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 2 petits textes de philo politique

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MessageSujet: 2 petits textes de philo politique   2 petits textes de philo politique Icon_minitimeVen 8 Mai - 16:28

Voila 2 petits textes de philo politique sans prétention que j'ai postés initialement sur mon fessebouc.

Portez vous bien !


*

Fini l'avare de Molière : c'est le livre de notre temps; l'avarice est la passion triste des dominants actuels. Toute idée de redistribution, de partage,,, de justice sociale est vécue par le bloc bourgeois comme une spoliation. Quand on discute avec un possédant, on est tout de suite renvoyé au modèle stalinien. Indigence de cette pensée néo libérale obligée de se cacher derrière l'écran du mensonge pseudo mathématique de Hayek et Friedman.
Quand je dis que je suis socialiste et démocrate intégral, mes interlocuteurs pensent m'assimiler à Marx quand je me reconnais de Keynes.
Il y a 3 façons de gérer la répartition des biens :
- l'égalité qui conduit au communisme soviétique et à ses millions de morts
- l'inégalité qui conduit au néo libéralisme et au sinistre darwinisme social (le fameux argument de la force des gents de droite)
Dans les 2 cas, passions froides de la jalousie (égalitarisme) et de l'avarice propriétariste (libéralisme)
Heureusement, il existe un troisième chemin
- équité : c'est le modèle de Keynes et de la démocratie sociale. A chacun selon ses mérites. Les aspérités de l'économie de marché sont nuancées par la redistribution des revenus et propriétés
Ce modèle a accouché du New Deal, du plan Marshall, des trente glorieuses (croissance deux fois plus importante qu'actuellement), des économies mixtes nordiques, de la parité dans les conseils d'administration allemands, d'inégalités restreintes, de régulation environnementale.
Comme je finis Capital et Idéologie de Piketty, le parallèle avec l'Avare de Molière me semble évident : les inégalités ne sont jamais naturelles. Les pouvoirs en place chercheront toujours à naturaliser les inégalités pour gommer leur origine idéologique, leur arbitraire.
Le besoin de justice est inscrit dans notre humanité la plus profonde. La justice demande une répartition équitable des ressources. Lorsque l'égalitarisme normatif ou le libéralisme économique (qui se résume souvent à la liberté du renard dans le poulailler) triomphent, la justice disparaît durablement. Cela peut entraîner un ressentiment populaire terrible qui mal dirigé peut enfanter des monstres (nazisme, fascisme, stalinisme).
Dans les pays les plus inégalitaires du monde, les inégalités économiques retrouvent rapidement les seuils des années 30, au delà duquel le consentement populaire n'est plus possible
Le sommeil de la raison enfante des monstres
Toujours


*


Pédagogisme et démocratie
Dans être et temps, Heidegger définit la sollicitude comme un existential du Dasein.
En termes compréhensibles par un être humain normal, nous avons, à la racine de notre humanité, comme la préfigurant une sollicitude qui nous relie aux autres humains.
Cette sollicitude, peut prendre deux formes, sollicitude devançante et sollicitude accompagnante.
La sollicitude devançante, qui est critiquée par Heidegger consiste à vouloir aider les autres, presque malgré eux en prenant à leur place les décisions susceptibles de les aider. Par exemple, un médecin sait mieux que vous quel traitement sera susceptible de vous soigner
Au contraire, pour Heidegger, c’est la sollicitude accompagnante qui doit être recherchée. Celle-ci consiste à laisser jaillir le désir chez celui qui souffre et à l’accompagner dans sa quête de rédemption ou de vérité.
La sollicitude accompagnante prend du temps, nécessite de la patience. Le souffrant reste maître, sujet et auteur de son désir de guérison. Souvent, la démarche psychanalytique propose la sollicitude accompagnante. Celle-ci demande de la patience, de la sollicitude, du tact, de l’humilité aussi.
Comme dans la maïeutique socratique, le souffrant reste l’instrument de sa propre guérison. Elle est véritablement accouchement de la connaissance et de ses modalités par l’ignorant lui-même. Elle part de ce principe : « nul ne sait mieux que la personne en demande ce dont elle a besoin »
Je voudrais maintenant transposer cette distinction entre les deux formes de la sollicitude au politique et montrer que la décision politique a glissé de la sollicitude accompagnante à la sollicitude devançante, ce qui indique une décadence de la fonction politique.
Dans une vraie démocratie, le pouvoir, soit la souveraineté pour reprendre le contrat social de Rousseau est exercée par le peuple. La fonction du politique semble être limitée à recueillir les volontés des citoyens et à les appliquer. Il convient donc de laisser jaillir la décision de la majorité en organisant un débat contradictoire (comme le propose Raymond Aron). Cette organisation pacifique de la contradiction a pour but de laisser jaillir par le vote et après un débat éclairé la décision de la majorité. Lorsque c’est la décision de la minorité qui l’emporte, on est en oligarchie. Et quand c’est l’unanimité, il y a de grandes chances que l’on soit en dictature ou l’on cherche à réduire toute opposition à une forme de dissidence, de crime contre la pensée, le peuple ou la race.
Voila, je pense montrer de façon claire qu’en démocratie, le pouvoir élu des représentants du peuple est dans un situation de sollicitude accompagnante.
Qu’observe-t-on actuellement, en particulier sous la présidence de M Macron ?
Le discours n’est plus celui du recueillement de l’avis populaire, le « je vous ai compris ».
Non, le discours est devenu en cas de rupture entre les représentants et le peuple le « je ne vous ai pas assez expliqué »
Je veux montrer que ce discours pédagogiste à outrance est exactement celui de la sollicitude devançante.
Auparavant, le politique recueillait l’avis populaire par référendum.
Maintenant, le politique sait. Il connait la vérité, car il a reçu celle-ci d’experts. Celle-ci ne saurait découler des volontés du peuple. Non, la vérité est l’apanage d’un petit cercle d’experts, bienveillants (selon les propos de Bernays, l’auteur de Propaganda), dont le rôle va être de convaincre les populations de son intérêt.
Comme un enfant irresponsable, comme un malade qui ne connait pas la médecine, le peuple est une chose aveugle qui ne saurait percevoir par lui-même ce qui lui fait du bien.
Les experts deviennent les « yeux du peuple » qui savent mieux que ce dernier ce qu’il lui faut.
Cette sollicitude devançante n’est pas sans rappeler le despote éclairé du 18ème siècle que vantait tant Voltaire qui sur le modèle de Catherine II de Russie gouverne en autocrate impitoyable mais pour son bien un gigantesque peuple.
Il faut insister sur ce que cela conduit à considérer le peuple comme irresponsable et infantile.
L’expert initié dans la « science économique » va pouvoir guider le peuple, presque contre lui (gilets jaunes).
S’il y a opposition avec le peuple, la faute en revient uniquement à un manque de communication, de pédagogie, ce qui est exactement la définition de la propagande pour Bernays (rappelons que Bernays était admiré par le sinistre Docteur Goebbels). Loin de recueillir l’avis du peuple qui ne saurait être éclairé, responsable et autonome, il s’agit donc de fabriquer le consentement.
Tous ces experts disent en permanence : « nous ne saurions douter du vrai, du bien, du beau. Nous devons vous convaincre par tous les moyens que nous savons mieux que vous ce dont vous avez besoin. S’il le faut, comme un bon médecin ou un parent sévère, nous vous administrerons la médecine de force. Mais nous préférons éviter d’en arriver la et être contraints de vous faire du mal, car nous sommes bienveillants »
Pour les démocrates Athéniens, comme le rapporte Cornelius Castoriadis, la démocratie n’est pas une techne (science) mais une doxa (opinion). Chaque humain sait en son cœur ou en son âme ce qui est bon pour lui. La délibération démocratique fait naître la décision juste qui est au service du bien commun et correspond à la décision de la majorité éclairée.
Rappelons aussi qu’ à Rome, en cas de guerre celui qui recevait les pleins pouvoirs du sénat pour faire triompher Rome était appelé un dictateur.
Mais ceci est un autre sujet…
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