas à chasser l’odeur des rues de Bachir dans mes narines. Posé sur la table de travail, un petit coffret orné de symboles rappelant tetragrammaton happait ma conscience. Je me repassais ce dernier voyage en compagnie d’Enara et d’Aeli… Avions-nous fait les bons choix ? Celui qui sort l’épée a déjà perdu. D’accord mais comment agir contre des êtres qui ne comprennent que cette loi. D’ou que je parte, quelques fussent les scenarios que j’imaginais, je me retrouvais toujours à devoir choisir entre les chaînes d’or du pouvoir ou les chaînes d’airain de l’épée et dans les deux cas, un devoir implacable et les ténèbres. La debauche infinie de Rushmore et de ces opposants torturés à l’or et la sourde violence de l’aigle noir torturant des civils…
Et au-dessus de moi, tantôt comme une étoile, tantôt comme un couperet, l’épée multicolore. Mère qu’auriez vous fait ? Et toi Menora ? Et vous Rabbi ?...
Et quel maudit froid !
Mes réflexions furent interrompues par Meriadec, l’un des vieux serviteurs du château.

“pardon maître mais un envoyé demande à vous voir…”

Il etait enfin arrivé.

“dis lui que j’arrive tout de suite.”

Je refermais le coffret, anodin réceptacle de tous mes espoirs, puis je fermais les yeux, le temps de reprendre une contenance.
Je me levais comme un robot, enfilais un tabard propre et ceignait l’épée des Ogier à mon côté.
Je descendais les escaliers du château si lourdement que je semblais me rendre auprès du bourreau. Finalement, arrivant dans le salon je vis un jeune écuyer portant la livrée de l’ordre. Il devait avoir 16 ans tout au plus. Il devait être le fils d’un seigneur important pour ne pas être sur le front à son âge. Du reste, tout dans son attitude le confirmait : son port altier, sa blondeur, son petit nez retroussé, sa main négligemment posée sur sa hanche semblant dire “ce ruffian va t’il me faire attendre longtemps”. Je le pris aussitôt en grippe. Pourquoi ? Pourquoi tu avais tout maudit gamin alors que j’avais du aller patauger dans la boue et le sang ? D’ici 2-3 ans tu serais nommé chevalier puis tu rentreras chez toi sans avoir eu à tirer l’épée. Tu poseras sur ta petite tête blonde ta couronne d’or et de rubis, de vrais rubis, et tu poseras à jamais ton maigre cul sur ton trône jusqu’à ce que tu attrapes un vilain rhume et que tu claques dans tes draps de satin.
Je serrais mon poing ganté.
Calme toi… Respire… Il n’y est pour rien.
Je fermais les yeux et je revoyais le sourire de Menora.
“vous avez un grand coeur”
Elle s'était tellement trompée sur mon compte…
Un mouvement à la périphérie de mon regard me tira de mes réflexions. L'écuyer venait de se tourner vers moi.
vite une contenance.
"Un instant”, je me dirigeais vers un guéridon et je prenais un pichet et deux coupes. Loué soit Drogon l’ivrogne !
Je m'avançais vers lui, “tu dois avoir soif mon frère”.
Je posais verres et pichet regardant le garçon du coin de l'œil se réajuster puis je lui servais une bonne coupe de vin que je lui tendais.
“Je préfère vous transmettre mon message avant Chevalier” dit-il avec tout le sérieux possible.
“comme tu veux” dis je en posant la coupe
il sortit un parchemin de sous sa cape et me le tendit.
“vous êtes invité à comparaître devant Zorcha la rouge, la grande maîtresse par intérim de l’ordre du soleil rouge, à Leda, capitale du royaume de Villon aussi vite que vos obligations vous le permettront"
J’étais surpris, je m’attendais à quelque chose de moins cordial. Cela voulait dire deux choses: soit j’avais marqué des points soit j’avais fait une bêtise si grosse qu’on voulait éviter que les choses se sachent…
Je prenais le parchemin et le décachetais. Le petit sortilège d’inviolabilité disparu et je me fis la réflexion qu’un sceau de confidentialité serait bien utile et simple à réaliser.
Le parchemin était la retranscription exacte de ce que venait de dire l’écuyer.
je jetais le parchemin négligemment sur la table.
“Quel est ton nom, pour que je sache qui remercier”
“Je suis, Helmgaud de Griffe-acier, fils du Comte Grimaud”
“eh bien Helmgaud de Griffe-acier, merci d’avoir accompli ta mission” dis-je en lui tendant la coupe que je lui avais servi.
Il la but d’une traite, le pauvre n’avait pas dû épargner sa peine pour venir ici.
“tu dois avoir faim aussi. Installe toi je vais te trouver quelque chose” dis je en me rendant prêt d’un buffet qui croulait sous la nourriture.
“assieds toi, tu ne vas pas manger debout”
le garçon soudain un peu gauche, tira bruyamment une chaise et s'assit dessus se demandant presque ou était le traquenard. Il restait silencieux alors que je fouillais dans les placard à la recherche de quelque chose à se mettre sous la dent.
“Quoi ?” dis je soudain pour rompre le silence
“ Pardon Chevalier ?”
“tu ne parles pas Helmgaud de Griffe-acier. Je me demande pourquoi ?”
“oh…” dit-il gêné. Il trépignait sur sa chaise…
“poses ta question”
“ma question Chevalier ?”
“tu danses sur ta chaise comme si tu avais des fourmis dans le pantalon. Comme tu n’as pas l’air malade, ni pressé de partir, j’en déduis que quelque chose t’excite mais que tu n’oses pas me le demander. Les latrines sont au bout du couloir si c’est le problème mais j’en doute, alors poses ta question.”
Il hésita puis n’y tenant plus il lacha un brusque “est ce que c’est vrai que vous avez fait ce qu’on dit”
“et qu’est ce qu’on dit” dis je en posant une assiette pleine de charcuterie et de pain.
“que vous avez massacré des mercenaires et découpé en deux la fille du général pour les empêcher de toucher à des civils”
Helmgaud avait deja le nez dans son assiette et ma réponse ne l’interessait déjà plus.
“oui… oui je l’ai fais”
Je sentais presque le sang de la jeune femme sur moi. Le monde tournait autour de moi. Je m’asseyais lourdement et plongeais mon nez dans un verre qui traînait là. Il fallait oublier.
“moi je crois que vous avez bien fait”
“qu’est ce que tu dis ?”
“je pense que vous avez bien agi Chevalier. Ce que vous avez fait était vraiment chevaleresque. Brutal mais juste au fond. En plus, aucun de vos hommes n’est tombé."
“tu crois ?”
“ce que je crois c’est qu’on nous rabat les oreilles avec le code du chevalier pendant nos classes mais qu’une fois devenu chevalier, une fois sur le terrain, le code il ne sert qu'à excuser les crimes. Même moi je le vois. Mon père ne mène plus de combat sans l’aval de ses banquiers et de ses mages. Que le combat soit juste ou pas, ce n’est pas l’important, c’est eux qui décident. Quand je serais comte ça ne se passera pas comme ça !"

Ce garçon plein de vie était au fond touchant. Un rire tonitruant sorti de ma gorge. Il me regarda surpris, s'arrêta de manger puis se mit à rire avant de plonger un cuisseau de dinde dans sa bouche.

“eh bien je suis ravi que tu approuves ma decision !”
“Le chevalier a un comportement exemplaire guidé par les valeurs de la Chevalerie, la vaillance, la générosité, l'honneur et la courtoisie.
Il est toujours loyal envers ses compagnons Chevaliers et fait preuve de noblesse d'esprit.
Il a le respect de toutes les faiblesses et s'en constitue défenseur.
Il est fidèle à la parole donnée, elle ne peut, ni ne doit être mise en doute.
Il ne recule pas devant l'ennemi ou l'obstacle.
Il ne se bat pas par la pointe de l'épée mais par la force de son esprit chevaleresque.
Il défend au quotidien et en toute situation les valeurs du Chevalier.
Il prend soin des plus démunis, porte aide et soutien aux opprimés.
Il combat l'injustice et l'inégalité.
Il contribue à perpétuer la tradition de l'Ordre.
Il est fier d'être Chevalier et conscient du privilège et de la responsabilité que son titre comporte.
Il sera, partout et toujours, le vainqueur du Droit et du Bien contre l'Injustice et le Mal.”
"Bravo, tu feras un noble comte, Sir Helmgaud. J’aurai plaisir à servir à tes côtés"

Une fois repu, j’invitais le garçon à passer la nuit au château tout en lui conseillant de se rendre plutôt à la belle mouette ou un garçon comme lui s'amuserait plus. Il me remercia, me tendit une main fine mais assurée. Je lui serrais la main et le vit partir en direction du village pour profiter d’un repos bien mérité.

je retirais tabard et arme rapidement et me remettais à ma table de travail. J’ouvris le coffret et un petit cliquetis se fit entendre suivi d’un piaillement et un petit rossignol mécanique s'éleva hors du coffret pour se poser sur l’étagère. Le petit cylindre cranté au milieu de sa poitrine se mit à tourner, il ouvrit le bec et une petite chanson en sortit.

Nhabek, nhabek…

Cette chanson était à la fois pleine de sensualité et de tristesse. C’était la chanson préférée des heliopolitains mais on pouvait l’entendre un peu partout à Pardès. Elle m’avait toujours laissé songeur mais c'était comme un morceau de soleil…
Peut être que ça lui fera plaisir.
Je me levais pour récupérer le petit oiseau mécanique. J’appuyais sur la petite houpette qu’il avait sur la tête pour éteindre le mécanisme.
Lors de notre retour depuis Bachir, j’avais trouvé ce précis sur les golems. Je m’étais plongé dedans un peu par dépit pour m’occuper et ne pas penser. J’avais retrouvé dans celui-ci des théories et des principes assez similaires au processus qui nous avaient conduit à momifier le nain. Il était possible avec les bons métaux de remplacer les organes puis de créer un simulacre de vie. Tous les secrets de ces simulacres n’étaient pas encore à ma portée mais les bases pour créer des automates étaient elles tout à fait abordables. Alors patiemment pendant le voyage j’avais amassé de petites quantités de métal que j’avais dû cacher à Enara et une fois de retour je m’étais mis au travail.
Mais mes pensées vagabondaient toujours de l’autre coté de la mer, dans la banque qui abritait le plus merveilleux des trésors. Je m’étais laissé guidé non pas par ma tête mais par mon cœur. Pendant tout ce temps, je sentis presque la main de ma mère me guider.
Pendant mes rares heures de repos, je ne voyais qu’elle, je sentais ma tête contre sa poitrine.
Finalement, après plusieurs jours j’avais toutes les pièces pour ce petit rossignol mécanique.

Je deposais le rossignol dans la boîte. J’avais hésité à le lui envoyer. Je n’étais pas sûr. Une machine, un simulacre de vie, le choix de la chanson… Peut-être n'était-ce qu’une passade. Peut-être qu’Avar ne lui donnerait. Peut-être qu’elle trouverait cela ridicule ou malvenu. Mais après tout, j’allais devoir partir pour Leda et tout était possible là-bas.
je refermais la boite et je me mis à ma table pour écrire.

Dame Menora,

J’aurais tant aimé que nos adieux fussent plus doux.
Dans cette sinistre cité obsédée par l’or, vous avez brillé plus fort que le soleil de Pardès. Vous m’avez tant offert, la source, ce magnifique habit, cet après-midi en votre compagnie. Pour la première fois depuis très longtemps je me suis senti vivant. Vous m’avez nimbée de votre douceur et de votre bonté et pourtant je vous ai fait défaut.
Je dois vous le dire sans phare, je suis une brute, un soudard.
J’ai confondu la joie et l’ivresse car c’est ainsi que l’on fait lorsque l’on est un soldat pourtant rien de ce que j’ai vécu auparavant n’excusera mon comportement.
Oui madame, après cet après-midi j’ai bu à en oublier mon nom car le bonheur que vous aviez mis dans mon coeur était trop grand et j’ai eu peur qu’il n’explose, j’ai eu peur de devoir vivre sans votre chaleur.
J’ai compris aujourd’hui que je ne la méritais pas.
J’ai l’audace de conserver le magnifique habit que vous m’avez offert, peut être m’aidera t’il à devenir un véritable chevalier.
Je vous envoie un présent sans autre espoir que celui de me racheter de la peine que je vous ai causé.
Sachez Madame, que ce n’est jamais que vous j'aperçois dans mes rêves, votre âme a marqué la mienne et je saurais m’en contenter pour le reste de mon existence.
Demain, je pars pour la grande commanderie de mon ordre. Après nos aventures à Smog, mes compagnons et moi-même avons atterri sur Pardès et bien que je fus guidé par l’épée invisible, nous n’avons eu d’autre choix que de prendre part à l’assaut de la ville. Nous avons pu sauver les civils mais au prix d’une traîtrise dont je dois rendre compte à présent. Je ne sais comment sera accueilli ma décision, je l’ai prise en conscience, afin d'honorer l’épée invisible, la justice, vous.

Argantaël.

je signais le message et le cachetais.

Je regardais la bougie se consumer, les ténèbres gagnant petit à petit la pièce. Je repensais au carnet noir de ma mère. Il faudra se détruire à de nombreuses reprises et se purifier encore plus souvent avant de devenir l’être d’or, l’épée invisible. Du trois au quatre puis au cinq… Du rouge au rouge… les formes imbriquées… le tetragrammaton… les grands principes… la lumiere, les tenebres, l’unificateur et le diviseur et soph… Des formes se formaient dans mon esprit et une femme était là, le visage voilée. “accepte”. Soudain des enfants se mettent a danser devant moi… Je vois Enara et Aeli et … moi. Nous sommes dans la cour du chateau. les 4 grands murs nous dominent et plus haut le visage de Loa et le visage de El et à nouveau le visage de la femme voilée. Et quand je regarde devant moi je vois un diamant noir qui semble se craqueler. Je pose mes mains sur les failles pour contenir l’explosion et finalement rien ne se passe.

J’ai mal à la tête. J’ai dormi toute la nuit sur la table de travail. Finalement j’empacte le coffre contenant le rossignol et la lettre. Je pars chargé car un Chevalier comparait dans une tenue qui fait honneur à son ordre. Je sors de son coffre mon armure lourde, j’accroche l’épée de ma famille. Cette armure est comme une seconde peau, je ne la sens même plus. A vrai dire, je me sens bien dedans… j’ai l’impression d’être un vrai chevalier dedans J’harnache mon cheval et part en direction du port de Ker-saint.
“Maitre Kassim auriez vous la gentillesse de faire déposer ce paquet de ma part à la banque du veau d’or à Smog ?”
“ouuuh, j’irai pas avant plusieurs jours”
“ce sera parfait. Ne vous en faites pas.”

Kassim s'apprêtait à dire quelque chose, il leva des yeux rieurs vers moi qui s'éteignirent. Je venais d’enfiler mon heaume. A cet instant je savais que plus que jamais j’avais l’air effrayant mais pour rien au monde je n’aurai laissé Kassim voir mes larmes. Je laissais ce cher marchand avec un morceau de mon cœur entre les mains. Je me lançais à toute allure sur la route de Leon, prochaine étape Leda.
J’eu un petit regard vers le chateau et son étendard tout neuf.
“père… bientot vous serrez ou très fier de moi ou la honte vous tueras”.


Argantaël d'Ogier 2021-010
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeVen 8 Jan - 16:45

Le voyage jusqu’à Leda avait été pénible. Il pleuvait sans discontinuer depuis 3 jours et ma cape de voyage était plus glacée qu’un linceul. Le vent soufflait fort et le soleil semblait avoir simplement disparu du ciel. La monotonie de ces champs de terre rase était pesante pourtant, à la belle saison, ces grands champs de céréales devaient offrir un cadre bucolique. Au détour d’un carrefour, je vis un homme qui pataugeait dans la boue.

“eh bien que se passe t’il ?”
Il sursauta, se retournait avec une grimace agacée sur le visage qu’il ravala en me voyant sur mon destrier.
“il a tellement plu… je me suis embourbé monseigneur.”
“de beaucoup ?”
"suffisamment pour que je ne puisse pas en sortir seul”

Je descendais de cheval et m'approchais de la carriole. La pluie avait transformé le carrefour en un bourbier immonde et chaque pas que je faisais s’accompagnait des gargouillis de la terre détrempée. En somme on pataugeait dans la vase jusqu’aux chevilles. La carriole était lourdement chargée et elle était coincée jusqu’à l’essieu.

“je me rendais au marché de Leda… tout le monde y est pour la foire. J’ai absolument besoin de m’y rendre mais à ce train là…”
“je vais vous aider à vous sortir de là”

Je me dirigeais vers la barrière qui délimitait les limites du pré et de la route et j’en arrachais la planche supérieure que je calais sous les roues de la carriole. Je savais que tout ca ne suffirait pas. Patiemment du bout de mon doigt j’écrivais dans la boue افصل الماء وارفع الارض وجفف النار. puis j’y insufflais un peu de magie. Un halo doré nimba le tour de mon avant-bras, les mots que j’avais écris sur le sol se remplir de cette lumière dorée et bientot la terre autour des roues de la carriole se mis à sécher.
“prenez les rennes de votre cheval, nous allons sortir votre carriole de là”
“mais monseigneur… elle est prise dans…”
“faites moi confiance”
l’homme obeit docilement. Je me mettais derrière la carriole.
“vous etes prêt ?” criais je
“oui monseigneur”
“faites avancer le cheval alors !”
“allez avance bijou” dit le marchand
au même moment je soulevais l’arriere de la carriole de toutes mes forces. Je sentais les muscles de mes epaules et de mes cuisses s’étirer. Mon dos tirait. Mais mains empoignaient le rebord boueux de la carriole. Je sentais la terre relacher son emprise sur les roues. Encore un dernier effort. Je sentis les roues passer sur la planche, c’était bon la carriole était dégagée.
“oh merci monseigneur !”
“ce n’est rien brave homme”
L’homme monta sur sa carriole direction Leda et ses toits argentés.
Il était temps pour moi aussi de repartir.
J’étais couvert de boue… decidement, ce voyage tournait au supplice.
Leda se dessinait enfin à l’horizon. J’avais reflechis à ce que j’allais dire pour me defendre mais c’etait comme si la pluie et le froid avait délavés mes arguments. Et finalement c’est la tête vide que j’abordais les derniers kilometres.
Leda était à la fois splendide et repoussante. Les grands toits s’élancaient vers le ciel alors que les cloaques semblaient être des portes beantes vers l’enfer. Ici, la plus grande richesse cotoyait la misère. Il y avait comme un bourdonnement dans cette ville, quelque chose d’indescriptible, d’indicible et pourtant qui était là. La magie peut etre ? qui sait… Je traversais la ville jusqu’à la commanderie. Le batiment était fait de pierre rouge. Massif, le batiment se démarquait par à l’immense vitrail du soleil rouge qui en ornait le fronton. Il semblait irradier de sa lumière la place et sa célèbre fontaine macabre qui faisait face à l’entrée. Je passais par le bastion et ses grandes portes afin de poser mon cheval à l’écurie. Je croisais quelques visages familiers, donnais quelques salutations mais plus que tout j’essayais de me faire discret car disons le je sentais une certaine animosité. Alors que je rangeais des affaires dans mes sacoches je sentis quelque chose de pointu dans mon dos.
“bouges et je t’occis”
“il faudrait que tu sois plus rapide…”
“je pourrais essayer de t'assommer mais tu as deja la tete creuse…”
Je me retournais et decouvrais le visage souriant de mon ami Grippho de Lance-ardente. Grippho était un aigle, il en avait l’allure et la vivacité. Fils d’un gros seigneur de l’Est, il était arrivé dans l’ordre en même temps que moi et nous ne nous étions jamais quitté. Il avait la main leste, l’esprit vif et une liberté de pensée que je lui enviais. Mais il n’était pas qu’un fanfaron et beaucoup de ses ennemis l’avait appris à leurs dépends.
“qu’est ce que tu as foutu” me dit il
“je sais pas… quand j’ai vu les mercenaires de l’aigle sur le point de tuer les habitants de Bachir… je…”
“n’en dis pas plus. Je comprends. Mais ils sont furieux ici…”
“je sais… mais qu’est ce que tu veux ? Tu ne repenses pas à ce que nous avons fait là-bas ? Heliopolis, Raaba, Medze… et toutes les autres ? C’etait chevaleresque tout ca ?”
Mon ami restait silencieux son regard vert dans le vide.
“ecoute, on est plusieurs à penser que tu as eu raison. Mais les maitres… ils ne pensent pas comme nous.”
“j’ai vu Cassiodore après tout ca”
“je me disais bien que c’etait etonnant qu’il se mette en retrait. Que lui as tu dit ?”
“la meme chose qu’a toi… Sa fille qu’en penses t’elle ?”
“rien de bon. On l’appelle pas la rouge pour rien.”
je restais silencieux…
“tu as creusé un gouffre dans l’ordre…”
“je sais… je… je regrette tellement”
“ne dis pas de connerie. C’est peut etre ce qui va te sauver ! Ton action questionne tout l’ordre. Et je pense que tu devrais continuer à invoquer les valeurs de la chevalerie…”
“tu crois ?”
“oui. Par contre… tu vas être épié… tu sais comment ca se passe ici…”
“oui.”
“fais attention à toi. je ne voudrais pas devoir venger ta mort”.
Il me sourit mais son regar était triste. Croyait il vraiment en la chevalerie ou était ce la loyauté d’un frère ? difficile à dire. Il me tapa sur l’épaule et pris congé.

Je regardais sa tête rousse s’éloigné dans le couloir en me demandant combien de personne pensait comme lui… ici… ailleurs…

“Argantaël d’Ogier, la grande maitre veut vous voir”
“j’arrive tout de suite…” dis je sans quitter du regard mon ami qui partait.

Je fus introduit dans la grande salle des portulans. Quel choix de salle étrange pour un proces… c’etait plus une salle pour une entrevue. Le lourd battant de la porte écarlate se referma dans un tintement sinistre. Un feu brulait dans la cheminée, il faisait bon dans la pièce. Une immense carte du monde connu tronait en son centre alors que les murs étaient couverts d’étagères croulantes sous les portulans. Un grand trone de bois rouge et ouvragé avait été installé. Finalement une petite porte s’ouvrit dans un coin de la piece et une femme en sortie accompagné de deux hommes. La femme était grande et longiligne, sa peau était légèrement ambré, ses cheveux rouges écarlates. Elle semblait avoir été faite à la semblance de Diomède. Elle portait une armure lourde ainsi qu’une lourde cape de velours, la cape du grand maitre de l’ordre. Son visage était autoritaire et marqué d’une profonde cicatrice. Ses yeux bleu acier lancaient des éclairs. C’etait une veritable guerrière. Pas une chevalière. Elle semblait agitée par autre chose… évidemment elle ressemblait à Cassiodore puisque c’etait Zorcha la rouge.
Les deux hommes qui l'accompagnaient portaient eux aussi de lourdes armures. Le premier était un colosse chauve et borgne dont l’armure semblait presque trop petite pour son impressionnante musculature. Il devait avoir le même age que mon père… Ils auraient pu être des jumeaux si mon père n’etait pas devenu un ivrogne. Cet homme c’etait le comte Toren Briseacier, un vétéran et un des conseillers militaires de Cassiodore. L’autre homme s’appelait Eloi de SangLupus et c’etait simplement le meilleur maitre d’armes de l’ordre et à bien des égarts il me rappelait Grippho. Il avait la réputation d’etre rusé et sans pitié mais pas sans honneur. On disait aussi qu’il n’avait jamais été defait en combat.

le silence était pesant dans la pièce. Je sentais le poids de ces 3 paires d’yeux sur moi.

“alors c’est toi le fameux Argantaël dont me parlait Cassiodore”
Zorcha s’exprimait d’une voix tranchante, abrupte.
“Nous ne nous étions jamais rencontré encore”
“Non jamais.”
Etrange d’ailleurs car elle ne semblait pas beaucoup plus agée que moi et elle avait l’expérience des combats c’etait évident… Aurait elle été deployé ailleurs ? peut être.
Elle s’approcha d’un appareil que je n’avais jamais vu. l’objet ressemblait à un lutrin orné d’un cylindre sur lequel était disposé un bras mécanique équipé d’une plume. Sur un deuxieme cylindre, en dessous, un parchemin qui sortait et disparaissait du pied central du lutrin était disposé. Un immense cornet de laiton était dirigé vers la pièce. Zorcha approcha son anneau de la machine qui prit vie.
“Chevaier d’Ogier, racontes nous ta version de l’assaut de Bachir”
“ Lorsque nous sommes arrivés à Bachir, l’assaut se préparait à être donné. La ville était tombée et les hommes présents avaient soif de sang. Le phénix m’a envoyé une vision, j’ai vu les civils massacrés par les mercenaires de l’aigle noir mais pire encore j’ai vu nos chevaliers y participer. J’ai pris cette vision pour une mise en garde. J’ai chargé avec mes chevaliers jusqu’au quartier des mosquées. Les hommes de l’aigle noir n’ont pas percu mes mises en garde et nous avons du les arreter dans leur assaut. Nous les avons mis en deroute sans les pourchasser. Après quoi, le quartier des mosquées a été changé en Oasis”
“une vision du phénix ?”
“c’est comme cela que je l’ai perçu…"
la machine qui avait retranscrit ce que j’avais dit maintenant la plume en suspens, attendant avidement la suite de notre discussion. Zorcha s’approcha de la machine et la coupa.
“Tu as mis en danger tout notre ordre, brisé un accord majeur qui seul nous garantissait notre statut à Pardès pour une vision ?”
Son visage dur était marqué par la colère. Je ne savais pas quoi dire.
“oui…”
“quel genre d’inconscient es tu ? As tu mesuré la portée de tes actes seulement ?”
“non je… j’ai voulu agir justement”
“justement ?”
“Le chevalier a un comportement exemplaire guidé par les valeurs de la Chevalerie, la vaillance, la générosité, l'honneur et la courtoisie.
Il est toujours loyal envers ses compagnons Chevaliers et fait preuve de noblesse d'esprit.
Il a le respect de toutes les faiblesses et s'en constitue défenseur.
Il est fidèle à la parole donnée, elle ne peut, ni ne doit être mise en doute.
Il ne recule pas devant l'ennemi ou l'obstacle.
Il ne se bat pas par la pointe de l'épée mais par la force de son esprit chevaleresque.
Il défend au quotidien et en toute situation les valeurs du Chevalier.
Il prend soin des plus démunis, porte aide et soutien aux opprimés.
Il combat l'injustice et l'inégalité.
Il contribue à perpétuer la tradition de l'Ordre.
Il est fier d'être Chevalier et conscient du privilège et de la responsabilité que son titre comporte.
Il sera, partout et toujours, le vainqueur du Droit et du Bien contre l'Injustice et le Mal”

Zorcha s’approcha de moi menaçante.
“pour qui te prends tu pour me jeter notre code au visage ? Tu nous as mis en danger ainsi qu’en position de faiblesse ! Notre place à Pardès est désormais disputée. Les mercenaires nous permettaient la domination de la région mais maintenant que va t-on faire ? Tu comptes conquérir la terre sainte avec des poemes ?”
Je sentais les oreilles me chauffer, je serais les poings et soudain ma bouche s’ouvrit sans que je puisse me retenir
“nous participons à ces massacres depuis trop longtemps. Il n’y a rien de chevaleresque la dedans. Nous sommes des soudards rien de plus !”

Une nouvelle grimace déforma le visage de Zorcha.
“Comment oses tu ?”

“Allons” dit Eloi “Zorcha, tu sais que cet accord avec les mercenaires n’étaient que temporaire… Et puis… Le Chevalier d’Ogier n’est pas le seul à penser que nous avons peut etre fait fausse route !”
“Notre ordre doit conserver sa puissance” lacha alors Toren, “nous ne pouvons pas perdre en influence et le retrait de Cassiodore est…”
“le retrait de Cassiodore n’est que temporaire” lacha Eloi
“Oui !” coupa Zorcha “mais en attendant, je suis la grande maitresse de l’ordre.”

Elle faisait les 100 pas, je connaissais l’expression sur son visage, son père avait la même lorsqu’il reflechissait à une strategie. Finalement, elle s’assie sur le trone de bois.
“Bien par chance, le chevalier d’Ogier, n’est personne ou presque les implications seront donc limités. Tu es ami avec Aelius de Sancti n’est ce pas ?”
“oui…” bafouillais je encore sonné par sa première analyse
“eh bien voici ce que nous dirons, tu es un jeune chevalier un peu naif et plein d’idéaux et ton ami le messie t’as tourné l’esprit. Tu as cru à une vision mais ce n’était que de la fièvre et finalement tu as agi de ton plein gré. Bien sûr la mort de la fille d'Aquila Jones est regrettable mais pour le reste… eh bien… ce sont des mercenaires, personne ne fera cas d’eux.”
Cette salle, ce message… c’etait donc pour ca ! En minimisant l’impact de ce que nous avions fait, elle espérait que l’ordre s’en sortirait. Et pour cela je devais passer pour un idiot ou un illuminé.
“Bachir est déjà oublié. Nous présenterons nos excuses officiellement. Ca ne réparera rien mais cela nous permettra de nouer de nouvelles alliances avec d’autres mercenaires. Toren, ou en sont les discussions avec Diesen et la compagnie Sleipnir ?”
“Très bien avancée. Il ne nous reste qu'à signer"
“parfait.”

Zorcha se leva de sa chaise et se dirigea vers la petite porte.
“ Pardon Grande maitresse mais et moi ?”
“toi ?”
“oui…”
“tu n’as qu’a considéré que tu es en repos. Tu en as assez fait. Je ne sais pas ce que te trouvais Cassiodore…”
Elle quitta la pièce Toren sur ses talons.
Je serrais les poings… J’étais passé pour un idiot, je n’avais pas pu me defendre…
“allons estime toi heureux, tu t’en sors bien…”
J’avais oublié qu’Eloi se trouvait dans la piece avec moi
“tu n’es pas le seul à trouver que l’ordre à perdu de vue ses valeurs mais il faut être patient sinon tu seras comme tous ceux qui se laisse devorer par leur ambition…”
Il posa sa main sur mon épaule et j’eu l’impression qu’il voulait me dire quelque chose de plus mais il tendit l’oreille et se ravisa. Il quitta la pièce me laissant seul au milieu des cartes.

Le soir je retrouvais Grippho et je lui racontais tout
“eh bien si tu veux mon avis, tu as eu de la chance”
“je ne sais pas j’ai l’impression d’etre une sorte de carte qu’ils sortiront le moment venu”
“on est tous des cartes dans un jeu qui nous depasse vieux”
“ouais si tu le dis…”
Je restais quelques jours à Leda le temps que le temps se calme et finalement je repartis pour Kersaint et sa tranquilité avec l’espoir que Menora m’ait repondu.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMar 12 Jan - 21:14

Le soleil de cette fin d’hiver était agréable. Le retour à Kersaint allait être agréable si le temps se maintenait. Je repartais de la commanderie quelque peu assommé mais malgré tout soulagé car, par chance, j'étais trop insignifiant pour faire de véritables remous. C'était donc cela la chevalerie aujourd’hui ? Au cœur de la capitale de Villon, il me semblait évident que les vieilles histoires de mon père venaient d’un temps bel et bien révolu. La ville semblait aux mains des bourgeois, des artistes et partout les corps semblaient plus habitués à manier le stylet plutôt que l’épée longue. J’étais partagé… Je me sentais évidemment pas de ce monde et pourtant j’en voyais bien les avantages ! La ville était prospère, les gens vivaient dans une forme d'allégresse… Pourtant elle était toute relative cette allégresse car je les avais vu les gibets le long de la route et j’avais aussi vu les greniers à grains vides.

“Argantaël ! Argantaël !” Grippho venait de me tirer de mes revasseries.
Je stoppais mon cheval pour ecouter ce qu’il avait à me dire.

“Alors ?”
“eh bien rien… je suis sur la touche quelque temps mais c’est tout…”
“tu as sans doute été victime de la fièvre !” lança t’il en riant, un rire qu’il étouffa vite en voyant que ça ne m’amusait pas beaucoup.
“dis donc, tu ne vas pas partir maintenant, C’est la fête dans le quartier de la gorgone !”
“oh je ne sais pas… je pensais rentrer et…”
“attends… Je vais vraiment m’inquiéter pour toi. Argantaël d’Ogier, le pourfendeur du fut sans fond, celui qui a terrassé Guyomard de Melch, n’aurait pas envie de participer aux fêtes de la Gorgone ?” Je le regardais sceptique.
“Toutes les légendes seraient-elles condamnées à disparaître ?” Hurla-t-il soudain au milieu de la rue.
Je fus pris d’un incroyable fou rire. Finalement je me résignais à ramener mon cheval à la commanderie, à me délester de ma lourde armure. J’en avais assez de penser, le temps de la vie était revenu. Menora ne me répondra peut-être jamais…

Le quartier de la gorgone était un quartier singulier. Cet ancien faubourg avait été avalé par la ville et il était devenu le quartier des plaisirs à bas coûts, du vin qui tache et des gens riches avides de quelques aventures parfumées au soufre. On y faisait commerce de poisons, de filtres et de remèdes quasiment ouvertement. La grande place qui servait de parvis à la petite église du phénix était constamment agitée par des spectacles pas toujours très phéniciens… Farce, illusions et musiques resonnaient sous le regard sévère de Saint Ignis, saint protecteur de l’église et de son frontispice qui affirmait pourtant “ ibi non debeant nisi honestas ac devotas cantilenas cantare”. Dans les ruelles on trouvait aussi bien des gentilshommes de province en train de se faire dépouiller par quelques lascars après qu’une belle lui ait promis monts et merveilles que des ivrognes dormant dans la boue. Tout ceci semblait normal ici… A bien y penser, le mot “normal” n’avait pas vraiment de sens pour ce quartier. Il n’était pas grand, il allait de la porte des lions à l'ouest jusqu’à l’église Saint Ignis à l’est et ne dépassais pas la rive du fleuve, quelques pâtés de maisons tout au plus, et pourtant lorsque vous y pénétrez il se refermait sur vous et il semblait s’étendre au point de faire 5 ou 6 fois sa taille.
Il y avait, dans ce quartier, quelque chose de sombre, de sourd, une violence à peine contenue… Un frisson me parcouru l’échine… j’aimais cette sensation, je m’y sentais bien, elle nourrissait ma part d’ogre… ma part d’Ogier…

Dans l’air se mélaient les odeurs d’encens, de sueur et d’alcool alors que les fanions accrochés dans les rues brillaient, dans ce soleil d’hiver, comme un vitrail profane. Le brouhaha de la foire et la musique couvraient les paroles, Grippho m'indiqua une taverne, l’Urbi et Ubris.

“Alors ? tu veux m’en dire plus ?” me demanda t-il
“Te dire quoi ?”
“Je ne sais pas… l’entrevue… Bachir…”
“Il n’y a vraiment rien à dire sur l’entrevue. J’ai eu un coup de chaud rien de plus…”
“non allez vraiment… qu’est ce qu’il s’est passé là bas ?”
J'hésitais et puis finalement je lui racontais tout ! Smog, le dragon, Diomère, Bachir… le dégoût que j’avais eu en voyant ce qui se préparait, la peur que j’avais ressentie à ce moment là, la peur d’être confronté à ce que j’avais fais pendant des années sans me poser de questions. De la charge contre les mercenaires, du duel contre la fille d’Aquilla Jones.
“eh ben… merde alors…”
je le regardais interloqué
“je veux dire… qu’est ce que tu veux que je te dise après tout ça ? Si je ne te connaissais pas si bien, je jurerais que tu te payes ma tête.”
Révoquer tout ceci était douloureux… tout ceci rappelait…
“Tavernier, un autre !” hurla Grippho en montrant le pichet de vin que nous venions de boire. “Ne t’en fais pas Argantaël, nous sommes au bon endroit pour oublier tout ça…”
Et il me versa un nouveau verre de vin.

L’après midi passa au gré des pichets de vin et la soirée arrivant Grippho décida qu’il était temps de quitter cet endroit pour aller à une adresse plus confortable. Une poignée de pièces sur le comptoir suffit à satisfaire l’aubergiste qui avait arrêté depuis bien longtemps de compter les pichets que nous vidions.

la terre bougeait sec sous nos pieds… Pour nous rendre à l’auberge ou voulait aller Grippho, il fallait passer par plusieurs ruelles, longer la place Saint Ignis et s’enfoncer dans une ruelle sombre comme la nuit. Rien que deux chevaliers de l’ordre du soleil rouge ne pouvaient accomplir.
“attends… Je vais pas tenir jusque là bas…” me dit Grippho tout en degraphant son pantalon.
Alors qu’il se soulageait en se cramponnant au mur, quatre hommes apparurent dans la ruelle.
“alors mes seigneurs… on s’est perdu ?” dit celui qui semblait être le chef.
“ahah ouais perdu hein ? on s’est perdu?” gloussa betement le sbire obèse à coté de lui.
“chef il empeste la vinasse…” dit un homme au nez de fouine tout en saisissant Grippho par l’épaule.
“tu vas voir manant” dit alors Grippho tout en l’aspergeant, “je vais t’apprendre à te comporter comme il faut en présence d’un comte”.
Des matraques de bois apparurent dans les mains des hommes en même temps qu’un sourire mauvais sur mon visage. Pas de tabard, pas d’armure, pas de responsabilité… C’était l’heure de relâcher l’enfer. J’écrasais mon poing sur le visage du chef qui tomba à la renverse, surpris de ne pas être cette fois l’assaillant. Grippho qui s'était reculoté à la va vite enchaîna deux coups au ventre de son adversaire avant de lui frapper le menton et de le projeter contre le mur. L’obèse de mon coté tenta une charge que je contrais d’un pas de coté. Croque en jambe, le voilà dans la boue. Un coup de pied, deux coups de pied, trois. Une brume rouge dansait devant mes yeux. Grippho s’attaquait au deuxième détrousseur. Dans la pénombre de cette ruelle, il ressemblait à une flamme, brûlant tout sur son passage. Il envoya son pied dans l’entrejambe de l’homme qui s’écroula dans un petit râle désespéré. Alors qu’il se retournait vers moi avec le sourire, une terreur traversa son regard. Je me retournais. Juste le temps de voir un couteau dans la main du chef. Je lui saisi la main mais trop tard, la lame s'enfonça dans le gras de mon épaule. De toutes mes forces, je lui assenais un coup brutal sur la clavicule qui, dans un claquement sec, se brisa nette avant de le saisir par la tête pour l’envoyer se fracasser contre le mur. L’homme emit un gargouilli.
“Eh bien voila ton habit tout déchiré !” plaisanta Grippho
“j’ai desaoulé…”
“moi aussi…”
“quel scandale…”
“j’allais le dire !”
“allons remedier à cela” dis je oubliant l’entaille que j’avais au bras, laissant les 4 hommes inconscients dans la ruelle.

La place Saint Ignis était éclairée de nombreuses torches, projetant les ombres désarticulées des danseurs et des jongleurs sur les murs dans un clair obscur mystique et effrayant. Une femme de Pardès dansaient sur la place, ses pieds effleurant à peine les lourdes pierres du dallage. Les musiciens jouaient un air mystique, un peu triste, évoquant les mystères de la terre sainte. Alors qu’elle laissait sortir de ses manches des papillons, on installa des cloches de verre coloré sur les brasero et la place se teinta des milles couleurs des papillons. Je restais subjugué par ce spectacle… Tout n’était que spectacle, la vie, les ordres, les rois, les chevaliers, les mages, le pouvoir, la pauvreté et la richesse tout n’était qu’ombre, illusions créent par un marionnettiste fou dans l’espoir de nous faire croire que le monde était tel qu’il l’imaginait. Au delà des lumières, au delà des papillons je voyais la jeune femme danser et avec elle Soph l’invisible. Ce n'était pas que la lumière ou le vin, sa danse était une oeuvre mystique qui vous tournait les sens… Oui… tout n’était qu’illusion et l’illusion demeurait tant qu’on y croyait car la vérité demeurait dans l’invisible. Le pouvoir des uns, l’or des autres… ce n’était qu’illusion… Je plongeais ma main dans ma bourse pour découvrir qu’elle était vide. L’or des autres… tout n’est qu’illusion… dans cette débauche de feu, de vin et d’illusion je déversais un peu de ce savoir mystérieux que j’avais en moi et que je ne maitrisais que tres mal. Je plongeais ma main dans la bourse et en sortie une poignée de pièces d’argent que je jetais aux pieds de la danseuse qui venait de finir sa danse.

Combien de temps étais-je resté à la regarder ? J’en etais arrivé à oublier tous les gens de cette place, la clameur des ivrognes et la puanteur de la sueur et du vin. Je la suivais du regard comme hypnotisé… Je la vis disparaitre derrière un rideau et je me décidais à la suivre… J’approchais à pas feutré de la tente et ce que je découvris me coupa le souffle. Elle se démaquillait ! Même son costume de nasirienne etait une illusion.
“ah ben t'étais là” gueula Grippho, “je t’ai cherché partout”

La jeune femme sursauta, nos regards se croisèrent mais je ne pris pas le risque de soutenir ce regard hypnotique et je suivais Grippho dans les méandres des ruelles bien décidé à faire honneur à ma réputation.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMer 13 Jan - 21:52

Grippho m’avait trainé dans une gargote. On accédait à la culbute, puisque c'était son nom, en descendant un petit escalier d’entresol insignifiant et, une fois la porte passée, on découvrait une pièce haute de plafond, mal éclairée, à l’air saturé de parfums. L’endroit était lourdement décoré : velours, tentures, sculptures peintes et dorées, le tout d’un goût plutôt douteux et somme toute assez vulgaire; l’endroit ne s’appelait pas la culbute pour rien. La salle principale était grande et assez unique, au centre une estrade accueillait artistes et danseuses, les clients étant disposés sur des banquettes tout autour de la pièce. Les banquettes étaient si confortables qu’elles semblaient vous happer, véritable invitation à l’indolence. Il semblait simple de rester dans ces endroits des heures, voire des jours… Le vin était capiteux, épais, chargé d'arômes bien loin de l’immonde piquette que l’on buvait ailleurs. Le vin n'était pas meilleur mais tout comme les banquettes, il semblait impossible de résister à son appel. Un duduk émit une complainte et un petit air paisible vint cacher les quelques bribes de discussions que l’on parvenait à entendre. Ici des gentilshommes se prélassaient en compagnie de jeunes femmes accortes, là de sinistres personnages à la mine de comploteurs discutaient à voix basse en regardant autour pour être sur qu’on ne les écoutait pas, là bas encore on voyait hommes et femmes disparaître derrière un rideau. Lorsqu’il s’ouvrait, on distinguait un escalier qui menait sans doute à des alcôves situées au premier. Lorsque l’on y regardait bien, on pouvait deviner des regards plongés sur la salle du bas, perçant à travers de sombres moucharabiehs. Nous nous étions à peine assis qu’un gros homme habillé comme un valet déposa du vin, des coupes ainsi qu’un coffret de bois d’exotique orné d’une étoile et d’un croissant. Nous étions rieurs et bien décidés à nous abandonner aux délices de la Culbute. Grippho nous servit deux bonnes coupes et l’on trinqua poliment aux délices d’une vie d’aventure et à la quatrième aiguière, nous faisions le serment d'être toujours des chevaliers et de ne jamais nous affronter. La musique s’était faite imperceptiblement plus douce, plus langoureuse et des femmes portant des masques s’étaient installées à nos côtés. Grippho avait fini par ouvrir le coffret qui contenait tout un ensemble de drogues et de stimulants venant de Pardès : Grenade de Kalonymos aux propriétés apaisantes, chanvre de Saint Elm stimulant et racine de lotus pourpre en poudre… Nous étions face à ce coffret comme face à une boîte de bonbons pour vilain garcon. Ma préférence allait aux grains de grenades qui, lorsqu'on les croquait, répandaient leur nectar sur la langue, envoyant par la même votre esprit voyager loin loin loin… Grippho empoigna la petite cuillère plongée dans le racine de lotus pourpre, la versa dans son vin qu’il but d’un trait. La jeune femme qui lui tenait la main se leva, il se tourna vers moi un immense sourire lui devorant le visage et la suivie. Ils disparurent derrière le rideau. Je restais encore un peu sur la banquette, une femme glissant dans ma bouche les grains de grenade…
“tu viens…”
“pas déjà… j’aime la musique…”
Ma tête partait en arrière, je sentais la grenade et le vin faire effet… Soudain, une ombre apparut face à moi et lâcha 5 pièces d’argent sur la table.
“reprends les, je n’ai pas besoin de celle-ci !”
C'était la danseuse de la place !
"tire-toi !” dis je à la femme masquée
“comment ?” dit elle offusqué
“prends ca et laisse la place !” insistais-je en lui collant les 5 pièces dans la main et en la poussant d’une main sévère mais sans violence. Elle me fusilla du regard mais prit les 5 pièces et s’eloigna, il était temps d’aller plumer un autre client. Je fis signe à la femme de s’installer.
"Tu bois quelque chose ?”
elle hocha la tête et je lui servais une coupe.
“puis je savoir ce que tu faisais à m’espionner ?”
“je t’avais pris pour une femme de Pardès…”
“tu es de là-bas ?”
“non je suis du duché de Leon”
“alors que t’importes que je sois de Pardès ou non ?”
“j’ai mes raisons…”
“oooooh on est mysterieux chevalier… mystérieux et aussi un peu menteur…”
“que veux tu dire…”
“les pieces que tu m’as lancé…”
“oh… je… tu me les as inspiré”
“ah vraiment ?”
“oui…”
Son regard noir était hypnotique, profond, mais pas comme un gouffre non… Elle sentait le jasmin… Ses longs doigts couraient sur mes avant bras et plus la discussion avançait et plus elle se pressait contre moi. Les grains de grenade faisaient effet mais ce n'était pas seulement ca…
“Viens, allons nous délasser ailleurs” dit-elle enfin.

Elle me guida à travers la salle, le rideau, l’escalier, l'alcôve discrète. J’étais comme sur un nuage, mes sens engourdi par l’alcool et les substances. Elle alluma la petite lampe à huile donnant vie aux ombres de la pièce. Je pouvais presque voir les ombres des anciens occupants, l’amour, les complots, les trahisons, les déchirements danser sur les murs rouges de la pièce. Les illusions encore… cette femme portait les illusions partout ou elle allait. Je me tournais vers elle.
"ça va purifier l’air…” dit elle en allumant un petit cône d’encens
J’humais la fumée aromatique de toute ma cage thoracique…
“Oliban d’Aquilaria”
“cela te rappelle des souvenirs ?”
“oui…” dis-je d’une facon plus triste que je ne l’aurai voulu
“oh eh bien ce n’est pas le moment d’etre triste… Retire donc ta chemise” et elle joignit le geste à la parole.
“eh bien… tu n’es pas qu’alchimiste on dirait…”
A l’ombre d’une lampe à huile, là au cœur des ombres dansantes, les peaux semblent si cuivrées, les yeux se chargent de lueurs et les masques se fissurent…
“tu as realisé de jolies petites pieces…” me dit elle, “ mais quelle est ta quête ?”
“ l’épée multicolore…”
De sa main tomba soudain une poudre étrange à la fois d’ombre et de lumière, rouge, bleue, jaune et verte et le monde se mit à tourner…

Il y a face à moi ce diamant noir, couvert de fissures. J’essaye de retenir cette humeur d’ombre mais les fissures étaient trop grosse cette fois. La femme au visage voilé me dit de ne pas empecher l’eclosion alors je me recule et le diamant eclate et de l’ombre surgit un oeuf multicolore qui se moire. Je me tourne vers la femme mais je vois un une creature, un Anthropos à sa place. Il est entouré des 4 éléments, l’eau la terre le feu l’air ou la lumière l’ombre l’unification et la séparation. Je m’approche de lui pour le toucher mais à peine ai-je effleuré son orteil qu’il tombe en une poudre… la poudre… miroitante… je la laisse me tomber dessus… Tout se mêle, l’eau et la substance, sulphur philosophem qui est à la fois eau et ame, Sygin et El, le feu, l’aigle, la larme, le dragon et le serpent, l’hyle des sages et la prima materia. Broie la pierre en poudre très fine et mets la dans le vinaigre céleste et tu auras l’eau philosophique. l’eau est le feu… je plonge mon doigt dans ma bouche et depose de la salive sur la poudre que je tiens dans mon autre main. Une grosseur se forme puis elle traverse la peau de ma main … un bourgeon ! Il pousse, il pousse… Il est orné de 12 rameaux… Je m’approche de la premiere branche et soudain je me retrouve piegé dans une sorte d’oeuf noir. Il se met a chauffer, à briller… c’est une cornue, je suis piégé dans une cornue… Je vois un mot. Calcinato. Je sens les flammes detruire ma substance, mon essence… jusqu’à voir un nouveau mot. Solutio. Je sens mon ame se fondre dans le tissus du monde, je n’existe plus, je suis juste dans le tout et le rien, je suis ombre et lumière melees. quand un nouveau mot apparait. Separatio. Je suis comme ecartalé. L’instant j’étais tout à la fois et cette fois je suis déchiré en une multitude de morceaux, feu, eau, lumiere et ombre, dragon et serpent… Coniuncio.Soudain comme sous la pression de mains gigantesques je suis pressé, compressé, ecrasé, de poudre je deviens matière… une matière molle et flasque comme de la glaise. Putrefactio. Je suis abandonné là à pourrir. Tous les fluides de la vie s’echappe de mon corps de glaise et les fluides finissent par sécher. Coagulatio. Je ne suis que liquides visqueux, informes… Cibatio. Une coupe me recueille et me saupoudre de cette poudre étrange. Ma materia se durcie legerement, je ne suis plus désormais qu’une pate epaisse et lisse, un bloc dense… Sublimatio. La coupe se met a chauffer, de la fumée m’entoure, et je me rends compte que, pareil à un boeuf sacrifier à quelques dieux paiens, mon corps s’envole dans l’air, part en fumée. Fermentatio. Je suis un gaz qui retombe sur le sol, je suis moi et pourtant je suis partout, je sens l’ombre et le doute planter ses griffes en moi… Je sens que le chemin est dangereux ici… Exaltatio. Un feu sans chaleur s’allume et je decouvre que je suis dans une caverne de cristauxn, je cours apres le feu et tente de le rattraper, finalement je le saisi et je l’approche des cristaux mais les cristaux aspirent le feu. Augmentatio. Le feu grandit dans les cristaux, il grandit tellement que les cristaux deviennent enormes. Ils grandissent, grandissent. Proiectio. Un cristal sort de ma tête, de mon coeur, je suis le cristal multicolore. Une goutte tombe au sol et rebondit 12 fois sur le sol laissant derrière elle 12 pieces de metal. 12 métaux nommés selon les 10 planetes et les deux grands principes. le plomb, le fer, le cuivre, l’etain, l’airain, le mercure, l’orichalque, l’adamante, l’electrum, le terne, l’or et l’argent. je me saisis des pieces et je les martele. 10 belles roues et deux petites onces d’or et d’argent. Je vois un immense creusait et je depose les pieces dans l’ordre des planetes dans le ciel. Le feu surgit soudain d’un coup, le feu sans chaleur… le feu et l’eau… je baigne dans les flammes, comme une épée dans la forge… Je vois un éclat multicolore, un reflet… possible…

“Alors t’es pas encore levé ?” aboua Grippho
Mon dieu, quel mal de crane… je touchais la couche ou j’étais allongé. Personne !
“Ou est elle ?” dis-je en me levant en sursaut “tu ne l’as pas vu ? elle est ou ?”
“ahah mais de qui tu parles ?” Grippho riait aux éclats, “tu cherches la catin d’hier soir ?”
“non.. non tu ne comprends pas…” J’enfilais mon pantalon, mes bottes et ma chemise, sautait du lit comme un diable dans une boite et sortait de la chambre “c’etait différence.. une expérience mystique! Mais tu peux pas comprendre !”
Je laissais Gryppho planté là et me lancait à toute vitesse à la recherche de la femme. Elle n’était pas dans l’auberge… en bas peut-être ! Rien ! personne ! Dehors, sa tente evidemment ! Je traversais la salle en courant.
“hey faut payer” lanca le tenancier
“tiens! “ dis je en plongeant ma main dans ma bourse pour en sortir 5 pieces d’argent que je lui lancait.
Je courais à en faire exploser mes poumons. Les festivités continuaient sur la place Saint Ignis, j’avais encore une petite chance ! Tel un taureau en charge j’arrivais sur la place mais rien. La tente avait disparu.
“On dirait que tu es poursuivi par un demon” me lanca Gryppho
“Qui sait…” dis je pensif à mon ami.
J’avais la certitude qu’une fois encore, une recette, un mode d’emploi avait été deposé en moi et une fois encore, les choses me restaient cachées… Un vieil aveugle passa devant moi.
“Obscurum per obscuris” lacha t-il en riant.

“allez viens…” me dit Gryppho en me tirant par le bras. “Je connais une autre auberge par là bas… au fait tu as donné combien à la Culbute parce qu’il avait l’air ravi”
“hein ?”
“à la culbute t’as donné combien”

Dans le petit matin de Leda, on pouvait voir deux gentilhommes en goguette…

Je ne devais repartir que deux jours plus tard. Il etait grand temps de revenir à une vie plus ordinaire et à des mystères bien plus profonds.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeLun 25 Jan - 21:28

“Roitelet de mai, à ma douce tête, mon bel ami raconte-moi
Qu’as-tu vécu durant ta quête, et combien grands étaient ces Rois ?
Ils étaient grands, amis fidèles, de blanc vêtus, venant à trois
Pour voir l’enfant béni par El, pour voir l’enfant avant trépas”


Ou avais-je entendu cette chanson ? Al-mazik ? Bektashi ? J’étais incapable de m’en rappeler mais j’aimais la chanter, elle me rappelait mon pays… Je marchais le long du chemin de halage qui s'étendait comme une rivière de terre, tout le long de la Clairette, la rivière qui allait se jeter à l’apic de la Veuve. Nous étions un mois passé depuis le printemps et le temps était doux. J’avais toujours aimé Triskel à cette saison et Kersaint en particulier, juste à mi chemin entre les pluies d’hiver et les orages d’été. L’air embaumait du parfum des fleurs des champs et du blé vert qui tranquillement poussait sous le patronage d’El. Cela faisait plusieurs semaines que nous étions rentré de Pardès, plusieurs semaines que j’avais ce vœu de fidélité et ce vœu de frugalité et je dois bien avouer que je m’ennuyais quelque peu mais le reflet de mon visage me suffisait pour me rappeler l’importance de ces vœux. Mon père semblait enfin apaisé, il avait l’alcool gai, un poids immense avait assurément quitté ses épaules. Lorsque je l’entendais rire aux éclats, je serais fort la rondelle d’épaule en renouvelant ce souhait qu’il puisse enfin vivre apaisé. Son regard se perdait encore parfois dans le lointain, en direction du chêne ou avait été enterré sa première épouse, où reposait ma mère… Mais il n’y avait plus de tristesse, juste un regard plein d’amour et peut- être un peu d’impatience à l’idée de les retrouver.
soudain je fus tiré de mes pensées

“Messire Argantaël ! Messire Argantaël !”
Je me retournais pour voir Arzian, le fils du meunier, arriver hors d’haleine.

“qu’est ce qu’il t’arrives Arzian ?”
“faut que vous veniez avec moi Messire, mon père… La charrette a basculé... il est coincé dessous”
La ferme était toute proche, il ne fallait pas perdre de temps ! Je m’élançais vers le moulin à toute vitesse, traversait le petit pont qui enjambait la Clairette pour débouler dans une petite cour de ferme entourée de hauts murs épais au milieu de laquelle couraient des poules enfin libres après que la charrette eut écrasé leur prison. Étalé dans la boue, grimaçant, Buccelin le meunier tentait de se libérer.

“laissez moi vous aider Maitre Buccelin” dis je en m’approchant.
"Ah messire Argantaël! qu’est ce que vous faites là ?”
“Arzian m’a trouvé sur le chemin… ne bougez pas je vais regarder comment vous sortir de là…”
Je m’approchais de Buccelin. La blessure n'était pas très belle, la jambe était brisée, en somme il ne fallait pas se rater car si la charrette retombait sur sa jambe elle pouvait la broyer pour de bon. J’approchais ma main de la charrette, inspirait profondément pour allumer mon creuset intérieur et y puiser une solution. Comme à chaque fois les mots se traduisaient en lettres de lumière.

أن الخشب ينحني لإرادتي

Des pieds, semblables à ceux d’une table, apparurent aux coins de la charrette, béquilles nécessaires pour qu’elle puisse se redresser. l’opération marcha quelque temps mais le poids de la charrette appuyait trop sur les pieds, les faisant s’enfoncer irrémédiablement dans la boue… Je posais ma deuxième main sur le sol.

أن الأرض تتحول إلى فولاذ

le sol se mit à durcir au contact de ma main pour prendre la semblance de la terre cuite et les pieds purent continuer de pousser afin de libérer le pauvre Buccelin. Le brave homme geignait et n’osait qu’a peine regarder sa jambe.
“Tenez, prenez ca”
je glissais quelques gouttes d’eau de grenade dans sa bouche pour apaiser sa douleur.
“je vais vous rentrer et je ferais venir Enara”
“comment on va faire pour les récoltes… et la farine… ohlala… qu’est ce qu’on va faire... et Kersaint a besoin de sa farine …”
“Ne vous en faites pas je vais m’en occuper”

Je le soulevais du sol et le posais délicatement sur une brouette direction la maison. Le temps de lui faire une petite attelle pour éviter qu’il perde sa jambe entre la porte et la chambre et ce bon Buccelin se retrouvait allongé sur son lit.

La maison était basse de plafond et ses murs semblaient être taillés pour tenir un siège. L’immense hatre occupait les trois quarts d’un mur, projetant sa douce lumière sur les murs passés à la chaux. Le mobilier était simple et sans fioritures, la vie semblait simple et sans artifices ici. Pas de cave abondante, juste quelques chapelets d’oignons et d’ail pendant ca et là, une marmite bouillonnante, quelques saucisses pendues à la poutre… Une des fenêtres donnait sur un champ. Je pouvais presque voir le brave meunier regarder à travers chaque matin. D’ici, il pouvait voir le temps passer, l’été de maturité des cereales, les maladies. Il y avait ici une obligation plus grande que toutes celles d’un seigneur : nourrir tous les gens du domaine.

“alors ?” dis-je en voyant Enara sortir de la chambre.
“il en a pour 3 semaines s’il ne bouge pas. Et il ne bougera pas n’est ce pas ?” lanca t’elle a Buccelin.
“Messire, dites lui. Je dois préparer les moissons enfin… et l’orge vert pour la biere ? Qui va la récupérer.”
“3 semaines tu dis ?”

C’etait l’occasion pour moi de vivre libre, une raison digne de ce nom de ne pas quitter Kersaint, de refuser les injonctions de l’ordre ou de qui sais je encore… 3 semaines de liberté, 3 semaines ou mon devoir m’était dicté par moi.

“je vais m’en occuper Maître Buccelin.”
Tous écarquillèrent les yeux.
“c’est à dire monseigneur que…”
“vous ne pouvez pas marcher. Et Arzian est trop jeune. Et je doute que vous ayez les moyens de vous offrir un ouvrier pendant 3 semaines...3
“c’est juste que… et puis vous êtes …”
“je suis un élève studieux cher Maître.”

Je devais avoir prononcé ces mots avec autorité car il s'apprêtait à répondre mais il se tut.

Le lendemain j’arrivais au moulin avec de quoi passer ces jours en compagnie de Buccelin et d’Arzian. L’épouse de Buccelin était morte en donnant naissance à l’enfant, une tragédie commune ici, à laquelle je ne m’habituais pas vraiment. Mon arrivée fut fraichement célébrée.

“Bien, bon maitre, que faut il faire ?”
“vous avez deja poussé la charrue messire ?”
“non jamais et je vous en prie, pas de messire, appelé moi Argantael.”
“bien nous allons commencer par là alors…”

Nous avions aménagé une sorte de brouette pour qu’il puisse superviser le travail sans avoir à trop souffrir. Là, les pieds dans la terre, je me retrouvais face à un danger que je n’avais jamais encore affronté : une charrue tirée par un bœuf énorme.

“Faut prendre la charrue par les poignées et diriger le boeuf, il ne faut pas aller ni trop loin ni trop profond car vous detruiriez les nutriments dans le sol. N’allez pas trop vite sinon vous ne controlerez plus le boeuf. Et surtout …”
“he la! j’ai pris Heliopolis, je peux manoeuvrer une charrue tout de meme”

Les instants qui suivirent me prouvèrent que non. Arzian riait aux éclats, Buccelin tremblait de peur que j’aille trop loin et que je detruise ses precieux champs. La journée fut difficile et je ne parvins à maîtriser la charrue qu’au bout d’une journée, même si le mot maîtrise était largement surestimé dans ce cas. Mes bras, mes cuisses, mes mains, je souffrais terriblement et cette nuit-là je m’endormais sans traîner.

la lumière était douce, comme une braise dans un creuset. Un bruit de soufflet résonnait non loin faisant rougeoyer cette petite braise. Une main se saisit de cette petite braise et la place dans une autre main. Deux voix, lointaines, presque imperceptibles, récitaient ces mots… Des mots si creux et pourtant ici si tangibles…

Le chevalier a un comportement exemplaire guidé par les valeurs de la Chevalerie, la vaillance, la générosité, l'honneur et la courtoisie.
Il est toujours loyal envers ses compagnons Chevaliers et fait preuve de noblesse d'esprit.
Il a le respect de toutes les faiblesses et s'en constitue défenseur.
Il est fidèle à la parole donnée, elle ne peut, ni ne doit être mise en doute.
Il ne recule pas devant l'ennemi ou l'obstacle.
Il ne se bat pas par la pointe de l'épée mais par la force de son esprit chevaleresque.
Il défend au quotidien et en toute situation les valeurs du Chevalier.
Il prend soin des plus démunis, porte aide et soutien aux opprimés.
Il combat l'injustice et l'inégalité.
Il contribue à perpétuer la tradition de l'Ordre.
Il est fier d'être Chevalier et conscient du privilège et de la responsabilité que son titre comporte.
Il sera, partout et toujours, le vainqueur du Droit et du Bien contre l'Injustice et le Mal.


*COCORICO*

Cette nouvelle journée fut moins pénible que la première. Buccelin s'attendrissait en voyant les efforts que je produisais pour essayer d’apprendre son métier. Certes ce n'était pas parfait mais j’y mettais toute ma volonté, tâchant de rattraper par ma force ce que je n’arrivais pas à maîtriser par mon savoir.
“Argantael, tu serais plus à l’aise à tirer la charrue” dit Arzian dans un rire moqueur.
“Arzian ! galopin ! tu ne perds rien pour..” Buccelin était rouge comme une pivoine.
“ahah tu n’as pas tord Arzian… et encore je ne suis pas sûr de faire mieux que Bijou” dis je en tapotant la croupe du boeuf.
“mais si tu y arriveras !” dit le garçon

Les jours se succédèrent et petit à petit j’apprenais le travail. Je mettais à profit mes maigres savoirs, ferrer les chevaux, reforger des outils mais surtout j’apprenais avec avidité tout ce que Maître Buccelin pouvait m’apprendre. Je passais mes journées dans les champs à manier des outils non plus de destruction mais de vie. Je voyais sans voile le temps passer et pour la première fois, cet écoulement n’était plus une angoisse. La nuit aussi était plus douce, les cauchemars m’avaient quittés et j’avais même commencé à redormir dans un lit.

Ce reve se faisait plus fort, plus distinct. Ce poeme c’etait le poeme des chevaliers, ce code que l’on jurait de servir et de proteger. Cette flamme… difficile a dire… pourtant, il y avait quelque chose d’alchimique ici… quelque chose de lié à moi… Je ne voyais pas qui était de dos mais je me voyais moi, prenant cette flamme et la placant dans la main de l'homme devant moi. Une lame de lumière sortait alors de ma main et je l’adoubais… Le rêve s’arretait généralement ici mais pas cette fois…

“Tu iras, guidé par la vaillance, la générosité, l'honneur et la courtoisie.
Tu auras le respect de toutes les faiblesses et t'en constitueras défenseur.
Tu ne te battras pas par la pointe de l'épée…”

Je passais ma main sur la pointe de cette épée de lumière avant de l’enfoncer dans le cœur de l’homme face à moi. Il ne souffrait pas, il ne saignait pas. Ce geste ressemblait plus à un serment, un test de pureté.
“ mais par la force de ton esprit chevaleresque et par l’épée que tu forgeras au coeur de ton ame.
Tu défendras les plus démunis, porteras aide et soutien aux opprimés.
Tu combattras l'injustice et l'inégalité.
Mon frère sois fier d'être Chevalier, sois conscient du privilège et de la responsabilité que ton titre comporte.
Partout et toujours, tu seras le vainqueur du Droit et du Bien contre l'Injustice et le Mal.
Lève toi, Chevalier du Creuset.


Quel étrange rêve… Je descendais les raides escaliers qui menait à l’étage de la maison de Maitre Buccelin. Il était là, debout, en train de préparer ses affaires.

“vous êtes debout ?”
“et oui ! Enara, quel talent elle a, cette jeune femme est une benediction”
“vous allez mieux ?”
La deception devait se lire sur mon visage car Buccelin s’en amusa
“eh bien… je suis content de voir que cela te fait plaisir…”
“non ce n’est pas ca mais…”
Maitre Buccelin s’approcha de moi, un sourire malicieux sur le visage.
“tu sais… il y a encore du travail pour toi ici… On ne peut pas dire que tu ais été très performant… mais je peux encore rattraper tout ca avec ton aide”

J’acceptais sans hésiter, repoussant loin ce reve de chevalier.

Les semaines qui suivirent furent infiniment belles. La vie était simple, sans exces, sans pression et sans peur. Personne ne faisait de politique, personne ne cherchait à pieger qui que ce soit. Le jour je travaillais comme un boeuf, j’apprenais le métier. Le soir je racontais Pardès à Buccelin et Arzian.
Oui-da, cette période est comme un parterre de fleurs dans mon cœur.

Argantaël d'Ogier Effptr10
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMer 27 Jan - 23:24

c'etait mon refuge, un reve doré au coeur d'une lumiere blafarde... Etait-ce vrai ? non je ne crois pas... C'etait arrivé comme ca, par hasard, comme un rayon de soleil sur un paysage gris...  c'etait ce sourire d'une douceur infinie qu'elle m'avait adressé... c'etait un rêve à bout de souffle... une peur et un espoir... c'etait sa voix comme une caresse à mon ame... mais au fond c'etait la souffrance de ces oceans qui nous s'éparait, oceans de terre, d'eau, d'hommes et de metal... et toujours sa voix douce


Je peux plus dormir
Je peux plus rêver
Je ne suis pas sûr demain de me réveiller
On a beau me dire tout ce qu'on voudra
Tant qu'on laissera une innocence
Derrière les barreaux de la loi du silence...

Je peux plus dormir
Je veux pas m'coucher
Je veux résister
Jusqu'à ce que je vois le ciel s'éclaircir...

Encore une nuit passé seul
À réfléchir
À ne plus supporter, de voir
La solitude

J'ne sais même plus si je suis vivant ou mort
En te perdant j'ai perdu mon âme
Nul être pour moi fait source d'autant de bonheur

Te souviens-tu de ces routes de Dandolo
Et que nous chevauchions heureux, regardant le ciel


Le sentiment d'être né en captivité
De ne plus rien ressentir

Je veux pas perdre ta main
Je veux pas qu'on nous sépare



S'il faut dormir
Ne plus rêver

C'est long d'etre sans toi

C'est difficile à vivre
Se reposer oublier chaque jour qui s'en va

Je voudrais briser ta cage

Je veux bien dormir entre tes bras

Écarter tes barreaux

Fermer les yeux pour mieux sentir
Ton coeur qui bat

Je voudrais que tu vives

Fermer les yeux pour mieux sentir

Je voudrais que tu vives

Ton coeur
Qui
Se bat

se battre oui... il me fallait la retrouver

(librement inspiré de la ballade pour roger)
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeDim 31 Jan - 19:15

Il faisait beau à Kersaint, El redonnait un peu de sa chaleur et partout l’odeur des fleurs faisait écho au bruit des jeunes fûts que l’on percait. Le vin blanc de Triskel était renommé partout dans Villon ou ses aromes secs et fruités rivalisaient avec les lourds vins d’or de Pentagruel. Et pourtant j’avais du mal à trouver plaisir dans ces fêtes. Mes vœux de sobriété diluaient en grande partie l'intérêt de ces beuveries campagnardes. Bref voila des semaines que je faisais grise mine et rien ne semblait pouvoir me redonner le sourire.

Nous dinions au château, mon père engloutissant comme à son habitude, des quantités délirantes de nourritures et de vin. Il parlait fort et riait, me racontant des histoires si usées qu’elles auraient eu des trous si l’on avait pu les afficher.

eh bien Argantael, tu n’as pas l’air bien ! prends donc un peu de vin…
non Père, j’ai passé des voeux…
Allons ! un peu de vin n’ira pas à l’encontre de tes voeux. Eh bien un jeune homme doit embrasser la vie, pas la boire comme un tiede bouillon comme le ferait une vieille bonne femme ou un curé !

Un immense sourire barrait son visage. Je repensais à ce miroir loin là-bas et je serais cette pièce d’armure ornée d’un taureau.

Qu’est ce qui ne va pas fils ?
Rien père…
Allons, je le vois bien. Voila des jours que tu ne souris pas, que tu ne manges qu’à peine. C’est au delà de ces voeux stupides que tu as …
ce ne sont pas des voeux stupides Père.
Je ne te comprends pas… On dirait que plus rien ne t’amuse, que plus rien ne te plait. L’autre jour à la chasse. Encore avant à l’ordre. Qu’est ce qui t’arrives ?
C’est juste que je ne veux pas… je ne…
quoi ?
J’ai vu Bachir, j’ai vu la violence comme je ne l’avais jamais vu… Je ne veux plus de ca… Je ne peux plus être ce genre de soudard sourd à la violence des autres. Je ne peux plus endurer ce cercle de pillage, d’embuscades, de violence… Je ne peux plus entendre les gémissements des villes que l’on prend, l’eclat des flammes, les rales des agonisants, les cris des femmes violées… Je… Je ne veux pas être comme vous Père ! Je ne veux pas avoir pour seuls souvenirs, la violence et les massacres.

Mon père posa sa coupe. Il ne riait plus. Sans m’en rendre compte je m’étais levé, les poings serrés. Il essuya sa bouche, posa sa serviette sur la table, poussa sa chaise et se leva. Il avancait d’un pas lourd vers moi. Je m’attendais à voir de la sévérité ou de la colère mais non, il y avait une forme de douceur dans ce regard bleu azur, mélange etrange entre l’affection d’un père et celle d’un général.

viens mon fils… je vais te montrer quelque chose…

Il posa sa main sur ma nuque. Ce geste… Enfant je pensais que c'était une façon de me contraindre mais aujourd’hui je comprenais que c'était le geste d’amour d’un homme peut habituer à ce genre de démonstration. Ensemble, dans le silence, nous montions l’escalier de la vieille tour carrée. D’en haut on pouvait voir l’ensemble du fief. Il faisait beau, le vent poussait les nuages et la terre verte tranchait sur le bleu de l’ocean.

qu’est ce que tu vois ?
Kersaint…
non, vois comme je te l’ai appris.

Je plongeais en moi pour faire appel à la vision des Ogier… je regardais aux alentours, mais il n’y avait rien. Rien à voir.

je ne vois rien Père, il n’y a pas de danger… Je ne comprends pas…
tu ne vois rien pas parce que tu regardes avec tes yeux… ferme les yeux.

Je me laissais guider par mon Père.
mets ta main gauche sur ton ventre et replie ta main droite sur ta main gauche, comme le soleil sur la lune. Respire par le ventre mon fils, il n’y a que les esprits étriqués qui respire de la poitrine. Ecoute maintenant…
je n’entends rien…
justement écoute le silence… écoute le silence en toi. Au coeur de la bataille, au coeur de la ville, au coeur du tourment, écoute ce silence…

Je plongeais profondement en moi à la recherche de ce silence… de ce calme… Et comme si mon corps quittait une armure, un poid s’envola de mes épaules.

Maintenant vois, mon fils.

Sans ouvrir les yeux, je voyais… Je voyais la vieille tour carrée que des générations d’Ogier avaient foulés. Je voyais la Clairette qui serpentait, lumineuse sur nos terres, je voyais l’apic, le cap de la veuve, la crique aux crabes, les champs de Buccelin, je voyais le moulin grincer, je voyais le port vivre, les homards dans leurs casiers, les mouettes, les fûts en perce, la viande qui cuit, les rires, les sourires, les doutes, le muguet rose de Kersaint, la colline aux étourneaux…

Nous ne voyons pas les choses de nos yeux, nous les ressentons… C’est ce lien que nous créeons avec les autres qui nous permet de voir. Ce n’est pas un pouvoir de l’esprit, ce n’est pas un pouvoir de stratège, c’est un pouvoir du coeur mon fils. Nos ancetres ont toujours habité ici… Ogier, Ogme… le guerrier… nous sommes des guerriers, il ne faut pas en souffrir, c’est ainsi. Sans le combat, nous ne serions pas entier. j’esperais que l’ordre te protegerait, que la bas au moins, les valeurs de chevalerie seraient respectées… je vois que non. Mais je vois aussi que mon fils ne s’est pas laissé corrompre. L’oeuvre de ta mère.
Père je ne voulais pas…
oh je ne peux pas t’en vouloir mon fils. Lorsque ta mère nous a quitté je t’ai elevé pour faire de toi un garcon fort et je t’ai envoyé dans l’ordre. Nous nous connaissons si peu…

instincitvement je serais cette piece d’armure dans ma main. Je sentis sa main sur la mienne. Elle n’etait plus si lourde, elle n’était plus si grande…

mon bonheur ne doit rien à cette babiole fils… Mon bonheur je te le dois. Je vois que malgré mes erreurs, malgré les attentes terribles que j’ai fais peser sur toi, tu es un homme digne et un chevalier noble de coeur. Si j’ai l’esprit libre aujourd’hui mon fils, c’est uniquement parce que je suis fier de toi. Et ta mère le serait également.

Je sentais le poids de toutes ces années disparaître.

lorsque je te vois sur cette terre, aider les gens d’ici comme aucun seigneur ne l’a fait… S’il y a bien un seigneur de Kersaint ici, c’est bien toi. Laisse la peur quitter ton coeur mon fils, la vie est trop courte. Fais toi confiance et quand tu doutes puise dans ce silence, puise dans cette vision, ce lien que nous créons. Il ne permet pas seulement de voir pendant les batailles… Mais chacun le découvre à son rythme.

J’ouvrais les yeux. Combien de temps étais je resté ainsi ? je ne sais pas. Le visage de mon père avait retrouvé son sourire. Ou était passé le geant qui m’effrayait autrefois ? Il n’y avait là face à moi qu’un homme agé, le corps brisé par la guerre, profitant de ses années. L’ombre ne le suivait pas. Nous sommes restez là, à contempler notre fief et pour la première fois peut etre, je me sentis vraiment seigneur de Kersaint, les racines de cette terre.

tu devrais aller à Zohar mon fils. Quelqu’un t’y attends. Mon dernier enseignement mon fils, sera celui-ci. N’attends pas. Ne manque jamais l’occasion de retrouver ceux que tu aimes. Alors tes actions resterons justes car tu ne regretteras pas le temps que tu aurais pu passer avec eu.

J’allais pour jeter la piece d’armure

non garde la quand même… Elle n’est pas étrangère au fait que la cave se remplisse toute seule…

Je ne le connaissais pas. J’avais entendu ses histoires de batailles sans jamais lire entre les lignes, la douleur, les regrets mais aussi et surtout la lutte pour plus de justice et une soif infinie de vie.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeDim 14 Fév - 17:10

Maitre Lambert venait d'apposer le dernier marquage et d’une main experte il récupérait les dernières poussières d’or afin de dégager le motif, un compas surplombant un rabot. Sur la tranche on pouvait lire, “précis de menuiserie tome 1”.

si Monsieur le comte veux bien.. me dit Maitre Lambert en me désignant le livre.

Je le feuilletais tranquillement. Le livre sentait bon la colle pour le cuir et l’encre. Sur chaque page on pouvait trouver des informations sur des petits projets, les matériaux à utiliser, les plans ainsi que le mode opératoire détaillé sur des gravures. Il y avait dans cet ouvrage tout ce dont le menuisier débutant a besoin. Je le refermais avec le sourire.

Maitre Lambert, ce livre est parfait. Merci pour votre travail. Combien pouvez vous en faire ?
une fois que la production sera lancé, nous pourrons fournir un livre par jour environ
C’est formidable. Vous êtes un des grands héros du comté vous savez.

L’imprimeur s’empourpra légèrement.

Je vous laisse à votre tache. Merci encore !
Merci à vous monsieur le Comte, passez quand il vous plait.

Je saluais tous les gens de l’atelier avant de partir.

Messire, tout ceci ne va t’il pas couter beaucoup d’argent ?

Cette voix qui se rappelait à moi comme une conscience était la voix de Pépin de Lenden, le lieutenant aux comptes. D’une quarantaine d’années, il avait été vivement conseillé par mon père. Pépin avait été chevalier jusqu'à ce qu’une très vilaine blessure ne l'empêche à jamais de se battre. Homme de devoir, il avait continué la lutte à sa façon, en mettant son esprit vif et son intelligence à des tâches de gestion et de logistique.

si sans doute Messire Lenden…

Nous avions pris la rue de l’aurore, traversé la place des dauphins et remonté l’avenue du palais qui partait à l’opposé de l’avenue du pont avant de prendre la route qui nous emmenais chez moi. J’avais fais le choix de ne pas construire de palais comtale car je voulais que la ville s'appartienne. Il y avait bien sûr la salle comtale pour les doléances ainsi qu’une salle de bal et quelques autres pour les invités mais je n’y résidait pas. A vrai dire, j’aimais traverser mes terres le matin, je pouvais croiser les gens, leur parler, écouter leurs soucis ou leurs conseils. Et puis, pendant ces longs mois de sobriété j’avais découvert qu’on pouvait aimer la vigne autrement qu’en vidant des amphores. L’ile possedait le climat parfait pour faire pousser du Galisson doré, la variété dont on tirait le meilleur vin de Kersaint. Je m’étais alors fait construire une longue et vaste maison colorée avec une cour pavé et une belle écurie. Elle surplombait les terres que je m’étais attribué, trois petits coteaux un petit champ et une parcelle de bois. Ici, j’avais tout le loisir de pratiquer l’alchimie, la vigne tout en gardant une vue imprenable sur la ville. C’était les gens d’ici qui forgeaient les alliances, qui faisaient du comté ce qu’il était. On ne regne pas sur des terres vides.
Pendant tout le temps du trajet, Pépin s’était contenté de faire la somme de ce que coûterait la création d’une bibliothèque.

Je sais Pépin, je sais… Mais je crois foncièrement en cette bibliothèque. Imagine un endroit regroupant tous les savoirs pour que chacun, lorsqu'il se pose une question, puisse aller y trouver des réponses. Une bibliothèque ne regroupant pas seulement les pensées mais aussi les savoir-faire. Je rêve que chacun puisse vivre l’experience que j’ai vécu, de s’essayer aux arts manuels, au combat, au chant… J’aimerais voir la science et la magie réunifiée, j’aimerais qu’elles soient libératrices et pas seulement des carcans et des jougs pour tenir les gens. J’ai bien vu à Leda ces gens perdus dans leurs cristaux… Et si sur ces cristaux ils pouvaient consulter des choses pour s’émanciper ? Si nous pouvions le faire ici, alors nous aurions les meilleurs chanteurs, les meilleurs chevaliers, les meilleurs ingénieurs, simplement parce que nous laisserions les gens décider par eux-mêmes, essayer, voir ce dans quoi ils excellent… Je pense que c’est possible mais il faut oser le faire. Ce n’est pas une question d’argent, c’est une question de liberté.
Argantael, ils seront si peu nombreux…
Ca n'a pas d’importance, le jeu en vaut la chandelle… 2,3 personnes libérées, c'est le monde qui se libère, qui pense.

Nous étions sur la terrasse, à l’abri sous une tonnelle faites de glycines et de chèvrefeuille. Je nous servais un verre de Galisson.
tiens cette tonnelle, c’est Macaire, le fils d’Arnoud le porcher qui me l’a fait. n’est ce pas infiniment délicat ?
je comprends ce que tu veux dire… mais ca va couter de l’argent…
ca n’a pas d’importance. Tous les savoir-faire sont bon à prendre, notre richesse est d’abord là, dans les gens d’ici qui seront bien formés et qui sauront faire de belles choses et avoir de belles pensées.

Pépin ne parvenait pas à me couper et dans ces cas là il préférait garder le silence ce qui était tout aussi éloquent.

Pépin, dans peu de temps je devrais partir. Je ne sais pas comment je reviendrais, je ne sais pas si je reviendrais. Alors s’il te plait, fait ceci pour moi. Je sais que mes décisions te choquent souvent… Pour beaucoup de mes pairs je suis trop laxiste, trop exubérant… C’est vrai. Tu vois ce livre là bas sur l’étagère ? Il appartenait à ma mère, elle me lisait une histoire tous les soirs avant de m’endormir. Tu sais de quoi parlait ce livre ?
des histoires pour enfant j’imagine ?
non, ce livre était un livre politique montrant des sultans, des émirs, tantot bons, tantot stupides et avides. Chaque histoire était une lecon. Nous sommes au bout du monde Pépin, on nous fiche la paix, profitons en. Un jour il faudra construire des tours et des murailles, tachons de profiter de cette paix qui nous est offerte.
Et ou vas tu partir Argantaêl ?
a Zohar. Quelqu’un m’y attend…
une femme ?
la destiné.

le silence s’installa quelques instants, le temps de voir le soleil briller sur l’océan infini, entendre les mouettes et voir les voiles rouges de Kassim partir vers l’horizon.

allons goutons ce vin !

a peine avions nous porté la coupe à nos lèvres que nous recrachions le vin amer et apre.

qu’est ce que c’est que cette piquette !

Pépin parti dans un éclat de rire incroyable.

ahah les grands buveurs ne font pas les grands faiseurs on dirait !
oui ahah on dirait bien !
je vais te trouver un maître vigneron…
s’il te plait oui, il y a encore tant à apprendre. Essaye de voir ce que tu peux apprendre sur les cristaux et comment nous pourrions mettre la bibliotheque dessus.
tu ne prefererais pas une académie ?
l’academie c’est le savoir vertical, je veux favoriser la curiosité. Les institutions c’est inutile, ce sont les gens qui les font…
d’accord, d’accord… je ne me fatigue pas plus, une fois encore tu feras à ton idée ! Ton père m’avais prévenu mais il était loin du compte…
je ne vais pas à mon étude tous les jours pour bailler aux corneilles tu sais. Je tiens à ce que tu puisses valider chaque décision mais je m’assure toujours auparavant que mes décisions soient applicables. Cette ile est un merveilleux cadeau…
tu es bien pensif chevalier…
pensif, non. conscient de la chance que j’ai aujourd’hui. Je savoure ces instants car je sais que la bataille est pour bientot.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMer 17 Fév - 23:28

je partage ici cette petite merveille de film sur l'escrime medievale, les sous titres sont en francais

Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeJeu 8 Avr - 14:09

Ma chère Ménara,

comme il me tarde que toi et les enfants passiez à Ogier.

Je suis rentré avant-hier de la grande commanderie.
Comme tu le sais, nous devons à cette saison prévoir les mouvements et les actions de l'ordre.
Cassiodore a bien vieilli mais il tient bien la barre... Pour combien de temps encore ? Je me le demande.
Le parti de sa fille fait de plus en plus d'émule. Des va t'en guerre insupportable qui ne cherchent qu'a se rapprocher de l'empire des glaces. Ils sont près à vendre notre indépendance pour grapiller un peu de pouvoir politique, ils n'ont pas encore compris que nous n'étions plus la force que nous avons été (que nous avons cru être).

Nous avons programmé les missions pour l'année à venir.
Essentiellement à Pardhès.
Nous n'y faisons que de l'escorte ou des missions de traque absurde des sbires du théocrate secret...
Mais il n'y a plus d'objectifs. Plus de strategie.
Nos hommes sont là-bas sans but, sans horizon. Ils sortent chaque jour, capturent quelques hommes qui sont relachés lorsqu'ils sont remis aux autorités.
Oui, nous nous sommes embourbés là bas mais les seigneurs de l'ordre et les mages s'y sont tellement gavés qu'ils ont peur de partir, "dans le cas ou quelque chose arriverait".

Nous ne défendons aucun intérêt si ce n'est des intérêts très privés.
J'ai entendu dire que des gens proches du roi etaient en très bonne relation avec les divers sultans... Ils ont tous la mémoire bien courte, ils ont oubliés qu'il y a peu c'est nous qui etions envoyés là bas pour tuer l'un des leurs... une opération honteuse et ignoble devant cachée les vraies enjeux de cette croisade.

Bref, nous sommes loin de l'aventure et de la chevalerie... loin des valeurs. Mais j'en ai pris mon parti, à quelque uns nous ne ramenerons pas la dignité d'autrefois mais nous pouvons malgré tout limiter la casse. Il a bien sûr fallut argumenter et je pense que j'ai eu gain de cause sur les méthodes à employer. Je sais que pour beaucoup je passe pour un timoré mais avoir l'oreille de Cassiodore et le soutien des hommes n'est malgré tout pas négligeable.

Le prix à payer c'est de rester loin de Pardhès, loin de l'action pour se consacrer à un travail de logistique et de gestion... Puisque tout se décide ici. J'aurai quelques voyages à faire cette année malgré tout, je tacherais de vous prevenir à l'avance.


Le reste de mon temps est occupé par la gestion du comté.
Nous avons si bien fait les choses que le comté se gère presque tout seul. C'est une grande fierté mais je t'avoue que maintenant que nous avons tout ce dont nous avons besoin, ne plus rien construire me pèse un peu. Les choses suivent leur cours, je vais deux fois par mois au palais pour ecouter les doléances. C'est un devoir important mais il est aussi un peu pénible parfois. Ces marchands sont comme des enfants qu'il faut toujours séparer. Mais ces sceances sont toujours moins pénibles que les longues commissions avec l'office du pont. J'y refais les mêmes calculs et les mêmes corvées qu'à l'ordre mais il faut y passer pas d'échappatoire. Reste le plaisir de voir ce comté quasiment auto géré qui sait vivre sans son comte... Peut être un peu trop.

Je sais ce que tu te dis... mais j'ai besoin d'activité. Tu le savais en m'épousant, tu as aimé le chevalier pas le bureaucrate et même si tu dis que... bref.

Je te remercie aussi des ouvrages de ton père que tu m'as fais parvenir. Ils sont une lueur dans la nuit de l'ennui.
L'alchimie, la science de l'ame, est une guide... c'est je crois ce que voulais me dire ma mère aussi. Car si les transmutations que je pratique en tant que magicien ne sont que des petits tours, je sais qu'il y a derriere un même terme quelque chose de plus profond. La magie n'est qu'un chausse trappe qui te laisse croire que ton chemin progresse mais en realité plus tu la suis plus tu t'éloignes du veritable message de l'alchimie. la pierre doit encore etre polie.
J'ai longtemps pensé à Solon et à ses chevaliers mages. Je me demande si je pourrais y trouver des réponses... Peut être.

Enfin je n'ai pas envie de te faire bailler avec mes histoires et ma lettre est déjà bien longue.
je t'embrasse. Embrasse bien fort Samson et Auréa et n'oublie pas de leur dire que leur père les aiment tendrement.

A.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeLun 12 Avr - 15:39

Mon cher Pépin, j’aimerais que tu prennes toutes les mesures necessaire pour organiser la justice au sein du comté.
Les gens du comté n’ont pas besoin de moi pour s’organiser. Ils savent ce qui est le meilleur pour eux. Tu sais mon séjour à Solon a été riche d’enseignement… Demos cratos… j’y ai beaucoup réfléchi. S’il n’y avait pas le risque qu’un noble avide se jette sur cette terre, j’aurai abandonné ce trone. Un trone d’ombres de surcroit.
Ce comté il appartient d’abord à ceux qui ont posé les pierres pour le construire. Bref, j’abroge le dernier pouvoir que je m’étais réservé et je fais de toi l’intendant car je sais que tu partages ma vision, que tu es incorruptible et que tu ne te laisses pas aisément convaincre.
Je pense que le comté ne doit pas se changer en un cauchemar administratif mais ce n’est que mon avis car des à présent je suis un habitant presque comme les autres.

J’aimerais aussi te demander de transferer les benefices des ventes du vin à Dame Beatrice de Solon. Garde ce qui est necessaire pour l’entretien du domaine et donne lui une part du reste. La maison est grande, transforme la en hopital et soigne les gens gracieusement avec les fonds. Fait le au nom du comté et pas du Comte.
Je sais ce que tu vas dire mais j’ai largement assez de fonds pour vivre deux vies entière et le chateau de Kersaint reste ma maison. Le bonheur de la vigne c’est de la faire pousser pas d’en recolter les fruits.

Je veux que tout soit en état pour que personne ne vienne menacer le comté.


Je regardais par la fenêtre. Il faisait beau, le soleil se reflétait sur les eaux de Valette. Cela faisait quelques jours que j’étais dans cette forteresse minuscule, comme posée là au milieu des flots. J’attendais l’arrivée de Cassiodore. J’etais plus ou moins surveillé après nos exploits à Solon et j’avais pris le temps d’écrire quelques lettres. Il faisait chaud. Je me levais de ma table de travailler pour me passer un peu d’eau sur le visage, un visage qui me paraissait si vieux dans le miroir. Vieillit prématurément.
Il en était de même pour nous tous. Faire la guerre c’est avant tout accepter ses balafres et ses blessures. Pas un ici n’était épargné par ces injures qui marquaient notre apprentissage dans le métier d’homme. Car j’avais cherché la chevalerie chez les generaux mais la chevalerie se trouvait là, au milieu de ces hommes dont la parole était sacrée. Et c’etait heureux car en dépit de ce que pouvait croire certains, il n’y avait pas de dieu sur les champs de batailles. Les dieux se delectent des héros, ils arrivent quand tout est fini mais celui qui a tenu la première ligne sait. Sait qu’il n’y a pas de dieu, pas de héros bien habillé, pas de terreur, juste une sensation étrange, abrutissante, de devoir faire son métier, “ce pour quoi on est fait”. La hantise du soldat, je m’en rendais maintenant compte, c'était d’avoir faim. “les généraux meurent dans leur lit” disait on.
Je devais tout abandonner, m’affranchir de tout pour conquérir ma liberté d’homme. Être. Et découvrir la solitude et pourtant tout risquer même la mort pour sa parole et sa liberté.
Les cicatrices de guerre sont comme la poésie au fond, soit on en a, soit on en a pas.

un intendant frappa à ma porte.

“le commandeur est là”

je lui fis un signe de tete et il disparu. Je pliais ma lettre pour Pépin. J’en avais aussi écris une a Menara. Je prenais mes affaires et quittait la chambre. Cassiodore attendait dans une petite salle ronde au plus haut de la tour de vigie de la forteresse. Elle était ouverte a 360° et au centre de la piece se dressait une grande table avec des cartes. C’etait un bel endroit, aux murs peints, chaleureux, d’ou il devait etre agreable de regarder les saisons passer sur la mer.

“Cassiodore”
“Ah ! Argantael ! Quel bazar tu as mis une fois encore…”
“c’etait un piege Cassiodore. Rien de plus.”
“peut etre mais tu ne l’as pas vu venir.”
“je suis un combattant”
“oui mais pas seulement.”
“c’est vrai. J’ai manqué de vigilance et je me suis clairement laissé emporter”
“qu’est ce qu’on va faire de toi… Je dois prendre une décision…”
“ecoute, je pars.”
“quoi ?”
“oui. Je pars. Je n’arrive plus à faire tout ca. A faire semblant d’etre heureux de faire de la paperasse. Je n’y arrive plus.”
“ecoute…”
“non, ma décision est prise. Tu pourras toujours compter sur moi si tu as besoin Cassiodore parce que tu es comme mon père. Drogon n’est plus là pour voir tout ceci, alors il est temps pour moi de vivre”
“tu as bien reflechis ? Parce qu’il n’y aura pas de retour tu sais…”

Je le regardais sans parvenir à articuler ce que j’avais à dire.

“c’est ton dernier mot”
“oui”
“j’ai fais ce que j’ai pu pour te protéger... “
“je le sais et je t’en remercie. Mais l’exil est la seule solution”

Chacun s’eloigna le coeur serré. Je remettais mes lettres et pris mes affaires direction la petite embarcation que j’avais loué. Les murs de Valette etaient déjà loin, et à mesure que nous prenions la mer, je me demandais si je reporterais un jour l’etendard du soleil rouge.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeLun 12 Avr - 22:14

La buse, c’est toi …

Cela faisait maintenant 6 mois que j’arpentais la mer avec l’ancien équipage d’Argos. Là, au milieu de ces hommes, de ces guerriers mages, je n’étais qu’un homme parmi d’autres. Je n’avais pas voulu de regime de faveur. Il aurait été injuste de devenir capitaine, comme ca, d’un claquement, car d’autres parmi ces marins experts méritaient ce titre. J’avais bien tenté de les rejoindre sans dire qui j’etais, cachant mon visage sous mon casque mais il n’etait pas si simple de les duper. Après tout, certains d’entre eux étaient des maitres d’armes confirmés, il leur etait simple de reconnaitre quelqu’un a sa demarche. Ainsi démasqué, j’avais juste demandé qu’on garda mon nom secret et qu’on ne me fit aucune faveur.

J’avais trouvé parmi ces hommes une fraternité que je n’avais trouvé qu’en première ligne. Ils étaient de formidables compagnons d’entrainement car tous tendaient à devenir maitre d’armes. Chacun pensait, vivait, s’harmonisait avec cet objectif forgeant corps et coeur dans un acier plus dur et plus inattaquable que ce que les forges de Dashun pouvait produire. Ils étaient aussi des compagnons de pensée et c’etait peut etre le grand changement avec l’ordre. On pouvait reflechir, penser le monde, nos actions avaient un but. Tout n’était pas que strategie et objectifs, il y avait de la place pour le reve, l’espérance, pour un monde différent. J’avais réouvert les ouvrages de ma mère qui semblaient se reveler une nouvelle fois. Les oeuvres du père de Menara etaient aussi d’une grande aide. J’étais à la traine sur la forge de l’esprit… mais je travaillais sur mon temps libre. Un des hommes qui était fort agé me semblait bien vigoureux il m’avait alors expliqué que tant que je me battais avec mes muscles je ne parviendrais à rien. Il ne fallait pas se diviser, forger l’épee invisible etait comme un damassage, une couche d’ame, une couche d’esprit, une couche de muscle, une couche d’espoir, une couche de reve… peu importait le nombre de couche, à la fin il ne devait rester qu’une seule barre d’acier. La barre d’acier n’était pas uniforme, chaque liseret present sur l’acier laissait voir tantot du reve, tantot du muscle. Tu dois te connaitre, laisser passer ton energie et ne plus encombrer ton acier des impuretés qui encombre ceux qui vivent dans le doute, l’envie et l’absolue puissance.

Et comme chacun cherchait un style qui laissait transparaitre sa personnalité, je me mettais à chercher le mien. Je cherchais les contre-temps, je désynchronisais mes bras et mes jambes avant de frapper fort. Je faisais la synthèse de la parade et de l’esquive afin de mettre en place des contre attaques devastatrices. C’etait comme un jeu de casse tête, le but était de se placer de telle sorte que l’adversaire soit toujours exposé à ma lame et moi loin de la sienne. Un peu d’ecole de Villon pour le contre temps, un peu d’école de Deisen pour les blocages et quelques astuces que l’expérience m’avait apprise.

En quelques mois donc, j’étais devenu La Buse, toujours casqué, impitoyable sans être cruel. Ma reputation grandissait mais juste assez pour ne pas tuer ma liberté. Il n’y avait plus d’obligation si ce n’est d’être soi même.

Mais cette lettre de Ménara venait tout bousculer.

La buse c’est toi…

Ces points de suspension quel sens pouvaient ils avoir.

Oui c’est moi.
J’ai tout laissé, je ne suis pas rentré à Kersaint.
Je ne pouvais pas rentrer. Je ne pouvais pas t’en parler.
Mais retrouve moi à Solon et je te dirai tout.


Je regardais la mer. J’aimais beaucoup Solon, cette terre etait comme moi à mi chemin entre tethis et pardhès.

“Papa !”
je me retournais pour prendre dans mes bras une petite fusée lancée à toute vitesse. Samson avait bien grandit. Il avait l’age que j’avais quand ma mère était morte.

“Mais qui est ce colosse ? Qu’est ce que tu as fais de mon fils, puissant guerrier ?”

“bonjour”...

C’etait une petite voix, discrete. Elle avait grandit aussi mon Auréa. Je la prenais aussi dans mes bras. Quel bonheur… mon coeur aurait pu exploser à cet instant et tout s’arreta lorsque je vis Menara. Elle etait toujours aussi belle. Elle s’approchait doucement alors mes retrouvailles avec les enfants se prolongeaient. Finalement je les reposais et en famille nous fîmes quelques pas le long du port avant de remonter la grande rue qui emmenait à la vieille ville et aux vestiges.

Les enfants jouaient sur les vieilles pierres.

“Alors ?” lacha soudain Menara.
“j’ai tout laissé.”

Elle restait silencieuse.

“apres Solon, je me suis rendu compte que rien ne me satisfaisait, ni l’ordre, ni Ogier alors j’ai tout laissé.”
“et Cassiodore ?”
“oh il a été triste mais je lui ai promis qu’il pouvait compter sur moi”
“il sait ?”
“non. Il n’y a que toi.”
“et à Ogier ?”
“officiellement je suis en voyage. Pépin s’occupe de tout mais le comté se gère tout seul.”
“bien.”

j’avais tant à lui dire mais ma gorge refusait de se desserer.
“Menara... “

Elle tourna son beau visage vers moi, ses grands yeux noirs esperant qu’enfin je parle

“Reste avec moi ici. J’ai enfin compris que ce qui comptait c’etait vous. Je sais que je vous ai perdu mais s’il te plait, laisse moi l’occasion de me racheter. J’ai toujours vécu en pensant qu’il fallait accepter les contraintes… faire ce qu’il fallait faire…”
“et maintenant ?”
“ hote toi de mon soleil...”
“pardon ?”
“ rien ne m’empechera de faire ce que j’aime et d’etre avec ceux que j’aime. J’aime l’aventure mais celle qui est juste. Aujourd’hui je suis juste la Buse, ni un comte, ni un general, je n’ai aucune obligation et le jour ou je voudrais partir je partirais.”

Ma gorge n’etait pas desserée.

“qu’est ce… qu’est ce que tu en penses…”

Ses yeux étaient perdus dans le vide. Elle se tourna une fois de plus vers moi

“je vais y reflechir... “ dit elle avec un sourire malicieux.

“quand tu sauras, dis le moi, je viendrais te chercher ici”

“c’est entendu. Bien et si nous allions manger ?”

En famille, nous descendimes vers une petite auberge ou j’avais mes habitudes.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeLun 19 Avr - 20:17

Tan! tan! dir o dir,
tan, tan, dir ha tann, tann, tann!
Tir ha tonn tonn tan,
Tir ha tir ha tann!


Je regardais la carte se consumer dans l'âtre, ses lignes et ses contours à jamais inscrit dans mon esprit. J’en avais soigneusement dessiné les contours, marquant toutes les îles et tous les points que nous avions explorés avec l’équipage d’Argos. Bien plus que des routes et des criques, cette carte s’accompagnait d’un ensemble de sensation que j’avais eu, d'expériences, d’astuces pour passer dans ces chenaux piégeux et glané auprès de ces marins d’expériences.  J’étais moi même devenu un bon marin, à ma grande surprise.

Menara, s’approcha de moi silencieusement et posa sa main sur mon épaule. Je me tournais vers elle.

"Tu es prêt ?”

je regardais les derniers vestiges de la carte partir en fumée.

“oui…”

Elle posa sa main sur mon casque pour me le donner mais je posais ma main sur la sienne.

“avec eux, pas besoin.”

Kan ar c’hleze glaz a gar laz;
kan ar c’hleze glaz



premier souvenir - leçon du maitre Machievelli -La guerre se gagne la nuit.”

Lorsque l’on se bat sur un bateau, on est limité par l’espace. C’est la différence essentielle avec le combat ordinaire. Les armes sont plus courtes et il faut parvenir à mettre assez de puissance dans de petits gestes. Cette façon m’avait posé de vrai soucis au début, moi qui était habitué aux champs de batailles. Il fallait réduire l’espace entre soi et l’arme pour gagner un maximum de puissance mais petit à petit, j’étais parvenu à adapter mon style. Le combat naval était vicieux, surprenant, tortueux et rapide, il ne laissait pas de place au hasard ou à l'hésitation et finalement j’y trouvais mon compte.

Zétès, le capitaine qui avait remplacé Argos était un marin expérimenté, un meneur d’homme naturel et un capitaine bienveillant. Il n’avait été jusque là qu’éclipsé par le charisme d’Argos mais il avait repris le navire avec brio, redoublant les attaques sur les navires de Shamash mais aussi sur ceux des concordiens.

Nous avions en vue un gros navire marchand shamashi. Sa ligne de flottaison était basse ce qui laissait penser que ses cales étaient chargées de trésor mais le navire était bien défendu et de nombreux canons pointaient leurs gueules noires hors de la coque. Ce monstre ne ferait qu’une bouchée de notre sloop.

“Zétès, on ne peut pas attaquer de front ce monstre…”

“je sais…” dit il “qu’est ce que tu proposes ?”

“On attaque de nuit et on les terrifie. On leur donne l’impression que le démon leur tombe dessus. On fait ca vite, on fait ca sans tuer personne. Qu’est ce que tu en penses ?”

"ça peut marcher.”

Le temps semblait s’étirer et le soleil ne semblait jamais vouloir disparaître derrière l’horizon. Et puis la nuit vint enfin tout recouvrir. Nous ne nous étions pas devoilé dans la journée si bien que les shamashi, se croyant en sécurité, n’avait mis qu’une seule sentinelle sur le navire. Silencieusement, tel un navire fantome, nous nous avancions sur l’onde, retenant notre souffle.
Finalement alors que nous n’étions qu’a quelques metres du navire de Shamash, un craquement de la coque sonna le départ. La sentinelle se tourna vers nous avec sa torche, mes yeux croisèrent les siens et à ce moment là un cri tonitruant sorti de ma gorge.
Pris de panique, l’homme tomba sur le derrière et se mis à hurler

“des pirates ! des pirates”

Avant que les premiers hommes soient tirés de leur sommeil, nous passions le bastingage. Quel ne fut pas la surprise de ces marrants en nous voyant, hurlant, vociférant et… parfaitement nus. Nous avions peint nos corps et hurlions comme de beaux diables. J’avais grace à l’alchimie dressé un petit nuage d’etincelles et de souffre. Rien de dangereux mais bien assez effrayant pour ces marins payés à conduire un bateau et pas à se battre. En 2 minutes le navire etait à nous, 10 minutes de plus et les tresors du navire étaient dans le notre, encore 10 minutes et ce navire bien trop lourd et pas assez armé disparaissait de notre vue.

Nous étions ivre de bonheur et de fierté. Un pillage dans les regles de l’art et sans blesser qui que ce soit !

“la buse, bravo à toi !” me dit un homme au visage tatoué avant de plonger son long nez dans sa choppe d’alcool.
“tu nous dois bien une chanson” dit un autre
alors, pour faire plaisir à mes compagnons je me décidais à chanter. J’aurai pu hésiter longtemps, me rappeler des chants de Pardhès, des chants de chevalier, mais sur Ithaque, au milieu de ces hommes, une chanson me revint. Une chanson qu’on attribuait à un vieux parent… Un vraie chanson de Kersaint, dans la vieille langue…

Goad gwin ha korol d’id, Heol!
Goad gwin ha korol

Tan! tan! dir o dir,
tan, tan, dir ha tann, tann, tann!
Tir ha tonn tonn tan,
Tir ha tir ha tann!

Ha korol ha kan, kan ha kann!
Ha korol ha kan

Tan! tan! dir o dir,
tan, tan, dir ha tann, tann, tann!
Tir ha tonn tonn tan,
Tir ha tir ha tann!

Kann ar c’hleze goue ar roue;
kann ar c’hleze goue

Tan! tan! dir o dir,
tan, tan, dir ha tann, tann, tann!
Tir ha tonn tonn tan,
Tir ha tir ha tann!

Kan ar c’hleze glaz a gar laz;
kan ar c’hleze glaz

Tan! tan! dir o dir,
tan, tan, dir ha tann, tann, tann!
Tir ha tonn tonn tan,
Tir ha tir ha tann!

Kaneveden gen war da benn!
Kaneveden gen!

Tan! tan! dir o dir,
tan, tan, dir ha tann, tann, tann!
Tir ha tonn tonn tan,
Tir ha tir ha tann!

Goad gwin ha korol d’id, Heol!
Goad gwin ha korol

Tan! tan! dir o dir,
tan, tan, dir ha tann, tann, tann!
Tir ha tonn tonn tan,
Tir ha tir ha tann!


Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMer 21 Avr - 23:29

deuxième souvenir - “J’habite un monde sans trace et seule reste la mémoire de mon souffle”

Il faisait un temps de chien.
La pluie tombait sans discontinuer depuis des jours et le sloop gigotait au gré des vagues donnant l’impression de chevaucher un cheval mal débourré. Nos vêtements étaient trempés et poisseux à cause des vagues qui venaient s’abattre sur le pont à interval régulier.
La raison pour laquelle nous trempions dans ce bouillon se trouvait désormais à quelques milles de nous : un énorme navire concordien à destination de Shamash.

Il était apparu au loin avant hier et nous avions directement pris en chasse ce navire, d’abord sans conviction puis, voyant qu’il tentait de nous éviter, avec bien plus d’ardeur. Il avait beaucoup d’avance et il avançait vite, très vite. Nous étions en limite de ce que nous permettait de voir la lunette.

“il tient vraiment à nous éviter ce chien !” cracha Zétès
“oui ses cales doivent être bien pleine… Tu penses que nous allons pouvoir le rattraper ?”
“ils sont rapides mais ils se lasseront avant nous… les marins sur les navires commerciaux sont payés a coup de trique et traité commes des bêtes… Ils ne feront pas plus que nécessaire. C’est là que nous les rattraperons”

Je me tournais vers le timonier

“reste sous la ligne d’horizon nous gagnerons en vitesse cette nuit.”

Nous avions bien avancé la nuit mais un énorme orage était arrivé avec le matin. Par chance notre Sloop était plus léger que le navire marchand et nous conservions une allure qui nous permettait de nous rapprocher.

L’attente était insupportable.
Nous nous rapprochions lentement, nous étions trempés et pour tout dire les hommes sentaient déjà l'adrénaline dans leurs veines. Attendre. Guetter. Patienter. Ne pas perdre son sang froid. Attendre que l’ennemi ne révèle ses plans. Mais l’affaire se présentait mal. On ne distinguait rien et les vagues se faisaient de plus en plus fortes. Je me mis à rire au fond de moi-même… Qu’est ce que je faisais là alors que j’aurai pu être dans mon château, auprès de la cheminée, en buvant mon propre vin dans une coupe en or. D’ici, tout ça me semblait si ridicule. Le confort ne me manquait pas, pas plus que la chevalerie. Sur l’eau, il y avait une toute autre forme de moralité. La mer révèle les hommes.

La mer ressemblait à une machine détraquée. Emballée. Dans ces cas-là on étouffe d’angoisse. La mer était si déchaînée que l’on ne s’entendait plus parler. Finalement, une forme de silence s’installait.

Durant deux nuits nous avions pourchassé ce navire et enfin à l’aube il était à portée. Mieux, il avait semble-t-il démâté. Il était comme un gros cachalot à la panse distendue attendant que nous nous jetions sur lui comme des requins. Mais prudence car même s’il lui manquait des voiles, il lui restait les voiles principales ce qui ne l'empêchait pas de manoeuvrer.

“qu’est ce qu’on fait Zétès ?”
“on a pas vraiment de solution ici… prépare les hommes, il va falloir les aborder."

Quelque chose dans son regard m’inquiétait un peu mais je décidais de ne pas en tenir compte. En tant que second il était temps pour moi, de prendre le relai du capitaine et saisissant mon casque je me mis à crier.

"Préparez vos armes !”

“La Buse, coordone le tir” me dit Zétès.

je hochais la tête.

“Ne te rate pas car notre cachalot à des crocs…”
Zétès fit un geste au timonier alors que je m'avançais à ma place favorite, le beaupré du navire. D’ici on sentait les vagues et la vitesse, c'était comme chevaucher…

“Tenez vos armes prêtes !”

Le navire entamait sa manœuvre, nous étions encore dans le dos de la galère marchande, le Gally, mais d’ici peu, nous entamerions notre manœuvre pour lancer une bordée et elle devait être brutale pour stupéfier au maximum nos ennemis.

“Armez !”

Le temps se suspendait. Les vagues, le vent, les cris, l’excitation… Nous vivions pour cet instant de pure liberté. Le navire voguait à toute allure sous le vent.

“COUPEZ LA CORDE” hurla t-on depuis le navire marchand

Ca y est. C’était la panique chez eux. Il allait couper la corde de leur ancre.

“FEU !” hurlais-je en baissant le bras

Une volée prodigieuse parti à toute allure vers le Gally, les obus rougeoyants effleurant les vagues avant de faire voler en éclat le bastingage du pont et tout ce qui s’y trouvait. Nous étions assez proches pour voir les marins se jeter au sol pour éviter notre tir.

Ce combat était inégal. Ces marins ne pouvaient rien faire contre nous. Et nous n’aurions rien pu faire contre un navire de guerre. Sur terre, une belle manœuvre peut permettre d’annuler une supériorité. La mer apprend l’humilité, le faible fuit, le fort attaque.

Les sabords du Gally s'ouvraient enfin. Hélas pour eux, nous venions de terminer de virer de bord et nos crocs étaient bien dénudés, prêt à mordre une nouvelle fois.

“اتبع الريح ، افتح الصدع ،
كرة فوارة.” murmurais-je.

Une lueur apparut alors que je dessinais ces mots de pouvoir alchimique sur le pont du navire.

“FEU !” hurlais je à nouveau

La bordée tonna, relâchant un panache de fumée grise dans l’air. Une légère vibration pouvait se voir autour des boulets, je les avais chargés d’une force répulsive qui fit exploser mats, portes et voiles sans aucune explosion.

“Préparez vos armes ! Tenez vous prêts pour l’abordage !”
C'était la phase la plus dangereuse pour nous car tirer une nouvelle fois au canon nous exposerait à nos propres tirs. Nous devions avancer vite. Déjà les grappins étaient dans les mains de mes compagnons. C’était le moment… Je saisis mon casque et l’enfilait sans attendre. C’était l’heure pour la Buse de rentrer en scène.

Les grappins volèrent en direction du bastingage mais ce que je préférais faire, c'était sauter dans une bourrasque sur le pont ennemi depuis les hauteurs, telle une buse ou un rapace fondant sur sa proie.

“ينفخ في أجنحة الطيور الجارحة”

Juste un courant d’air quand j’atterirais sur le pont. Un peu de folklore pour éviter de tuer inutilement de pauvres marins superstitieux.

Je me laissais tomber de la hune alors que mes camarades enjambaient le bastingage. Mon petit tour se mit en marche et les hommes du Gally autour de moi, fébriles et mal armés, tombèrent sur leur derrière.

C’est alors qu’un matelot un peu plus audacieux que les autres tira avec sa lance feu…

Et ce qui devait être un moment magique se teinta d’un sang trop bon pour être gaché. Zétès venait tout juste d’arriver sur le navire lorsque le tir de lance feu le toucha. Depuis que j’étais avec ses hommes mes exercices répétés m’avaient permis d’acquerir une extreme rapidité. Mais meme avec tous mes reflexes, il était trop tard. Mon regard croisa celui de Zétès qui s’effondra presque aussitot sans vie.

Un marin passa alors son falchion en travers du ventre du marin qui avait tiré.

“Pas de vengeance les gars ! Zétès ne voudrait pas de ca” dis je alors.

Je me tournais alors vers le capitaine du Gally “toi, donne nous ton relevé !”

“jamais!”
“ecoute… tu sais qui je suis…”

il hocha la tête

“alors tu sais que tu n’as rien à craindre si tu coopères. Si tu ne coopères pas, je dis à mes compagnons de mettre ton navire à sac. Qu’est ce que tu preferes, nous donner ton relevé ou rentrer à poil à Solon ?”

il fit un geste vers un jeune homme qui apporta un relevé. Je le donnais à Sam, un des plus ancien de l’équipage qui venait de Zohar.

“faites vous plaisir les gars, vu le poids de ce relevé… il y aura plus que du poissons sur les tables des pauvres de Solon ce soir !”
Mes camarades disparurent dans les entrailles du navire.

“Vous ne manquez pas de toupet” me dit le capitaine “j’entend a votre accent que vous êtes de Villon… vous attaquer à nous, quel manque de loyauté. Vous devriez montrer plus de respect pour votre couronne”.

“Quelle couronne ? Tu ne sais rien de moi. Je pourrai avoir l’accent de 1000 contrés ou tu n’as jamais foutu les pieds. Ces hommes, ils viennent de partout... “

“La buse! La buse ! viens voir” hurla Sam.

Je laissais mon capitaine en plan pour aller voir les raisons de cette excitation. Les cales étaient pleines d’or.
Le pillage fut long mais lorsque la dernière caisse fut sur notre navire alors on passa au vote.

“il nous faut un nouveau capitaine” dit Sam, “qui vote pour que ca soit la Buse ?”

Toutes les mains se levèrent en ma faveur.

“second vote” enchaîna Sam “est ce qu’on rend son navire à ce capitaine, ou est ce qu’on le brûle ?”

“il faut le bruler ! Pour Zétès !” dit un de mes compagnons

“les gars, le capitaine a l’air d’etre un bon gars. On devrait le laisser repartir…”

“qui est pour qu’on le brûle ?”

Toutes les mains se levèrent sauf la mienne et celle de Sam.

C'était acté.

Je remontais alors sur le pont ou l’équipage du Gally avait été rassemblé.

“Marins, voici que s’offre une opportunité. Dans la marine marchande, vous êtes battu, vous êtes moins bien traité que des chiens. Ce que je vous offre ici, maintenant, c’est la possibilité de devenir des hommes. Sur notre navire, il n’y a qu’une regle l’égalité. Vous n’aimez pas mes decisions, vous choisirez un nouveau capitaine. Chaque homme ici a un vote et a une part égale de ce que nous récuperons. Pourquoi vivre sous le joug, quand on peut vivre comme un homme sans enrichir un riche ? alors qui nous rejoins ?”

Une partie de l’équipage du Gally hésita, une partie nous rejoins, une partie resta du coté de son capitaine. Au fond, il semblait aimé et il avait l’air d’un homme honnete. Il ne me plaisait pas de brûler son navire…

Je m’approchais alors du capitaine du Gally.

“navré… mais les hommes ont voté pour que l’on brûle votre navire… Je n’aime pas ce genre de méthodes mais”

“voté ?” me coupa le capitaine interloqué

“désolé, votre navire doit être brûlé"

“vous ne contrôlez pas vos hommes… Vous n’êtes que de la racaille! des pirates !”

je m’approchais de l’homme, menacant. Et comme il y avait peu de chances qu’il me reconnaisse, je retirais mon casque.

“je suis désolé de couler votre navire. Mais c’est de votre faute. Et uniquement de votre faute. Les hommes comme vous se couchent, se laissent piétiner pour un peu de pouvoir ou un peu d’or. Vous ne traiter de pirates, de brigands ? mais il n’y a qu’une différence entre vous et nous… Le riche vole le pauvre sous le couvert de la loi. Nous, nous pillons le riche avec la force de notre courage !”
Je ne retirais mes yeux noirs des yeux bleu ocean du capitaine du Gally

“Mieux vaut être l’un des notres que de les suivre comme un chien bien en laisse.”

“ma conscience de marin m’interdit de…”

“votre conscience ? eh bien voila ce que me dit ma conscience… Je suis mon propre prince… un prince libre… et j’ai autant le droit de faire la guerre au monde entier que celui qui a une centaine de bateaux en mer, ou une armée de cent mille hommes sur terre. Je suis libre et aucune couronne ne changera ca”.

Ce soir-là, on incendia le Gally et on déposa le capitaine et l’équipage qui ne voulait pas nous rejoindre sur une ile non loin de Solon.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeLun 26 Avr - 14:35

Menara, s’approcha de moi silencieusement et posa sa main sur mon épaule. Je me tournais vers elle.

"Tu es prêt ?”

je regardais les derniers vestiges de la carte que je venais de brûler partir en fumée.

“oui…”

Elle posa sa main sur mon casque pour me le donner mais je posais ma main sur la sienne.

“avec eux, pas besoin.”

Enfin je croisais son regard.

“qu’est ce qu’il y a “ dis je ?

Elle poussa un soupir, leva les yeux au ciel et s’assit lourdement, comme si le monde pesait sur ses épaules.

“qu’est ce qui se passe Menara ?”

“tu ne te rends même pas compte que tu prends exactement le même chemin qu’à Kersaint…”

“non ça n'a rien à voir…”
"Ça a tout à voir Argantael ! Tout ! On a pu profiter de toi un an mais c’est plus fort que toi, tu pars seul”

“on en a déjà parlé, j’ai besoin d’aventures, de…”

“tu ne comprends rien ! Ce n’est pas ca que je te reproche”

Ses yeux brillaient, embués de larmes, de colère et de déception.

“Quelle est NOTRE place dans ta vie ? Dans ton projet ? Dans tes aventures ?”

Je restais silencieux.

“Je ne te reproche pas d’être un pirate, un comte ou un chevalier ! Ce que je te reproche c’est de ne jamais nous inclure dans tes projets. Tu as ta vie et tes aventures. Et nous. Nous sommes le bonus quand tu rentres, le confort, la source dans laquelle tu te laves de cette violence. Mais cela ne vaut rien tout ça, c’est un déguisement, un masque.”

La voix de Menara tremblait, ses ongles s'enfonçaient de ses poings et ses yeux s’emplissaient de rage.

“Si tu me respectes un tout petit peu Argantael… je ne te parle pas de m’aimer ou de m’estimer, juste me respecter... alors au moins une fois dans ta vie, au lieu de penser ce que je veux, demandes le moi.”

J’en avais reçu des coups dans ma vie… mais aucun aussi brutal que celui-ci.

On veut toujours être un autre homme que son père. Que c’est dur… J’avais fais comme lui, confondu confort matériel et amour. Ca n’effacait pas des sentiments sincères mais c'était des sentiments égoïstes. “Tu as tout que veux tu de plus”... La réalité c’est qu’ils avaient tout sauf l’essentiel, l'écoute et l’attention. Et si tu n’as pas l’essentiel, tu n’as rien.

“Est ce que tu veux m’aider Menara ?”

“quoi ?”

ses yeux étaient plein de larmes

“Je pourrais devenir roi de Villon.
Mais ca ne m’interesse pas. J’aimerais y faire venir la philosophie de Solon et des mages guerriers. J’aimerais que les gens de Villon soient libres de décider pour eux. Ils me parlent tous de traditions et d’anciens dieux… La tradition du pouvoir du peuple c’est la seule tradition qui me convient. La liberté d’adorer le dieu qu’on souhaite, la liberté de décider de sa vie, de ses choix. Ils veulent imposer leur morale a coup de dieux mais la morale nous l’avons en nous aussi sûrement que nous voyons ou que nous parlons. Les rois et les dieux ont escamoté ce sens moral, ils se sont roulés dedans comme des gorets pour couvrir leurs méfaits… la conquête, la soumission, l’exploitation…”

Je m’approchais de Menara et posais mes mains sur ses épaules.

“ici, avec les pirates, nous proclamons que nous refusons de traiter les autres comme nous ne voudrions pas être traités par eux. On ne peut plus supporter cette inégalité qui permettrait à quelques-uns d'entre nous d'exercer leur force, ou leur ruse ou leur habileté, d'une façon qui nous déplairait à nous-mêmes”

“Ménara, mon rêve, mon espoir, mon avenir, c’est l'égalité en tout, l'équité. Sur tout Villon et peut être ailleurs… Aujourd’hui je ne peux compter que sur moi pour y arriver. Est ce que tu veux m’aider ? Car je n’y arriverais pas sans toi.”

“non.”

Ses mots venaient de claquer dans la pièce.

“pardon ?”

“non.”

reprit elle toujours aussi froide

“Mais je pensais que…”

“eh bien tu t’es trompé” dit elle agacée. “D’abord je t’ai dit d'arrêter de penser pour moi. Ensuite tu ne m’as pas convaincu. Je comprends ce que tu me dis, c’est un bel idéal. Mais ce ne sont que des mots dans l’air. Aujourd’hui je ne vois qu’un lourdaud qui se voit splendide et qui ne va pas tarder à se faire casser les ailes.”

“mais…”

"Bon, tu ne veux pas écouter” soupira-t-elle en se tournant. “Tes pirates t’attendent je crois ?”.

Elle sortit, me laissant seul dans la pièce. A cet instant, mes mots semblaient creux. J’avais prévu un petit discours mais je n’avais plus envie de le prononcer. Je bue une grande rasade d’eau pour me délier la gorge et comme un automate, je m'avançais vers la porte derrière laquelle se trouvaient mes compagnons. Un instant dans le miroir, pour trouver un sourire de circonstance. Grimace stupide. Je poussais la porte.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMar 4 Mai - 20:04

De tous les dieux, celui qui à mes faveurs, est encore celui qui n’existe pas.

Il faisait beau.
Le vent et les embruns nous frappaient le visage alors que, depuis le beaupré du navire qui voguait à toute allure sur les flots, nous contemplions le golfe du printemps, la baie qui séparait le continent de l'île du printemps.
Je caressais le bastingage du navire marqué par les nombreux combats que nous avions mené ces derniers mois. La main de Menara se posa sur la mienne. Elle semblait si radieuse, les cheveux au vent, libre et vivant l’aventure avec moi…

ce que je reprochais aux autres, je le lui imposais. Quelle absurdité…

quelques mois plus tôt.

Nous voguions le long des côtes de Pardhès, poussés par les alizées venant des îles brisées de Téthis.
Nous avions fait une rapide escale à Santo Phenicio, une petite ile d’Escorial perdue dans l'océan infini, repaire tout en nuances de gris, qui servait de porte d’entrée à tous les trafic. Là-bas une rumeur racontait que de lourds navires marchands affrétés par les grandes puissances d’Oecumène longeaient les cotes de Pardhès les cales chargées d’or, d’orichalque et de cristaux.

Comme la mer des âmes nous semblait un peu petite ces temps-ci, nous avions décidé, à l'unanimité, de tenter l’aventure avec un plan très simple : descendre le long des côtes et fondre sur un ou deux de ces gros navires marchands pour découvrir ce qu’ils cachaient dans leurs abdomens distendus.

Cela faisait maintenant 1 an que j’étais capitaine.
Je retrouvais la même camaraderie qu’à l’ordre mais l’égalité en plus. Ici, il n’y avait pas de grade, pas de différences. Ce statut de capitaine n'était qu’une breloque il voulait simplement dire : “en cas d’attaque, tu diriges la manœuvre" mais le reste du temps, chacun savait ce qu’il avait à faire. Nous avions un destin commun, la survie de l’équipage reposait sur les épaules de tous et cette conscience collective nous poussait à prendre soin les uns des autres.

Lorsqu’à chaque abordage quelques marins nous rejoignaient, nous prenions le temps de leur apprendre à lire, à écrire, à soigner sommairement son frère puis selon son âge et son expertise, il était affecté à un poste. Chacun pouvait demander à changer, il pouvait choisir d'arrêter de naviguer si tel était son désir. Il continuait à percevoir sa part de trésor car il était un frère à jamais.

Cette idée, cette organisation, elle était valable sur le vaisseau mais aussi à terre et je me disais qu’au fond, tout ceci pouvait aussi exister à Kersaint. Un comte proclamé pour que le monde nous fiche la paix et une communauté qui s’organise selon les règles qu’elle choisit.

La silhouette d’un gros navire de commerce venait de me tirer de mes pensées. il dodelinait tranquillement le long de la côte, comme un gros cachalot repu, étendant ses voiles au soleil.
Nous étions comme des requins qui, venant de sentir le sang, se mettent en chasse. Une tension sourde parcourut le navire, au moment où les voiles levées, dans un claquement, se gonflèrent.

A mesure que l’Etheon accélérait, les visages se durcissaient, les doigts craquaient sur les poignées des sabres et entre les lèvres serrées, des prières à tous les dieux étaient fredonnées.

Le sloop filait à toute allure maintenant.
Un vol d’exocet nous accompagnait dans cette course effrenée.
Soudain, le gros navire obliqua. Il avait encore un peu d’avance sur nous mais il avançait bien plus lentement, essayait-il de nous échouer sur les rochers ?

“Bordez les voiles, prenez l’allure arrière. On va les pousser dans le lit !”

Une fois dans le lit du vent, le navire n’avancerait plus… Nos voiles se tendirent sur mon ordre, les cordages hurlèrent et l’Etheon bondit.

De ma lunette, je pouvais voir que le gros navire portait les insignes de l’église du phénix. De plus en plus de marchands louaient leurs services à l’église, cette sainte bannière les mettant à l’abri des attaques des corsaires de Thétis. Comme je l’avais prévu , le vaisseau marchand se retrouvait coincé entre les hauts fonds et nous et il n'avait pas d’autre choix que de continuer à obliquer.

Il n'avançait plus.
Les sabords du Pheniciao s’ouvrirent, prêt à nous attendre.

“Embraque la voile ! Et préparez-vous pour une salve ! Ils montrent les dents !”

Ils en avaient quelques-unes en effet. Avec ses 25 canons de chaque coté, il allait falloir manœuvrer avec intelligence et finesse.
Je m'apprêtais à donner mes ordres quand un trois-mâts armé émergea depuis l’horizon. Voilà pourquoi le Phéniciao avait obliqué ! Il cherchait à temporiser le temps que l’autre navire arrive ! Le chien !

“Qu’est ce qu’on fait La Buse ?” me demanda Sam inquiet.

Je sentais au fond de moi que nous pouvions gagner. Je le savais. Il y avait une possiblité, une seule, parmi toutes les tactiques, qui nous permettrait de triompher de ces deux monstres !

“Compagnons ! Ces navires seront nos tombeaux ou le berceau de notre gloire ! Contre barre, je les veux babord amure !”
“mais…”

“fais moi confiance !”

Je courais jusqu’au beaupré. Il n’y avait plus que moi, le navire et l'océan émeraude des côtes de Pardhès. Le raffut se taisait et il n’y avait plus que le silence de la bataille, les vibrations du bois, la houle sous mes pieds, le vent dans mes cheveux, autant d’indicateur auxquels la plupart des hommes restaient sourds.

Un coup d'œil dans ma lunette.
Le capitaine du Pheniciao, très sûr de sa puissance, venait d’inviter ses passagers à monter sur le pont haut pour assister au spectacle.

“préparez une demi bordée vide ! l’autre moitié de boulet ramé ! Nous allons couper leurs manoeuvres...”
“oui capitaine!”

Je voyais les canonniers de Phéniciao s’activer. S’il tirait à distance, nous avions de bonnes chances d’éviter le tir. Le capitaine trop heureux de faire le spectacle donna l’ordre de tirer. Un panache de fumée s’éleva du ventre du navire marchand et des boulets vinrent s'abîmer en mer.

"A bord ! Tenez vous prêt pour la bordée de boulets… ”

Nous allions longer le Pheniciao d’assez prêt, nous devions le clouer sur place.

“Feu roulant ! Maintenant !”

Suivant l’allure de notre navire, les canons crachèrent en rythme leur cargaison de boulets, les chaînes découpant d’une traite manœuvres et voiles du Pheniciao. Paniqués, les passagers se jetèrent à terre, le spectacle ne semblait pas vraiment à leur goût. Le navire marchand immobilisé, il fallait maintenant s’occuper du trois-mâts qui s'avançaient babord amure à pleine vitesse.

“Nous avons le vent ! “

Oh oui… L’Etheon était de ces navires ardents… Le vent lui était toujours favorable.

“préparez une bordée de semonce !”

Au même moment, les sabords du Duke of Camlann s’ouvraient. Nous nous faisions face...

“Hissez le pavillon !”

Tout en haut du mat, la vigie fixa notre pavillon, un sablier blanc entouré de deux épées sur un champ bleu. Il n’était pas sans rappeler le blason des Ogier d’une certaine façon.

le Duke of Camlann tira le premier un coup de semonce auquel nous répondirent. L’affrontement aurait bien lieu.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMar 11 Mai - 23:22

Nous venions de manoeuvrer pour tirer sur le Phenicio et le vent nous venait désormais légèrement de face. Le Duke of Camlann lui remontait la distance en bâbord amure et couvrait l’espace qui nous séparait de lui à toute allure. Quel guêpier ! Il nous fallait réagir vite car s’il parvenait à nous aborder, il utiliserait ses canons à courte portée et s’en serait fini de nous.

Je sautais du beaupré

“Préparez vous à choquer les voiles les gars” criais-je en courant jusqu’au guindeau.

Le Duke of Camlann se rapprochait dangereusement, pas le temps d’attendre ! Je donnais un énorme coup de pied dans le guindeau qui se mit à tourner comme une toupie folle, signe que l’ancre plongeait en direction de la mer.

“CHOQUEZ LES VOILES !”

Dans un hurlement de bois qui se tord, le navire entier pivota autour de l’ancre alors qu’au même moment les équipiers relâchaient la tension dans les voiles pour qu’elles se gonflents sans se déchirer.

“cramponnez vous les gars”

Le navire effectua un arc de cercle improbable, la corde tendue faisant eclater le davier d’ou sortait l’ancre. Les cordes claquaient au vent. Le temps paru se suspendre un instant… Je croisais le regard du capitaine du Duke of Camlann qui pensait avoir déjà gagné.

“pas si j’ai mon mot à dire camarade…”

La vision des Ogiers se superposa au monde, des millions de scénarios passant devant mes yeux, chaque seconde, chaque action, chaque angle et chaque position de voile…
une respiration
deux respirations
trois respirations…
maintenant !

“COUPER L'ÉTALINGURE !”

La lourde lame d’une hache s'abattit alors sur le brelage qui retenait l’ancre au navire alors que le vent s’engouffrait dans les voiles nous faisant faire un bon loin du Duke of Camlann.

“Bordez la voile !”

Nous allions vite cette fois, le vent était en notre faveur mais Le Duke of Camlann venait de nous présenter son flanc, paré à tirer.

“ Ne lui laissons pas l'initiative de l’offensive ! FEU ROULANT tribord et rechargé !”

Notre navire glissait sur l’eau, les sabords tribord s’ouvrirent et lacherent leur cargaison de mort dans un roulement de tonnerre, chaque canon crachant à la suite de son prédécesseur. Nous étions loin et les boulets frappèrent le trois-mâts sans lui faire grand mal mais ils furent suffisant pour destabiliser l’équipage du navire qui ne s’attendait pas à ce que nous prenions l’initiative. Lorsque le Duke of Camlann fit feu, le tir manquait de précision et il n'arracha que quelques éclis de bois à notre corvette.

“Tenez vous prêt pour la deuxième touche messieurs ! Cette fois il faut le blesser !”
Ma voix ne trahissait aucune nervosité, j’avais avec moi les meilleurs marins et sans aucun doute la meilleure corvette des 3 océans.

Chaque navire vira de bord pour se mettre sur son bon côté mais soudain le Duke of Camlann tira une bordée. Imprécise, hâtive, cette bordée n’avait aucun sens… Je décidais de danser un peu avec lui. Mon objectif, conserver le vent arrière le plus longtemps possible et le laisser s’énerver.

“Ne tirez que des demies bordées ! Nous allons le pousser à la faute !”
“oui capitaine !”

Le vent était avec nous, les voiles venaient d'être choquées et sous le vent nous avancions comme des poissons. Nos bordées comme des aiguillons, asticotaient le Duke of Camlann qui lâchait des bordées furieuses mais mal ajustées. Nous virions de bord à chaque bordée forçant le navire ennemi à rester dans un vent défavorable mais cette danse ne pouvait pas durer éternellement. Il fallait prendre un risque pour le pousser vraiment à l’erreur.

"Accrochez- vous les gars ! On va le prendre babord amure”
“on va etre exposé..."
“c’est un risque à prendre… l’occasion de montrer au monde que celui qui n’est rien ou presque, peut mettre le grand à genoux ! Virez tribord… maintenant!”

L’Etheon se pencha, frottant l'océan de son estomac. Au même moment, le Duke of Camlann tira une nouvelle bordée furieuse.
Sortant des brumes comme de terribles dragons, les boulets hurlaient dans notre direction, traversant l'océan à toute allure.

“Capitaine ! La bordée est sur nous…”

Je me saisissais de mon lourd bouclier rond.

“Mages guerriers avec moi.”

Cramponné dans le sol, tendus à en exploser nos muscles, nous attendions concentré que les boulets viennent frapper le pont et les gaillards. Il me serait difficile de trouver les mots pour expliquer cette folie. Le temps s'était suspendu, notre concentration portée à son extrême, la main serrée sur la sangle du bouclier. Nous étions 8, prêts à faire un rempart de bronze et d’acier, prêts à défier les lois naturelles, le bon sens, les réflexes les plus essentiels du guerrier mais à cet instant, dans cette situation, entouré de ces 8 frères, rien ne semblait impossible.

“Sof, quel que soit le chemin, guide moi…” murmurai-je

Puis dans un sifflement, ils apparurent, les boulets terribles du Duke of Camlann. Trop tard pour reculer, trop tard pour hésiter. Les 8 boucliers partirent à la rencontre des boulets, quittant nos étreintes comme le feraient les projectiles d’un discobole. Les boucliers de bronze et les boulets entrèrent en contact a quelques mètres du navire, sonnant comme des cloches au milieu de la mer. Les boucliers permirent de dévier les projectiles du navire ennemis qui se perdirent dans l’eau. Un de boulet parti en chandelle et alla s'écraser sur le mât de perroquet juste au-dessus du hunier. Mais ce n'était rien. La clameur de l’équipage me tira de mes pensées car nous étions comme je le souhaitais sous babord amure et le Duke of Camlann venait de carguer sa grande voile pour essayer de virer de bord afin de tirer une nouvelle bordée. Une manœuvre impossible à faire à temps vu la taille du vaisseau mais surtout, erreur suprême, le léviathan nous offrait son flanc désarmé !

“Préparez-vous à l’abordage !”

L’Etheon telle une buse fondit sur le Duke of Camlann. Les grappins étaient déjà prêt.

“Souvenez de ce jours mes amis… car quelque soit le sort que nous reservent les dieux, ce jour là est à nous ! Il est aux hommes de ce navire qui part leurs exploits marqueront la destiné! Allez ! A l’abordage !”

Et joignant le geste à la parole, je lançais une grenade par-dessus le bastingage.

Les hommes que nous affrontions etaient de veritables soldats, loin des mercenaires mal payés des navires marchands. Ils étaient organisés, précis mais je leur réservait la primeur d’une petite idée que j’avais eu : un lance feu miniature qui servait de manche à une lame de falchion ou de hache.

Les soldats nous attendaient, bien alignés sur deux rangs, les lance-feus en joue mais après quelques grenades ils commençaient à douter.

“Tenez les rangs !” hurlaient les officiers alors que les explosions éventraient le pont.

“les officiers, faites les prisonniers !” dis-je avant de pousser un cri bestial.

L’assaut fut terrible et brutal mais sans cruauté. Nos petits lance-feux crachaient leur poix alchimique sur nos ennemis alors que les lames coupaient les cordages et entaillaient les uniformes.
J’admirais mes frères mages guerriers. Ils n’étaient pas que des combattants hors pair, ils étaient aussi des guides qui, au coeur de la bataille, limitaient le massacre par leur seule présence. Je retrouvais le bonheur de lutter auprès d’hommes qu’un idéal anime.

“Il faut avancer Sam !”
“Je sais la Buse, mais ils tiennent encore le gaillard d’arrière”
“j’y vais !” dis je en sautant comme un chat sur le bastingage

Un des soldats s'avança en hurlant pour me faire tomber mais mon pied rencontra sa mâchoire qui dans un craquement pris un angle étrange. Pas le temps de m’assurer qu’il aille bien, il me fallait trouver ce capitaine pour mettre fin à l’assaut. Saisissant un étai je me hissais jusqu’au hunier pour y voir un peu plus clair. Il était là, en dessous, ce maudit capitaine, entouré par une meute de mercenaires qu’il aiguillonnais de sa rapière.
Je prenais mon élan et d’un bond je sautais depuis le hunier.

“Là ! C’est la Buse !” entendis je depuis le sol

au même instant, d’une main j’esquissais la glyphe de rih et une bourrasque terrible balaya le sol au moment où je le touchais. Les mercenaires tombèrent la tête la première et avant que quiconque ait eu le temps de réagir je plaçais mon épée sur la gorge du capitaine adverse.

“maudit sois tu la Buse” grinça t-il
“oh maudit je le suis, ne t’en fais pas pour ca ! Dis à tes hommes de poser leurs armes, nous ne voulons pas d’un massacre”
“offre moi un duel…”
“allons…”
“un duel ou rien !”
“très bien.”

je relâchais ma menace et le silence se fit autour de nous. Les hommes se mirent au bord du gaillard d'arrière pour éviter toute fuite. Mon adversaire était fin mais athlétique, de toute évidence il savait se battre.

“au premier sang ? je ne souhaite pas vous voir mort non plus. Vous vous êtes battu vaillamment."
“un pirate, me donner des cours de noblesse de coeur… en garde” et il lança son assaut.

Ces long mois avec les mages guerriers m’avaient poussé à développer mon propre style de combat. Directement inspiré du combat en mer, ce style visait avant tout à paralyser les attaques de l’ennemi avant de trouver la bonne opportunité de frappe. J’enfermais la lame de mon adversaire dans un entrelacs de metal. Chaque attaque se retrouvait enfermée puis contrée par un coup. Le but de ces coups n'étaient pas de tuer sur l’instant mais de s’assurer que petit à petit il perdait en puissance. C'était un moyen de lui laisser une porte de sortie avant le coup mortel. Pour jouer à ce petit jeu, j’avais du devenir rapide, très rapide et faire confiance à mon instinct plutôt qu'à mes yeux.

Le capitaine du Duke of Camlann lança un assaut franc et brutal, sa lame passa le long de ma manche et m’entailla le bras. Il jactait sans arrêt, tentait de me déstabiliser par ses mots mais le duel est affaire de concentration. Il lanca un nouvel assaut à la villonaise. Ses jambes partirent d’abord puis seulement il abattit son bras, mais cette botte était bien connue et il me fut simple de faire glisser ma lame le long de la sienne, de dévier le coup et de lui écraser mon pommeau dans le nez. Il voulut répliquer mais l'enchaînement est lui aussi connu et sa lame prisonnière de mes parades en série ne trouva pas sa cible. En revanche j’écorchais le bord de sa gorge de la pointe de mon arme.
Nous prenions un peu de distance, il tournait et parlait encore et encore. Soudain, il lanca un attaque, sublime botte qu’il me fut difficile de parer. Je parvenais néanmoins dans une sorte de contre temps à le frapper. C’est à ce moment-là qu’il sortit une dague qu’il me déchira le gras de la jambe.
Mon adversaire avait eu sa porte de sortie, il etait temps de mettre un terme à cette danse.
D’un puissant coup de pied, je frappais dans le bras qui tenait la dague. Il lâcha prise. Je me mis en garde puis j’envoyais une attaque large et mal couverte qui passa au loin de lui. Il riait, je recommençais l’attaque large et il avança le bras pour profiter de la découverte!
En un instant j'arrêtais mon attaque et à toute vitesse, je replacais mon arme à l’inverse avant de frapper comme un serpent qui se détend. Ma lame traversait à présent l’homme de part en part
“comment…” murmura t-il avant de rendre son dernier soupir.

l'équipage se rendit sans plus de lutte, nous ne comptions que cinq blessés et nous étions les maîtres d’un navire immense. Je prenais le commandement du Duke of Camlann que je rebaptisais immédiatement en Huisge, le légendaire cheval marin de Triskel.

Le Pheniciao nous attendait. Il n’y eut pas de lutte. A peine étions-nous montés à bord que les gardes posèrent leurs armes. Les cales débordaient de richesse mais quelque chose de bien plus sinistre nous attendait. Des esclaves venant de Pardhès attendaient dans des réduits immondes. Avec maintes précautions ils montèrent sur le pont, première bouffée d’air frais pour eux depuis des semaines.

“vous n’êtes que des pillards ! D’immondes blasphémateurs ! Le phénix ne représente rien pour vous ?” crache le capitaine marchand

“et pour toi misérable ? Toi qui transporte une cargaison d’homme dans tes cales ? hein ?”

“vous serez pendu immondes chiens ! Les mers ne seront plus un refuge pour vous, j’en fais le serment !”

Je me tournais vers son équipage, vers les esclaves, je les regardais un à un dans les yeux.

“ce sablier, vous savez ce qu’il représente ?
Il signifie notre fin à tous, à vous comme à nous. Il est là pour nous rappeler que le temps est court. Il est là pour nous rappeler que dans ce temps si court, nous pouvons faire des choses. Il est là pour dire à tous les princes et tous les dieux que leur pouvoir n’est rien ici car nous savons qu’il y a la fin.”

je passais entre les rangs, au milieu de mes compagnons d’armes

“certains pensent voir en nous des blasphémateurs ?
Non ! Il n’y a que des rebelles épris de liberté !”

Les visages étaient graves.

“Nous venons de partout mais nous refusons collectivement de baisser la tête devant une couronne car personne ne peut administrer notre vie sinon nous même.
Chacun ici, peut prier le dieu qu’il souhaite sans que personne n’ait rien à redire car chacun confie son âme à qui il souhaite. Mais nous refusons collectivement de baisser la tête devant une mitre.”

puis me tournant vers le capitaine marchand

“Ce sablier, compère, c’est un moyen de dire aux princes et aux dieux et à tous ceux qui nous traquent et à tous ceux qui nous rejoignent que rien ne détruira notre unité. Nous sommes unis par la liberté, par notre volonté. Nous ne remettons pas notre destin dans les mains de forces supérieures. Voilà ce que veut dire ce sablier. Nous sommes maîtres de notre temps qui passe.”

“ce n’est que philosophie…” cracha le capitaine

je me retournais narquois, “précisément”.

Ce jour-là, ils furent nombreux à nous rejoindre, assez pour pouvoir conserver l’Etheon et le Huige. Ceux qui ne voulaient pas nous suivre furent conduits au Pheniciao avec assez de vivres pour tenir le temps qu’un navire de secours les récupère.

Il faisait nuit. Nous étions rentrés dans l’après-midi à Ithaque et fort de notre succès nous avions copieusement fait la fête.

“il parait que tu as fais un magnifique discours sur la liberté”

Menara venait de rentrer dans la pièce

“il paraît"

“j’aurai aimé l’entendre”

“je peux te le refaire”

"Est ce que tu crois que tu parviendras à faire briller mes yeux comme les leurs ?”

“ je ne sais pas …”

“tu dois reussir, pas seulement pour moi mais pour tous ceux qui pourrait te rejoindre ! Tu dois trouver les mots, tu dois faire passer ce message partout! A Kersaint, à Villon pour commencer.”

“comment ? nous sommes si loin de tout”

“ecris leur ce en quoi tu crois. partage leur ton reve. Et donne lui un nom…”

“Libertalia”

“c’est un bon début…”
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMar 18 Mai - 20:22

Qu’il était doux ce soleil de Kersaint et le parfum des embruns et le vert des prairies se détachant sur l’ocre des falaises.
A cet instant, fini le capitaine audacieux, le chevalier ou le comte mystérieux, je n'étais qu’un garçon du pays, heureux de retrouver les chemins et les côtes qui l’avaient vu grandir.
Je tenais précieusement contre moi une sacoche qui, je l'espérais, pourrait faire changer les choses… En bien ou en mal, les choses changeraient c'était certain. J’en étais certain.
Menara me regarda de ses grands yeux noirs, si pétillante de vie depuis que nous ne nous quittions plus.
“tu verras c’est un ami de mon père” dit-elle pour tenter de dissiper la petite inquiétude que j’avais.

“tu es certaine qu’il va pouvoir tout retranscrire ?”

“ce n’est pas un simple imprimeur…” conclua-t-elle avant d’esquisser un sourire énigmatique.

Après la prise de Huige, tout avait changé. La plupart des esclaves libres nous avaient rejoints et nous nous étions senti porté par quelque chose de plus grand que nous…

plus tôt. bien, bien plus tôt.

Nous étions, Sam et moi, en train de regarder Hällas repeindre la coque, faisant disparaître le sinistre nom de “Duke of Camlann” pour le remplacer par celui, plus fringant, de “Huige”.

Le minuscule quai d’Ithaque était couvert de monde, les anciens esclaves s'étant installés dans les grands hangars du port en attendant que l’on ne leur fasse de la place.

“alors qu’est ce que tu vas faire de tous ces hommes ?”
“je ne sais pas… ils sont libres”
“ils ne savent pas naviguer...”
“moi non plus je ne savais pas naviguer en arrivant ici.”
“tu as conscience que tu as déclenché quelque chose d’important ?”
“mmm ici peut être.”

il soupira et s'éloigna.

“quoi?” dis je pour le rattraper
"Comment Menara peut elle te supporter ? Tu viens de voler le plus gros navire jamais volé et tu as retourné un équipage entier et les esclaves qu’il transportait. Qu’est ce qu’il te faut de plus ?”

Il me laissa là.
Il avait raison.
Ils avaient tous raison.
Je souffrais moi aussi de ce mal qui dévorait les Ogier depuis… peut-être toujours. J’avais le syndrome du petit soldat. Le caporal trop heureux de suivre les ordres, de briller parfois, de diriger un peu. Mon père avait eu le même défaut. Mais je devais me rendre à l’évidence, même si mes décisions sur la gestion d’Ogier n'étaient connues que de quelques-uns, elles existaient, elles redessinaient les rapports de force. Et ce que cet équipage venait de faire n’était pas rien.
Non.
Ce que je venais de faire faire à cet équipage.
Le soleil se couchait, rasant la baie de ses rayons rougeoyants, le clapotis des vagues, l’odeur des filets qui sèchent, des cordages, la rumeur de la taverne un peu plus loin. Tout me ramenait à ce genre de paysage, Kersaint, ici ou Pardhès. Et toujours la même histoire, Argantael qui rêve de liberté pour lui et pour les autres.
Pourtant, il fallait être objectif, au moins par deux fois, j’avais réussi à vivre cette liberté. J’avais construit Kersaint et je m’en étais libéré. J’étais venu ici comme matelot, j’étais à présent capitaine.
Je ne m'expliquais pas vraiment ces trajectoires.

“ahoy cap’taine”

Selon Menara c’est comme ça qu'a Camlann les marins saluaient leur capitaine. Difficile de confirmer, les seuls capitaines originaires de là-bas que j’avais croisé avait fini sans bateau mais cette imitation la faisait hurler de rire.

“alors tu rêves mon beau capitaine ?”

“ahah. oui.”

“j’ai vu Sam…”

“oh…”

“Il a eu raison de te secouer…”

Le silence dans sa phrase sembla durer une éternité. Comme si elle hésitait à prolonger ce qu’elle avait à dire et puis d’un coup elle reprit.

“ Tu veux qu'j' te dise quel est ton problème mon chéri. Tu n’arrives pas à choisir”

"A choisir ?” surpris

“oui.
Tu ne sais pas si tu es un minable ou un génie. Parfois tu te crois impuissant, tu te sous-estimes sans cesse et pourtant de temps à autre, tu as des bouffées délirantes. Tu t’imagines en génie incompris.”

Elle me souriait mais la douceur de sa voix tranchait avec la radicalité de ces propos. Elle essayait de me sortir de ces questions qui m'empêchait d’avancer depuis si longtemps avec autant de délicatesse que possible. Elle reprit.

“Tu ne t’es jamais dit que tu n’avais pas à choisir ? Tu n’es peut être pas un génie, ni un maître d’armes invincible, ni un capitaine imprenable mais tu as assez de force en toi pour vivre selon tes valeurs. Tu aimes les autres et ils te le rendent. Tu m’as expliqué un jour que le don des Ogier n’était pas un don mental mais un don de l'âme, que tu voyais les peurs et les décisions des gens et que ton instinct te guidait à travers toutes ces émotions. Et si c'était ça, ton vrai talent ? Comprendre les émotions des autres, les rassurer, les faire partager ton rêve ? Ce rêve que tu me refusais jusqu’à il y a peu et qu’il fallut que j’aille chercher au fond de tes tripes. Je ne suis pas une exception tu sais.”

C’était comme un direct au foie. J’étais KO.
Au fond, je savais tout cela. Mais se l’avouer était déjà difficile alors l’entendre de la voix de quelqu’un d’autre était encore plus douloureux.
Oui j’y avais souvent pensé. Ma course à la liberté n'était-elle pas une fuite en avant pour éviter de voir mes limites ? J'étais un comédien, doutant constamment de soi mais jouant l’assurance tant et si bien que parfois, j’en venais à oublier que ce n’était qu’un personnage.
Il est difficile pour l’homme d'effacer l’enfant qu’il a été… difficile d’effacer la mort d’une mère survenue trop tôt, d’aborder la chevalerie, les brimades, les coups, la solitude… la différence. Impossible de choisir me disait Ménara, elle ne pouvait pas avoir plus raison. J’étais l’enfant de deux continents, le fils d’un général et d’une savante, un général toujours au banc, un comte qui ne régnait pas, un père absent et un frère toujours présent.
Peut-être qu’elle était la solution… Si j’arrivais à mettre des mots sur tout ça, si j’arrivais à choisir. Si je trouvais en moi l’audace de prendre une seule direction...

“tu penses qu’ils me suivraient ?” dis-je mi inquiet, mi plein d’espoir.

“Non.” lâcha Menara sans colère ni hargne. “Pas maintenant. Pas comme ça. Ils ne sont pas stupides, ils sentent bien ce doute qui te tourmente.”

Elle s’approcha de moi, colla son corps contre le mien et posa sa main sur ma joue.

“Tu es le seul à avoir la clé de tout ça. Moi, je saurais me contenter de tes humeurs et de l’aventure intermittente que tu nous offres. Mais toi, sauras tu t’en contenter s’en tout risquer comme tu l'as déjà fait par deux fois ?”

Son regard plongea dans le mien. Le désespoir qu’elle dut y lire devait être grand car le sien était plein de compassion et d’amour.

“Je devrais peut-être retourner un peu sur l'île des bienheureux…"

“si tu penses que ca peut te faire du bien… Mais tu sais les questions et les réponses ne cohabitent pas.”

J’embrassais sa main et remerciais Sof de m’avoir donné une épouse aussi sage.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeVen 21 Mai - 21:11

Le lendemain matin, je partais seul pour l'île des bienheureux emportant avec moi en guise de bagages des milliers de questions. J’avais espéré les perdre dans les méandres qui menaient jusqu’à l’île mais non, elles me collaient dessus comme un poix. Alors que les oliviers de l’ile se dessinaient sur le brouillard, j’essayais de trouver une contenance, de ravaler tous les doutes qui me traversaient la tête, les réponses viendraient bien assez tôt.

Silencieusement, je glissais jusqu'au ponton de pierre et après avoir solidement accroché mon embarcation je remontais vers la rotonde ou nous avions rencontré les bienheureux la première fois.
Cette île dégageait vraiment quelque chose de particulier; ce sentier ocre et pierreux, les glycines et le chèvrefeuille qui imprégnait l’air tandis qu’ à l’abri des oliviers millénaires et des cyprès s’épanouissaient une multitude de fleurs jaunes, blanches, rouges et roses.
Dans tous mes voyages, j’avais vu peu d'endroits comme celui-ci ou la nature semblait en paix.

J’arrivais enfin au niveau de la rotonde. Un homme attendait dehors. Solide, harnaché dans un équipement archaïque, il ne semblait pas vraiment garder la porte mais il ne s'intéressait pas non plus à ce qui se disait à l’intérieur. Je m'apprêtais à rentrer lorsqu’il m’interpella.
Tiens, il gardait peut-être l'entrée finalement…

“qu’est ce que tu viens faire ici, frère ?”
“j’ai des questions à poser et…”
“tu ne pourras pas les poser. Pas avant qu’ils aient fini leur disputation.”
"ça sera encore long ?”
“avec eux… qui sait ?”

Un peu vexé et agacé, ne sachant trop quoi faire, je me décidais à continuer mon chemin.

“je te l’ai dit, tu ne pourras pas les interrompre. tu n’y arriveras pas.”
"A quoi bon venir, si je ne peux pas poser mes questions !”
"ça…"

Soudain un élève apparut dans l’embrasure de la porte, la mine un peu agacée et il poussa une lourde porte rouge.

“tu vois…” me dit l’homme un sourire narquois

Agacé, je décidais de m’éloigner. Soit je ne pouvais pas poser mes questions maintenant mais elle allait bien se finir un jour cette discussion ! Alors plutôt que de patienter bêtement sur les marches, j’allais explorer l'île et sa nature merveilleuse.

La journée durant, je marchais, courais, gravissait de petits amas de pierre, l’effort et l'adrénaline se mêlant aux trésors que je découvrais à chaque pas.

Finalement j’arrivais au pied d’une colonne ancienne surmontée d’une chouette. D’ici, toute l'île s’offrait à la vue dans un splendide panorama et je décidais de m’y installer pour la nuit.
Les questions ne m’avaient pas totalement abandonné mais ma bonne humeur était revenue et attendre que les bienheureux aient fini leur discussion ne me semblait pas insurmontable.
Oui… tout ceci pouvait bien attendre un jour de plus.

Le lendemain matin, je me levais avec le soleil pour m’entrainer. Chaque matin je courais avant de me renforcer musculairement. Des exercices et quelque chose de lourd à soulever suffisait. Le but n'était pas de devenir plus fort mais d’aider mon corps à se réparer. Le sang circulait partout nettoyant les organes des toxines et les muscles bien oxygénés ,n’était plus douloureux. Beaucoup de chevaliers trouvaient ridicule de continuer à s'entraîner de la sorte et pourtant jamais encore mon corps ne m’avait fait défaut. Ensuite je pratiquais l’épée plusieurs heures durant afin de gagner en précision et en rapidité. Le temps s'arrêtait lorsque je pratiquais, tout obsédé que j’étais à donner le coup parfait.
Soudain, des applaudissements me sortirent de ma concentration.

“pas mal du tout !”

C'était le portier d’hier.

“tu es excellent même”
“merci” dis-je en essuyant mon visage couvert de sueur, “j’essaye d’affiner mon art”
“je vois ça. Ta technique est redoutable. Toutefois… peut être m’autoriserais tu à faire une passe avec toi ?”
“avec plaisir !”

Il passa prêt des armes que je n’utilisais pas et remarqua l’épée d’Ogier.

“tiens, tu as deux épées ?”
“oui”
“pour quoi faire ?”
“c’est l’épée de ma famille et j’y tiens”
“d’accord mais tu as l’air de préférer celle-ci” me dit-il en désignant l'épée multicolore que j’avais à la main.

Je me saisissais alors de l’arme des Ogier et lui montrais sa taille véritable. Il semblait impressionné mais pas vraiment surpris.

“c’est une belle arme.”
“merci”
“il n'empêche qu’elle a l’air de ne t’aller qu'à moitié.” Il s’approcha de moi et désigna l’épée multicolore "Celle-ci aussi remarque maintenant que je la vois”.
“qu’est ce que tu veux à la fin ?”
“rien juste une passe d’armes c’est tout”
“avec laquelle ?” dis en désignant les deux épées
"ça n'a pas d’importance honnêtement."

Il était bien présomptueux… Je décidais de prendre l'épée multicolore.

“Allez en garde !”

Nous nous faisions face, la mer servant de toile de fond à cet affrontement qui n’avait rien d’un jeu au final. Je m’étais placé en garde haute avec l’idée de lui placer ma botte préférée. La tension montait en moi, dans mes mains, dans mes cuisses, attendant le moment où tout allait être relâché.

"Non ça ne va pas.” dit soudain l’homme.
“quoi ?”
"ça ne va pas… tu t'apprêtes à mal couvrir ton attaque dans l’espoir que j'attaque pour que tu puisses me piquer ensuite…”

Comment ? Personne n’avait jamais percé ce stratagème !

“propose moi autre chose s’il te plait”

Déstabilisé, je me remettais en place. Tant pis cette fois, j’essayerais une autre botte. Mais rien ne venait dans mon esprit. Il m’avait tellement surpris que j’avais l’impression de ne plus savoir tenir une arme. Je me mettais en tension, prêt pour une attaque pathétique et désordonnée. Ma mâchoire était si serré que j’en avais mal aux dents.

“non, je t’en prie arrête” dit il à nouveau
“quoi encore ?”
"Là tu es ridicule, je t’en prie. je vois bien que tu ne sais plus quoi faire. ressaisis toi. change d’arme si tu préfères"

Il se remit en garde. Je décidais de passer à l'épée des Ogier et cette fois d’attaquer en force, sans botte. Juste un brutal coup de melée. Inutile de plus attendre, je décidais de donner le premier coup. Tout mon corps se tendit et d’un rapide mouvement circulaire je décrivais un grand et rapide arc de cercle devant l’homme. C' était fini.
Soudain mon énorme lame rencontra son glaive et sans effort il para mon coup, stoppant net mon mouvement. Il me fixait, son regard pénétrant laissant paraître un peu de déception. D’un petit coup de glaive, il fit voler en éclat ma lame.
Horreur !
Comment ? Comment avait-il pu briser cette lame si facilement ?

“détends toi maintenant” dit-il…
je battais des yeux.
J’étais encore en position de garde haute. L'épée des Ogier était là à côté et dans ma main l’épée multicolore.
“ne t’en fais pas, ce n'était qu’un combat mental”

Comme un pantin à qui on compte les fils, je me laissais tomber au sol

"piètre prestation” dis je en frottant mes poignets endoloris
“oh même si ça ne s’est pas vu, tu m’as donné du fil à retordre"
“j’ai quand même perdu”
“oh gagner ou perdre, ça ne fait aucune différence ici. Il vaut mieux te demander pourquoi tu as perdu tu ne crois pas ?”

Il m’aida à me relever.

“quel est ton nom ?”
"ça n'a pas beaucoup d’importance mais on m’appelle Spartakos.”

Je farfouillais dans mes affaires pour trouver une gourde et la partager avec mon nouvel ami.

“tu es un bienheureux toi aussi ?”
“ahahah ! Moi, je suis comme toi !”
“comment ca ?”
“eh bien… tu es venu ici pour avoir des réponses pas vrai ?”
“oui, entre autre”
“mais tu n’es pas philosophe…”

Je le regardais sans comprendre. Ce n’était peut être pas un penseur mais sa façon de réfléchir était tout aussi complexe. Voir plus.

“Ce que je veux te dire, c’est qu’en venant ici avec des questions, tu auras des réponses de philosophe. Ce n’est pas mal, pas du tout. Mais tu n’es pas le genre a passer des heures à ta table de travail pour creuser ces réponses. Et comme tu n’es pas prêt à ça, leurs réponses ne te conviendront qu'à moitié."
“tu penses que j’ai eu tort de venir ici
“non. Ce n’est pas ce que j’ai dis non plus…”
“alors…”

Son rire éclata soudain comme le chant d’un oiseau. “Patience, l’ami, patience… Mais viens, marchons un peu tu veux”

Je pris mes affaires et il m’indiqua un petit chemin pierreux qui longeait la côte.

“si tu n’es pas bienheureux, c’est que tu mage-guerrier alors “
“Est ce que tu sais exactement ce qu’est un mage guerrier ?”
“je crois…”
“tu sais ou tu ne sais pas”
“je le sais puisque je le suis !”
“donc tu as ta réponse. La realité c’est que le chemin pour être mage-guerrier est comme ce chemin. Et nous, nous sommes comme ces cailloux sur le chemin”

Il commença à pousser une pierre de son pied.

“tu peux avancer sur le chemin, prendre des directions différentes. Tu n’es pas moins sur le chemin, tu prends juste une direction différente du caillou d'à côté. Il n’y a pas LA vérité et l’erreur, il y a des vérités. Les portes de cette ile te sont ouvertes pour que tu trouves ta vérité et pour être honnête… tu n’es pas tellement en avance.”

“qu’est ce que tu veux dire ?”

“je vais pas te mentir, je m’attendais à quelqu'un d’un peu plus jeune… Mais en même temps je commence à comprendre ce… retard.”

“oui je prends mon temps pour faire les choses.”

“c’est aussi bien. vraiment. Tu comprendras d’autant mieux ce que je vais t’enseigner.”

“ce que tu vas ...”

“Ecoute, tu veux poser des questions ou trouver des réponses ? Tu ne peux pas faire les deux en même temps. Soit tu poses des questions, soit tu t’ouvres aux réponses, à l’inconnu.”

“d’accord alors voici une question, comment tu as su ce que j’allais faire tout à l’heure avec ma première botte ?”

“comment tu t’y prendrais toi ?”

Je réfléchissais à la meilleure réponse.
En duel, il y avait trois choses à prendre en compte, le talent, l'état d’esprit et la cause du duel.
Le talent était sans doute l’élément le moins important du duel. D’abord parce que dans le cas où votre adversaire était bien supérieur à vous, il était inutile d’essayer de jouer à armes égales. On ne rattrapait pas 20 ans d'entraînement quotidien. Lorsque l’on avait l’ascendant, l’adversaire n’avait que deux choix, tenter de vous impressionner ou la traîtrise. Dans tous les cas, il fallait etre attentif. Attentif au poignard qui surgirait dans une main jusque-là désarmée et attentif aux bottes. Un débutant peut surprendre quelqu’un avec un meilleur niveau grâce à une botte bien placée. Une botte, c'est une surprise rien de plus. Et c’est suffisant pour tuer son adversaire. Donc le talent est essentiellement affaire de concentration, de connaissances et de réflexe, la force, l’endurance ne rentrent pas vraiment dans l’équation.
Comprendre et jouer avec l’état d’esprit de l’adversaire est essentiel en duel. Si un adversaire prend le duel plus au sérieux que vous, alors vous avez déjà perdu. Le duel, le combat exige du sérieux. Il exige que tout l’esprit soit canalisé vers la victoire. Un combattant qui pense à la peur, qui s’énerve, ne peut pas gagner car il propulse sa volonté vers autre chose que la victoire.
Enfin, toute cette discipline n’est rien sans la cause. Un combattant se doit d’etre habité par une cause lorsqu’il combat. Si ce n’est pas le cas alors il n’a rien pour canaliser son esprit. Il n’a rien pour canaliser sa force.

Je me lançais dans une réponse

“je pense que j’essayerais de comprendre ce qui l’anime, de voir ce qui le pousse à agir, découvrir ses peurs, me mettre à sa place. Ensuite je penserais à tous les scénarios qui pourraient bousculer sa cause afin d'émousser son esprit. Enfin si il tient encore debout, je mesurerais ses talents martiaux et de sa posture et du reste, j’essayerais de trouver son attaque favorite. un état d’esprit, une botte, un style.”

Le rire de Spartakos me tira de mes réflexions. Nous avions marché longtemps et nous venions d’arriver dans un amphithéâtre au milieu duquel une sorte de vasque émettait un glouglou reposant.

“c’est exactement ce que j’ai fait."

Je regardais autour de moi l’antique construction dévorée par le lierre et les oliviers. L’endroit avait dû être magnifique et aujourd’hui une splendeur toute mélancolique se dégageait de cet endroit. Il me prit par le bras et m’emmena jusqu’à un espace à l’abri des arbres ou un déjeuner frugal était installé.

"Tu es un bon combattant. robuste. un maître ? Peut être. Encore qu’on voit que tu as passé des années à faire autre chose. Tu es donc en retard. On peut s’attendre de ta part à quelques bottes, du vice, et des coups puissants. Tu as assez confiance en toi pour laisser l’avantage à l'adversaire. Il me suffit de regarder ta position pour déterminer quel type de botte tu vas faire. Sur ce point tu es en retard mais pas mauvais, en revanche sur le reste…”

“comment ça, sur le reste ?”

Spartakos cassa un pain et m’en tendit un morceau.

“l’état d’esprit. nul.”

Il avait lâché ça comme ça, entre deux olives. Il n’y avait pas de méchanceté, il se contentait de dresser un état de lieux en meme temps qu’il se tartinait un peu de feta.

“manges mon frère !”

Il posa devant moi, une tartine de fromage et d’oignons mais de mon côté j’avais plutôt l’estomac noué.

“Franchement, tu viens ici plein de questions et tu n’arrives pas à te concentrer. Il n’y a qu'à te regarder pour comprendre : tu as peur. Peur de tout ! Sauf peut être de prendre des coups, ce qui est tout aussi nul puisque ça te rend bêtement imprudent. T’es comme une mule, tu hésites et quand on te fouette tu fonces. Si tu n'étais pas un frère, je t’aurais botter le derrière pendant notre duel. Tu l’as pris à la légère et quand j’ai gagné la première passe, tu t’es tout de suite énervé…”

"attends… dis moi si j’ai fais quelque chose de bien plutôt."

Spartakos s’interrompit un instant, réfléchit … et se leva, laissant les restes de son repas.

“Si tu es venu pour qu’on te dise Argantael, tu es un bon guerrier, ta croisade est juste alors, gagnons du temps et préservons ta susceptibilité, oui. Bon courage et bonne route. ”

“attends…” dis-je pour essayer de le retenir.

“quoi ?”

“d’accord, niveau mental je suis nul. Je te l’accorde. Et pour le reste ?”

Il s’assit de nouveau.

“je vais te montrer la chose autrement. Tu te rappelles comment tu m’as décrit ta façon de gagner un duel ? Bon si tu prends un peu de hauteur, est ce qu’il n’y a pas un moment ou tu fais exactement la même chose sans y réfléchir ?”

Et si, lorsque j’utilisais le don des Ogier, c’est exactement ce qui se passait.

“Je vois que tu as compris. Ce don, n’est peut être pas tout à fait ce que tu imagines.”

“pour moi, c’est un cadeau de Morwenna. Une capacité à se lier à l'âme des choses …”

Il prit un bâton et dessina dans le sable de l'amphithéâtre un diagramme qui representait trois triangles sous lesquels il écrivit 3 mots : soma, logos, psychi.

“chacun de ces triangles est une part de nous. Ils représentent la vie dans ce qu’elle a de plus basique, classique. Habituellement, on utilise ces composants un par un. Parfois, lorsque l’on se surpasse, deux triangles peuvent agir de concert en nous mais ce n’est que fugace. Mais que se passerait-il si ces 3 éléments pouvaient fonctionner ensemble ?”

De son pied, il effaca le diagramme triangulaire qu’il avait dessiné.

“Le don que tu possèdes, c’est le don de pouvoir abaisser temporairement les limites entre ton soma, ton logos et ta psychi pour donner vie à quelque chose de neuf.”

Il dessinait à présent un losange carré. Sur les côtés et en bas, il avait redessiné les 3 triangles du début, soma, logos, psychi mais le triangle du haut restait ouvert et anonyme.

“Cette énergie de vie masculine, tu la transformes en énergie féminine, celle qui unit tout dans l’univers, car c’est d’elle que vient l’univers. Cette étape n’est que transitoire, cette transformation ne peut se faire que si l’on a un but, alors seulement en toi apparait l'énergie créatrice et de cette énergie naît la 5e essence, le renouveau, qui reprend la forme d’un triangle.”

Il dessina une sorte de cercle autour du diagramme principal. On aurait dit une sorte de serpent.
Ces diagrammes évoquaient en moi, les ouvrages que ma mère lisait autrefois. Mais je n’avais jamais fait le parallèle entre l'être et la matière.

“le mage-guerrier fait la synthèse de son soma, son logos et sa psychi pour agir sur le réel. Il dépasse ainsi les limites physiques et mentales pour donner une nouvelle dimension à ses actes. Des actes guidés par un idéal, une raison, un lien cosmique qui permet de relier une action à une réaction.”

Tout ceci était déroutant et vertigineux et pourtant je sentais que c'était la direction à prendre pour se détacher une fois pour toute du doute.

“Viens” me dit Spartakos

Il me conduisit à la vasque au milieu de l’amphitheatre.

“C’est la fontaine du Comos, je veux que tu y bois”

“pourquoi ?”

“pour faire l'expérience de la métamorphose… du possible. Ici, tu es dans un amphithéâtre, quel meilleur endroit pour voir ?”

Je plongeais ma main dans la fontaine avant de la porter à ma bouche. L’eau était fraîche, parfumée et pourtant instantanément, elle me tourna la tête comme le plus fort des alcools.

Disperse loin de notre ciel
la guerre et ses rauques tumultes.


Il fait beau ce matin mais le soleil ne m’enchante plus. Je fais les quelques pas qui séparent la maison du terrain d'entraînement sablé ou je m’entraine sans jeter un regard à la mer et à ce décor que j’avais choisi en espérant qu’il apaise mes angoisses.
Rien n’est venu remplacer Menara. Rien n’est venu remplacer les enfants. Rien n’est venu remplacer l’équipage.
Je me suis entrainé encore et encore jusqu’à l’obsession. Et pendant ce temps je perdais tout. La peur, le doute, il ne m’avait pas quitté. Mais le reste oui. Alors pour ne pas devenir fou j’ai fais du combat ma routine jusqu’à ce que chaque muscle, chaque jour connaisse chaque geste. Jusqu’à ne plus percevoir que les mouvements de l’adversaire même les plus infimes.
J’ai 50 ans. Je suis devenu le plus grand des maîtres d’armes.
Un jeune homme aborde l'île en barque. Il monte jusqu’ici. Il me parle mais je ne l’entend pas. Mon entraînement doit continuer. Je prends une épée. Je suis face à un mât. Je ferme les yeux. Le geste est net, vif, infaillible. Je repose l'épée. Le jeune homme va voir le mat qui se sépare en deux. Il parle mais je ne l’entend pas. Je le dépasse, je rentre à la maison. Je repousse la porte et je m'assois. Demain peut venir l'entraînement est fait.
Le jeune homme est dans doute là mais qu’importe il ne m'intéresse pas.


Mets un terme
à ces soupçons alambiqués


Je suis à Triskel.
Je suis Duc. Après mon retour à Kersaint, j’ai essayé de rallier les ducs mais trop fats ils ne m’ont pas écoutés. Alors j’ai manigancé de mon côté. Si je n’avais pas ce que je voulais avec leur aide je l’aurai contre eux. J’ai commencé à organiser des révoltes dans leurs duchés J’ai jeté de l’huile sur le feu entre Abelard et les ducs et finalement j’ai offert mes services au roi en échange d’une totale liberté. A cours de soutien il a accepté. J’ai alors évincé le duc de Triskel et écrasé les autres. Mais un duché, ce n’est pas un comté. Je n’ai pas réussi à déléguer mon pouvoir. Je vis dans la peur de l’assassinat ou du coup d’état. Abelard me regarde en chien de faïence mais tôt ou tard il en voudra à mon pouvoir…
Aujourd’hui c’est jour de justice. Prison. Pendaison. il n’y a que des coupables en puissance. J’ai tout donné à mon peuple, il me doit obéissance maintenant.
J’ajourne rapidement les doléances.
Je retourne rapidement dans mes appartements ou des pièges empêchent quiconque de rentrer.
Une lettre m’arrive par le tube pneumatique. Je l’ouvre, un gaz se répand. Je tousse, il me brûle le visage.
Qui est l’ennemi responsable d’un tel mauvais tour. Je le trouverais et je le tuerais comme tous les autres.








qui nous font jaser sur le compte
les uns des autres.


Je suis à Pardhès.
Un fouet claque. Je sursaute. Voici 10 ans que je suis aux travaux forcés.
De la vie d’aventures que je menais il ne me reste que des souvenirs. L’heigie est au fond de la mer, l’équipage en grande partie mort, quant à Menara et aux enfants…
La liberté avait un cout et il faut maintenant le payer.
Mon corps malmené par les années d’esclavage n’est plus qu’une plaie qui me fait souffrir à chaque instant.
La dans cette carrière ou la poussière nous colle aux poumons, le temps passe lentement. On essaye de ne pas penser. Penser est douloureux. Plus douloureux que le travail. Il aurait suffit d’oser pour changer la situation mais je n’ai pas reussi. Il y a eu le dernier navire avant de se ranger. Celui de trop.
Ne pas penser. Penser est trop douloureux.
Le fouet claque. La poussière colle. Rentre des les yeux, le nez, la gorge.
Je tousse.
Une grande mare rouge s'étend à mes pieds.
Tiens…
Je suis à genoux.
Le fouet claque.
Le sang coule de ma bouche. Je pose ma main sur un rocher, je tousse projetant du sang qui dessine son contour.
Ce n'était pas l’empreinte que je comptais laisser mais tant pis. Ne pas penser, penser est douloureux. Ne plus penser pour ne plus sentir la douleur.
Et la douleur s’en va.


De nous tous, refais une pâte
intimement liée par un ferment d'amour ;
infuse en nos esprits, pour en ôter le fiel,
quatre grains d'indulgence.

Un diagramme se dessine sur moi. Il tourne comme un serpent qui se mordrait la queue. Une femme voilée de noir apparait. Morwenna ? non… Elle me montre une direction. Je marche le long d’une voie jusqu’à une perle. Au pied de la perle, il y a un marteau. Je la frappe de toutes mes forces. La gangue noire tombe révélant un joyau blanc qui se craquelent et laisse couler un liquide rouge. Je prends cette glaise primordiale dans mes mains. Elle me glisse dessus, elle me parcourt, vivante, elle n’est que potentiel. En cet instant je me sens lié à tous les mondes et toutes les possibilités. Le temps n’a plus de sens, il n’y plus que l’essence. Et là, dans un éclat fugace... Libertalia, un livre, une lueur, une vision et une immense lueur comme au début du cosmos avant le noir.
noir.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeSam 22 Mai - 15:04

Il faisait encore doux et le soleil vint me chatouiller les paupières.
Il y a longtemps que je n’avais pas dormi aussi profondément, aussi sereinement.
Une odeur de viande grillée me tira définitivement du lit.

“comment tu te sens ?”
“j’ai l’impression d’avoir été réduit en miette et reconstruction…”
“normal”

Était-ce un rêve ou tout ceci s'était vraiment passé ? Ça n'avait pas beaucoup d’importance car la finalité restait la même.

"Maintenant que tu as la théorie et les… sensations il va falloir que tu passes à la pratique. Tu devrais pouvoir activer cette transformation en toi plus simplement avec le temps.”

“comment ?”

“c’est un ensemble. Comme tu l’as compris, il va maintenant falloir exercer ton corps, ton esprit et ton âme dans le même sens. Les faire travailler ensemble.”

“j’ai un projet qui ne saurait attendre”

“Il n’est pas question d'efficacité ou de temps ici. Ces exercices ne sont pas destinés à te rendre plus rapide ou te donner un moral d’acier. Ils sont destinés à transformer l’entropie de tes actions en anentropie. Ton action ne se pose pas en terme de réussir ou d’échouer mais plutôt détruire et créer. Un échec peut être créatif."

“et l’ombre dans tout ça ?"

“c’est l’expression de ta volonté. Comment vivre sans ? En revanche, tu vois ici qu’en acceptant de renoncer tu peux construire.”

“et comment le savoir ?”

"Fies- toi à ton instinct, abaisse les barrières entre soma, logos et psychi et écoute la réponse qu’ils te donneront. Encore une fois, la peur de l'échec, c’est déjà sombrer. Rappelle-toi avec quelle facilité je t’ai battue la dernière fois. Mais faisons quelques exercices tu veux ?”

Spartakos retira sa chemise. Son corps était couvert de marques et de cicatrices. Il s'aperçut que je le regardais.

“souvenirs d’une époque passée…”

Les jours qui suivirent furent rythmés par des exercices de respiration, de méditation et des duels mais il manquait encore l’essentiel, la cause. Pour Spartakos, c’etait l’impulsion qui permettait de realiser des miracles. Des miracles qui ne sont ni divin, ni dut à l’ombre, des miracles bien humain né de leur talent divin à créer des choses. Il n’avait pas les détails mais c’était l’explication qu’il avait et elle me convenait bien.

Le soleil tombait derrière l’horizon. Fourbu par les exercices de la journée nous prenions un peu de repos devant ce spectacle grandiose.

“je crois que tu es prêt” dit soudain Spartakos

“je le pense aussi. Il est temps de rentrer.”

“oui tu as une cause à défendre”

“oui.”

Nous nous faisions nos adieux sans nous regarder. Il ne m’avait jamais parlé de sa cause. C'était ma dernière chance de lui demander, même si j’avais un peu peur de sa réponse.

“la même que la tienne” lâcha t-il avant que je pose ma question. “la liberté. j’étais esclave il y a bien longtemps et j’ai mené une guerre pour notre liberté. Nous avons presque triomphé d’un empire. Mais notre armée manquait d’une direction, notre seule ambition était de rentrer chez nous. Mais nous venions de partout. Nous avions réussi à prendre une ile, nous pensions pouvoir tous rentrer chez nous de là-bas. Mais nous avons été trahis. Nous avons lutté, nous avons battu 3 légions supplémentaires... Je n’ai pas trouvé les mots pour dire non à mes hommes. J’avais peur. Peur de les décevoir, peur d'échouer, peur de les perdre. Ils ont préféré continuer la lutte. Je n’ai jamais combattu aux côtés d’hommes plus courageux. Pourtant… ce jour-là 60 000 des miens furent tués. Face au massacre qui n’aurait pas reculé ? Je me suis retrouvé seul à lutter. Une flèche me traversa la cuisse… Je ne dois mon salut qu'à un compagnon qui m'amena mourant sur cette île. Ce n’est pas un hasard si nous sommes ensemble aujourd’hui.”

Trouver les mots.
Pour la première fois, j’étais conscient de les avoir. Libertalia.
A la lueur du feu, je me mettais à coucher ce qu'était pour moi Libertalia.

Pas une légende non, pas une utopie non plus, mais un projet. Nous étions tous les héritiers de Spartakos, tous les héritiers des pirates de Libertalia.

Libertalia, c’est un moyen de dire aux princes et aux dieux et à tous ceux qui nous traquent et à tous ceux qui nous rejoignent que rien ne détruira notre unité. Nous sommes unis par la liberté, par notre volonté. Nous ne remettons pas notre destin dans les mains de forces supérieures. Voilà ce que veut dire ce sablier. Nous sommes maîtres de notre temps qui passe.
Nous sommes nos propres princes. Nous sommes nos propres dieux.
Nous sommes libres et aucune couronne ne changera ca.
Disperse loin de notre ciel
la guerre et ses rauques tumultes.
Mets un terme
à ces soupçons alambiqués
qui nous font jaser sur le compte
les uns des autres.
De nous tous, refais une pâte
intimement liée par un ferment d'amour ;
infuse en nos esprits, pour en ôter le fiel,
quatre grains d'indulgence.

Dans le cours des événements humains, il devient nécessaire pour le peuple de dissoudre les liens qui l’enserre et le privent de liberté et de conscience et de prendre la place qui lui est due

Nous tenons pour évidentes les vérités suivantes :
Tous les hommes sont égaux et tous méritent d’avoir droit à la vie, à la liberté et à la recherche du bonheur.

Nous nous assemblons aujourd’hui pour garantir ces droits dans le plein consentement. Toutes les fois qu’une forme de gouvernement devient destructive de ce but, chacun a le devoir de la changer ou de l’abolir et d’établir un nouveau groupe, en le fondant sur les principes et en l’organisant sous la forme qui lui paraîtront les plus propres à lui donner la sûreté et le bonheur.
La prudence enseigne, à la vérité. Lorsqu’une longue suite d’abus et d’usurpations, tendant invariablement au même but, marque le dessein de les soumettre au despotisme absolu, il est de leur droit, il est de leur devoir de le rejeter.

Aujourd’hui, en tant qu’hommes libres de toute couronne et de tout dieu, nous engageons mutuellement au soutien de cette Déclaration, nos vies, nos fortunes et notre bien le plus sacré, l’honneur.

Une lueur éclatante se mit à briller des feuillets que je venais d’écrire alors qu’une sorte de glaise coulait de mes bras. Un millier de voix se firent l’écho de ce que j’écrivais, se mêlant à cet ichor étrange. Le cosmos m’offrait sa grâce, un message d'espérance pour tous ceux qui doutaient. J’offrais cette grâce comme une main tendue.

Le lendemain je retournais à Ithaque.
J’avais immédiatement partagé mes feuillets à Menara.

“je suis convaincue” m’avait elle dit.

Enfin! Ce n’était que le début mais c’etait un bon début. Les jours suivant nous partions direction Ogier. C’est la qu’un ancien ami du pere de Menara devait faire de ces quelques feuillets écrit à la main autre chose.
Le vieil homme nous avait recu dans une minuscule imprimerie. Il avait chaussé de petites becycles et s’etait mis a lire mes feuillets puis sans rien dire, s’etait mis à copier mes écrits.

“tu crois que…”
“ce n’est pas qu’un imprimeur tu sais…”

Je vis alors le vieil homme eclater la grace que j’avais versé dans cet ouvrage et tel un joaillier sertir d’un eclat chacun de ces ouvrages. L’impression prendrait du temps, nous avions donc choisi avec Menara de prendre l’air.

“Argantael!”
je me retournais et voyait mon ami Gryppho.

“qu’est ce que tu fais là ?”
“nous etions de passage a Triskel et je me suis dis que je pourrai aller jusqu’ici voir le comte… tu n’es pas facile a voir mon vieux”
“non j’etais occupé…”
“occupé ? et a quoi ?”

Je décidais alors de parler à mon ami de mon projet fou. Après tout, il m’avait suivi dans toutes mes entreprises et je le savais lui aussi épris de cette liberté. Alors je lui racontais tout.

"Mais pourquoi un livre ? ils ne savent pas lire tu sais”
“justement! ils auront envie d’apprendre ! Pour lire le contenu de ce livre ! Aujourd’hui, ils reçoivent tout dans des cristaux mais ceux qui veulent autre chose auront autre chose.”
“soit tu es completement fou, soit completement génial… mais ca me plait.”
“tu recevras quelques tomes à partager avant de partir dans ce cas.”

Notre reve de libertalia venait de recevoir sa premiere pierre.
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeLun 14 Juin - 19:11

Il ne faut pas aller trop vite... mais il faut aller vite malgré tout. L'aura de la bataille va palir tres vite et il va falloir gerer les ambitieux et les obsequieux. J'ai fais mander Mercier. Je l'ai chargé de me trouver une liste de magistrats surs et incorruptibles. La première chose ici, c'est de ramener la justice dans ce royaume. Il n'y a rien de plus cher au coeur du peuple que la justice. J'espere juste que Mercier me trouve assez de juges pour ceci...

Nous, Argantaël 1er, par la grâce du Phénix roi de Villon : dans quoi t'es tu fourré...
A tous ceux qui ces présentes verront, Salut.
Ayant par notre édit de l'année 28 confirmé  l'établissement de notre cour de conseil, attribué aux officiers les mêmes honneurs, prérogatives, prééminences et privilèges.

Du conseil de Villon, nos défendants, seront :

Duc Phoebus de Lionrampant de Triskel
Duc Roger de Gargantua
Cardinal Agapé de Bénézé
Duc Jerome de Bruegel
Duchesse Charlotte de Sangdargent de Rolon.

Le-dit conseil tiendra lieu et réunion en Leda deux fois l'an ou l'on y parlera de la santé du royaume.


il vaut mieux les avoir pas trop loin ceux-ci. Je pense que Phoebus me suivra ou que j'aille, je saurais lui faire entendre raison. Roger aussi je pense. Mais pour les autres ? Agapé est un danger, meme si je peux m'arranger du Hierophante... Lui c'est le Malleus. IL ME FAUT CETTE BULLE HIEROPHANTIQUE ! Jerome est un concordien,il n'avance pas masqué. Mais c'est un marchand... son amour de l'or est il plus fort que sa loyauté pour les concordiens ? La loyauté de Charlotte va sans doute a Camlann... Mais un pont peut etre construit, non pas un pont concordien mais un pont de culture... difficile à dire... il me faut plus d'infos sur son compte.
En tout cas les réunir deux fois par an c'est un minimum. Si tout va bien, nous aurons lancé notre revolution d'ici là mais pour le moment il faut leur faire croire que le pays se redresse avec eux.


Du conseil royal, nos défendants seront :

l'archimage Endymion
la Ménestrel Leila Hassan
le Marquis gabriel de Rosamundi


je ne peux pas nommer Mercier mais evidemment il en fera partie.
Il me faut aussi un representant du hierophante et un representant des adorateurs polythéistes. Mais est ce encore un conseil ? n'est ce pas une assemblée ? si je compte bien ils seront 7... car il faudra compter sur un apothéosien. Un apothéosien qui risque d'etre Alfadr... Au fond je ne suis pas mécontent qu'Enara ait refusé... mais comment n'aurai-je pu lui demander son aide ? Faudra t-il demander a Phalaris ? Il aime la couronne pas le roi... ce serait à double tranchant... D'un autre coté c'est aussi pour cette raison que je n'y ai pas invité Gryppho... il faut garder ses ennemis proches de soi et ses ennemis encore plus proche... Il vaut mieux donner le changer et laisser la tension populaire faire le travail.
Dans une bataille, le coeur c'est le sous officier, ici aussi. Mes alliés seront les magistrats, les conseils locaux, les sous officiers, alors la poignée de puissants qui se cramponneront à leur pouvoir sera emportée par la vague populaire.
note : faire venir Pépin de Lenden ici, lui donner un titre.


Nous voulons et nous plait de reconnaitre pleine et entière légitimité à la république d'Ithaque, nommons ambassadeur de Villon dès ce jour et invitions la dite république à tenir ambassade.

Pour ses services à la couronne, bon et loyaux, nommons le comte Gryppho de Lanceardente généralissime de l'armée fleurie.


j'organiserais une ceremonie a Leda avec Sorcha. Il faut que je lui rende la bague de Cassiodore. Elle a déja perdu l'ordre, il est plein de fou venu du Maellus mais en organisant cette remise, je signale a tout ceux qui ne voulait pas la suivre que des places dans l'armée fleurie s'offrent à eux. Ils me rejoindront et il sera plus simple de remplacer les officiers des vieilles familles. note: je ne le mets pas dans l'édit ce pourrait etre percu comme une insulte.


portant sur la justice, une enquête sera diligenté afin d'éclaircir les faits sur les evenements de Leda.
portant sur la justice toujours,  nous Argantael 1er d'Ogier promulguons une amnistie pleine et totale pour les prisonniers enfermés pour avoir seulement déplus au précédent souverain.


voila qui soulagera le peuple et permettra de jeter un peu de honte sur cette noblesse qui se croit tout permis.

portant création des nouvelles lois de Villon

Nous voulons et nous plait que dans l'instant, le royaume tienne en états généraux pour y établir l'état de santé du royaume après des années d'abandon du pouvoir. Nous avons besoin du concours de nos fidèles sujets pour Nous aider à surmonter toutes les difficultés où Nous Nous trouvons relativement à l'état de Nos finances, et pour établir, suivant nos vœux, un ordre constant et invariable dans toutes les parties du gouvernement qui intéressent le bonheur de nos sujets et la prospérité de Notre royaume. Ces grands motifs Nous ont déterminé à convoquer l'Assemblée des États de toutes les provinces de notre obéissance, tant pour Nous conseiller et Nous assister dans toutes les choses qui seront mises sous nos yeux, que pour Nous faire connaître les souhaits et doléances de nos peuples, de manière que par une mutuelle confiance et par un amour réciproque entre le souverain et ses sujets, il soit apporté le plus promptement possible un remède efficace aux maux de l'État, que les abus de tous genre soient réformés et prévenus par de bons et solides moyens qui assurent la félicité publique et qui nous rendent à Nous particulièrement, le calme et la tranquillité dont Nous sommes privés depuis si longtemps.

D'ici huitaine, serons invités à se présenter dans les offices dédiés, villonnais et villonnaises sachant lire, écrire, compter, muent par l'amour de Villon afin de rejoindre le corps des missi dominici chargés de noter dans chaque commune les doléances du peuple de Villon.

les états généraux verront leur tenue en Leda. Chaque comté, marquisat et duché aura la charge de faire venir un representant aux dits états généraux. L'église du hiérophante aura la charge de faire venir aux dits états généraux un représentant par congrégation. Chaque baillage aura, sous le controle de missi dominci, à choisir ses représentants qui se veront attribuer la tache d'amener les doléances en Leda et de les y défendre en assemblée constituante.

Je sais que tout ca ne plaira pas... Mais il faut faire un état de santé du Royaume apres Abelard et ca tout le monde s'accorde sur ce point ! Les missi dominici seront recrutés pour qu'ils favorisent notre projet. Je pense que Pépin aura assez de monde de l'office du pont sous le coude pour pouvoir regrouper les gens qu'il nous faut. Les missi dominici doivent etre vendu aux nobles comme un moyen d'apaiser le peuple, de le laisser raler devant un greffier pour faire baisser la tension. Mais la réalité c'est que cette tension ne va faire que monter. Il nous faut doubler les baillages et ne plus les faire dépendre des seigneurs. Si mes calculs sont bons, nous aurions 250 représentants du phénix, 270 de la noblesse, si ils viennent tous ce qui me semble improbable, et 600 representants du peuple. Si je compte la part de representant du phénix qui se veut proche du peuple... alors nous avons une chance.  


Portant sur la création des nouveaux offices et hôtels, attribués aux mêmes honneurs, prérogatives, prééminences et privilèges.

Portant création d'un office, nommé l'hôtel des finances, chargé de veiller au respect du paiement des taxes et octroi, versement des aides et dons et de l'équité dans la perception et l'attribution de ces sommes sous la surveillance du lieutenant aux comptes.


indispensable, c'est avec des finances saines qu'on achète sa liberté et même s'il y a peu, le peu quand il est partagé equitablement est mieux que le rien. Ca tout le monde peut le comprendre j'en suis sur.

Portant création d'un octroi sur les transports de marchandise et équivalent à 20% de la valeur des marchandises afin de financer l'aide royale et que chacun pourra consulter en détail à la chambre d'enregistrement de l'hôtel des finances.

Portant création des charges et nouvelles charges, aide-majors et officiers, il sera mis libre concours car nous voulons et nous plait que Villon soit une place ou le mérite triomphe

Portant création des Schola Villona, lieu de culture ou chaque villonnais pourra venir apprendre à lire et à écrire afin de rendre à Villon son statut écorné de royaume des arts. Y seront adjoint l'imprimerie royale qui se chargera de faire parvenir ouvrage de lectures au peuple de Villon.


tu vois Phalaris, il suffira de leur apprendre à lire. Il suffira d'un, un seul. Et tous ils iront.


Portant création de la garde Sylvaine et mise sous engagement du druide Gwendal, le présent édit veillera au recrutement de 100 hommes et officiers et leur pourvoira équipement, droits et honneurs de leur charge afin de surveiller que la terre de Villon retrouve sa splendeur passée. A leur charge sera de veiller à la bonne santé et à l'intégrité des forets, des rivières, des lacs et étangs et de la terre de Villon. A leur charge d'édifier chaque année les quantités exploitables de matériaux et de prevenir tout débordement. Leur est donné pouvoir d'officier de justice afin de punir le contrevenant de facon juste et équitable.

ceci ne fera pas plaisir aux marchands. Mais... cette mission a deux vertues, elle va affaiblir une partie des magiciens et elle permet de renouer avec la terre de Villon et donc permettre aux paysans de mieux vivre.
Nous allons profiter de ce couronnement de l'autre fois, pour mettre en avant cette décision. En plus avec ce bel été qui s'annonce, tout le monde, du vilain au seigneur, adore se promener sous les frondaisons et mettre les pieds dans l'herbe.


portant création d'une bourse de 200 phénix d'or destiné aux jeunes prometteurs du royaume car nous voulons et nous plait que l'origine des jeunes du royaume ne soit pas un frein à l'épanouissement de leurs talents.

portant sur les titres, fonctions, attribués aux officiers les mêmes honneurs, prérogatives, prééminences et privilèges. Devront se plier à la règle de l'équité, prévenir à la facilité de leurs intérêts de par leur fonction et n'occuper jamais plus d'une fonction à la fois sans l'expression de mon vouloir et désir.


de part le roi,
notre aimé et féal
donné a Leda
Revenir en haut Aller en bas
stan

stan


Messages : 2347
Date d'inscription : 11/01/2011

Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitimeMar 7 Sep - 22:24

Lettre à Menara, considerant ce que je sais j'ai ecris un petit courrier pour exprimer l'état d'esprit d'Argantael avant les derniers evenements

Mon amour,

voici déjà trois long mois que nous sommes partis faire le tour de Villon et même si le duc Roger nous a reçu avec le plus immense des fastes je dois t’avouer que mes pensées, dès qu’un fugace instant le permet, s’envolent vers toi.

Je ne me plait guère dans ces festins interminables… Oh je t’imagine rire à la lecture de ces quelques mots, moi un Ogier, fatigué du vin et des gibiers… Ma douce, on le serait à moins tant il y a à faire pour redresser ce pays… et nous perdons des heures à nous empiffrer au lieu de travailler !
Mais je me dois de garder les bonnes grâces de Roger et s’il faut en passer par là tant pis, je travaille la nuit car comme tu le sais son soutien est indispensable.
Je pense que cette cour élargie que nous avons mise en place l’a un peu effrayée, il pensait se tailler la part du lion (c’est le cas de le dire) dans le nouveau conseil royal, mais au fond son rôle de secrétaire d’état à la marine lui convient parfaitement.
Mais tu le sais comme moi, ce n’est pas le cas de tous et si je peux compter sur quelques-uns, certains aimeraient sans doute retrouvé la liberté dont ils disposaient à l’époque d’Abelard.
Tu as eu raison en faisant eclater les responsabilités, notre pouvoir s’en est vu renforcé.

Demain je dois rencontrer je ne sais quel envoyé des apothéosiens…
Les choses n’étaient elles pas plus simples quand nous vivions en mer ? ahah je m’égare… Je sais que tu vas dire que je suis trop soucieux et pourtant mon tendre Soleil, je ne peux me retirer cette sensation que j’ai de vivre en sursis. Comme si toi, ce royaume, ma belle Ogier, tout ce faste, cette prospérité, pouvaient disparaître en un instant.
Je ne sais que trop ce qu’a coûté tout ceci, ce qu’il a couté à Enara, ce qu’il doit aux brumes, à l’ombre… Je ne sais comment je reagirais si tout disparaissait. Toutes ces années je me suis entrainé, j’ai la chance d’avoir le bras ferme et la main sur, encore aujourd’hui. Mais le temps des rois barbares est passé, et ce temps que j’ai passé à devenir ce guerrier, je ne l’ai pas passé à endurcir mon coeur.
Je le sais, je te le dis sans rougir, lorsque les choses vont mal je suis le premier à lacher. On combat avec son coeur, avec le feu dans son esprit… ca ne sied que peu à un roi d’aujourd’hui…
Oui, j’ai l’impression de vivre en liberté conditionnelle, suspendu aux désirs de ceux que l’acier n’effraie pas…
Que ferais-je alors ?
J’ai fait le serment de défendre Villon et son peuple...

Et quel peuple ! Jamais je n’ai vu gens plus chaleureux. Et pourtant… j’ai l’impression qu’eux aussi la liberté les effraie. Ils vont et viennent, timides, sans oser demander, sans oser faire. Cette tendance s’inverse mais il faudra encore du temps.

J’ai rencontré un marchand qui affrète des navires entre Guyon et Dashun, il m’a offert un tres beau livre parlant de la guerre, ses idées sont tres interessantes.

Bref, ces repas ne me laissent que trop de temps pour reflechir et trop peu pour agir, je suis heureux d’avoir limité la durée de ces saturnales à la cour.
Toutefois, il faut le reconnaître, ce pays est magique et la terre y est si fertile que nul, même le mendiant ne semble manquer de pain.

J’espere que toi et les enfants pourrez vous rendre à Ogier pour la suite de notre tour de Villon.
Je suis fatigué de me battre, j’ai hate de pouvoir redonner sa liberté au peuple et par la même reprendre la mienne.

Par delà le temps et les étoiles nous sommes liés,

A
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





Argantaël d'Ogier Empty
MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Argantaël d'Ogier
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Epiphanie :: Général :: Apothéose-
Sauter vers: