l'entretien a lieu dans la chapelle privée de l'Eveque Luciano, sur la cote californienne. Carmen vient physiquement et sous son vrai visage.
Monseigneur, je vous remercie humblement de cette audience que vous m'accordez, je souhaite me confesser à vous. ce que je disrai sera sous le sceau du secret de la confession. Mon coeur est en grande peine. que Dieu m'en soit temoin de mes tourments ! accepterez vous de m'ecouter ? Accepterez vous d'entendre la supplique de mon ame ?
l'Eveque s'asseoit sur un fauteuil. Carmen se met à genoux devant lui.
- parlez, enfant du Seigneur. « La confession comprend deux choses : d'abord, on doit avouer ses péchés ; ensuite on doit de la bouche du confesseur recevoir l'absolution ou rémission des péchés comme si elle venait de Dieu lui-même, et croire sans aucun doute qu'ainsi les péchés sont réellement pardonnés devant Dieu. », ecrivait Luther dans son Petit Catéchisme. alors parlez sans crainte, devant le regard de notre Seigneur, et devant moi, son humble serviteur.
Carmen, s'appuiant sur ses genoux, lui serre les mains. Elle plonge son regard droit dans les yeux gris pales de l'Eveque
- « Bénissez-moi, mon Père, parce que j'ai péché. »
- « Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit.
Que le Seigneur soit dans votre coeur et sur vos lèvres pour que vous fassiez une bonne
confession. »
- « Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères, que j'ai
péché en pensée, en parole, par action et par omission, oui j'ai vraiment péché, c'est
pourquoi ,je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints et vous aussi mon père de
prier pour moi le Seigneur notre Dieu. »
Je ne me suis pas confessée, mon Pere, depuis plusieurs semaines, mais ce que j'aimerais que Dieu entende, et que vous entendiez, me tourmente depuis notre premiere rencontre.
Jadis, je fus marié, mon Pere, et cela fait 40 ans que je porte le deuil de mon mari.
oui, me Pere, je suis malade, j'ai ce qu'on appelle de nos jours le syndrome d'hemoglobinodefiscience. je suis née dans les années 1970, et je suis une vampire. mais peu de gens le savent. Dieu le sait ! c'est ce qui compte à mes yeux, et je souhaite que vous le sachiez, vous, qui etes mon confesseur, mon intresesseur devant Lui.
c'etait la premiere chose que je voulais vous confesser. je ne vous ai jamais menti, mais j'ai eludé toutes vos questions, pretextant un travail prenant, et il l'est, car je suis une journaliste. et pour cela je ne venais vous voir que la nuit, ou dans la metasphere....
je ne fais pas partie de cette organisation que l'on nomme le Simulacre. ni d'aucune autre. je suis ce qu'ils appellent une "independante"....
je connais un peu les preceptes de l'Eglise du Soleil concernant les vampires .... et pourtant j'ose venir devant vous, son serviteur. je suis consciente des risques que je prends, et pourtant je souhaite m'en remettre à vous et au regard de Dieu !
lorsque nous avions compris que cette maladie etait incurable, et ne pouvait mener qu'à une degenerescence, mon mari souhaita partir dignement, et comparaitre devant les yeux du Seigneur, alors qu'il etait encore epu atteint. alors nous nous fimes adieux, et il sortit à l'aube, afin de comparaitre pour son jugement.
c'etait il y a 40 ans ....
desesperée, je fuis l'Europe et entrais comme penitente dans un monastere de l'Amerique Latine, Monasterio Santa María de la Epifanía , en Colombie. je priais, pour le repos de son ame, pour moi, qui voulait tant le rejoindre, mais qui n'arrivait pas à se decider de faire le pas vers le soleil....
et la soif et le desespoir m'avaient quitté, et durant 333 jours exactement, je ne ressentis aucun des sympromes de cette maladie. mais une aube, la Vierge est descendue de son socle et s'avança vers moi, qui gisait à ses pieds, les bras en croix. et elle me dit que je devais repartir dans le monde, que mon temps n'etait pas venue, que telle etait la volonté du Seigneur.
alors je quittai le monastere et m'etablis sur le nouveau continent.
mais je ne pouvais quitter le deuil de mon mari. quelque chose, au fond de moi, esperait encore qu'il soit vivant. mais je fis taire cette esperance folle. mais elle resta tapie en mon coeur, me chuchotant dans mes reves ....
j'ai eu, bien sur, en ces 40 ans, quelques aventures, quelques fleurtes ephemeres, avec des hommes non atteint du syndrome V... mais jamais le souvenir de mon mari ne m'a abandonné...
je le croyais mort .... et je voulais, je devais continuer à vivre ... je cherchais à combler ma solitude ... mais dans aucun des visages je ne voyais le sien, et lorsque je plongeais mes crocs dans leurs cous, ma soif physique etait comblée, mais la soif de mon coeur restait inassouvie ...
il y a quelques semaines de ça, je revai d'un homme qui lui ressemblait, lui ressemblait tellement ! alors je cherchai à le rencontrer. et il me dit qu'il etait son frere. et lorsque nous discutions, le visage de mon mari se superposait au sien .... et lorsque je m'offris à sa morsure, car il avait besoin de forces, il venait de me sauver la vie et etait gravement blessé, je luttai contre le desir montant de le mordre ...
je ne sais pas si vous comprenez ce que boire le sang d'un des notres, d'un des malades, signifie pour nous ... c'est un acte d'affection ... de partage ... de l'amour parfois ... j'ai eu peur de ce que pouvais ressentit à ce moment ... je me sentais prise d'une ivresse, j'avais l'impression que c'etait mon amour defunt que je tenais dans mes bras, que c'etait mon mari, la lumiere de ma non-vie ....
et je sentais que mon mari etait encore en vie, de plus en plus fort ....
et un jour, peu de temps avant cela, je rencontrai un ange, qui me confia que mon mari n'etait pas aupres de Dieu. mais il ne voulut pas m'en dire plus.
ce prelude est necessaire, mon pere, afin que vous compreniez mieux mon desarroi et mon esperance ... et ma douleur ...
car cette seconde chose que je souhaite confesser est plus grave, infiniment plus grave !
......................................car je fus tentée par le demon.....................................
un serviteur du mal vint me hanter, et me tendit un parchemin, avec un chemin vers mon mari. une clé pour le retrouver... il me dit que tous les autres chemins etaient fermés, et que seul celui du demon pouvait me rendre mon mari.
il m'intimait d'abjurer ma foi et d'accepter son present maudit ....
ma main se tendit vers ce parchemin .... mon ange gardien hurlait "non" dans mon esprit ... mais ma main se tendit ... alors je me rappelai les paroles des ecritures :
"si ton œil droit te pousse à mal agir, arrache-le et jette-le loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d’un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer. Et si ta main droite te pousse à mal agir, coupe-la et jette-la loin de toi, car il vaut mieux pour toi subir la perte d’un seul de tes membres que de voir ton corps entier jeté en enfer. » (Matthieu 5:27-32 S21)
et je saisis une dague et me la plantais dans la main qui se tendait vers ce parchemin maudit ...
je refusai l'offre du demon, mon Pere .....
je n'ai pu abjurer notre Seigneur ....
pourtant, je sens que s'il revient me hanter de nouveau, sa tentation sera encore plus grande ... et j'ai peur, mon Pere, j'ai peur de n'avoir pas assez de forces pour le rejeter ....
et j'ai aussi le sentiment que j'ai trahi mon mari ... je refusai un chemin vers lui, c'est comme si je le rejettai ... je ne suis pas digne de l'amour qu'il me portait... mon Pere, j'ai l'impression de ne pas etre digne de lui ...
les larmes de sang ruissellent sur le visage devenu blafard de Carmen, coulent sur ses mains, les mains de l'Eveque qu'elle enserre et innondent de sang les vetements de l'Eveque
je ne sais pas quoi faire, mon Pere ... je ne sais pas que penser ....
je me sens completement perdue .....