Epiphanie

forum de la communauté des joueurs du jdra epiphanie
 
AccueilDernières imagesRechercherS'enregistrerConnexion
-28%
Le deal à ne pas rater :
Brandt LVE127J – Lave-vaisselle encastrable 12 couverts – L60cm
279.99 € 390.99 €
Voir le deal

 

 Néotenie - petit texte de philo

Aller en bas 
2 participants
AuteurMessage
Admin
Admin
Admin


Messages : 1641
Date d'inscription : 13/09/2008
Age : 51
Localisation : Proxima du centaure

Néotenie - petit texte de philo Empty
MessageSujet: Néotenie - petit texte de philo   Néotenie - petit texte de philo Icon_minitimeMar 14 Avr - 20:46

Néoténie

Voici quelques réflexions autour de la question de la néoténie, qui est particulièrement développée dans la pensée de Dany Robert Dufour.
Les néoténiques sont des organismes vivants qui gardent toute leur vie des caractéristiques de l’enfance. L’axolotl est néoténique. L’homme est néoténique.
Les néoténiques sont inachevés. L’homme en tant qu’être domestiqué a conduit de nombreux animaux domestiques vers la néoténisation. Le chien, premier animal domestiqué par l’homme est un bon exemple. Le chien joue toute sa vie, lorsque seul le louveteau joue (le loup adulte ne joue pas). Le chien a des appétits sexuels toujours présents alors qu’ils sont restreints à des périodes reproductives chez le loup.
La différence qui existe entre le loup et le chien peut également être constatée entre l’homme paléolitique et l’homme néolitique. Chez ce dernier, la musculature, la taille et la masse cérébrale sont atrophiées. J’entends par là que l’homme néolitique est un animal domestiqué (par lui-même) donc néoténique. Je renvoie à l’ouvrage de Scott « Homo domesticus » pour étayer cette théorie.
Maintenant, tachons de considérer la néoténie, non plus au niveau biologique ou anthropologique mais au niveau philosophique.
Qu’est-ce que la néoténie philosophiquement parlant ?
Et bien, il me semble que la néoténie renvoie à l’incomplétude de l’homme.
L’Homme est ontologiquement, existentiellement une créature incomplète. C’est sa grandeur et sa misère. Nous sommes inachevés. Nous sommes des êtres de manque, de creux et de vide. C’est bien parce que nous sommes en partie évidés, creux que nous sommes néoténiques. Cette déchirure est pour reprendre la terminologie d’Heidegger un existential, c’est-à-dire qu’elle nous définit comme humain.
Cet inachèvement ontologique génère une souffrance sourde et imperceptible. L’homme ressent le désir de combler cette infra souffrance en complétant son être.
Si l’on considère que tout désir consiste à combler un manque, le désir d’achèvement concerne l’existence elle-même et non pas seulement un de ces aspects, comme la soif, la faim ou la convoitise.
Il me semble que l’on peut distinguer 4 façons de combler ce désir d’achèvement, 2 positives et 2 négatives. Dans chaque cas, désir d’achèvement positif ou négatif, deux options existent, une personnelle, l’autre sociale.
Voici un descriptif rapide de ces 4 modalités du désir d’achèvement :


Pléonexie  ou désir d’achèvement personnel négatif.


La pléonexie  désigne le désir de posséder toujours plus. Cette convoitise illimitée concerne aussi bien les biens matériels (richesse, biens de consommation, territoire) qu’immatériels (prestige, statut social ou symbolique).
Le désir de complétude qui est à l’origine de la néoténie est comme dérivé en désir de possession infinie. L’homme se réconforte de n’être qu’un avorton, un homoncule en se récompensant de cette blessure narcissique par des accaparements.
L’histoire de l’humanité peut être vue comme une histoire de la pléonexie.
Les groupes humains les plus violents confisquent le pouvoir afin d’assouvir leur désir de pléonexie.
Selon les âges et les civilisations, cette pléonexie se manifeste différemment. A l’époque féodale, la territorialité et l’honneur (comme capital immatériel) sont associés à la noblesse. La bourgeoisie aspire à la richesse qui permet de tout acheter. Le capital est l’outil parfait de la pléonexie dans une société ou le marché triomphe puisque la monnaie permet de tout acheter. Il faut repenser le capitalisme du désir au dela de l’opposition entre la valeur d’usage et la valeur d’échange. Nous définirons la monnaie comme une quantification du désir pléonexique.
Comme le révèle le « mastermind » Mandeville, ce ne sont pas uniquement les classes dominantes qui sont sensibles à la pléonexie. Dans un texte formidable « recherches sur l’origine de la vertu morale » Mandeville nous révèle l’incroyable duperie que subissent les classes laborieuses. Pour acheter la soumission des pauvres, qui ne peuvent assouvir strictement leur pléonexie, les puissants vont leur offrir en lieu et place d’une richesse matérielle un bien immatériel qui ne coute rien : la flatterie. Le pauvre renonce à la jouissance que promet la pléonexie pour recevoir la considération des puissants, qui lui donnera l’estime de lui-même capable de satisfaire sa néoténie. Cette considération du puissant pour son laquais est comme la caresse d’un maître pour son chien : triomphe absolu de la domestication qui est aussi le deuxième dérivatif négatif de la néoténie.


La domestication : ou désir d’achèvement social négatif.


La domestication est donc la deuxième transcription de la néoténie dans nos comportements, non pas individuelle comme la pléonexie mais bien sociale.
L’incomplétude existentielle est très douloureuse. La souffrance isole, elle individualise et crée entre les être un carcan solipsiste. Elle confronte les hommes à leur solitude existentielle. Toute souffrance est ainsi l’aveu d’une solitude. Le néoténique va confondre la souffrance de l’incomplétude et la solitude et la solitude elle-même va devenir le rappel de la souffrance et être en soi insupportable. Pour évacuer la souffrance, le néoténique va fuir la solitude de façon négative dans la domestication et qui est pour Nietzsche « l’instinct du troupeau ». Il s’agit exactement de cela, d’abdiquer cette partie de l’intégrité qui est personnelle pour le conformisme et l’obéissance qui sont les deux manifestations de la domestication. Le conformisme est la peur de la différenciation. Elle est ancrée dans notre instinct grégaire qui craint plus que tout d’être rejeté du troupeau. Cette peur est pour beaucoup d’Hommes insoutenable et afin de l’éviter, l’être domestiqué va « retourner » dans le rang, se conformer à l’opinion générale et éviter préventivement tout comportement qui pourrait le désigner au groupe comme différend. L’obéissance à l’autorité est cette propension à obéir à l’alfa de la meute. Les primatologues expliquent volontiers que les grands singes dans leur fonctionnement social se conforment aux ordres d’un patriarche ou d’une matriarche et dès lors que l’autorité du chef est établie et n’est pas contestée se conforment à tous les ordres, même les plus aberrants ou monstrueux s’ils semblent légitimes. Le pouvoir va chercher à renforcer son emprise et la fascination qu’il exerce sur la masse, le troupeau en se drapant de la légitimité qui est un marqueur symbolique ou physique (la violence) de l’autorité. Lorsque les justifications idéologiques du pouvoir tombent, celui-ci en revient toujours à ce qui est son vrai fondement : le pouvoir de commander repose sur la force, qu’elle soit matérielle ou immatérielle. L’expérience de Milgram montre en psychologie sociale la puissance décisionnelle de la soumission et du conformisme dès lors qu’elles sont habilement manipulées par les dépositaires du pouvoir.

On comprend aisément que les deux formes négatives (pléonexie et domestication) loin de s’opposer se complètent. Ceux qui détiennent le pouvoir le font souvent pour exercer leur pléonexie en plaçant ceux sur lesquels s’exerce le pouvoir en situation de domestication.
Nous allons envisager maintenant les deux formes positives de l’évitement de la néoténie. Nous les présenterons comme autant d’accomplissements individuels et collectifs du potentiel humain.


Le perfectionnement : désir d’achèvement personnel positif

Toute la tradition philosophique est pleine de cette admonestation au perfectionnement. On la trouve dans le discours de la dignité humaine de Pic de la Mirandole, dans Émile ou de l’éducation de Rousseau et chez tant d’autres auteurs.
L’imperfection existentielle de l’homme n’est pas forcément une malédiction. L’imperfection peut être un appel, un désir de perfectionnement.
La déchirure ancrée au cœur de notre existence crée un manque à combler et nous pouvons le combler en devenant meilleur dans ce que nous faisons et ce que nous sommes.
Comme un athlète va sculpter son corps à forces d’exercices et d’ascèse physique jusqu’ à obtenir un corps beau et harmonieux, habile, fort et endurant dans ce qu’il entreprend, l’esprit peut aussi bénéficier de l’érudition, de la sagesse, de la perspicacité et du développement de la mémoire, du sens critique, de la faculté de raisonnement, d’abstraction ou du bon sens. Quand on cherche à exceller dans une activité, on finit par développer ses aptitudes. Celui qui se perfectionne cherche en permanence à devenir une meilleure version de lui-même. Il apprend à sculpter sa statue et il aime cela. Le développement de ces facultés et capacités le remplie de joie, mais aussi d’exigence envers lui-même. Le perfectionnement ne comble jamais vraiment le désir néoténique. Le perfectionniste ne connait pas la paix. Mais cette soif d’absolu, ce désir d’amélioration est comme un aiguillon permanent, une ascèse qui le rend meilleur. Loin de l’emplir d’orgueil comme le pléonexe, le perfectionniste vie toujours dans une extrême humilité. C’est d’ailleurs quand cette humilité disparait que l’on peut supposer que le perfectionnement a été en partie remplacé par la récompense sociale ou immatérielle, la considération sociale ou les bienfaits qu’entraine souvent le statut d’expert. Voila pourquoi le perfectionniste doit fuir les honneurs et les récompenses comme la peste qui vont gâter son désir, l’altérer et le dévaluer. Le perfectionniste est un assoiffé d’absolu.
Quand il sculpte son être comme un joailler une pierre précieuse, le perfectionniste peut entrevoir le développement des qualités morales, de caractère qui ont été si bien décrites dans l’étique d’Aristote. Il existe bien un pont entre l’achèvement personnel et l’achèvement social.

L’entraide ou l’achèvement social positif.

Nous définirons l’entraide comme le contraire de la domestication. Cette dernière crée des chaines hiérarchiques entre les êtres. Les puissants prennent plaisir à créer de vrais échelles de servitude, sorte de domestication en cascade. L’esclave est consolé de sa servitude quand on lui donne un esclave personnel.
Au contraire, l’entraide n’existe qu’entre égaux existentiels. Il est possible d’accomplir l’inachèvement dans la collectivité positive des égaux et des hommes libres. Le sentiment associé est celui de la solidarité de destin. Nous sommes tous appelés à un moment de notre vie d’être en situation de vulnérabilité. Nous serons bien heureux à ce moment la de compter sur l’aide d’un égal.
En anticipant cette vulnérabilité, nous proposons une sorte de pari fraternel. Je t’aide présentement au moment ou tu es dans la détresse car je serai heureux de pouvoir espérer l’aide d’un frère lorsque je serai à mon tour dans la détresse.
L’entraide peut contaminer des groupes entiers. A une échelle granulaire, elle concerne deux hommes, mais le principe peut facilement s’étendre à des groupes d’égaux, capable de prendre une sorte d’assurance en la personne de la collectivité solidaire et mutuelle. Le groupe vient alors au secours d’une personne en danger. Le groupe se renforce par ce darwinisme inversé, véritable ruse du vivant pour perpétuer le vivant.
L’entraide peut mener jusqu’au sacrifice lorsque conscients que nous existons non plus uniquement individuellement mais comme une déclinaison du tout, nous sommes capable de sacrifier la fleur de notre vie singulière à la survie de l’arbre tout entier.
Kropotkine a montré que l’entraide est le contraire parfait de la charité qui est toujours unilatérale et s’exerce toujours du puissant vers l’opprimé. La charité est la compagne de la domestication et du pouvoir. Elle humilie ceux qui la reçoivent lorsqu’ils sentent qu’ils n’auront jamais la possibilité de payer leur dette en retour.


Voila, j'espère que le texte n'est pas trop assommant Sleep
Revenir en haut Aller en bas
https://epiphanie.forumactif.org
burbigo2




Messages : 1
Date d'inscription : 18/04/2020

Néotenie - petit texte de philo Empty
MessageSujet: Re: Néotenie - petit texte de philo   Néotenie - petit texte de philo Icon_minitimeSam 18 Avr - 15:00

Non, le texte n'est pas du tout assommant, au contraire, il est extrêmement intéressant, merci beaucoup !

_______________________________________________________
TweakBox word counter Tutuapp


Dernière édition par burbigo2 le Jeu 4 Juin - 14:23, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
Admin
Admin
Admin


Messages : 1641
Date d'inscription : 13/09/2008
Age : 51
Localisation : Proxima du centaure

Néotenie - petit texte de philo Empty
MessageSujet: Re: Néotenie - petit texte de philo   Néotenie - petit texte de philo Icon_minitimeSam 9 Mai - 12:48

Développement personnel et perfectionnement.


Pour faire suite à mon texte précédent, je voudrais préciser ce qui oppose et distingue développement personnel (envers lequel je suis assez critique) et perfectionnement.
Nous avons vu dans le texte précédent, qu’il y avait 4 moyens de répondre à l’incomplétude existentielle de l’Homme (un pont entre l’animal et le surhomme pour Nietzsche) : 2 moyens négatifs (la pléonexie soit l’accaparement et la domestication) et 2 moyens positifs (le perfectionnement et l’entraide).

Nous allons maintenant traiter plus précisément de perfectionnement et de son corollaire négatif le développement personnel

Commençons par ce dernier : le développement personnel propose un moyen par lequel un individu ou un groupe peut développer ses capacités physiques, psychiques, sociales, relationnelles ou spirituelles (ce qui est plus difficile à mesurer)
Rien que de très bon à première vue et on ne comprend pas bien ce qui le distingue du perfectionnement.
Souvent, le développement personnel se présente comme une thérapie : philo thérapie (dévoiement de la philosophie pour soigner et guérir), psyco thérapie, gymno thérapie, etc.
Tour à tour les arts martiaux (aïkido par exemple), la religion (bouddhisme), la  psychologie, la sophrologie, la religion souvent gnostique (soufisme, kabalah, gnose chrétienne), le syncrétisme (new age), le paganisme, l’animisme seront sollicités.
A ce stade, je veux rassurer mon lecteur : je ne critique aucune de ses disciplines : j’ai à titre personnel beaucoup pratiqué aïkido. Je ne critique que le dévoiement de ces activités, le passage du perfectionnement au développement personnel.
Ce qu’il faut retenir, c’est qu’en tant qu’elles sont considérées comme des thérapies, on glisse dans le domaine médical et paramédical du soin apporté aux souffrants.
L’ensemble des afflictions humaines, de l’ignorance à la sécheresse affective sont vues comme des maladies à un degré ou l’autre.
Ce passage est important :
Au moyen âge, l’inquisiteur se considérait comme un médecin de l’âme. Le corps était horriblement tourmenté par les familiers de l’inquisiteur pendant la question, mais celle-ci était vu comme une opération chirurgicale. La souffrance était infligée pour restaurer la santé spirituelle de l’hérétique, du païen, de la sorcière. L’inquisiteur selon ses propres dires ne prenait aucun plaisir aux souffrances infligées au corps du relaps, mais celles-ci étaient un moyen de faire renoncer le pécheur au mal et de restaurer son âme chancelante et corrompue par le péché.
Je vais sans doute choquer, mais je pense que le développement personnel fonctionne sur les mêmes principes que l’inquisition :
Tout mal nécessite médecine et toute médecine nécessite médecin qui est porteur d’un savoir spécifique non accessible au commun.
Voila le cœur du problème : le développement personnel ne cherche nullement à émanciper, mais au contraire à renforcer le besoin de « médecine » un peu comme dans le malade imaginaire Argan ne peut renoncer à l’emprise de la médecine et des médecins qui guident et régissent sa vie.
Le développement personnel aliène à la médecine et souvent au médecin tandis que le perfectionnement émancipe : le perfectionniste (ce que j’entends ici de façon positive) est l’auteur et l’instrument de sa propre ascension, de son développement. S’il ne reçoit la médecine, ce n’est qu’en vue de l’apprendre et de devenir autonome, son propre médecin, son propre juge, son propre maître.

Cela me conduit à faire une distinction entre le bon professeur que j’appellerai émancipateur et le mauvais professeur qui est un maître et facilement un bourreau et un despote.
Kant résume à lui seul ce qu’on attend du bon professeur, le pédagogue :
« Il ne doit pas porter l’élève mais le guider, si l’on veut qu’ à l’avenir il soit capable de marcher lui-même ».
L’émancipateur cherche à développer le savoir et l’indépendance de son élève afin que très vite il soit capable d’apprendre par lui-même. Il est heureux si son élève le dépasse et lorsque celui-ci vole de ses propres ailes.
Au contraire, le faux professeur, le maître cherche  à renforcer son emprise sur ses élèves. Ceux-ci doivent être à jamais dépendants de son message, de sa médecine. Pour cela, le maître va établir un mur épistémologique entre lui et l’élève.
Il fera en sorte d’être toujours nécessaire à la médecine, un peu comme le prêtre du moyen âge (et jusqu’ à la réforme luthérienne sans doute) était seul connaisseur du latin et du message des écritures.
Pour l’émancipateur, l’essentiel est le message et tout le monde peut y accéder. Pour le dire en termes protestants, chacun peut être le ministre de son culte.
Pour le maître, il y a une gnose, une vérité inconcevable directement par l’élève. L’essentiel ce n’est pas le message mais le messager qui est le sésame, la clef permettant d’accéder à la gnose, au remède.

Ce qui est plus grave encore, c’est que comme Diaphoirus dans le malade imaginaire, le maître médecin aime la maladie. Sans maladie, son commerce devient inutile. Non seulement il est le seul à pouvoir soigner, mais il ne faut pas que l’élève, le patient malade guérisse jamais. Il faut que le mal perdure et si c’est le cas, ce n’est pas la médecine ou le professeur qui est en cause mais l’élève qui n’a pas été assez bon, obéissant, servile. Un véritable lien sado masochiste se crée entre le maître médecin et l’élève patient. On l’a compris, je viens de décrire le mécanisme fondamental des sectes.

Les sectes se nourrissent du développement personnel comme les abeilles du miel. Certaines disciplines sont suffisamment confuses et complexes, hermétiques et secrètes pour constituer des pièges à glu pour des personnes en souffrance.
Mais parce qu’elles avancent masqués, les sectes n’aiment pas dévoiler les mécanismes que je viens d’exposer et elles vont se présenter comme des moyens de perfectionnement, ce qui est exactement le contraire.
Cette méthode du loup déguisé en agneau conduit à un discours très jésuite de la dissimulation et du mensonge permanent. Le nirvana est toujours le bout du chemin, l’objectif final et non comme dans le perfectionnement le moyen lui-même. Si le disciple patient ne ressent pas encore les bienfaits, c’est qu’il n’est pas encore allé assez loin dans la voie de l’obéissance et du masochisme.
Quand la secte se constitue sur une échelle collective, les mécanismes décrits par Milgram dans sa célèbre expérience d’obéissance à l’autorité (le maître et médecin) et de conformisme au groupe (la crainte d’être rejeté du groupe) se conjuguent pour créer la servitude volontaire.

Voila, j’arrive au terme de mon propos. Je pense avoir dévoilé les mécanismes de la servitude qui distinguent le perfectionnement (qui me semble souhaitable) du développement personnel (tel que je l’ai défini).

Finissons par une petite anecdote : j’aime beaucoup le philosophe Frédéric Lenoir. J’ai lu son livre sur Spinoza avec délice et ma fille a bénéficié de sa méthode d’éveil philosophique pour enfant. J’écoutais avec ravissement son émission Les racines du ciel avec l’incroyable spécialiste du soufisme Leili Anvar.
Cependant, quand je lis le titre de son dernier livre « la sagesse expliquée à ceux qui la cherchent » j’ y trouve une formidable prétention. Quoi ? Monsieur Lenoir serait détenteur de la sagesse et il condescend à nous la transmettre. J’ y vois comme l’aveu du passage du perfectionnement au développement personnel.

Portez-vous bien !
Revenir en haut Aller en bas
https://epiphanie.forumactif.org
Contenu sponsorisé





Néotenie - petit texte de philo Empty
MessageSujet: Re: Néotenie - petit texte de philo   Néotenie - petit texte de philo Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Néotenie - petit texte de philo
Revenir en haut 
Page 1 sur 1
 Sujets similaires
-
» witcher et philo
» PHILO - espace de travail
» 2 petits textes de philo politique
» Petit guide de survie en propagande
» Au petit Bokustor - auberge uz - discussion entre personnages

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Epiphanie :: Général :: Hors jeu de rôle-
Sauter vers: