Messages : 2412 Date d'inscription : 15/09/2008 Localisation : NY ou CLUB DE L'ABSYNTHE
Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Mer 27 Jan - 18:13
les bardes Adhara la Magnificente et Moka Garolo
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Geai moqueur : "Moka Garolo" c'est tout simplement le geai des chênes ! un magnifique corvidé
et possibles visage de costumes "humains" :
les cheveux ébouriffés, ou coiffés avec des mèches et teints en roux. un leger fond de teint et quelques fards (elfiques ! pour les grandes occasions), et surtout une constellation de taches de rousseurs sur le nez et les pomettes. des habits assez excentriques (mais absolument pas vulgaires !) souvent "à la garçonne" ou "ethniques" des peintures corporelles à dominante (parfois noir, parfois bleu, ou violet etc), selon l'humeur des lentilles alchimiques faites par Arganteal (merci !!!!!) qui donnent une teinte vert - émeraude au yeux assez irréelle et saisissante.
c'est des GUSLI, instrument en bois et cordes russe. mais là, c'est bien Philomène !
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Mer 27 Jan - 19:49
avertissement :
ce texte est écrit uniquement dans le cadre ludique et fictif de ce jeu de roles. c'est une fiction. il exprime les opinions du personnage fictif.
MARIONNETISTE
Tu nous fais bosser pour payer ton beau carrosse Pour nous mater tu nous envoie tes gros molosses Pour un mot C’est la corde ou bien l’échafaud Les gens n’se parlent plus Tellement ils sont fourbus
Tu voudrais nous détruire pour faire ton bénéfice Tu voudrais nous punir en parodie d’justice Tu voudrais garder Ton or comme un dragon Ploutocrate né Pléonexe du croupion
Marionnettiste ! Tu perds ton sang froid Repense à toutes ces années de sévices ! Marionnettiste ! Poupée corrompu des Abysses ! Les idéaux trahis, c’est toute ta félonie
Manipuler les gens est devenu passe-temps En leur mentant tu leurs mets des carcans Dans tes calculs Tu plonges sans scrupules Et tu spécules crapule Comme une vieille tarentule !
Mais cesse de faire du blé Apprends la charité Bouge te ton gros antre Et rentre un peu ton ventre ! Relève ta gueule Nous sommes là, t’es pas seul ! Ceux qui tu as trahi Ne sont plus assoupis
Marionnettiste ! Tu perds ton sang froid Repense à toutes ces années de sévices ! Marionnettiste ! Poupée corrompue des Abysses ! Les idéaux trahis, c’est toute ta félonie
Tu bosses toute ta vie pour payer ta pierre tombale Tu masques ton visage en lisant ton journal Tu marches tel un robot dans les couloirs du métro Les gens ne te touchent pas, faut faire le premier pas
Tu voudrais dialoguer sans renvoyer la balle Impossible d'avancer sans ton gilet pare-balles Tu voudrais donner des yeux à la justice Impossible de violer cette femme pleine de vices
Antisocial, tu perds ton sang froid Repense à toutes ces années de service Antisocial, bientôt les années de sévices Enfin le temps perdu qu'on ne rattrape plus
Écraser les gens est devenu ton passe-temps En les éclaboussant, tu deviens gênant Dans ton désespoir, il reste un peu d'espoir Celui de voir les gens sans fard et moins bâtards
Mais cesse de faire le point, serre plutot les poings Bouge de ta retraite, ta conduite est trop parfaite Relève la gueule, je suis là, t'es pas seul Ceux qui hier t'enviaient, aujourd'hui te jugeraient
Antisocial, tu perds ton sang froid Repense à toutes ces années de service Antisocial, bientôt les années de sévices Enfin le temps perdu qu'on ne rattrape plus
Qu'on ne rattrape plus
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Jeu 28 Jan - 17:10
avertissement :
ce texte est écrit uniquement dans le cadre ludique et fictif de ce jeu de roles. c'est une fiction. il exprime les opinions et parle des personnages fictifs.
La Java de Gabriel RosaMundi
Mon oncle un fameux ploutocrate Faisait des automates Des lance-feu alchimiques
Sans jamais avoir rien semé Il récolta tout plein de blé Avec ces mécaniques
Il pillait les anciennes forêts Des archipels et autr’contrées Pour faire ces armes horribles Et le soir il se prélassait Bien repus et paisible Dans son splendide palais
Pour fabriquer une lance-feu « A » Braves mages, croyez moi C’est vraiment de la tarte ! La question des rejets toxiques Me parait prosaïque C'est de cell's qu'on écarte
Il suffirait de faire couler Dans les ruisseaux, forets Ces miasmes chaotiques
Les p’tits seigneurs désargentés Accepteront contre monnaie Cette corruption modique !
Je suis plus riche que le Roi ! Je fais c’que j’veux, c’est mon droit !
Il recherchait en quincailler A qui vendre ces affreux jouets De façon méthodique
Il sillonnait les océans Créant conflits et soulèvements Et invasions tactiques
On voyait à son air repus Qu’il se gavait comme une sangsue Mais on n'osait rien dire A ce Crésus à grasse panse Et banquier de notr’ Sire Surintendant d’finances !
A mesure qu’il vendait ses armes Créant vacarmes et larmes C’est Oecoumene qui souffre !
Soyons sérieux disons le mot C'est même plus un chaos On va vers le Grand Gouffre !
Voilà des mois et des années Que les mages ont abandonné Le bien-être du peuple ! Que leur pouvoir vascille tellement Qu’ils ne pensent plus aux habitants Mais à sauver leurs meubles…
Je suis plus riche que le Roi ! Je fais c’que j’veux, c’est mon droit !
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Jeu 28 Jan - 19:29
Moka-Moka
Je suis née à Villon Je suis née pour chanter Et si vous m’écoutez J’en serai enchantée
J’aime les fleurs en hiver Et la neige en été J’aime les arcs-en-ciel Et les mondes enchantés
Comme mes poches sont trouées Je vis en liberté Je chante ce que je veux Sans entrave ni collier
Je suis un baladin Des mots qui viennent du cœur Allez-vous accuser De blasphèmes un jongleur ?
* * *
Vous aimez ma folie ! Moka Moka Moka Quand je déchaine mes rimes Moka Moka Moka Je suis un geai des chênes Moka Moka Moka Un petit oiseau bleu
* * *
Le Villonnais, c’est mon nid, C’est ma terre, c’est là qu’je vis De Thétis j’ai bu le lait De son corps morcelé. Je suis sang-mêlée. Mon cœur résonne Je déraisonne Les fleurs des champs sont ma seule couronne Je suis Reine des prés Mi-dorée mi-moirée Je suis un oiseau Et je chasse les mouches Et si vous m’écoutez Ne soyez pas farouches Car je suis amoureuse Du monde à la folie
* * *
Vous m’appelez « gamine » Moka Moka Moka Mais vous aimez mes rimes Moka Moka Moka Je chante car je veux vivre Moka Moka Moka Faites-moi taire et je meurs !
* * *
Quand mon cœur se brise Je pleure : c’est la pluie Mais je crois aux arcs-en-ciel … C’est ma folie !
* * *
Je vous chante ma vida Moka Moka Moka Lorsque mon cœur est vide Moka Moka Moka Je chante car je veux vivre Moka Moka Moka Je suis un oiseau bleu
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Ven 29 Jan - 14:55
Je n’ai jamais pensé que je puisse un jour être druide-barde, comme ma mère ! Mais là, depuis quelques semaines, c’est comme si il y avait une brèche dans la cruche que je suis : il faut que ça coule ! Je n’ai même pas essayé de retenir les mots, c’est impossible, c’est comme essayer de retenir des spasmes.
Je n’ai rien mis par écrit. C’est Tabou. Maintenant je comprends pourquoi une des conditions pour devenir Druide est une mémoire parfaite. En fait, si, j’ai pis par écrit des vers, mais sur du sable, si j’étais sur la jetée, ou dans la poussière du sol. Une fois la chanson « accouchée », je la mémorisais et effaçait les traces écrites. Ça c’est toléré.
J’ai présenté mes ritournelles à Aalis, Argantael, Eli, Retheniel quand il était de passage. Nous avons eu des projets d’un groupe de bardes, avec Aalis, des idées de mise en scène, de costumes … Nous avions ces projets tant que les chansons restaient lyriques, ou légères. Quand j’ai présenté des vers satyriques le ton a changé. Je comprends. Ne pas attirer des problèmes sur Kersaint. Ni sur Tael, ni sur Aalis.
Le souci, ou plutôt le fait, est que je me sens comme une éponge de mer : je m’imbibe actuellement de tout, mais vraiment tout ce que les autres ressentent ou expriment. Je me suis sentie plusieurs fois agoniser comme étranglée quand je décrochais les pendus des Riverais. J’ai senti la faim de cet hiver qui a tué tant de villonnais. J’ai ressenti la claque que le Roi Abélard a donné à une servante. J’ai pleuré intérieurement avec le Prince Bess quand il devait divertir les chasseurs noirs. Et quand j’ai reçu la lettre d’Alfadr, je l’ai lue, relue re-relue, gravé en ma mémoire chaque mot, chaque ondulation (qui sont comme des intonations de voix : j’avais vraiment l’impression que c’est sa voix que j’entendais), j’ai ris de joie en la recevant, de joie et d’admiration devant une telle grandeur d’âme. J’ai pleuré comme un engoulevent la veille d’un orage, je me suis endormie dessus en pleurant, et au réveil, l’encre avait coulé sur des feuillets illisibles, et ma joue était complètement barbouillée. J’y vois un signe : rien n’est gravé dans nos échanges « épistolaires », le Tabou est respecté. Nos échanges et leur nature sont acceptés par l’œuf/Sof. Enfin, tout ça pour dire que c’est comme si j’ai bue toute l’encre des mots, et que ça devait sortir d’une façon ou d’une autre.
C’est aussi pour ça que je me sens à cran !
Loa allait décroissant. Loa allait vers Mara…
Je comprends Argantael et je respecte sa décision. Il agit par devoir et par le sens des responsabilités. Je comprends Aalis. Elle est prudente. Je respecte sa décision.
Mais j’ai besoin de chanter !
Alors je chanterai seule certains textes. Je chanterai et les confierai à la magie des Cristaux. Ils ne m’appartiendront plus. Je ne suis que la voix.
Je prendrai apparence de Moka Garolo, ou Moka-Moka, c’est plus simple à se rappeler. Avec ses cheveux roux (je n’ai trouvé que du henné dans l’échoppe de Kassim ! ou sinon un perruque devrait faire l’affaire), ses taches de rousseur et ses yeux verts (lentilles de Tael). Pas de magie. Aucune magie ! Et je chanterai…
Si Aalis veut bien m’apprendre quelques recettes de poudres-paillettes-fumées spectaculaires, ce sera avec plaisir ! Elle est tellement douée ! C’est une grande Artiste ! Elle a bien voulu : quelques rudiments ! Maintenant je me maquille mieux. Je sais même porter un corsage et me coiffer avec des épingles ! Je sais faire des fumées colorées…
Pour l’instrument, j’ai emprunté de gusli de Ava, ou de Paloma (je crois que ma mère en jouait avant… parfois …). Par contre je vais m’arranger à ce qu’on ne les voit pas dans le cristal, et je vais jouer sur les ombres et les reflets qu’on ne distingue pas vraiment l’instrument. Et aussi un chaudron d’étain du château (j’aime bien le son, c’est plus percutant qu’un tambour avec peau, et on peut moduler en le remplissant de sable un peu, et aussi avec ce qu’on frappe (bois, os, pierres…).
Loa allait vers Mara…
Depuis deux ou trois jours, ça allait de pire en pire, ou d’étrange en étrange. Je sentais l’influence grandissante de Mara. Les brumes revenaient, sombres, poisseuses, me collant à la peau, dansant devant mes yeux. Ava a bien vu que je fuyais toute compagnie, que je ne mangeais plus, elle ne disait rien. Je me suis retirée même dans la foret, je me suis faite un nid, un refuge entre quelques rochers et branches. Je m’y suis entrainée. Jouer d’un instrument et chanter en même temps demande une concentration particulière.
Et puis la nuit de Mara était sur le point de venir.
J’ai chanté dès le début du crépuscule.
J’ai chanté tout ce que j’avais en mon cœur. Ou plutôt cette Moka-Moka a chanté tout. Je me sentais bruler comme l’horizon du couchant, comme si toute lumière stable se dissolvait et devenait libre, et simultanément par un procédé comme alchimique devenait ombre libre. Tout ce qui était retenue en moi fut libéré par Moka-Moka, du moins pour un cycle, jusqu’à la prochaine Mara.
J’ai terminé quelques instants avant que Mara ne stabilise l’ombre du ciel. Et j’ai accueilli cette ombre en moi, ma part d’ombre.
Je sais que ces chants ont été captés par le Cristal. J’ai senti aussi que les cristaux entrent en résonnance entre eux… je sais que je risque d’attirer l’attention du Cristallier, un dieu nouveau, mais pour l’instant je compte sur mon insignifiance…
J’ai chanté pour Alfandr…. Toutes mes chansons étaient pour lui, toute ma voix, les mots et les silences…
Quand Mara est venue vers moi, je me sentais épuisée et vidée. Voilà, vidée est le bon mot.
Je suis restée cette nuit allongé sur un tapis de feuilles mortes, à fixer le ciel entre la dentelle des branches dénudées. Mara est passée. Les premiers flocons de neige ont commencé à virevolter autour au petit matin et rejoindre les broderies de givre au sol.
J’étais vidée, prête à me remplir de chants nouveaux.
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 31 Jan - 14:26
Alexeï Aime les glaces Il vit dans Un palace Les Mages Gris Sont terrés Dans des terriers secrets secrets
A Nibel Il fait froid On y boit D’la vodka Si un tigre Vous croise Il faut courir plus vite qu’une hase
Alexeï Alexeï Alexeï a dit Alexeï adore Alexeï est un grand Imperator
Alexei Aime les chants Des poemes Glorifiants Car sinon Le bon barde Finit son blues au bout d’une hallebarde
Les cageots Sont remplis De complaintes Litanies Dans les cages De terne Les chantres sont pendus au bout des lanternes
Alexeï Alexeï Alexeï a dit Alexeï adore Alexeï est un grand Imperator
Qu’il est bon De brailler Au bout d’la Chaine rouillée Qu’il est beau Ce licol Je vous divertis et je batifole
Mais l’ombre Se fait dense Sous le trône De puissance Les voix de La souffrance Balancent leurs cœurs et chants au bout des potences…
Alexeï Alexeï Alexeï a dit Alexeï adore Alexeï est un grand Imperator
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 31 Jan - 18:44
Même si tout est gris, je t’aime à la folie
Je te guette Tu me donne Une ivresse Sans vouloir Je te chante M’abandonne En tendresse Au désespoir
Je chante le soir quand la lumière faiblit Ou bien à l’aurore quand l’horizon pâlit La plaie c'est ça: une douleur diffuse Echos des prophéties Tu vois, je porte le sacerdoce De Rind et de Minos !
C'est bien ma peine Je souffre en douce J'attends sereine Sa voix est si douce
Je pleure le soir quand la lumière faiblit Comme une pluie fine qui me poursuit la nuit, la nuit, la nuit Je savoure la nuit l'idée de vous aimer Même si Mara m’a dit « il ne t’aimera jamais ! »
Même si tout est gris, Je t’aime à la folie Un long silence suit Les cent nuances de gris Sentiment qui Me mène à l'infini Mélange du pire, de mes désirs, Je t’aime à la folie
Même si tout est gris, Je t’aime à la folie. C'est l'élixir de mes délires, Quand je chante la nuit Entends-moi, je t'en prie, Dans le ciel obscurci, Je me perds dans l’éclat hagard Des mille nuances du noir
Echos sentimentaux : Éclats dans les cristaux Chaque fois que l'on me dit C’est qu’un cui-cui d’oiseau Et moi je dis qu'une sauvage née Vaut bien d'être estimée Après tout elle égaie par ses chants Les humbles et les puissants ! et toc !
C'est bien ma peine Je souffre en douce L’ombre me saigne La sève éclabousse
J'ai comme une idée de l’immortalité Comme une idée triste qui but l’eau du Léthé En somme c'est ça: pour pouvoir chanter je ne puis que t’aimer Mais là, mais là, mais là, si en retour Tu m’aimes, je ne chanterai plus, alors?
Même si tout est gris, Je t’aime à la folie Un long silence suit Les cent nuances de gris Sentiment qui Me mène à l'infini Mélange du pire, de mes désirs, Je t’aime à la folie
Même si tout est gris, Je t’aime à la folie. C'est l'élixir de mes délires, Quand je chante la nuit Entends-moi, je t'en prie, Dans le ciel obscurci, Je me perds dans l’éclat hagard Des mille nuances du noir
Jezabel Charlotte
Messages : 2412 Date d'inscription : 15/09/2008 Localisation : NY ou CLUB DE L'ABSYNTHE
Avez-vous déjà été dans les terres de Nibel ? J’ai pu récemment me rendre à Mourom, en début de l’hiver. La neige y est différente de chez nous. Les flocons sont plus grands, durs comme des cristaux, ajourés comme les entrelacs de dentelle…
La lumière du trône des glaces est bleutée et scintillante comme le givre au zénith d’El. Et son ombre me semble bien tenace aussi, d’un froid mordant des vents du nord, qui vous transpercent la chair jusqu’aux os.
Je crois que je suis fille de Rind, mais mes chants peuvent aussi plaire à Minos.
Je vous épargne les détails (j’étais alors mandatée du Secret du Roi et conseillère pour les fiançailles du Prince Phallaris Numa), mais je me suis retrouvée dans les souterrains du Palais Rouge, des couloirs aux plaques de terne vissées, des cachots et cages… J’ai entendu des cris, une voix qui me semblait familière, celle d’un barde admiré et respecté pour ses chants, le Volkhv Piotr Akhmatov. Je n’ai pu me retenir, et fis irruption dans cette pièce, une salle avec des instruments étranges et effrayants de terne pur, et le Volkhv était supplicié devant l’impassible Yvan Yvanov. Je me jetai à ses pieds, suppliant grâce, mais il me répondit que ce n’était que sur ordre du Tzar, que seul le monarque pouvait gracier. Et j’ai lu dans les yeux de Piotr que le prix de la grâce serait l’abjuration des chants qui ont déplu au Tzar, ces chants qui l’ont conduit dans ces cachots. Je pense que vous comprenez ce que cela signifiait pour lui. Alors je n’ai pas réfléchis, je lui ai proposé d’appeler la main de Minos pour abréger ses souffrances. Il accepta. Alors, tandis qu’il était emmené dans son cachot, j’ai chanté. Une de ses chansons de jeunesse. Un chant d’amour pour Nibel. Vous, savez, celui qui l’a fait connaitre à toute Nibel et au-delà. Celui qui parle des immensités de terre et de ciel de Nibel, de la majesté de ses taïgas, de la douceur de ses neiges, de la beauté virginale de forêts de bouleaux au printemps, ce cet amour absolu et inconditionné pour Nibel de ses enfants. Et tous ont chanté, les prisonniers invisibles dans leur cachots, le bourreau-tortionnaire, Yvan Yvanov, tous les enfants de Nibel ont chanté… Et j’avais oublié qu’il était impossible de prier les dieux depuis les cages de ternes, alors je l’ai fait. Et Minos en personne est venu amener l’âme du Volkhv, afin que cette âme chante dorénavant pour lui et les morts de son royaume ! Je n’avais pensé à rien, c’est presqu’une habitude direz-vous. Je n’ai pas pensé si Piotr avait une famille, ou des amis qui allaient le pleurer et, si seulement ils le savaient, maudire mon geste. Je n’ai pas pensé à ceux que ce barde laissait derrière lui. Je n’ai vu qu’un corps meurtri, des doigts incapables de pincer les cordes des gusli, une gorge brisée incapable de faire naitre la voix claire et profonde qu’il avait jadis. Une tristesse, presqu’un étonnement que l’on puisse malmener un chanteur pour ses vers, briser un oiseau qui ne fait que traduire en trille un chant invisible qu’il entend et qu’il ressent par tout son être.
Est-ce cela de destin des Bardes ? Être à la fois adulés et hais ? Être adorés et craints ? Être encensés et suppliciés pour les ritournelles qui ne font que passer par eux et qui une fois chantés ne leur appartiennent plus ?
Est-ce que les Mages qui suivent et enseignent les chemins de l’énergie libre peuvent connaitre un destin semblable ?
Est-ce pour vos idées que vous avez été enfermé dans la prison dimensionnelle ?
Pardonnez-moi pour ces questions si indiscrètes… Ne vous sentez pas obligé d’y répondre ! Peut-être au fond c’est à moi-même que je pose ces questions… Maintenant que j’ai prêté serment de Barde, sans y être encore un moi-même (je ne suis qu’apprentie druide, saviez-vous ?). Mais je l’ai fait sans orgueil et sans en attendre des lauriers. Je l’ai fait parce que parfois quand je chante je me sens comme une simple voix qui ne fait que traduire/transmettre.
Savez-vous que c’est ce que disait l’Arbre de Rond et de Minos, de l’époque où il n’était pas encore un arbre ? Connaissez-vous sa légende ?
La légende du Barde supplicié ou Légende de l’Arbre du Rind et de Minos
Jadis, quand les mondes et les dieux étaient encore bien jeunes, et que leurs enfants n’étaient que des peuples à l’aube de leurs existences, il y avait un Barde, un chanteur, dont la voix résonnait dans moult palais.
Mais c’est surtout sur les routes que ses chants ruisselaient, en gouttelettes multicolores sous les lueurs des astres. S’envolaient vers les mondes comme si un souffle invisible était transmuté par une gorge mortelle et prenait vie comme des multitudes d’oiseaux multicolores.
Car il avait le don d’entendre ce qui n’était que battements de cœurs, de voir ce qui n’était plus/pas/pas encore, de faire vibrer comme les cordes de ses gusli (ou était-ce un autre instrument, peu importe) le cœur et l’âme même de ceux qui l’entendaient.
D’où venait-il ? Nul ne le savait. Certains le prétendaient fils d’El et de Loa, d’autres celui des deux antiques forces primordiales, d’autres encore le disaient vomi du chaos même. Et lui en riait, des louanges qui le hissaient aux trônes princiers aussi bien des calomnies qui voulaient ternir et discréditer ses chants.
Mais le Barde en riait et continuait de chanter. Et sa voix atténuait la lumière des palais de dieux. Et rendait plus floue l’ombre que les murs de ces palais projetaient. Elle chantait dans toutes les langues, tous les langages, car elle s’adressait non seulement à la raison, mais aussi aux cœurs. Elle ravivait des doux souvenirs et faisait naitre des passions éteintes. Elle apaisait des chagrins et rendait vie à ceux que le désespoir étreignait…
Un jour les dieux en prirent ombrage. Tous les dieux, les 7 et El et Loa et par eux tous les panthéons. Et Rind et Minos furent pris à parti. Rind, car l’on l’accabla d’avoir présidé à la naissance du Barde. Et Minos, car devait juger le Barde et le faire quitter les routes des vivants.
Alors Rind et Minos convoquèrent le Barde, qui se présenta devant les dieux de Vie et de Mort sans crainte. Ils lui demandèrent d’abjurer ses ritournelles. Mais le Barde leur dit que ces chants n’étaient plus les siens, qu’une fois chantés ils s’envolaient libres, libres de se nicher dans d’autres gorges et d’autres poitrines. Ils lui demandèrent de faire taire ses chants. Mais le Barde hocha la tête et dit qu’il n’était point une cage pour emprisonner le souffle qui traverse toute chose et tout être ; qu’il ne pouvait taire les battements de son cœur qui n’étaient qu’échos de tous les cœurs de toutes les étoiles.
Alors Rind et Minos prirent ombrage devant ce double refus.
Rind, folle de rage, s’abandonna à la sauvagerie et écorcha le Barde, dénudant ainsi son cœur qui continuait à battre. Elle arracha de ses propres mains ses cordes vocales et les ligaments de ses mains, et les piétina. Minos, le front ombrageux, arracha ce cœur et le pressa dans ses mains jusqu’à ce qu’il cesse de battre, se dessèche et devienne poussière. Et il souffla sur cette poussière la faisant voler sur les mondes…
Mais cette poussière étincela portée par le souffle du vent, et de gris cendres devint une pluie de lumière intangible et chatoyante quand elle tomba sur des mondes et leurs habitants.
Et le corps écorché et sanguinolent devint monticule de terre et tronc haut et puissant. Et la peau se redressa et devint écorce entourant ce tronc.
Et les cordes vocales et les ligaments s’allongèrent, se lièrent en entrelacs. Et devinrent racines qui plongèrent dans les profondeurs des mondes, vers les royaumes de Minos. Et devinrent branches jaillissant du tronc, se couvrirent de feuilles, portant des nids d’oiseaux, comme les bras aimants de Rind.
Et quelque part au plus haut ou bien au plus bas l’on dit que les plus autres branches rejoignent les racines les plus profondes…
Il a de nombreuses légendes Philomène sur cet arbre de Rind et de Minos, ou arbre de la Vie et de la Mort. Apres tout, nous sommes des oiseaux, et les oiseaux nichent sur les branches des arbres… Dans les chants des forets enneigées, des magiciens et des scaldes se faisaient pendre sur cet arbre afin d’entendre et de comprendre les chants du vent dans ses branches… Dans les forêts près de Solon, un déesse d’un ancien âge a fait écorcher des gens et clouté leurs peaux sur cet arbre… A Nibel l’on parle d’un arbre qui est le lien entre les mondes du ciel et des mondes des morts… A Nuwa j’ai entendu parler de cerisiers aux pétales étincelants comme la poussière du cœur du Barde… Dans les récits des sourciers il existe un arbre, dont les racines sont le reflet des branches… L’on dit que c’est du bois de cet arbre qu’était fait le luth du Poète-qui-est-mort-quand-son-Luth-fut-brisé (il faudra que je vous raconte cette légende, un jour, mais elle est si triste…)…
Mais j’imagine vous en avez entendu parler aussi…
Mais j’ai peur de vous ennuyer avec ces histoires d’arbres ! Vous devez penser que je mérite bien le nom de Pie Bavarde ou que je suis pire que mon oiseau… Seulement parfois j’ai l’impression que mes histoires n’intéressent personne… et pourtant j’essaie de les faire vivre. Je les raconte parfois aux bêtes dans la foret, aux oiseaux, aux fleurs, aux flocons de neige, aux rares compagnons de route quand je marche sur une route, ou tout simplement au vent ! Vous pensez que c’est vraiment puéril et futile ?
Et je vais finir cette longue histoire sur une petite note politique :
Je vous disais j’étais à Nibel pour les fiançailles du Prince Phallaris. Il est neveu et il me semble héritier de Hyppias Numa (apprenti du PasNommable et son témoin lors de l’ancienne Alliance). Il vient de renouveler l’alliance entre les Numa (mages Noirs) et la Sorcière Zeleni (Druidesse il me semble, et aussi témoin du Mage Gris Eisen de l’ancienne Alliance). L’Alliance ces mages (Noirs et Gris) vient d’être renouvelée en les personnes de Phallaris et Vedma Koldoun. C’est un écho à l’alliance des Mages Noirs et du Théocrate Secret de Pardès…
Cela me fait penser à des ombres qui se condensent…. Ou bien que la Magie Grise pourrait être ce qui briserait les carcans de l’ombre dense… Je n’arrive pas à comprendre ce qu’est cette Magie Grise. Est-ce un chemin à la lisière ? Est-ce une non-magie, une négation qui mène à l’anéantissement ? Est-ce autre chose ?
J’espère que vous ne m’en voulez pas pour toutes ces questions… Et j’espère ne pas vous avoir trop ennuyé par mes bavardages.
A vous, Enara
Jezabel Charlotte
Messages : 2412 Date d'inscription : 15/09/2008 Localisation : NY ou CLUB DE L'ABSYNTHE
Et voilà ! A force de prêter ma petite palette de maquillage elfe à Phallaris, j’en ai plus ! Il s’en est mis dessus comme un plâtrier qui couvre les murs ! Il fallait bien ça, pour maquiller les chaires un peu pourrissantes et mangées par des vers… encore une malédiction de son Oncle. Moi je dirai plutôt que Phallaris se fait dévorer par sa propre Ombre. Et l’oncle n’y aide pas : il a dû le torturer dans l’enfance, car Phallaris en est terrorisé… (Remarque à moi-même : penser aussi à demander aux elfes s’il y a un parfum aux effets équivalents… non mais parce que l’odeur !...)
La fait est que : je n’ai plus de maquillage elfique. Il faut que j’aille à Leda. Et puis de toute façon, je ne tiens pas en place à Kersaint… Je n’ai pas des ailes pour rien, non ? Je suis un oiseau ou une souris domestique ?!
Voilà, c’est décidé !
Certains font le mur, pour aller s’amuser un peu, d’autres la clôture, et moi ce sera le miroir. Eh oui, moi aussi je peux voyager dans les reflets !
J’ai contacté Loom, cet elfe qu’on a sorti des cages de Malléus et qui vit dans le quartier Shii de Léda. Il m’a dit que je n’avais qu’à venir. Et il a fait une drôle de tête quand je suis sortie de la fontaine miroitante (il était assis à côté quand nous discutions par les cristaux). Il faut dire que ma sortie avait autant d’élégance que celle d’un canard qui bat ses ailes sur une mare et je l’ai bien éclaboussé du coup.
Et je l’ai mis aussi dans la connivence, pour Moca-Moca.
Le soir même, on a organisé un récital improvisé. C’était si romantique ! Un jardin à l’abandon, avec des antiques colonnades en ruines recouverts de lierre émeraude, un léger kiosque ouvragé, avec des crédences en bronze verdi par l’âge et surtout la pluie entrelacé avec des rosiers grimpants… une petite fontaine ronde où un poisson fantasque fait jaillir l’eau de sa bouche… et plus tard je me suis aperçue avec délectation que les jeux des ombres et lumières étaient parfaitement en accord avec mon humeur.
Pendant que je finissais mon maquillage (qui avait un peu coulé avec mon arrivée), et finissais de tresser mes cheveux, roux feu pour l’occasion, avec le lierre et les fleurs sauvages, Loom propageait la rumeur de la venue de Moka Garolo dans le quartier fermé des elfes de Leda pour cette nuit.
J’avais une peur bleue de chanter en public, comme ça, devant des gens… Loom m’a déniché un voile de soie translucide. On aurait dit un de ces voiles d’Aalis ! Ça te donnera un air plus mystérieux et un peu irréel ou « à la Pardès », m’at-t-il dit.
Je ne me rappelle pas s’il y avait beaucoup de personnes ou non. Je sais que dès l’instant où j’ai plaqué le premier accord sur mes gusli (enrubannées pour l’occasion), j’ai eu la tête qui a tourné, et j’ai perdu contact avec le sol. Je me sentais à chaque nouvelle chanson arpenter des époques et des contrées différentes, j’ai vu les reflets danser et des volutes de brume donner image éphémères à mes mots. J’ai chanté en toutes les langues que je connaissais ou presque, les chansons des Bardes illustres ou inconnus qui m’ont précédé. J’ai chanté les mélancoliques ballades Shii… Les légendes des Philomène parlant d’oiseaux merveilleux… Des contes des Glaces de Princes valeureux et de Princesses-grenouilles… Des lieds de Deisen d’amoures impossibles… Des ritournelles du Villonnais et des troubadours courtois… Et j’y ai joint les miennes. Sans distinctions, entrelaçant ces histoires comme les fils d’une dentelle tissée par des mains diaphanes d’une dentellière invisible…
Je sais que quand le silence s’était fait, Loom me passait une pommade sur les doigts qui me brulaient et j’avais mal à la gorge. Tu t’es évanouie, dit-il laconique. J’avais aussi des belles ampoules sur les doigts. Tu as du lait de chèvre, lui dis-je d’une voix enrouée. Chèvre ? fit-il avec une légère moue de dégout, quelle idée ! Un peu de vin coupé te fera plus de bien. Je n’ai pas discuté et bu le délicieux vin coupé avec beaucoup d’eau dans une belle coupe ouvragée. Il faisait jour. Je dois repartir, lui dis-je. Loom m’indiqua un miroir au fond de la pièce. Tu éclabousseras moins, dit-il.
J’ai passé le miroir avec un léger hoquet et un bon mal de crâne. A Kersaint il faisait jour aussi. J’ai émergé au château de Ogier, dans la salle des armures lustrées. Comme si mon reflet s’était décroché d’une armure et j’ai plaint la rencontre de mon séant et des dalles du château… Il faudra vraiment que mes « sorties » soient plus convenables…
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Mar 2 Fév - 18:32
Ce n’est pas si mauvais ce breuvage blanc, me dit Loom.
Elle (aujourd’hui c’est « elle ») est assise à côté de moi sur la branche haute du chêne tordu du Jardin Abandonné et nous balançons les pieds en rythme dans le vide. Je me garde de lui rappeler qu’elle a glapi comme une poule faisane quand je l’ai empoigné pour voler jusqu’à la branche.
C’est du lait de chèvre au miel, lui dis-je, croisant les doigts (pourvu qu’elle n’avale pas de travers), c’est meilleur chaud… … ou alors en sorbet, répond rêveusement Loom. J’ai dû trop lui casser les oreilles avec les glaces de Nibel, maintenant moi aussi j’ai envie de glaces !
Loom, c’est mon complice d’organisation de concerts sauvages à Leda, mais aussi à Léon (même si j’ai eu un mal fou à le/la persuader d’y remettre les pieds. C’est le soutien de Moca-Moca et son premier fan, en quelque sorte. Pour l’instant, on ose chanter que dans des villes avec une enclave elfique importante. C’est plus rassurant. Et des villes avec des jeunes. C’est là qu’on a le plus de public. Tout le reste est critère de ce que l’on ressent sur le moment. Et nous partons aussi vite et discrètement que nous venons : par les miroirs. Loom y arrive mieux que moi. C’est l’ « elfitude », dit-il/elle, sortant avec une grâce innée d’un miroir, alors que moi, dans la plupart des cas, j’en déboule comme une grive débusquée voire pire. Mais depuis qu’Argantael nous a offert ce magnifique miroir, je suis au moins certaine de bien rentrer ! Il est trop beau, ce miroir, on dirait qu’il l’a pris dans le palais de Loa, tellement il est parfait ! Même Loom l’a trouvé parfait, et elle s’y connait, en miroirs.
Je ne tombe plus dans les pommes quand je chante. C’est toujours la première fois où c’est le plus dur/intense/éprouvant, me rassure Loom, crois-en mon expérience. Je hoche la tête, docile. Expérience, oui, il/elle parle comme mère Clavel, alors que je lui donne 20 printemps à peine, voire moins, mais peut-être c’est plus, c’est compliqué chez les Shii… Mais cette sensation de me perdre dans les ballades et anciens récits, ce vertige, demeurent. Je pense ça dépend du lieu, du moment, des gens autour…
Tu chantes toujours pour la même personne… C’est une affirmation, pas une question, mais Loom attend une réponse. Quand Loom est « elle », elle est aussi curieuse qu’une mésange. Moi aussi je meure d’envie de lui demander si elle l’aurait aperçu, cette « même personne », un soir, parmi les gens qui viennent m’écouter. Mais d’une part Loom n’en sait rien, et d’autre part je ne lui ai jamais parlé d’Alfadr ni nommé. Tout est vrai dans mes chansons, dis-je sur un ton d’excuse. A Nibel, une grande Dame m’a dit que si je renonce à cet amour, je cesserai de chanter ; et que si un jour il m’aime, je cesserai de chanter aussi. Tu y crois, à cette prophétie ? Loom me fixe de ses yeux en amande fardés de paillettes. Ce n’est pas une prophétie, c’est un conte. La légende du joueur de luth qui mourut le jour où son luth fut brisé. En fait, c’est même un joueur d’oud, une version plus ancienne et de Pardès du luth.
La légende du joueur de luth qui mourut le jour où son luth fut brisé.
Il était une fois un joueur de luth. Il était le musicien le plus doué de son village, alors il alla étudier le luth loin dans la montagne, auprès d’un grand Maitre. Et il resta des années auprès du Maitre, à apprendre, car si sa technique était parfaite, il manquait toujours ce souffle à sa musique qui l’aurait fait vrai Musicien.
Un soir, par dépit, il quitta son Maitre, et s’installa dans un quartier festif de la ville aux pieds de la montagne. Il passait ses journées en rêveries, et ses nuits en plaisirs et divertissements. Et une nuit, alors qu’il jouait dans des jardins, il croisa le regard d’une Princesse, qui, charmée par sa mélodie, avait fait arrêter son palanquin et l’écoutait. Et dès cet instant, le Musicien sut que son cœur était accordé au même diapason que celui de la Princesse. Elle le manda au Palais, et il vint la divertir, soir après, soir. Mais le Sultan de cette ville vit d’un très mauvais œil l’amour naissant entre une de ses filles et un musicien vagabond. Alors il chassa le Musicien du palais et même de la ville, et interdit à la Princesse de le voir.
Alors le Musicien retourna sur la montagne, auprès de son Maitre. Les mots lui manquaient pour décrire ce qu’il avait sur le cœur, alors il joua.
Et pour la première fois de son existence, le Maitre l’écouta et fut ému. Et les oiseaux l’écoutèrent, et les oliviers, et même le vent et le ciel et Loa même.
Alors le Maitre offrit au Musicien son propre Luth, et s’inclina devant lui. Chaque fois que tu joueras, tu joueras pour elle, lui dit-il, va, par-delà les montagnes et les mers, va chanter l’invisible !...
Et le Musicien partit. Et il voyagea pendant des années. Il joua du luth devant des grands rois, dans des palais, et devant les humbles, aux carrefours des routes. Et chaque note, chaque chanson était pour la Princesse.
Un jour, fatigué de voyager, il retourna dans son village natal. Que sa famille était heureuse de le revoir ! Ils en étaient su heureux et si fiers, qu’ils voulurent qu’il reste, qu’il cesse de parcourir les routes. Alors ils le marièrent. Le Musicien était las et distrait, alors il accepta ce mariage, sans trop y réfléchir. Mais son cœur n’était pas pour sa jeune épouse, car il consacrait toujours sa vie à la musique. La femme, le voyant caresser amoureusement les cordes du luth, chantonnant en proie à des rêveries indicibles, fut prise de jalousie, et, exaspérée, lui arracha le luth des mains et le jeta à terre.
Le Musicien, hagard, se leva alors, serra le luth brisé contre son cœur, et partit. Il voulut se rendre auprès de son ancien Maitre, lui demander conseil. Et il arriva jusqu’à la ville. Fourbu, il s’assit dans l’ombre d’un olivier, dans le jardin, pour se reposer. Et il vit la Princesse, devenue Reine, qui s’y promenait avec ses suivantes. Il se leva et se prosterna devant elle, l’appelant par son nom. Mais la Reine haussa un sourcil et dit à ses dames de compagnie qu’elle ne connaissait pas ce vagabond…
Alors le Musicien la regarda passer, il ramassa son luth brisé et alla se rasseoir à l’ombre de l’olivier.
La nuit venue, Minos se rendit devant lui, et l’invita jouer dans son Palais…
Je crois entendre encore la voix de la Princesse Svetlana, limpide comme le cristal de roche, sans impureté ni arrières pensées…
Donc tu ne pourras pas… comment dire... aimer quelqu’un d’autre ?... Loom étira ses mots. Je l’ai fixé avec mon œil noir de pie : qu’allait-elle me suggérer. Mais elle fit un bref silence en se tourna vers moi : Mais il le sait ?! Non seulement il sait, mais en plus il m’a répondu ! J’ai ris, il m’a dit, enfin, écrit, que j’étais « merveilleuse » et que j’allais « trouver un parti digne de moi ». Face à la tête éberluée de Loom j’ai rajouté : oui, au mot près. Je suis bien mignonne, mais je peux allez me faire voir chez les elfes ! Pardon ! Je ne voulais pas t’offusquer, c’est juste une expression, tu comprends… Il est trop poli pour me dire une chose pareille ! Loom éclata de rire : Je crois en saisir le sens ! Et si un jour il change d’avis ? Mara a dit que non… Elle a dit « jamais il ne t’aimera »
Je ne peux pas dire à Loom, ni à personne d’ailleurs, que je n’ai pas pu croire Mara. Que je ne laisserai pas Mara décider de ma vie, ni de la sienne… Que c’est peut être cette infime plume d’espoir qui me fait chanter. Que je me sens comme une corde tendue, que c’est mon espoir ou mon aveuglement qui la tend, cette corde. Que si un jour je me détourne de lui, c’est comme détendre la corde, elle vibrera, lourde et fausse. Mais si un jour l’espoir s’atténue, la corde se tendra encore plus. Et si l’espoir se brise, le désespoir ne fera que briser la corde, qui claquera et pendra, simple fil muet. Oui, je crois que l’indifférence pourrait être ce désespoir… Je ne suis pas comme le Palefrenier de la légende, je suis une corde tendue…
Et si on allait manger ces glaces ? Dis-je à Loom, on a assez de pièces pour se payer l’échoppe du Pâtissier du Roi !
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hommage à "poulet aux prunes"
Dernière édition par Jezabel Charlotte le Mar 2 Fév - 21:01, édité 1 fois
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Mar 2 Fév - 19:54
Ainsi Soit Il
Bulle de rêverie, rosée du crépuscule Tant de matins que rien ne dissimule Je chéris mon hiver Blottie dans mes chimères Je sais que je me mens Je sais bien et j'ai froid dedans
Bulle de rêveries en chants se coagule, De nos étoiles suinte la solitude Tu parles de serments, Qu'aimer n'est pas un jeu d'enfant Je sais que je me mens Je me sens si seule à présent
Ainsi soit je Ainsi soit tu Ainsi soit il
Dans les cristaux Qui songent Je construits mon exil
J’mets des étoiles En ombres pales Dans un ciel noir…
Ainsi soit je Ainsi soit tu Ainsi soit ma vie Eblouie…
Bulle de rêveries, mille reflets crédules D’étoiles filantes qui dans le ciel brulent. Je garde en reliquaire Un souvenir de vous, de mes chimères, Mes chansons sont sincères Du premier souffle au dernier vers !
Ainsi soit je Ainsi soit tu Ainsi soit il
Dans les cristaux Qui songent Je construits mon exil
J’mets des étoiles En ombres pales Dans un ciel noir…
Ainsi soit je Ainsi soit tu Ainsi soit ma vie Eblouie
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Jeu 4 Fév - 17:33
J’suis mage
J’suis mage J’suis mage Omnipotent et sage
J’ai des tas de parchemins Roulés en p’tis et gros boudins Quand j’déambule à l’Université J’y ballade ma fierté
J’suis mage Foutrement mage Tous mes amis les sont On est mages et c’est bon !
Une robe longue de grand magistère Trois rangs de fourrure et le rabat qui traine par terre Sigil à l’index, bagues aux autres doigts Les ongles tout noirs, Tachés d’encre des grimoires J’lis des litanies Aux cérémonies Et je suis caution Pour les royales déclarations Je n’ai nulle souillure Ma magie est pure : J’ai des stigmates Inaccessibles aux vulgates !
J’suis mage C’est bath ! (= c’est du joli !) J’m’appelle Hubert, ça vous épate … J’fais d’la magie du soir au matin Mon apprentie est une catin Logo- , plouto-, autre- manciens Nous sommes éblouissants !
J’suis mage Excessivement mage Et quand parle le roy Je lui prête ma voix
On se réunit Avec des amis Dans les catacombes Pour y faire des messes bien sombres Y a des mains de gloire Y a d’la magie noire Et ça nous éclate De faire peur à ces démocrates
Ploutomanciens Logomanciens, Libertins, alchimistes … Nous sommes tous des marionnettistes ! Le verbe mystique d’un geste pudique Change la réalité : nous sommes artistes…
J’suis mage J’suis mage Mes idéaux ont connu naufrage… J’ai trahi des anciens serments Au peuple et aux amis d’avant C’est dans les p’tits détails comme ça Que l’on est traitre ou pas
J’suis mage Encore lus corrompu que tout à l’heure… Et quand je serai mort Je serai Nécromancien d’or !
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Jeu 4 Fév - 18:52
Blues du businessman Claude Dubois
Blues du Marionnetiste
J'ai du succès dans mes affaires J'ai du succès dans mes amours On m’adule et on me révère J'ai mon bureau en haut d'une tour D'où je vois la ville à l'envers D'où je contrôle tout l’univers
Je passe ma vie en séminaires A l’occasion je donne des cours Je suis égérie des rombières Et je commande aux troubadours Je suis conseiller titulaire J’ai pied dans toutes les Cours princières
Heureux comme un coq de bruyères Je ne doute pas de mon humour Je fais les paix ou crée des guerres J’ai réussi et j’en suis fier Au fond je n‘ai aucun regret Je fais ce que j’ai toujours voulu faire !
Je suis devenu Marionnettiste Je suis un bon Logomancien Libertin et paternaliste Un vrai tyran mais séduisant
Je suis devenu Ploutocrate J’nourris le dragon dans mon cœur Un authentique phallocrate Profanateur et pur jouisseur Profanateur et enchanteur
J’suis devenu Artefacteur Des choses et d’la nature humaine Je suis devenu Arpenteur Urbimancien de l’Oecumène
Je suis devenu Marionnettiste Le monde est mon terrain de jeu Je suis un Concordien sophiste Je suis un mage très ambitieux Je suis un mage très ambitieux
Je suis devenu Marionnettiste J’dis ce qui est laid et ce qui est beau J’dis ce qui est vrai et ce qui est faux Je suis collapsologue hédoniste Et je vous mène droit au tombeau….
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 7 Fév - 18:00
Dessine-moi un mouton Mylène Farmer
Dessine-moi un dragon
Quelle solitude De vivre quand le monde entier se meurt Un crépuscule Consume les mausolées de nos cœurs En funambule Je chante ce que les yeux ne peuvent pas voir Le monde adulte Me happe à la lisière, et là je broie du noir
Dessine-moi un dragon Le ciel est vide, sans imagination C'est ça, dessine-moi un dragon Au cœur d'enfant que nous étions
Dessine-moi un dragon Le monde se meurt sans amour ni passion C'est ça, dessine-moi un dragon Se laisser porter par ses ailes au monde
Quelle solitude De prier aux pieds d’une idole disloquée Le temps ondule En hélice de vie sans jamais se répéter Miroir obscur De mon âme, je vous reviens de l'au-delà Désinvolture M’est parure quand mes ailes je déploie
Dessine-moi un dragon Le ciel est vide, sans imagination C'est ça, dessine-moi un dragon Au cœur d'enfant que nous étions
Dessine-moi un dragon Le monde se meurt sans amour ni passion C'est ça, dessine-moi un dragon Se laisser porter par ses ailes au monde
Il est à moi Il est à toi Il est à vous Il est à nous Je suis à lui (le monde) Tu es à lui (le monde) Renait la vie (au monde) Il est vivant (le monde) Le monde Le monde
Dessine-moi un dragon Le ciel est vide, sans imagination C'est ça, dessine-moi un dragon Au cœur d'enfant que nous étions
Dessine-moi un dragon Le monde se meurt sans amour ni passion C'est ça, dessine-moi un dragon Se laisser porter par ses ailes au monde
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 7 Fév - 19:11
Je te rends ton amour Mylène Farmer
Miroir moiré
Miroir moiré Mon cœur mis à nu Ecartelé
O liberté Mes ailes vous ont plu ? Arrachez-les…
Plumes Eparpillées Aux pieds d’un chêne Cachez mon âme Dans un écrin De corps d’humaine
Et je chante à perdre haleine C’est mon compte à rebours Je briserai les chaines De chagrins trop lourds Des cages de porcelaine Sont des tombeaux pour nous Liberté ou blasphème Je chante pour vous
Miroir moiré Ton éclat brûle Une écorchée
J’entends la voix De l’arbre qui hurle D’avoir aimé
Moi Corde tendue Je déraisonne Je serai la voix Des passions perdues J’m’y abandonne
Et je chante à perdre haleine C’est mon compte à rebours Je briserai les chaines De chagrins trop lourds Des cages de porcelaine Sont des tombeaux pour nous Liberté ou blasphème Je chante pour vous
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 7 Fév - 19:37
Elégie au Sire Galaad
Qui a des habits clinquants ? Sire Galaad Qui monte un poney fringant ? Sire Galaad Qui a un croupion rebondi ? Sire Galaad, pardi !
Qui est poudré-parfumé ? Sire Galaad Qui s’pavane devant l’armée ? Sire Galaad C’est le chantre des inepties, Sire Galaad, pardi !
Et quand le Roy l’applaudit Sire Galaad Qui fait la roue, s’esbaudie ? Sire Galaad
Seulement la parure d’un paon N’étincèle que par devant. Si vous le contournez, du coup, Vous verrez un trou du c*l
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 7 Fév - 19:54
Hommage à Volkhv Piotr de Nibel
Quand un poète meure Il pleut C’est le ciel qui pleure La mort d’un poète
Quand meure un poète Sa voix Devient brise et tempête Et tonnerre et éclats
Quand un poète meure Il pleut C’est le monde qui pleure Pour lui dire adieu
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 7 Fév - 21:02
Mon beau doux Sire
Je vous ferais mille courbettes Mon beau doux Sire Si seulement ces galipettes Vous faisaient plaisir
Mais vous avez vos courtisans Pour vous conter fleurette Moi je n’ai que fleurs des champs Pour couronner les têtes
Mais à travers mes chansons Mon beau doux Sire C’est le cœur même de Villon Que je peux vous ouvrir
Je ne vous flatterai pas O Sire le Roy Je ne peux vous présenter Que ma seule sincérité
Dernière édition par Jezabel Charlotte le Mer 10 Fév - 16:05, édité 1 fois
Jezabel Charlotte
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Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Dim 7 Fév - 23:34
Jezabel Charlotte
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c'est la monture Moka Garolo : un oiseau géant avec des plumes et une peau squameuse, de la taille d'un poney (plus le ailes), et avec un bec qui claque (avec des dents)
Abnoba est fille de la sauvagerie de Rind. elle s'est installée sur l'ile du Printemps. regulierement, Abnoba vole du bétail pour se nourrir (chevres, moutons, volailles), dans diverses contrées côtières de Triskel. Les habiitants de l'Ile de Printemps lui offrent parfois du bétail (une fois bien repue, Abnoba se prélasse sur la cote sauvage de l'ile et dort. elle est plutot paisible, mais non domesticable/apprivoisable. si elle se sent menacée, elle est très aggressive. mais en general elle fuit toute presence humaine et est très discrete)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abnoba Abnoba est l'épithète gaulois du mont où, selon Tacite et Pline, le Danube prend sa source. Abnoba est à l'origine de la dénomination de la Forêt-Noire : Abnoba Mons ou Abnoba silva. Elle est une divinité topique celte de la faune à l'instar de Arduinna et Vosegus qui sont à l'origine de la dénomination des massifs forestiers des Ardennes et des Vosges. ... Abnoba qualifie ainsi une sorte de révélation fugitive, à l'instar du gibier qui aussitôt aperçu ou découvert, s'enfuit. Au niveau du temps et de l'espace, un rapprochement peut être opéré avec le substantif allemand der Abend, le soir, la soirée, la brune. ... Abnoba est le lieu de la révélation primitive et forestière de ces eaux. On peut alors comprendre le qualificatif féminin noire qu'a emprunté la sombre et légendaire forêt occidentale d'Abnoba.
Jezabel Charlotte
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légère inspiration de la mélodie du refrain de Brassens / les sabots d'helene
O belle fée, ô ma Reyne
O belle fée, ô ma Reyne, Ecoute la complainte de Mara Ne cherche pas une amour humaine Ou bien cette amour vous perdra Car votre cœur en souffrira Car votre cœur s’en brisera
Fille de Loa, ô belle Reyne, Un homme humain vous quittera Vous préférant fille plus humaine Car avec elle il vieillira La neige de drap blanc couvrira leurs peines Quand Minos les appellera La neige recouvrira leurs pas
O belle fée, ô ma Reyne, Votre cœur éclate en mille sanglots Ne cherchez pas une amour humaine Votre passion lui sera étau Lui sera feu et brûlure certaine Et vous brisera le cœur ô ma Reyne En larmes de pluie sur un tombeau
Ecoute mon chant belle fée, belle Reyne, Ecoute le chant de mon cœur d’oiseau J’aime un de vos fils d’un amour Philomène Avec passion et déraison Dans la liberté des vents d’Oecumene Et dans chacune de mes chansons
Jezabel Charlotte
Messages : 2412 Date d'inscription : 15/09/2008 Localisation : NY ou CLUB DE L'ABSYNTHE
Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Mar 9 Fév - 14:27
Je me suis réveillée ce matin et c’est encore Moka qui m’a fixé de ses yeux vert émeraude dans le miroir. Même si l’ombre me quitte, je le sens, Moka reste. Ou plutôt je reste Moka. Car quelque chose en moi désire rester Moka. Le Désir est plus profond que l’Ombre. Le Désir dépasse l’Ombre et la Lumière ?
J’ai repéré sur la côte sauvage de l’Ile de Printemps un à-pic, une falaise qui donne sur l’Océan Infini. Une vue imprenable ! C’est les plus beaux coucher d’El que j’ai jamais vu, quand El plonge vers la mer, s’y dissout, en couleurs flamboyantes. Et à l’aube je regarde vers Villon, vers Kersaint, et je vois El émerger d’un fin ruban de terre à l’horizon, sur un ciel de bleues pales. J’aime bien m’y percher. Il y a du vent. Maintenant que je n’ai plus d’ailes, ce vent me donne la sensation de voler encore…
Ce matin, je ne suis pas seule. Un grand albatros a été déposé par le vent et, ailes repliées, nous regardons la nuit pâlir et retirer son voile de l’Océan Infini. Qui es-tu ? je lui demande Ecume Du Ciel. Il fait claquer son bec sous son aile, et retourne la question : et toi ? Oiseau chanteur. Je me laisse porter par les chants du vent… Moi aussi j’aime chanter, ajoute-t-il, fier, et danser.
Il me raconte que c’est vers une ile qu’il vole. Qu’il y retourne pour chanter et danser. Qu’il espère y retrouver Etoile-Plume, qu’il a rencontré le printemps dernier. Je lui demande s’ils sont liés par le Charme Suprême. Ecume Du Ciel dit qu’il ne connait pas ce Charme. Alors je lui parle du Miroir Moiré et du tombeau aux roses, de la rivalité de deux frères et du sort dans le Livre des Cranes, du Chêne Foudroyé et de mes plumes qui retombent et brisent le Charme Suprême…
Il me répond que le Charme n’est pas un sortilège de la magie. Que cette histoire lui fait penser aux Chaines Suprêmes, et que ce sort du Livre des Cranes en serait un aspect. Une manifestation possible.
Mais qu’il existe un Charme qui ne porte pas de nom (je comprends à ses intonations qu’il s’agit d’un tabou, semblable à celui qui concerne l’écrit chez les Philomene : un tabou de nommer). Que lui aussi sait que le temps est une hélice, et que les âmes suivent cette hélice.
Qu’il existe des âmes liées. Liées par un amour, et qui le revivent et le renouvellent, comme une promesse, à chaque incarnation. Mais l’hélice est comme le Lethé, la Roue brise les souvenirs (afin de permettre une Libération), alors ces deux êtres, lorsqu’ils se réincarnent, se cherchent. Et lorsqu’ils se trouvent, quelque chose en eux se rappelle de la promesse passée du lien-qui-ne-doit-être-nommé, comme un souvenir confus et fugace. Alors ce lien peut être renoué. Et lorsque le crépuscule de la vie vient, en passant la lisière vers l’Autre monde, ils recouvrent en un instant l’intégralité de leurs souvenirs des existences passées. Mais cela ne peut durer, et de nouveau ces souvenirs sont dissouts, afin que la Roue tourne, afin que l’Hélice des chants tournoie…
Il me dit qu’il espère avoir retrouvé Etoile-Plume. Que si elle revient, cela signifierait que leurs âmes ont été liées dans leur existence passée ou précédente même. Peu importe s’ils étaient oiseaux ou rampants ou humains ou autres. C’est ce qu’ils essaient de découvrir. Et alors il sera heureux de lui proposer de renouveler le Lien et la Promesse et le célébrer à travers les chants et les danses tous les printemps de leurs vies. Et qu’alors ils pourront survoler la Source de… mais là il se tait, comme d’avoir trop parlé.
Je pense que les Tabous de l’Energie Libre sont encore plus forts chez ce peuple des Albatros que chez nous les Philomène : nous avons le Tabou d’écrire certaines choses, eux ont le Tabou de nommer…
Ecume Du Ciel piétine maladroitement sur le sol ferme et fait claquer affectueusement son bec dans les cheveux. Il me dit de ne pas m’inquiéter, d’étaler mes ailes et de me laisser porter par le vent. Le vent c’est l’Energie Libre. Il étale ses ailes majestueuses et le vent le soulève, le porte, aussi léger qu’une plume…
Entre l’azur du ciel et le velours bleu de la mer. Entre l’écume des flots et les nuages des cieux… Le haut, le bas, peu importe… L’important est la lisière, le vent, qui fait bouillonner les nuages et tourbillonner l’écume…
* * *
J’ai envie de replonger mon regard dans le Miroir Moiré. C’est le miroir des désirs… Pour me confronter à mon désir, ai-je besoin du miroir ? Je vais regarder en moi. Mes désirs sont en moi, à l’intérieur de mon cœur. Pas à l’extérieur…
Je demande à mes aïeux de me conter les anciennes légendes, ou de m’en montrer des bribes, comme bribes de souvenirs…
Je vois les terres d’Oberyn des temps où nul humain n’arpentait Oecoumene. Je vois une sorcière-druidesse Shii aux yeux d’améthyste au dos d’un dragon majestueux. Je vois un guerrier, un fin duelliste, aux yeux émeraude…
Je vois les terres de Solon, un sculpteur taille dans un bloc de marbre une idole. Il pense que c’est sa liée, qui dans cette incarnation est une roche. Il contemple la statue, et lorsqu’il pose ses lèvres sur les siennes, le lien retrouvé redonne vie à la roche. Pygmalion et Galatée renouvèlent leur Promesse…
Je vois une djin de Pardès, tournoyant dans des soieries chatoyantes. J’entends ses contes et ses poèmes au guerrier des Archipels dont elle n’a jamais vu le visage sous une lourde armure…
Je vois une sorcière aux boucles blondes revêtir une robe écarlate et renouveler la Promesse au Sorcier de l’Astre d’Argent…
Je vois dans une clairière un regard de saphir et un regard d’émeraude contempler avec une affection infinie un berceau…
Je vois une Adoratrice d’El/Baal qui est devenue miroir vivant. Elle caresse de sa main les cheveux roux du Fils de la Magie du Chaos : il dit qu’il doit mourir pour que ce monde puisse être régénéré. Alors elle accepte de le laisser partir dans cette incarnation et quitte le monde sur une barque, portant les jumeaux en son sein, vers des étoiles lointaines…
Je vois une Princesse Barde dans les terres de Villon. Les grandes batailles de la lumière brulante d’El contre les chants libres des Consolés. Et je vois un grand guerrier et cette princesse combattre cote à cote… Je vois les chaines d’or d’El et l’ombre de Baal sur eux …
Je vois un Aède de Solon. Orphée ne joue que pour Euridice… Un soir, il revient, elle court à sa rencontre, mais trébuche sur un serpent venimeux qui la mord, et elle meure dans les bras de son aimé. Alors l’Aède part à la recherche du Palais de Minos et se présente devant le souverain des morts. Et son chant émeut Minos…
Je sais que ce que je chante, c’est ces légendes. Je chante l’Eros et l’Antéros. L’Amour et l’Altérité.
Le Charme Suprême n’est pas un sortilège. Ce n’est pas un sort d’un grimoire, qu’il soit de lumière ou de cranes. On ne peut pas le conjurer, ni l’imposer. On ne peut que l’offrir, sans rien demander en échange… Il ne se nomme peut être pas… seulement il se vit… il se ressent…
Jezabel Charlotte
Messages : 2412 Date d'inscription : 15/09/2008 Localisation : NY ou CLUB DE L'ABSYNTHE
Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Jeu 11 Fév - 17:31
Je suis Ménestrel
Cendres d’époque où les chants étaient pudiques Où sont passées les ritournelles d’antan ? Ils sont fanés, jolis refrains bucoliques, Les princes leur ont mis un carcan !
Je je, suis ménestrel Je suis un larbin Quand le pouvoir m’appelle J’me couche comme un chien
J’vous offre mes baisers d'épines et de plumes Bercée par un petit vent je déambule La vie me forge, comme le marteau et l’enclume, Chanter, c’est briser les férules ! (=autrefois utilisée comme instrument de discipline pour frapper les mains des écoliers fautifs)
Je je, suis ménestrel Je suis un larbin Quand les rois m’appellent J’lève la queue comme un chien
Quand la chanson est faussée, c’est des mensonges ! Marionnettiste, regarde ta triste tronche ! Si tu m’enchaines à des dithyrambiques, Admire mon croupion bucolique !
J’suis un oiseau, petite boule de plumes, Portée par les vents je chante vos apostumes (=tumeurs) Tout trône doré a des termites qui le rongent Je vous les montre, sans mensonge !
Je je, suis ménestrel Je suis un larbin Quand le pouvoir m’appelle Je glapis comme un chien
Jezabel Charlotte
Messages : 2412 Date d'inscription : 15/09/2008 Localisation : NY ou CLUB DE L'ABSYNTHE
Sujet: Re: Enara, kaer Paloma, kaer Ava Jeu 11 Fév - 17:43
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Je m’en vais chanter au chêne, Chêne foudroyé. Que les désirs m’y enchainent Pour m’en délivrer. Qui préférez-vous ? La rose, Ou la reine des prés ? Mes ailes, je vous les dépose, Ici, à vos pieds On dit que les fleurs du cœur Poussent sur des rosiers C’est les ronces qui emprisonnent Les cœurs suppliciés Quelle main en cueillera Pour faire un bouquet ? Qui mettra l’oiseau captif Dans une cage dorée ?