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 Argantaël d'Ogier

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stan

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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeMar 21 Sep - 19:48

Le règne du sang

Il paraît évident que le sang, même avant les guerres noires, a toujours joué un rôle central dans la captation du pouvoir. Si on ne peut nier l’importance du sang dans les temps anciens, son importance aujourd’hui est plus que jamais à remettre en cause.

Le seigneur d’autrefois était avant tout un seigneur de guerre qui devait impliquer sa propre personne dans la guerre pour s’imposer en politique. Aussi, le sang avait une double symbolique : le sang des ennemis, qui fait office de monnaie ou de reconnaissance de la valeur du chef et son propre sang, c'est-à- dire ses prédispositions physiques qui faisaient de lui, le plus fort ou le plus vif. On vient bien ici, que dès qu’il est question de seigneur rusé, la notion de sang est tout de suite plus floue et peut même faire l’objet de réécriture de l’histoire. On prendra pour appuyer cette idée l’exemple d’Ivar fils du gwent Tyr le rusé qui fut écarté du pouvoir après un règne catastrophique et auquel on substitua un bâtard, Mordred II, le bref.
On voit bien que dès le départ cette notion de “bon sang” est sujette à caution. 

Évidemment il est important de souligner que la magie du sang, destiné à créer des lignées parfaites, fut une réalité mais qu’avec l'avènement des nouvelles écoles magiques, ces pratiques ont quelque peu sombrées.

Si ces notions anciennes avaient un sens autrefois, il semble étonnant de voir qu’encore aujourd’hui une partie de la population adhère encore à ces idées. Il convient d’abord d’établir un constat : si le bon sang est celui des puissants, c’est justement parce qu’il est celui des puissants, c'est-à-dire de ceux qui peuvent se soigner, sont bien nourris, n’ont pas à souffrir du froid et des privations. Il est évident que le miséreux qui ne peut être nourri au lait a plus de chance de développer une bosse qu’il transmettra à sa descendance.
Il est néanmoins troublant de constater que les anciennes familles, ne souhaitant que du “bon sang” pour leur descendance ont fini par accoucher d’enfants malingres, pales et fragiles dans le meilleur des cas. En effet, le sang n'étant plus renouvelé, il s’épuise et finit par donner lieu à des difformités voire même à une forme de déliquescence intellectuelle.

Notons pour l’anecdote que pendant des années, les enfants de Villon sont nés de métissage et que le royaume ne s’en est jamais plus mal porté nous permettant de penser que la provenance du sang n’a, en définitive, que peu d’importance dans les attributs intellectuels ou physique, si ce n’est la couleur des cheveux ou des yeux, c’est à dire, en somme la loterie naturelle.

Mais prenons pour notre démonstration l’exemple de deux enfants, nés en même temps. L’un est fils de roi, l’autre fils de charretier. L’un grandira avec tout le confort, les meilleurs traitements, il sera soigné et éduqué. L’autre aura moins accès aux soins, apprendra très tôt un métier. Mais les deux grandissent dans un univers aimant et attentionné. 
Rien ne nous garantit qu’ils deviendront un bon roi et un bon charretier. Dire l’inverse, serait accepter qu’il existe un fait social flottant dans l’air, indépendant de leur personnalité et de leurs goûts, qui ferait qu’ils seraient déterminés à devenir soit un bon roi, soit un bon charretier. 
Maintenant, intervertissons-les. Si le sang biologique avait un quelconque pouvoir, le fils de roi devenu charretier devrait tenter de s'élever dans la société, appelé par son sang. Or, le fait social établi devrait l’en empêcher. Si le sang, au sens éducatif du terme, avait un quelconque pouvoir, le charretier devenu roi, devrait être un terrible roi.

On voit bien que quelque chose ne fonctionne pas ici. 
Il y a une reproduction sociale qui vient de l'éducation et du milieu mais une part importante de la construction des individus repose sur leurs goûts, c’est à dire le poids du hasard et du désordre, dans les constructions sociales, une notion que les partisans du “sang” refusent de prendre en compte et qui pourtant à l'évidence fait des fils de charretier avec un sens de l’histoire  et des fils de roi que rien ne concerne. 


Et voila… encore une tache d'encre.
Je posais ma plume pour me frotter les yeux. J’avais beaucoup travaillé aujourd’hui encore, j’avais bien mérité une petite pause à contempler la mer, l'île du printemps et mon cher village de Kersaint. J'aurais aimé que les enfants soient là mais ils étaient déjà grands. Samson était sur Diomède, Auréa assistait sa mère et Apollos et Andromeda étudiaient sur l'île du printemps. J’allais les voir de temps en temps certes mais le château me semblait tout de même bien vide, d’autant que l’an prochain Apollos partirait pour devenir aspirant capitaine tandis qu’Andromeda rejoindrait l’université d’Arcimboldo. Que le temps passait vite… Je jetais un coup d'œil dans ma correspondance; beaucoup de courrier pour me demander des précisions sur Libertalia, sur la constitution, sur la gestion des communautés. Dire que j’avais peur de rester dans l’histoire comme un assassin… Mon père serait-il fier de savoir que son fils restera dans l’histoire pour avoir écrit quelques textes ? Je le pense. Bref ou allais-je trouver le temps de répondre à toutes ces lettres pour lesquelles je n’avais pas de réponse la plupart du temps. 
Et si… et si j’invitais des gens au château pour réfléchir à la politique, à la liberté ? Une académie, à défaut d’un autre nom, pour penser ensemble, pour créer ensemble ? Une académie de science politique pour réfléchir et penser la société et se sortir des vieilles idées…

Citoyen Adrien,
Mon château de Kersaint est bien vaste et j’ai décidé d’y tenir une académie de science politique. Vous êtes le bienvenu, nous aurons tout le loisir de réfléchir aux questions que vous vous posez et nous tâcherons de trouver les meilleures réponses ensemble. J'ai fais la même proposition à plusieurs représentants avec qui j'échange souvent.
j'attends votre réponse.
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeMer 22 Sep - 14:13

Cher ami, cher citoyen


Plus je pense aux apothéosiens et à ceux à quoi nous avons échappé et plus je pense qu'il faut que Villon se dote d'une armée moderne. La conscription marche bien mais le prix a payer est lourd quand les choses se passent mal et il faut bien le dire, les vieilles lance-feu et les haches ne font plus vraiment le poids. 
Et comme nous avons confisqué les stocks d'armes des Rosamundi... Bref je me dis que le temps de l'euphorie ne durera pas, que pour le moment on nous fiche la paix mais qu'avec tous ces nouveaux citoyens qui arrivent nous allons finir par nous attirer des ennuis.


J'aimerais avoir votre avis sur deux points que je voudrais proposer en assemblée. 


Le premier, ce serait de reformer les académies militaires pour être sur qu'ils sont acquis à la république et je pense qu'il faudrait mettre l'accent sur les sous-officiers qui sont la véritable colonne vertebrale de toute armée conscrite. Avec la République, beaucoup de chevaliers se sont refugiés dans leurs chateaux... il nous faut donc remettre tout ca d'équerre et l'inscrire dans les plans.


Mon autre point serait de faire un appel à projet pour offrir à Villon une armée moderne avec une contrainte, que les projets proposés sont nets de technologie apothéosienne. On ne peut pas dépendre d'eux, il nous faut trouver les ressources ailleurs, comme l'a fait Arcimboldo avec sa magie. Nous pouvons faire autrement, penser hors de la boite, trouver les idées ailleurs, dans la nature par exemple. 
Voici comment cela pourrait se passer : l'inventeur vient avec un prototype sur plan avec pour contrainte de n'utiliser aucune pièce apotheosienne. Si le prototype semble finançable pour un prix raisonnable, Villon finance un veritable prototype. l'inventeur teste le premier prototype lui-même. Si le prototype fonctionne, il passe en phase de test à l'échelle d'une compagnie qui nous fait ses retours d'expérience. Si les retours sont positifs alors l'inventeur sera récompensé.


Qu'en pensez vous ? Me soutiendrez vous dans cette proposition ?
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeMer 29 Sep - 0:35

La voix d'un guerrier



Je n'ai pas choisi de faire la guerre, tout comme mon père n'a pas décidé de m'y pousser, c’était la chose à faire, c’était ainsi. La famille Ogier verse son sang pour Villon depuis des millénaires et il n'y avait pas de raison d'y déroger. Et pourtant, enfant, ma mère m'a initié aux sciences et à l'alchimie, un autre destin aurait pu m'attendre si j'avais manifesté une autre envie.

Pourtant c'est cette voie guerrière que j'ai suivi. J'ai porté tous les grades, de l'écuyer au sénéchal, je me suis questionné sur la justesse de mes combats, sur leur finalité mais j'ai passé le gros de ces 40 années à me demander quel type de combattant je voulais être.
De ceux que le vice marque chaque geste ou de ceux animés par la grandeur de la cause ?
Quelle arme choisir l'épée ou la hache ? La lance ou la hallebarde ?
J'ai vu des milliers de combattants différents.
Le mercenaire qui gagne sa vie en se battant quelque soit la cause.
Se bat-il pour son pays ? Celui-ci est un soldat.

J'ai longtemps réfléchi à cette question.

Je n'ai pas choisi de faire la guerre, pas plus que de régner sur Villon et pourtant je l'ai fais car j'ai répondu à l'appel que j'ai reçu : l'appel du combat, l'appel de Villon.
J'ai choisi d'être un guerrier.
Le guerrier est celui qui répond à l'appel, non pas du devoir, mais de ce qui est juste, de ce qui doit être fait pas, jamais à tout prix et toujours en engageant sa propre personne.
Le guerrier incarne le courage. Il se jette dans le vide sans assurance de bénéfices mais avec la volonté de donner le meilleur de sa personne.

Aujourd'hui je ne suis plus le guerrier que j'étais à 18 ans, j'ai appris parfois dans la souffrance, j'ai pensé, réfléchis sur ma condition, sur la façon dont on devient un meilleur guerrier, c'est pour transmettre ce que j'ai appris à ceux qui ressentent l'appel mais qui doute que j'écris cet ouvrage. Mon chemin est loin d'être fini mais les conclusions ne sont pas essentielles car chacun trouvera les siennes et nul guerrier ne saurait être similaire à son voisin, c'est qu'il n'aurait pas compris l'essence même du guerrier.

Le savoir du guerrier peut être divisé en 5 qui constituerons les 5 chapitres de cet ouvrage.

Le livre noir ou livre de l’œil traitera de la tactique, de la connaissance du champ de bataille et des principes qui à grande, à moyenne ou à petite échelle peuvent s'appliquer pour triompher.

Le livre blanc ou livre du cœur traitera de ce que le guerrier doit prendre en compte en plus de ses talents martiaux car un combattant vide intérieurement ne peut pas être un guerrier.

Le livre rouge ou le livre du poing traitera des techniques de combat que peut utiliser un guerrier en duel et en bataille.

Le livre invisible ou le livre de l'âme traitera de ce qu'on ne voit pas lorsque l'on combat, de la finalité de la lutte et de la voie du guerrier.


Le livre noir
ou livre de l’œil.

Le guerrier est indissociable du champ de bataille et même si, c'est dans la douleur et la cruauté, le guerrier doit se confronter à cette réalité. La raison en est simple : le guerrier doit se confronter à la tactique, il doit faire l’expérience du rythme, du déplacement, de la saturation des sens. On ne peut pas suivre la voie du guerrier en ne pratiquant que des exercices à l'épée, on ne gagne pas de bataille seul, on ne se bat pas contre des mannequins de bois.

Ma famille a développé un don pour la tactique, un don que j'ai étudié au fil de ces années et que je pense pouvoir désormais enseigné car il ne comporte rien de magique in fine. Ce don repose sur 3 grands principes : La connaissance du terrain et des distances, le sens du rythme et l'empathie. Bien sûr tout ceci ne pourra être expliqué de façon exhaustive mais de l'observation il faudra tirer des enseignements et de ces enseignements rien ne pourra rester invisible au guerrier.

Mais commençons minutieusement à étudier tout ceci.

La première clé est la connaissance du terrain et des distances.
Pour expériementer tout cela, le guerrier doit soit beaucoup batailler soit aimer beaucoup se promener. Il doit faire l'experience du sable sous ses pieds, de la manœuvre d'un cheval dans les sous bois, de la traversé d'un gué. Il doit repousser ces experimentations par delà le confortable. De la sorte il entrevoit toutes les possibilités, toutes les façons de se déplacer, il peut anticiper les trajectoires en devinant celle qui sont evidentes et celles qui sont audacieuses,. Dans l'absolu, aucune trajectoire n'est impossible, il n'y a que des stratèges audacieux qui osent ce que d'autres n'osent pas. Le tacticien invincible entrevoie aussi ces trajectoires audacieuses et les considère comme possible.
Le guerrier doit aussi avoir connaissance des distances. Il doit savoir en combien de temps un homme a pied parcours 100 mètres mais surtout le guerrier doit pouvoir moduler sa distance de combat. Il existe 3 distances : la grande distance, la moyenne distance et la courte distance. De la même facon qu'un escrimeur varie ses bottes, le tacticien varie ses distances de combat afin d'adapter le combat a son rythme.
Le rythme est essentiel car il dicte au guerrier quand il doit défendre et quand il doit attaquer. Il lui permet de savoir quand il prendra l'avantage, soit en attaquant, soit en restant sur place, soit en reculant. Chacun de ces variations de rythme permettent de changer la pression sur l'adversaire afin de prendre l'ascendant sur lui.
Afin d'établir la tactique, il faut comprendre unité-synchronicité de la distance et du tempo. Pareil au danseur qui fait un pas au rythme de la musique, le guerrier qui comprend la relation entre ces deux mouvements peut visualiser les mouvements de l'ennemi mais sans le dernier élément, la stratégie devient incertaine.
Le tacticien doit connaître son adversaire aussi bien que ses propres hommes. Le vrai tacticien sait percevoir dans l'invisible les variations de moral, la détermination des protagonistes de la bataille. Cette aptitude est sans aucune la plus difficile a acquérir car elle est contre intuitive à l'homme d'armes. Elle exige de lui qu'il ne pense pas mais qu'il ressente, qu'il se mette en empathie.

La combinaison de ces 3 parametres a permis à ma famille et sans doute à bien d'autres stratèges de devenir des tacticiens hors pairs. La tactique est un exercice ingrat, lent, fait d'observation mais qui permet au guerrier de gagner avant même d'avoir sorti l'acier du fourreau.

L’avènement de la lance feu peut laisser penser que le combat à l'arme blanche est dépassé et pourtant à courte et très courte distance, la lance feu perd de sa précision et de sa maniabilité. Il serait absurde donc de miser toute une stratégie sur cette technique.

La lance et la hallebarde conservent un impact important en extérieur et permettent de contrôler les masses mouvantes du champ de bataille et de contrer la cavalerie par exemple.

Dans tous les cas, il est dommageable de n'avoir recours qu'a un type d'unité et à un type d'arme. N'utiliser qu'une arme revient au même que d'utiliser une arme que l'on ne sait pas utiliser. L'adversaire apprendra vite à parer et trouvera plus facilement les failles de votre tactique. De la même facon qu'il faut varier les rythmes, varier les armes permet de conserver l'avantage. Pour cette raison le combattant doit au moins maîtriser 3 armes et savoir toutes les utiliser.

En conclusion de ce livre, il est bon de rappeler que ce qui est valable à grande échelle l'est à l'échelle du guerrier. La tactique est valable sur le champ de bataille et en duel. Elle est la premier expérience de l'invisible dans l'arsenal du guerrier.
Le plus souvent cette expérience de l'invisible est difficile pour le guerrier car on lui laisse peu le loisir de développer cette part, pourtant essentielle, de sa personne.

Nous développerons cette approche dans le prochain livre, le livre blanc ou livre du cœur.

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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeDim 3 Oct - 22:34

Le petit navire filait sous le vent tranquillement alors qu’au loin dans les brumes se dessinaient les côtes de Kersaint. L’été quittait Oecumène et l’automne encore doux teintait déjà les forêts qui dominaient les falaises blanches de mon ancien comté.
Menora était là, prêt de moi, silencieuse.
Nous n’avions jamais vraiment beaucoup parlé.
Après les 3 batailles du pays de l’apaisement, j’étais rentré à Zohar en compagnie de Samson, de Lionel et des chevaliers du Creuset. L’annonce de cette victoire avait fait pencher la balance en faveur du Kippour et la ville s’était embrasé à la nouvelle que Samson était revenu d’entre les morts.
Ce voyage… Ce voyage était un reflet parfait de celui qui nous avait mené  jusqu’à Nazir. Pendant près de 3 semaines j’avais pu faire le deuil de mon fils, me préparer au combat pour ne pas céder à la colère… Au retour, un être qui lui ressemblait en tout point était à mes côtés sans qu’à aucun moment je parvienne à lui témoigner l’amour que je portais à mon fils.
Zohar s’était drapé d’or et de rouge pour accueillir celui qu’elle considérait comme un futur Messie.
J’avais tenu bon, je m’étais forcé à sourire, à donner des poignées de mains et des vivats et puis discrètement, pour ne pas voler sa fête je m’étais éclipsé.
J’étais rentré discrètement au palais de Menora pour me changer et me désarmer lorsque soudain j’avais entendu des pas. Ces pas, léger, comme une danse, à nul autre pareil… Menorah avait poussé les battants de la porte pour me regarder, ses yeux embués de larmes. Je m’étais retourné pour lui sourir… le temps s'était suspendu quelques instants... mais j’étais tombé sur mes genoux au pied du lit, en larmes.
“je n’ai pas réussi” lui avais-je dis “je n’ai pas réussi à le voir comme notre fils”. Alors elle s’était approchée de moi et m’avait prise dans ses bras, couvrant ma tête de baisers. 
“J’ai essayé tu sais… j’ai essayé… mais je n’y suis pas arrivé”. 
Elle ne disait rien, elle laissait mes larmes couler et comme un soleil doux elle se contentait d’être là mais je savais qu’elle non plus n’avait pas réussi cette épreuve et nos larmes étaient un mélange de tristesse et de soulagement.
Rester à Zohar était trop dur. Nous avions tant donné. Je regardais son visage toujours splendide et même parcouru de petites rides, elle était la plus belle. Ses cheveux, pareil aux miens étaient devenus gris mais plus encore, je voyais un voile de lassitude se déposer dans ses yeux si vifs.
Quand avions nous vécu pour nous ? 
Oui, rester à Zohar était trop dur et nous nous sentions comme deux étrangers coupés de cette réalité ou tous voulaient voir dans Samson, celui qu’il avait été. Ici, notre deuil n’était pas seulement impossible, il était incompréhensible pour tous ceux qui n’étaient pas nous.
Alors nous avons pris un navire, rien que tous les deux, comme au temps de Libertalia ou nous faisions une petite halte le temps de saluer quelques amis.
En général, on découvre que la mort existe autour de 10 ans. Lorsque l’on est un soldat comme moi, on l'expérimente assez tôt, la guerre aimant prendre sa part de jeunesse mais généralement on perd un camarade de temps en temps et c’est bien tout. Et puis il y a l’insouciance… Ce qui fait que la mort frappe souvent la génération précédente. Et puis un jour on se réveille, et la mort, dans tout ce qu’elle a de plus ordinaire et froid, s’en prend à vos amis. C'est un écho de votre propre mort. Chaque ami qui part, c’est un pas de plus vers votre propre départ. Bien sûr, il y a l’invisible… Mais quand même ce n’est pas tout à fait pareil… Alfadr, Sorcha, Carmin, Nazir, Abelard, Aquila… C’est notre monde qui disparaîssait… c’était difficile mais c’étaitt tant mieux.
Qu’il était doux de naviguer, rien que tous les deux, dans le silence de la mer. Suivre les dauphins… suivre les étoiles… se retrouver comme il y a 25 ans.
Les derniers chapitres de ma vie s’écrivaient et c’était très bien ainsi. La somme de mes bonheurs et de mes consolations, de mes fiertés et de mes désirs, se trouvait là, a à peine 3 pas.
Samson avait été le plus grand guerrier ayant porté le nom d’Ogier.
Auréa, Apollos et Andromeda ne seraient pas moins dignes.
Le vent se mit à souffler et Menorah vint se glisser contre moi. Elle posa sa main sur mon torse qui avait retrouvé toutes ses cicatrices. Elles étaient les pages d’un livre qui racontait notre épopée. Nos regards se croisèrent et je sus que jusqu'au bout nous nous protégerions et que l’invisible était notre maison.
Très discrètement nous avons accosté à Kersaint et tranquillement nous avons fait notre deuil, nous plongeant dans le travail et nous accordant chaque jour une longue promenade silencieuse le temps de mettre nos cœurs à l’unisson. Il y avait d'abord eu nous, puis il y avait eu les enfants et maintenant qu’ils étaient grands, il nous restait le temps de dévorer ces minutes que nous passions ensemble à ne rien faire, très égoïstement. 
Mon cher Père, comme je te comprends à présent.
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeJeu 7 Oct - 13:36

Le livre blanc ou livre du coeur

Un guerrier n’est pas un simple combattant. Un guerrier reste un guerrier quoiqu’il arrive, lorsqu’il dort, lorsqu’il mange, qu’il soit armé ou non, qu’il soit en paix ou non. Pour comprendre l’ensemble de ma vision, il faut vivre en guerrier. Le coeur du guerrier doit être pareil à de l’eau qui prend la forme du récipient qui le contient. 
Le coeur du guerrier ne doit pas être un mince filet d’eau ou un gigantesque océan il doit être un mince filet d’eau et un gigantesque océan. Il doit s’adapter à la situation avec intelligence et coeur.
C’est avec le même coeur que l’on bat un homme et dix mille.
C’est avec le même coeur que l’on apprend une chose et dix mille autres.

D’aucun voudrait faire du combat et par extension du guerrier une incarnation de la compétition, du pouvoir, de la division. Je leur dis moi, que le vrai guerrier est un unificateur. Il n’agit pas pour son pouvoir, il agit pour remplacer ceux qui ne peuvent pas se battre. Il ne cherche pas à être le meilleur pour lui, il le fait pour les siens. 
Il existe 10 valeurs que le guerrier doit incarner avant, pendant et après le combat. Ces valeurs sont celles qu’il incarne dans sa vie de tous les jours car ma voie est une voie ou l’esprit ne diffère pas de la normale pendant le combat.
Ces valeurs sont à la fois une béquille et une échelle qui soutiennent le guerrier et lui permettent de s’élever spirituellement afin de conserver la pureté de son art sans se couper des racines qui le relient à la terre des hommes.
Ces valeurs l’aide à exprimer non pas sa volonté mais sa résolution. La volonté divise, impose, brutalise, elle est une force moteur puissante. 
Certains seraient tentés de ne pas utiliser cette force et donc s'opposeraient à elle par l’inaction. Le guerrier est un homme d’action, au sens où il agit, l’inaction tue son essence. L’alternative à la volonté est la résolution.
La résolution est un choix réfléchi, un voyage de l’extérieur vers l’intérieur. C’est la mise en jeu de son intégrité et de sa vie pour être le champion d’une cause qui sert le souverain bien.
La volonté est un raz-de-marée, la résolution est la rivière qui patiemment creuse son lit dans la terre. 
La volonté puise dans l’ombre, la résolution puise dans les propres ressources du guerrier, des ressources infinies puisque le guerrier agit pour les autres.
La résolution est une autre expression de la volonté.
C’est parce que le guerrier doit subtilement manier la volonté et la résolution que le guerrier a besoin de ces valeurs. 
Elles doivent le guider, lui permettre de s’équilibrer. Elles tempèrent la fougue, elles chassent l’apathie.
Un esprit équilibré donne un corps équilibré qui n’offrira aucune faille, aucune faiblesse, aucune ouverture à l’adversaire.
L’équilibre est au cœur de toute chose, l’épée est équilibrée, la posture est équilibrée. De l’équilibre vient le déséquilibre, jamais l’inverse.

Ces valeurs sont :
l’ascèse qui permet au guerrier de ne pas tomber dans les exces de la fureur ou de l’indolance
la compassion qui fait de chaque adversaire un frère, de chaque vie un trésor précieux.
la curiosité qui l’aide à comprendre le monde, les usages, les cultures afin de se lier au vivant
la sagesse car sortir l’épée ne doit pas être un geste anodin. Le guerrier est sage, mesuré et juste dans ses décisions.
l’adaptation le monde n’est pas un ennemi, l’autre n’est pas un ennemi, le combat n’est pas la réponse absolue. Le guerrier doit connaitre plus de langue, d’usage et de coutumes que de bottes d’escrime
L’honneur et le devoir, qu’il ne faut pas confondre avec l’orgueil. L’honneur du guerrier est de tenir sa parole, de protéger le faible et d’agir dans le juste, le reste n’est pas l’honneur.
La prodigalité, le guerrier n’a besoin que de peu pour vivre, il se doit d’être généreux et plus encore quand il a beaucoup. Posséder et amasser ne servent qu’a l’éloigner de la voie.
L’amour. le guerrier n’est pas fait de haine mais d’amour. Il combat pour l’amour de la justice, de l’équité, de ceux qui ont besoin de lui. Celui qui hait n’est pas un guerrier.
l’emerveillement le guerrier ne doit pas voir son regard s’éteindre il doit conserver cette passion pour la beauté c’est le miel qui couvrira ses plaies
enfin la paix. Le guerrier se bat pour la paix. Il lutte pour que la guerre ne dure pas. Il cherche la tactique qui choquera son adversaire et raccourcira la guerre. Le guerrier fait la guerre mais il ne l’aime pas.

Ces valeurs s’appliquent dans la vie du guerrier mais aussi au combat. Elles l’aident à être un meilleur guerrier car le lient au monde et pas seulement à sa propre volonté.
Le guerrier qui met en place ces valeurs peut développer une sorte de vision d’aigle qui lui permet d’observer ce qui est proche et ce qui est loin en même temps. D’observer l’adversaire sans être perturbé par les mouvements insignifiants de son épée. Cette vision permet de savoir quand déclencher l’action opportune.

Cette vision, qui regroupe toutes les sensations en réalité, permet de ressentir le rythme du combat et savoir comment se positionner.
L’art du contretemps n’est ni une parade, ni un blocage, il suit le rythme de l’adversaire et s’insère entre deux attaques. Il verrouille ses assauts pour le faire perdre pied. Il harcele l’adversaire en une multitude de touche pour lui laisser une chance de se rendre. Il révèle les bottes adverses afin de perdre l’adversaire.
la posture basse, l’épée vers le bas, la posture haute, l’épée droite pour un assaut direct et puissant et la posture mediane pour les bottes. 
les postures droite et gauche sont fluides. Elles s’adaptent au terrain et permettent de jouer le contre-temps en brisant les assauts adversaire par des parades à courte distance permettant des contre attaques rapides et légères qui usent le moral de l’adversaire.

Le Livre rouge ou le livre du poing

Le guerrier doit faire de son corps une machine adaptée à la guerre. 
La première chose c’est de porter son armure le plus souvent possible, elle doit devenir un vetement dans lequel le guerrier se déplace sans peine. Elle doit devenir une seconde peau.
Comme son corps le guerrier doit la connaitre à la perfection. Elle doit être fonctionnelle et toujours propre.
Tout comme il doit préparer son corps, le guerrier doit préparer son esprit.
un homme seul peut en battre dix milles.
Il doit pour cela comprendre les stratagèmes de l’ennemi, il doit l’étudier, comprendre ses mouvements, la facon dont il porte son épée, son style de commandement. 
Pour cela il faut s’élever, prendre de la hauteur, regarder les positions depuis le haut avec le soleil ou la lune n’affectent pas ton regard.
Enfin il faut savoir tirer profit de ces informations. La tactique et le mouvement seuls ne peuvent pas faire gagner la bataille.
Il faut savoir utiliser les désavantages de l’adversaire. Attaquer un droitier a gauche et un gaucher à droite. Si c’est une cavalerie il faut les pousser dans les marais ou dans des fausses. Si ce sont des fantassins, trouve un moyen de les concentrer pour que leur nombre devienne un handicap. Si ce sont des tireurs coince les dans une foret ou attaque les par le flanc.
Celui qui gagne, c’est celui qui devance l’ennemi. Devancer ne veut pas dire attaquer le premier. Il y a parfois plus d'intérêt à laisser son adversaire s’engouffrer dans une brèche pour le frapper plus fort.
C’est dans ces situations que la resolution s’exprime le plus fort car il faut parfois conceder, se montrer faible avant de frapper au maximum de ses forces.
Enfin la concentration est essentielle. 
Tu dois conserver ton rythme pour jouer le contre-temps. L’adversaire qui perd son rythme est perturbé et la faille s’offre à toi.

Le livre invisible ou le livre de l’ame

La voie du guerrier n’est qu’une voie parmi d’autres pour tenter d’unir ce que l’on fait avec ce que l’on ne voit pas. Il n’y a pas de recherche de la vérité, pas plus qu’il n’y a de volonté à disparaitre dans un invisible passif, sorte de soupe étrange ou tout se retrouve dans tout.
Ce livre tend vers un ensemble invisible qui relie tout mais qui ne peut etre que ressenti. Il n’est pas percu. Dans l’invisible il y a la vertu, il y a l’unité, il y a l’expression de la resolution. Ailleurs il y a l’ombre. Ce n’est pas le bien et le mal. C’est la bonté et l’avidité. C’est la création et la destruction. L’un ne va pas sans l’autre.
On peut choisir seul de s’exclure du monde des hommes mais dans ce cas on perd l’équilibre.
Renoncer est comme dévorer. Donner est comme recevoir. 
Vivre de nombreuses vies est comme n’en vivre qu’une.
L’experience de l’invisible se révèle de la meme facon à celui qui la recoit. On ne peut la chercher, on ne peut la trouver. L’invisible s’offre, s’échange, se recoit, se tisse.
Le guerrier doit être tout cela.
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeLun 18 Oct - 17:25

Le corps est un athanor qui contient l'énergie que le cosmos dépose en nous lors de notre création.
Comprenez bien ce que je dis, notre corps (dans son acceptation de chair /esprit / âme que je ne divise pas) n’est pas à l’image du cosmos, il est le cosmos. Il le contient tout comme il est contenu par lui.
Cette énergie que nous possédons peut être transformée par cet athanor. En réalité, elle l’est souvent sans que nous nous en rendions compte mais pour comprendre ces transformations complexes, il faut comprendre ce cosmos intérieur.
Le cosmos intérieur est construit selon des méridiens, des canaux qui irriguent notre corps en énergie, tous ces canaux partent et se versent dans un alignement d’étoiles dans notre corps. 
Ces étoiles qui sont au nombre de sept sont autant de stations qui marquent l'ascension vers une conscience du cosmos.
La première étoile, Prima Stella, se situe à la base de votre colonne vertébrale. Elle contient l’énergie la plus basique de l’être. Si vos seules occupations dans la vie sont manger et dormir, alors cette étoile et uniquement cette étoile brillera. 
Manger et dormir.
La deuxième étoile, Voluptas Stella , située au niveau du pelvis, contient l’énergie du plaisir. L’énergie sexuelle. Si vous vous adonnez à une vie de plaisir alors l’énergie passera de Prima Stella à Stella Voluptas. Vous serez un jouisseur qui profite de la vie, mange, boit et s’adonne à tous les plaisirs.
La troisième étoile, Ducis Stella, située sous les poumons au-dessus du nombril, contient l’énergie de ceux qui entreprennent, de ceux qui ordonnent, de ceux qui ouvrent la voie. C’est l’énergie des faiseurs et dès que vous vous montrerez industrieux vous ferez monter votre énergie jusqu’à cette étoile.
La quatrième étoile, Poetae Stella, est située au niveau du cœur et contient l'énergie de l’amour et de la créativité car comment être l’un sans l’autre. Cette étoile brille très fort chez les artistes et chez ceux qui font preuve d’une immense empathie. Si vous développez votre énergie jusqu’ici alors vous serez capable de créer des œuvres uniques mais vous aurez fait de l’empathie une valeur cardinale de votre vie.
La cinquième étoile, Potentia Stella, est située dans la gorge. C’est l’étoile de la puissance et de la volonté. Si la force s’exprime par la troisième étoile, la force physique, Potentia Stella est plutôt l’expression de la puissance dans son acceptation la plus large. Si votre Potentia Stella brille fort alors vous êtes peut-être un roi, un cardinal, un magicien, c’est que vous avez réussi à vous hisser au niveau du pouvoir et que maintenant vous commandez à ceux qui n’ont atteint que les 4 stations précédentes. 
La sixième étoile, Triumphans Stella, est située entre les yeux. C’est l’étoile de la résolution. En réalité, cette étoile est double, elle est tournée vers l'extérieur comme les autres étoiles et elle est aussi tournée vers l'intérieur. Lorsque votre énergie s'élève jusqu’à cette étoile, la réalité ne vous surprend plus. Votre conscience s’étend sur l’ensemble du réel et celui-ci ne peut plus vous atteindre car votre vision est claire, vous êtes réalisé. Pas experientiellement mais intellectuellement. Cette étoile est l’expression de votre résolution, vous avez acquis la stabilité, l’équilibre de la vie.
Pour aller de Prima Stella à Triumphans Stella, il existe des millions de chemins. En vérité chacun possède son propre chemin. 
Mais il existe une dernière étoile, Stella Splendens et pour se rendre à cette étoile il n’y a pas de chemin. C’est un chemin sans chemin, une échelle sans barreaux.
Si vous atteignez Triumphans Stella, comme votre regard porte sur le réel, vous pouvez considérer que l’échelle se termine ici. Triumphans Stella est l'étoile de la paix intérieure, faisant l’expérience de la paix intérieure, vous considérez qu’il n’y a rien au-delà. L’échelle se termine ici, alors c’est qu’il n’y a rien au-dessus.
Triumphans Stella est une étoile double, si vous parvenez à la retourner pour éclairer l'intérieur alors vous verrez qu’il n’y a aucun barreau, aucun chemin et vous comprendrez que le seul moyen est l’acceptation du processus de la vie. Et vous trouverez le courage pour sauter dans ce vide car ce vide est en réalité le plein, le cosmos, l’invisible. Alors votre entitée sera débordante d’énergie, généreuse, comme ca, sans raison et votre Stella Splendens brillera.
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeLun 25 Oct - 13:21

Lettre à destination de Menora.
pas de date.

Mon cher amour,
Cette parenthèse de bonheur que nous nous sommes offert semble s’être refermée. J’ai rejoint les ombres et je n’en sortirais que lorsque Villon et les apothéosiens seront au sol. Dès à présent, mon amour, considère moi comme mort car je ne sais si cela n’est pas mon dernier combat… si je devais tomber entre leurs griffes… si je devais être trahi…
Je repensais à ce jour à Camlann où nous nous sommes croisés pour la première fois… Notre vie n’a été qu’un labyrinthe que nous avons traversé pour essayer de nous retrouver mais je ne regrette aucun de ces moments que nous avons partagés, ils restent dans ma tête comme des percées de soleil dans la tempête et le fracas.
Je sais que je n’ai pas été l’époux que tu espérais, auprès de qui tu aurais pu vieillir tranquillement mais j’ai l’audace de croire que j’ai été l’époux que tu voulais, droit, fort et doux.
Vous cinq aurez été ma voie vers l’invisible, ma véritable voie. Je le comprends maintenant aussi clairement que je vois les défauts dans une cuirasse. Pour ne pas être le mari ou le père que l’on regarde avec honte ou crainte… J’ai je crois réussi là où beaucoup ont échoué. 
Je sais que tout ceci ressemble à une lettre d’adieu… Ce n’est qu’un nouveau labyrinthe qui nous éloigne l’un de l’autre.
Je te fais le serment que de part les ombres ou je vais me fondre, je reviendrais pour te retrouver ici ou dans l’invisible.
Ne faites rien d’inconsidéré. Le moment viendra où la famille d’Ogier, ensemble, lèvera le glaive, mais pas maintenant.
Dis aux enfants de laisser le vieux se salir les mains, pour eux, encore une fois.
Dis leur que je les aime.
Les hommes d’Oecumene auraient accepté de mourir pour ne passer qu’une minute avec toi. 
Je t’ai eu pour moi pendant 30 ans… qui sont passées comme autant de secondes.
Ne cherche pas à me joindre,

A.

Affiche et tract collés sur les murs de Leda.



Villonaises, Villonnais,
Une fois encore, l’ombre s'étend sur notre terre. 
Une fois encore, des créatures avides de notre liberté viennent pour tenter de nous la dérober, aidés par des ennemis de l’intérieur qui n’ont pas supporté de voir les esclaves d’autrefois devenir les femmes et les hommes libres que vous êtes devenus aujourd’hui.
Certes nous avons été submergés par la puissance de nos adversaires, mais dans quelles conditions ? Alors que nous luttions vaillamment pour la liberté loin de notre contrée !
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaitre ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Ils tentent de vous asservir à nouveau, ils ne savent pas que lorsque l’on goûte à la liberté c’est pour toujours.
Ils ne savent pas que dans le cœur de chacun de vous, une lueur invisible brille.
Villon n’est pas seule ! Elle peut compter sur de nombreux alliés ! Villon peut compter sur Villon, sur chacun de ces coeurs que je sais ardent et épris de liberté.
Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a dans l'univers tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Le destin du monde est là et c’est Villon qui en tient l’étendard tissé dans la liberté.
J’ai été votre général, votre roi et c’est en tant que frère que je vous parle aujourd’hui. Dans cette nouvelle carrière que je débute, je vous dis ceci, la flamme de la résistance de Villon ne vacillera pas.
Certains capitulerons, cédant à la panique, oubliant l’honneur et s’offrant à la servitude. Je vous le dis, dans cet univers, d’immenses forces n’ont pas encore donné. Vous êtes cette force et le jour de la victoire, Villon tiendra la première place.
Tel est mon but à moi, Argantael d’Ogier, l’ultime roi, briseur de couronne.
Villonais, nous n’avons pas besoin de signe, de symbole de ralliement, nous sommes une force invisible et c’est ainsi que nous nous reconnaitrons.
Ne perdez pas espoir. Ne vous laissez pas duper par les mensonges de l'apothéose. Gardez en vous la flamme de la liberté et de la conscience qu'ensemble nous avons déjà fait briller sur Villon.
Je serais toujours là.
Argantael le brise-couronne.
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeLun 25 Oct - 18:52

La pluie tombait en lourdes gouttes sur Leda, comme si le ciel tentait de faire disparaître la souillure des rues. Ces ablutions aériennes ne parvenaient toutefois qu’à détremper ma cape et faire déborder les caniveaux en de gros glouglous malades.
Depuis combien de temps étais-je là, à attendre le bon moment ? Je ne m’en rappelais plus. Combien de visions pour en arriver là ? Combien de réécriture ? Combien de fois le prescient tombait dans le panneau ? Le présent et le futur se mélangeait dans ce jeu d'échec mortel…
Il y a 6 mois.

 - ...bref la situation n’est pas rassurante.

Devant la grande carte de Leda, des petits pions marquaient les emplacements stratégiques de l’occupation apothéosienne.
Plic.
Une goutte d’humidité venait de se détacher du plafond voûté de l’égout dans lequel nous menions nos opérations.
L’homme qui se tenait devant moi se faisait appeler Gerbier. Je savais que ce n’était pas son vrai nom mais quelle importance désormais, notre quotidien était fait de masques et de noms volés, d’ombre et de secrets.
Il était grand, carré, taillé comme un lutteur avec une voix légèrement éraillée. Il avait la quarantaine à peine. L'avais-je déjà croisé ? A l’assemblée ou quelque part au palais ? Faisait-il partie de ceux qui avaient salué Assad avant la république ou avait-il déjà gagné les ombres à ce moment-là ? Deux choses étaient sûres, il connaissait la ville et ses soubassements comme sa poche et il savait exécuter quelqu’un en silence, deux choses que l'on n'apprenait pas dans les écoles de Villon.
Mais c’était ainsi maintenant.

- Et pour les organisations ? dis je 
- ce sera difficile de contenter tout le monde… Les libertaires tiennent à leur indépendance, les autres… ils manquent de tout. les Apot’ ont vraiment cadenassé les ressources. On parle aussi de quelques nostalgiques de l’ancien temps… mais je compterais pas trop sur eux. Ils peuvent nous apporter une aide ponctuelle mais bon… vous avez brisé leur couronne alors..
- je comprends… d’un coté tant mieux. Et les elfes ?
- on a établi des premiers contacts. Timides. Je les comprends c’est déjà pas drôle d'être un dégradé alors un elfe…

Quel drôle d’état major quand même. En quelques semaines nous avions réussi à créer une filière d’évasion et à faire la jonction avec plusieurs groupes mais il était important de rester fractionnés, de séparer les informations car la répression était brutale et les informations étaient extirpées bon gré mal gré. Quand vous tombiez dans leur pattes, il n’y avait qu’une chose à faire : se taire aussi longtemps que possible le temps de laisser les copains fuir ou espérer tomber sur un boucher qui vous amocherait suffisamment pour que vous ne puissiez plus jamais parler.

- Il faut faire confiance aux Villonais. Le moment venu, ils sauront se battre. Ils sont comme des milliers et des milliers de cellules dormantes. Non, ce qui nous faut pour préparer ça, ce sont des armes. Des nouvelles des cargaisons qui devaient nous arriver de Pardhès 
- Oui. Un des deux navires a été envoyé par le fond mais le second s’est glissé dans le chenal que vous aviez indiqué et on a commencé à les distribuer…

Soudain, la porte s’ouvrit avec fracas. 

- Chef ! L’opération au dépôt des diptères…

Il suffisait de voir le visage du jeune homme qui venait d'entrer pour comprendre que quelque chose ne s’était pas bien passé.
- Eh bien ?
- ils ont tous été tué chef ! les apot les attendaient.
- est ce qu’ils ont…
- Impossible à dire chef. Le secteur est fermé.
- Bon, merci mon gars.

Encore une opération qui mettait en danger le moral vacillant de mes hommes. Après tout, ils n’étaient pas soldats. Que j’aurai aimé avoir avec moi une poignée de chevaliers du creuset… Nous aurions pu mener une opération coup de poing, faire un coup d’éclat qui aurait redonné des forces à tout le monde. Mais l’ordre était éparpillé, ils étaient trop importants pour être accaparé et chacun sur son ancien fief dirigeait une cellule.
- alors, qu’est ce qu’on fait chef ?

Bonne question. J’aurai aimé avoir une réponse à lui donner à ce bon Gerbier.
- Il faut savoir si quelque chose a fuité sur cette opération.
- impossible.
- tu en es sur ?
- absolument. On était que 3 à connaitre cette opération : Vous, moi et Duval qui menait l’opération.

Je restais silencieux. Je m'apprêtais à dire quelque chose mais quoi ? Qu’est ce que j’aurai pu dire ? Duval était fiable, Gerbier était fiable. Une petite horloge sonna.
- bien tu m’excuses mais c’est l’heure de l'entraînement.

La plupart des recrues avaient un bon niveau d'escrime, c'était indéniable. Mais nous ne manquions pas de combattants. Il nous fallait des personnes éduquées aux arts de la guerre, de la riposte, du piège de la tactique. Je dois dire que chaque jour j’étais surpris de voir ces hommes et ces femmes progresser. Certains disent que c’est dans le creuset de la guerre qu’on forge les âmes… Ce creuset c’est plutôt celui de la survie pour défendre un idéal.
- Même blessé, même emprisonné, même torturé, il est possible de s’enfuir. Je vous le dis car nous y serons tous confrontés. Si vous n’avez pas besoin de ce que je vous apprends aujourd’hui c’est que vous n’aurez pas combattu. Le guerrier dans des situations extrêmes peut fuir dans l’invisible. Son corps reste ici mais son esprit et son âme partent dans l’invisible là où rien ne peut les atteindre. 

Je revivais les mois dans la prison de l’angoisse à chaque fois mais la clé était là. Les étoiles que je gravissais avec mes élèves pour mettre à l’abri leur esprit au cas ou… au cas ou… invisible. invincible. deux mots si proches. J'espérais que ces techniques les aideraient le moment venu.

- alors on en sait plus sur l’attaque du dépôt ? demandais-je à Gerbier après la leçon.
- bizarre les rapports. Apparemment, Duval et ses hommes se sont approchés invisibles.
- normal.
- Ouais mais c’est la réaction des apot qui est étrange. Ils avaient l’air d’attendre quelque chose sans savoir quoi exactement. Et c’est quand Duval à sorti les bombes qu’ils se sont fait prendre. Ca a été une belle pagaille visiblement, ils ont tiré sur les notre mais ils se sont aussi tirés dessus…
- C’est comme s’ils n’avaient rien vu venir avant la bombe…

Bon sang mais c'était évident qu'un prescient avait dû les avertir. Il a vu l’explosion. Il a vu le moment de l’explosion. Il n’a eu qu'à donner la zone et à guetter le moment où il fallait tirer !


S’en était suivi une partie d’échec par vision interposée. Je jouais contre un ennemi invisible, chacun essayant de prévoir le coup de l’autre. Le présent et le futur s’étaient entremêlés au point que je n’arrivais plus à faire la différence. Je voyais mes hommes mourir en boucle en vision jusqu’au moment ou enfin le coup portait, ou enfin je voyais l’ouverture. Mais à chaque pion pris, le prescient m’en prenait un son tour. Je sentais parfois la présence de l’oracle qui devait se régaler de ces joutes ignobles.


Et puis un jour…




Une nouvelle partie d'échec mortelle se livrait entre le prescient et moi et j’étais presque sûr de prendre l’ascendant. Il ne se battait pas autant que d’habitude…
Soudain, à la lisière de ma conscience, j’entendis un vacarme terrible. Je devais rester… encore un peu… la voilà l’ouverture ! Il suffisait de frapper ici ! là ! maintenant ! Et à ce moment, je crus entendre les rires de l’oracle.

- Général ! Général ! 

Je revenais à moi brutalement, le sang me coulait du nez, le corps engourdi. Un sifflement me vrillait les oreilles. Gerbier approchait son visage carré de moi.

- emporte le putain ! emporte le j’te dis !

je sentis une force me soulever, une main me saisir, une épaule sous mon aisselle et mes jambes en coton qui refusaient de me porter. Je tournais la tête pour essayer de comprendre. Je vis Gerbier, fourrer des bombes dans ses poches.

- Gerbier… fais pas de conneries… murmurais -je sans force.

Alors qu’on me trainait à travers le tunnel secret, je vis le visage inquiet du jeune homme de l’autre jour qui refermait la porte derrière nous.

- Gerbier… l’attaque… Gerbier… 

Depuis les tunnels, des cris nous parvinrent puis il y eu un grand boom.


La pluie continuait de tomber et le caniveau ne parvenant plus à avaler l’eau qui le remplissait se mit à refluer. 
Après la partie d'échecs mortelle que j’avais jouée, il nous avait fallu un peu de temps pour nous remettre. La perte de Gerbier m’affectait car c'était un homme fiable que j’aimais beaucoup mais c'était cela la résistance, des hommes qui meurent pour qu’une idée triomphe. 
La mort de mon compagnon n’avait pas été inutile car je m'étais rendu compte que lorsqu’une partie était jouée avec le prescient, nous ne pouvions percevoir que des fragments de réalité et qu’il existait un angle mort dans lequel on pouvait frapper.
le moment approchait.
Je retirais le tissu qui couvrait mon lance feu modifié. Je tirais de ma poche un dard ouvragé. 
- Pour Gerbier...
يطير مثل السنونو-
murmurais je au dard qui se mit à briller d’une lumière dorée.
Je le glissais dans le lance feu. Puis je fermais les yeux.
Le temps se stoppa soudain, les gouttes de pluie suspendant leur chute irrémédiable. Le dard parti à toute allure, rebondit sur un toit, traversa une ruelle passante, slalomant au gré du vent entre les habitants, rebondit sur un panneau, se heurta à un arbre. 
Il était là, le prescient sur son balcon, regardant dans la rue en contrebas la voiture qui, comme il l’avait prévu, allait exploser.
Et son sourire se figea lorsque le dard que je venais de tirer, a un kilomètre de là, traversa son bouclier et son crâne. Une femme hurla en même temps que les alarmes du secteur.
Il aurait dû se méfier des angles morts…
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeMar 2 Nov - 19:35

Assis dans mon jardin, au milieu du terrain d'entraînement, je regardais les feuilles jaunirent et commencer à tomber. Un papillon venait de se poser sur ma main, comme un souvenir de l’été formidable que nous venions de vivre. De chrysalide en chrysalide, Villon, son peuple, se transformait et devenait de plus en plus beau, de plus en plus fort. 

La vie semblait avoir repris ses droits.
Le retour de Samson etait finalement quelque chose de merveilleux.
Il avait fallu tant de temps pour l’accepter avant que je comprenne, peut-être grâce à Mercier, que je pouvais aussi le considérer comme un fils. 
Et comme un père qui sent son fils s’égarer, je me faisais du souci pour lui. Il voulait tellement briller, nous rendre fier… N'avait-il pas en lui une part de cet apothéose qui demande constamment à devenir le meilleur ? A quoi bon être le meilleur si c’est pour vivre loin des autres, loin des siens. Trop souvent au cours de ma vie, j’avais ressenti cela. 
A Solon, en tant que roi… 
Le pouvoir corrompt car il isole.
Qui ? vous ramène sur la terre ferme lorsque des gens se chargent de tout pour vous, vous obéissent, vous flattent, vous servent, vous mentent pour ne pas vous déplaire… On en vient à se prendre pour un dieu… Mais nous ne sommes pas des dieux. 
Le mortel qui s'élève à l’immortalité n’est pas un dieu. 
Celui qui devient un principe n’est pas un dieu. 
Il accède à autre chose c’est certain mais ils sont aussi différents des dieux que des moutons.
Il y a quelque chose d’universel dans la divinité, pas dans l’apothéose. Un dieu des reflets ? un dieu de la prémonition ? C’est à la fois un peu maigre et follement triste. Un dieu de l'hubris…

Je passais de longues heures désormais à méditer, jouant de futures batailles, de futurs affrontements. Comme pendant la résistance, il nous fallait trouver les angles morts. Tout ceci aurait semblé impossible des mois auparavant et pourtant… c'était déjà la deuxième victoire sur les apothéosiens Ils n’avaient pris Villon qu’au prix de la traitrise et pourtant il serait stupide de croire que tout était joué d’avance.
Dans mon esprit un duel se jouait déjà. Dans le silence et l’immobilité de mes muscles mon esprit envisageait toutes les possibilités afin de le laver, encore et encore, jusqu’à ce que le moment deviennent transparent, invisible. 
L’erreur du stratège c’est de se contenter d’imaginer toutes les situations. Il faut les imaginer toutes pour les tuer et laisser son esprit absolument vierge, comme une page neuve, prêt à recevoir, à percevoir, tout ce qui arrivera. Se sentir prêt à n’etre qu’un vecteur de la victoire, rien de plus.
Les choses doivent se faire aussi sûrement et simplement que l’eau qui coule. L’invisible est un flux qui lie les choses, il est le plus sûr et le plus directement chemin entre deux points puisqu’il est le chemin entre tout.


  • un petit entrainement Père ?



La voix de Samson me tira de mes réflexions.


  • avec plaisir ! Je médite depuis trop longtemps, je vais finir par me couvrir de mousse.



Je me levais et me dirigeais vers le ratelier d’armes. Je prenais une épée d’entrainement que je faisais danser dans l’air.


  • On la joue à la touche ? dis je 
  • entendu !



Je me mettais face à Samson. Il avait hérité de la stature de mon père et même si je me trouvais plutôt en forme pour mon âge, lui, était littéralement colossal. Pourtant ça ne m’empecha pas de lui enfoncer mon pommeau d’épée dans le foie avec une facilité déconcertante. Il souffla un peu et en réplique me bouscula.


  • allons c’est tout ce que tu as ? Je sais que non !
  • oui mais…
  • a quoi cela sert il de s’entrainer si tu n’y vas pas à fond ? Nous aurions mieux fait d’aller nous promener ! Aller ! Mets y du tiens !



Il se lanca dans une charge sans grande conviction et il me suffit d’un petit écart pour le faire tomber en mettant la lame entre ses jambes de géant. Il s’étala de tout son long dans le sable et la poussière.

  • quand même Samson… Allez, vas-y franchement ! 



Alors Il se leva pour charger de nouveau. Je lui fis une botte mais qui n’eut aucun effet sur lui puisqu’il m’envoya rouler loin au fond du terrain d'entraînement. Le choc était si brutal que j’eu du mal à respirer pendant quelques instants. Je posais un genou à terre, appuyé sur l’épée à bout rond.


  • Père…
  • Ce n’est rien, j’en ai vu d’autre… Mais c’est comme ca que je veux que tu t’entraines.
  • Oui mais …
  • Mais quoi ?



Je voyais dans son regard se bousculer tant de choses… 
Mais je voyais surtout, au-delà de l’affection filiale, une sorte d’adoration qui me mettait mal à l’aise.


  • Désolé, de te décevoir Père.
  • tu ne me déçois pas Samson. Jamais. Je ne te juge pas, nous nous amusons rien de plus.
  • C’est juste que je mesure la chance que j’ai de me mesurer à la légende…
  • Et toi qu’es tu ? 



Etre adoré comme une légende ? Très peu pour moi. Inspirer pourquoi pas, aider surement mais il fallait accompagner les forces de l’émancipation, pas devenir un poids, un outil d’oppression. 
Il fallait savoir rester un homme.
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeSam 13 Nov - 15:44

Le vent soufflait doucement dans la cour du château de Kersaint et le parfum du printemps embaumait partout. L’air neuf venu de l'océan chassait les résidus de l’hiver et déjà les fleurs éclosaient partout dans ce qui n’avait été autrefois qu’un petit carré fortifié. Hiver après hiver, nous avions transformé l’austère maison familiale en un ravissant mas. J’aimais tellement cet endroit. Pardhès et Solon me manquaient bien sûr, leur chaleur, leur douceur étaient incomparables, mais ici, je voyais, ancré dans la pierre, tous les souvenirs du passé, je retrouvais les visages d’amis disparus depuis longtemps sans que jamais je ne ressente de nostalgie.

Nous étions comme ce chateau…

Je passais de longues heures sous le saule majestueux de la cour à méditer. Le combat et les exercices faisaient partie d’une routine que depuis 50 ans je m’evertuais à respecter mais le véritable entraînement commencait pendant la méditation.

J’avais imaginé de nombreuses techniques pour surprendre l’adversaire. J’étais parvenu à trouver des bottes ou la proximité avec l’adversaire était telle qu’elle semblait impossible à faire. Elles étaient la somme de toutes ces années de lutte, de duel, de combat dans les navires à tres courte portée, de voyages à travers le monde.

Mais depuis quelque temps, tout ça me semblait un peu vide. J’avais l’impression que je pouvais inventer une infinité de technique mais qu’au final cela ne changeait rien. Alors je m’étais plongé plus profondément dans la méditation. J’avais l’intuition qu'au-delà du voile de l’invisible il y avait quelque chose à aller chercher. Pourtant, ces méditations me maintenaient captifs des combats.
Je rejouais mentalement, les batailles, les duels, perdus comme gagnés et toujours il y avait cette lumière derrière le voile, inaccessible.
Que je gagne ou que je perde, la lumière restait hors de portée.

frustré de ne pouvoir avancer je m’étais alors refugié dans mon bureau à la recherche de réponses dans des ouvrages lorsque soudain, un petit livre tomba du bureau… un petit carnet noir orné d’une lune… Le carnet de ma mère. Toutes ces années après il avait encore son parfum.

“  Omri,
je sais que ton destin n'est pas de rester avec moi pour toujours. Ton père voudra tôt ou tard que tu ailles faire la guerre. Et il aura raison car tout ceci fera de toi un homme meilleur. Cela te rendra fort et sage car celui qui contemple le pire ne peut que revenir avec des idées neuves sur le monde. tu gagneras la force pour triompher des cauchemars. Mais ce ne sera pourtant que le début de ton voyage Omri.
Il est un voyage plus long, plus dangereux, plus destructeur que tous les voyages. Un voyage qui te detruira avant que tu puisses te reconstruire pour devenir l’être que tu dois devenir. L’éducation de ton père je l’espère t’y aidera.
Il te faudra etre fort de corps, d’esprit et de coeur mais je suis sur que tu y parviendras.
Omri, la lune te guidera quoiqu’il arrive.”

Je relisais son petit mot. Toutes ces années avaient délavées les quelques souvenirs que j’avais d’elle… Et je senti les larmes monter en relisant ce message. Qui étais tu Maman pour avoir su par quoi je passerais… Je feuilletais le carnet que je n’avais pas su déchiffrer et tout devant moi s’illuminait. Avant d’obtenir cette lumière par delà le voile, il fallait se transformer. Une fois encore, une fois de plus. Je descendait jusqu’au rocher où je méditais.

Ma respiration ralentissait… les batailles, les duels, passés, présents, futurs… tous ils s’emmelaient. Mon esprit anticipait les mouvements, jouait deux, trois coups d’avance. J’étais dans ce piège ou je pensais accueillir l’invisible pendant ces meditations, je pensais devenir transparent, mais j’étais toujours là. La puissance était toujours là. Se promenant à l’orée de ma conscience. 

“Un voyage qui te détruira”

Tu dois accepter la defaite Argantael. Tu l’as toujours refusé et c’est ce qui t’as amené la ou tu es. Tu as su concéder, parfois. T’effacer, plus rarement. Tous les combats ne peuvent être gagné… et comme un miroir qui se brise, ma volonté éclata en un millier de morceau. Je sentis mon corps se durcir et prendre la semblance de l’acier. 
Devant mes yeux, les batailles. Devant mes yeux, les défaites. Tu n’es qu’un homme Argantael. Accepte la victoire comme la défaite car la vraie victoire c’est de ne pas avoir à se battre.
oui mais… nous avons lutté pour une cause.
Une cause, pas TA cause. Tu préfères que l’on se rappelle qu’un homme une jour a brisé une couronne ou tu preferes que l’on se rappelle d’un peuple entier se soulevant pour sa liberté.
Chaque defaite remontait un peu plus loin dans mon histoire… les guerres apotheosiennes, la résistance, le pillier blanc, Abelard, les guerres de Pardhès, le meurtre de Carmin, la chute d’héliopolis… Chaque victoire était une entaille, comme le boulet d’une chaine fichée à meme le coeur. 
Nous etions dans la cour du chateau. Mais le vieux chateau.
Eusebius, le grand cheval de mon père était à l’écurie. Les volets du chateau étaient fermés le plongeant dans une penombre etouffante.
Les parfums de sauge empuentissaient les couloirs.
Mon père dans l’encadrure de la porte de la petite chambre de ma mère.
Je rentre. Elle est là, sur son lit. Si froide, si livide. Ses yeux sont creusés.
Les larmes me montent aux yeux. J’ai vécu tout cela déjà…
La première des défaites.
Je suis a genoux près de son lit.
Je tiens ses mains fines… si froides… si douces.
Mon père couvert de poussière ne sait pas quoi faire.
Il pleure. Il se cache. 
Pourquoi… Maudit Kersaint… je te hais… c’est injuste…
Je tiens ses mains mais soudain elles s’échappent de ma prise…
non…
Je refuse. Je refuse que cela m’arrive. Je refuse de ne rien pouvoir faire.
Et soudain je sens une main douce sur mon épaule.
“Omri, il faut accepter la defaite…”
Je me retourne.
Elle est là.
Je l’enlace et tous mes souvenirs se ravivent.
Je retrouve la forme de son visage, la douceur de sa joue, les boucles brunes de ses cheveux.
-“Maman…”
- “J’ai tout vu. Tout ce que tu as fait. Que j'aurais aimé pouvoir te dire que j’étais fière de toi.”
les mots me manquaient, j’etais traversé par un flot d’emotions contradictoires.
-”ne cherche pas de mots Omri, je ne suis là que pour t’aider à passer le voile. Tu dois accepter la défaite… tu dois accepter de couper ce lien douloureux pour devenir celui que tu dois être.”
-”nous nous reverrons dans l’invisible ?”
-”le jour ou tu le rejoindras, Omri, et que tu ne le quitteras plus”
Alors pleurant comme au jour de sa mort, j’acceptais cette defaite et mon corps couvert d’entailles retrouva son integrité. Et je fus happé par l’invisible...
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stan

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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitimeDim 28 Nov - 4:06

Ce jour là, Argantael d'Ogier tourna le dos au chemin d'Enara sa cousine.
Il mis du temps à retrouver ses forces, épuisé, le corps meurtri par ces années de guerre. Il ne retrouverait jamais vraiment cette puissance, cette rapidité qui l'avait animé autrefois.
Mais il n'était pas pour autant au crépuscule de sa vie. Il vécu longtemps, voyagea avec Menora sur tout Oecumene, ils gouterent à cette liberté qu'ils n'avaient pu qu'effleurer.
Il vit naître plusieurs petits enfants et mêmes des arrières petits enfants.
Et ce sont il avait toujours rêvé était la.
Et puis un matin froid il s'assoupi près de Menora sans avoir jamais eu à se battre à nouveau.
''Quelle belle vie j'ai eu. Une autre nous attend. Rejoignons nous dans l'invisible '' furent ses derniers mots.
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MessageSujet: Re: Argantaël d'Ogier   Argantaël d'Ogier - Page 2 Icon_minitime

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